mercredi 27 octobre 2010

Les Mérovingiens


Romains et barbares
Au milieu du IIIe siècle, des peuples du Sud de l’Allemagne regroupés sous le terme Alamans, traversent la frontière romaine. Les Francs et les Saxons se livrent à des expéditions maritimes. Les troupes romaines de Rhénanie font sécession et créent un empire gaulois et proclament empereur leur général Postumus. Des Germains sont engagés dans l’armée romaine. Après les guerres civiles et la séparation de l’Empire romain, le Nord-est de la Gaule prend une importance stratégique. La capitale est déplacée à Trêves.

En 375, les Huns apparaissent brutalement en Europe. Devant leur avancée, les Goths divisés en Wisigoths et Ostrogoths émigrent vers l’Ouest. Attila envahit la Gaule en 451, avant d’être battu aux champs Catalauniques par les Romains. Après sa mort en 453, son empire se disloque.

Les Germains sont depuis longtemps des sédentaires. Ils vivent de l’agriculture et de l’élevage, pratiquent un artisanat développé et connaissent une hiérarchie sociale. Ils commercent avec les Romains et sont christianisés depuis le IVe siècle, par une mission arienne. Ils reçoivent des Huns, des influences orientales que l’on retrouve dans l’orfèvrerie.

Les Thuringiens sont établis en Allemagne centrale, tandis que les Alamans se basent au Sud. En 406, les Vandales alliés aux Alains, aux Sueves et aux Burgondes, franchissent le Rhin et déferlent sur la Gaule. Ils marchent vers l’Italie. Le roi Alaric s’empare de Rome en 410. L’Aquitaine est confiée aux Wisigoths et Toulouse devient la capitale. Les Burgondes sont cantonnés dans la région de Genève. Les Francs restent dans la région du Rhin : les Saliens à l’Ouest et les Rhénans à l’Est du fleuve.


De Clovis aux rois fainéants
Les Mérovingiens tirent leur nom du chef Mérovée, né de l’union d’une reine franque avec un dieu de la mer. Le père de Clovis, Childéric a pris part aux campagnes militaires romaines de Gaule du Nord, en tant que roi fédéré.

A la fin du Ve siècle, Clovis roi fédéré à Rome, fait un coup d’état et prend son indépendance. En 486, le gouverneur Syagrius s’enfuit chez les Wisigoths et Clovis étend son royaume jusqu’à la Seine. Il recherche l’alliance des Burgondes en épousant la nièce du roi Gondebaud et marie sa sœur à Théodoric roi des Ostrogoths. La conversion de Clovis, sous l’influence de la reine de Clotilde, est décidée après une victoire une victoire sur les Alamans à Tolbiac en 497. Face à l’arianisme des rois gothiques et burgondes, sa conversion au catholicisme est un puissant facteur de ralliement des Gallo-romains au nouveau régime. Le baptême de Clovis des mains de l’évêque Saint Rémi a lieu à Reims entre 494 et 498.

En 507, sous des prétextes religieux, une véritable guerre est déclarée aux Wisigoths. A la bataille de Vouillé, ils sont écrasés et leur roi, Alaric II est tué. Clovis installe sa capitale à Paris. Il achève d’éliminer tous les petits rois de Gaule et de Cologne. Le concile d’Orléans en 511, décrète l’arianisme hérésie et apparaît comme l’affirmation du pouvoir royal.

Clovis meurt peu de temps après. Son royaume est partagé entre ses fils. En 534, le territoire burgonde est conquis. Thierry et Clotaire profitent des dissensions familiales des rois thuringiens et annexent ce royaume. Childebert reprend la politique de son père vis à vis des Wisigoths et repousse la frontière jusqu’aux Pyrénées. Les Ostrogoths cèdent la Provence aux Francs, pour se concentrer sur l’Italie du Nord.

Après la mort de Clotaire (561), la Gaule est de nouveau divisée. Chilpéric hérite du royaume de son père. Après une longue période de trouble, le calme revient sous le règne de Clotaire II et Dagobert. L’extension territoriale est à son apogée avec la soumission des Basques et des Bretons, de la basse vallée du Rhin. Bien qu’unifié sous la domination d’un même monarque, le royaume est constitué de régions au peuplement, à la langue et aux traditions bien divers.

Après la mort de Dagobert, l’unité du royaume est compromise par des tendances séparatistes dans les différentes régions. L’autorité réelle passe de plus en plus au maire du palais. La famille des Pippinides domine en Austrasie. La victoire sur la famille régnante de Neustrie à la bataille de Tertry en 687, permet à Pépin II de devenir l’unique maire du palais. En 751, son petit fils, Pépin III le Bref enferme le dernier souverains mérovingiens dans un monastère et se fait élire roi avec le soutien du Pape.


