samedi 11 décembre 2010

Le Néolithique

Au fil du temps
Le Proche Orient est entre -12.000 et -6.000 le plus ancien et le plus connu des centres de néolithisation. Les changements correspondants au néolithique s'étendent progressivement au monde entier. Tous les emprunts sont refaçonnés en fonction des milieux écologiques et culturels. Ils deviennent eux même le point de départ d'autres inventions autonomes.

A partir de -15.000 le climat se fait plus doux. Le Croissant Fertile se peuple d'animaux et de plantes. Tout d'abord les Natoufiens de Syrie construisent des villages permanents de plein air et vivent de la chasse et de la cueillette. Puis apparaissent l'agriculture et l'élevage. Vers -6.000, la céramique est inventée et l'économie de production se répand hors de la zone de céréales.

A la même période, le néolithique démarre en Europe en commençant par les Balkans. De cette région au Portugal, un courant très homogène appelé danubien se répand. Les nouvelles techniques se diffusent en priorité dans des environnements déjà occupés.

Entre le paléolithique et le néolithique, il existe une période intermédiaire appelé le mésolithique. Toujours chasseurs, cueilleurs et pêcheurs, les hommes se sédentarisent de plus en plus et exploitent systématiquement un territoire restreint. Par ailleurs, ils inventent de nouvelles techniques comme l'arc.


Apprivoiser la nature
En Europe, la déglaciation se fait en -12.000. Il y a plus d'humidité et la température croît. D'épaisses forêts font leur apparition. Les animaux des glaces disparaissent ou migrent davantage vers le Nord, tandis que les animaux des forêts se multiplient.

L'homme change aussi le paysage en créant des champs et des pâturages et déboisent des parties de forêt. L'homme cherche à disposer d'une réserve alimentaire en qualité et au moment voulu. Pour obtenir ce résultat, sans doute faut il travailler plus, mais il est possible de nourrir plus de monde. La domestication va donc tendre à privilégier et accentuer des attributs tout à fait opposés à ceux qui permettent aux espèces sauvages de vivre normalement. Peu à peu, l'homme apprend à privilégier ce dont il a besoin. Il commence à élever des chèvres. Cette évolution marque le saut quantitatif que représente le passage d'une vie en symbiose avec la nature à une action dirigiste sur celle ci.

Les premières céréales sont cultivées là où elles existent à l'état sauvage dans le Croissant Fertile au début du IXe millénaire. L'orge et l'engrain précèdent le froment. Les pois et les lentilles font leur apparition au VIIe millénaire. Puis la diffusion de toutes ces plantes se fait l'Ouest. L'avoine, le seigle et le millet sont très caractéristiques de l'Europe, mais sont plus tardives.

Dans la forêt, le paysan dégage de petites clairières à l'aide de haches de pierre polie. Il met ensuite le feu pour enrichir les sols. C'est la culture sur brûlis. Les champs sont très proches du village. La rotation des cultures a toujours été pratiquée et devient même une nécessité avec la croissance démographique et la raréfaction des espaces vierges. La recherche de nouvelles terres entraînent des migrations. Les cultures se déroulent de la manière suivante : le paysan gratte la terre avec une simple branche et fait un trou pour les semailles puis la récolte se fait à la faucille. Les grains sont conservés dans la maison. Les hommes utilisent de grands vases et des paniers. A l'extérieur, on creuse des fosses d'environ deux mètres de diamètre et de profondeur qui servent de dépotoirs une fois hors d'usage.

Le chien issu du loup, est le compagnon de l'homme à la chasse. Les autres animaux ont été domestiqués au VIIe millénaire. La chèvre et le mouton apparaissent en Iran. Ceux ci ont été importés en Europe. Les bœufs et les cochons sont présents dans les deux régions. L'hivernage pose quelques problèmes et on se contente de tuer les animaux au début de l'hiver. Certains animaux sont utilisés pour la reproduction, d'autres pour leur lait ou leur fourrure. Le cheval est domestiqué en Russie à la même période et sert uniquement pour le transport.


Premiers villages
Les travaux des champs et le stockage des récoltes nécessitent un habitat stable, mais la sédentarité n'exclut nullement la mobilité, notamment pour la transhumance.

Les grottes commencent vers -12.000 à être délaissés au profit d'installation en plein air. Les premières maisons sont des fosses rondes. Les parois internes sont renforcées par un muret et prolongées à l'air libre par une palissade en bois. Un cercle de poteaux soutient la toiture et un enduit en argile recouvre le sol.

Vers -9.000, on commence à construire de vrais murs avec de la pierre pilée au mortier. Les pièces font également leur apparition par des murets rectilignes Vers -8.000, les maisons deviennent rectangulaires et s'agrandissent. Un plan orthogonal permet de rajouter des pièces sans refaire toute la maison. Puis les murs sont construits en brique crue. Les premières villes apparaissent en Mésopotamie au IVe millénaire.

Les cultures deviennent irriguées. Le commerce, surtout des matières premières, s'organisent et l'écriture se développe à partir de la comptabilité. L'Europe reste d'avantage agricole et connaîtra une révolution urbaine plus tardive.

Au Ve millénaire, les villages se dotent de routes en plan orthogonal. Une distinction s'opère entre bâtiment privés et bâtiments communautaires. Les villages sont protégés par un rempart de pierre, d'un fossé ou un talus surmonté d'une palissade. L'usage total de la pierre est plutôt propre aux monuments funéraires.