Le témoignage des nécropoles
Il y a une continuité entre les villes gallo-romaines et les villes médiévales, restées sur les mêmes sites. Elles sont souvent des résidences royales. Les souverains font le tour de leur royaume de ville en ville. La construction des groupes épiscopaux véritable quartiers religieux, modifie le paysage urbain. De nombreuses basiliques funéraires ont été édifiées sur la tombe de martyrs ou de saints vénérés. Les traces des structures agricoles consistent en fonds de cabane, en silos creusés pour la conservation du grain. Les bâtiments sont construits en bois et torchis avec toit de chaume.

La christianisation croissante de la Gaule et la modification progressive des idées concernant l’au delà ont entraîné dès l’époque romaine tardive une raréfaction des dépôts de mobilier funéraire. Les sarcophages employés pour la préservation des corps témoignent de la foi des chrétiens dans la résurrection. Les réemplois de sépulture sont prohibés et la tombe doit être individuel. Les cimetières de l’Antiquité tardive couvrent des surfaces considérables. Les fidèles souhaitent être enterrés le plus près des martyrs et des saints, dont ils espèrent l’intercession en leur faveur.

Beaucoup de tombes sont de simples fossés. L’emploi de cercueil en bois est souvent attestés. L’emplacement des tombes est désigné en surface par de simples monticules de terre. Des stèles de pierre peuvent en marquer les extrémités. L’orientation des tombes se fixe au IVe siècle, dans un sens Est-ouest. Les visages des morts sont tournées vers le soleil levant, symbole de renouveau. Vers 500, l’habitude se répand d’enterrer les défunts dans leurs plus beaux costumes, les hommes avec leurs armes et les femmes avec leurs bijoux.


La société mérovingienne
Le roi est à la tête de la société. Il est entouré de sa cour (le palais), composée de sa famille, de ses familiers et de ses domestiques. Elle est dirigée par le maire du palais. Les comtes sont les représentants du roi dans les circonscriptions territoriales. Les ducs exercent le commandement militaire. La société est composée d’hommes libres et d’esclaves pouvant être affranchis.

L’organisation sociale est d’abord familiale. Les individus se désignent uniquement par leur prénom. Les familles sont solidaires et possèdent une responsabilité juridique collective. Le père a pleine autorité sur sa femme, ses enfants et ses esclaves. L’épouse peut hériter des biens mobiliers et possède sa propre fortune. La majorité est à douze ans.


Artisanat et commerce
La circulation est intense. Le réseau des voies antiques est toujours en usage, même si son entretien est parfois déficient. L’usage de l’étrier venu d’Asie, se répand en Gaule à partir du VIIe siècle. Les voyageurs empruntent souvent le bateau.

La plupart des commerçants habitent dans les villes. Le trafic est important dans les ports méditerranéens, surtout à Marseille et dans la vallée du Rhône. Le commerce lointain se poursuit sous les Mérovingiens. De nombreux produits continuent d’être importés : l’huile, le vin, les épices, l’encens et le papyrus utilisé jusqu’au VIIIe siècle. Curieusement, le monnayage mérovingien est peu abondant. Les pièces frappées le sont sur un modèle byzantin, les rois étant censés tenir leur pouvoir de l’empereur. L’importance des échanges avec le monde méditerranéen décline dès le VIIe siècle, tandis que se développe de nouvelles routes commerciales en direction des pays germaniques et vers l’île de Bretagne.

Le travail du métal atteint une grande perfection. Les parures de fer sont souvent damasquinées, c’est à dire décorées par insertions de fils d’argent et de laiton. Ce métal brillant est utilisé pour imiter l’or. Les artisans travaillent également le verre, la céramique et le bois. Le métier d’orfèvre est tenu en très haute estime.


La vie religieuse
A la chute de l’empire romain, l’Eglise est une institution au pouvoir économique et politique considérable. Aussi l’aristocratie franque s’est convertie au catholicisme et contribue à la christianisation. Cependant, de nombreuses pratiques païennes subsistent encore localement.

L’organisation de l’Eglise est issue du découpage administratif romain. Chaque chef lieu de cité devient un siège épiscopal. La désignation des évêques doit être ratifié par le roi. Les évêques remplissent les fonctions liturgiques, rendent la justice et défendent leur ville. Dans les campagnes sont construites les premières églises paroissiales, placées sous la protection d’un saint. Des monastères complètent le paysage urbain. Ainsi, la reine Radegonde, épouse de Clotaire, fonde en 861 une communauté à Poitiers. D’autres sont stables dans la solitude des campagnes. Les fondations se multiplient au VIIe siècle.

Fêtes solennelles commémore les grands évènements de la vie du Christ et l’anniversaire des saints ponctuent le calendrier. Le tombeau de Saint Martin de Tours attirent de nombreux pèlerins.



« O roi Chilpéric vous brillez comme guerrier et comme législateur. Par la bravoure, vous rappelez votre père et votre oncle par le visage. Vous l’emportez sur toute votre race par le savoir et la doctrine. »

Fortunat

Source

texte : VALLET. François, De CLovis à Dagobert : les Mérovingiens
image : sites17.ac-poitiers.fr