Dans le monde domestique, la pierre est réservée au dallage des sols. Certains murs, reçoivent un enduit peint. L'isolation se fait par des écorces de bois. Le toit diffère selon les régions. Plus on se déplace vers le Sud, plus les toits sont aplatis. Les maisons sont constituées de trois zones : un habitat, un grenier et un atelier.


Artisans et colporteurs
L'outil répond aux besoins sociaux et économiques de la communauté. Cependant, l'élan initial est souvent religieux. Le polissage de la pierre concerne d'abord la parure et la terre cuite sert à fabriquer des idoles. L'évolution des outils reflète les progrès techniques et les changements sociaux et démographiques. De plus en plus, les outils tendent à se spécialiser.

La céramique est liée à un habitat stable. Au Proche Orient, l'argile a d'abord servi d'enduit. La poterie utilitaire fait une apparition timide vers -8.000 et la véritable céramique se généralise vers -6.000. Elle apparaît en Europe à la même date. On s'en sert essentiellement pour le stockage. Le montage en colombiens est la technique la plus fréquente, car le tour de potier n'existe pas avant -3.000. Le four lui aussi est tardif. La cuisson des vases se fait par le sol.

Le tissage de la laine et du lin se développe avec l'agriculture Les vêtements sont cousus avec des épingles en os, ce qui reflète des techniques simples de confection. En revanche, la teinture et la broderie existe déjà.

La cellule familiale est autonome pour ses besoins. A partir de -5.000, certaines personnes se spécialisent et produisent pour échanger. Ce phénomène s'intensifie avec le développement de la métallurgie La spécialisation du travail permet une production qui dépasse les besoins locaux et favorise un développement des échanges. Avec le temps, les échanges s'intensifient et se font de plus en plus loin.

Le troc reste la forme d'échange la plus répandue. Aucune route entre les villages n’existe. La roue n'est inventée qu'en -4.000. Le cheval joue aussi un rôle dans les transports. Les axes fluviaux ont toujours été favorisés.

A partir du Ve millénaire les luttes armées se font de plus en plus fréquentes. Il faut protéger ses biens et la croissance démographique nécessite de nouvelles ressources, qu'il faut souvent conquérir par la force. Toutefois, il existe aussi des échanges culturels que facilite l'invention de l'écriture.


Monde des morts, reflet des vivants
Les premières nécropoles apparaissent en même temps que les villages. Les tombes se trouvent au sein des habitations ou à proximité. Au départ les défunts sont inhumés dans des fosses individuelles creusées dans la terre et contenant des offrandes. Les corps sont protégés de la terre par des sacs de toile. Leur position est allongée ou repliée.

Puis, la mode devient la sépulture collective où s'enterrent les membres d'une même famille ou d'un même clan. L'Europe toute entière se dote de mégalithes (dolmen, menhir, cairn), chose qui n'est absolument pas connue au Proche Orient. Des tumulus géants apparaissent. Ils recouvrent plusieurs chambres funéraires reliées entre elles par des couloirs. En revanche, les menhirs restent encore un mystère. Il semblerait qu’ils soient utilisés autant pour des rites funéraires que pour des rites ayant un lien avec l'astronomie. Certaines chambres sépulcrales ont une ouverture en encorbellement. Des plaquettes de pierre débordent à l'extérieur pour former une sorte de coupole. Ces masses nous paraissent informes, mais les cairns sous la forme de massifs de pierraille retenus par des parements soigneusement conscrits, forment une sorte de pyramides.

Le décor, quand il existe, est réalisé avec soin à partir de peinture rouge et noire. Les motifs abstraits ou figurés relèvent d'un langage de signes, qui dépasse le domaine strictement funéraire. Les pratiques funéraires témoignent des particularismes régionaux. La division de l'espace funéraire semble correspondre à des groupes familiaux ou sociaux.

Une fois inhumés, les morts restent l'objet des soins d'un vivant. Les archéologues ont retrouvé de nombreuses offrandes. L'abandon d'une sépulture ne se fait pas à la sauvette, mais donne lieu à des cérémonies de condamnation élaborées. Les corps sont recouverts d'une couche de terre ou de pierre. Les accès aux tombes sont masqués et les monuments sont ensevelis. Toutefois, certains sites peuvent être occupés pendant plusieurs siècles. Des nouvelles chambres sont alors accolées aux anciennes.

Certains cairns ou dolmens atteignent de gigantesques dimensions. Le souci de voir et de donner à voir explique ce phénomène. Il s'agit de montrer que la communauté est forte. En effet, la construction de tels mégalithes nécessite une main d'œuvre importante, des matières premières et un pouvoir fort et centralisé capable d'ordonner et de diriger une telle opération. Ces monuments servent également de borne géographique pour marquer un territoire.

Les mégalithes ne sont pas l'ultime demeure de tous. Seule une dizaine de personnes y reposent. Il s'agit en général des élites religieuses et guerrières. L'espérance de vie à cette période est de 30 ans. La mortalité infantile est très élevée.


Art et religion
Les premiers cultes sont en rapport avec la nature. Avec le développement de la communauté, on voit apparaître un culte des crânes. Ces derniers sont déposés dans des sanctuaires. Il ne s'agit pas de vrais crânes, mais de moulages en argile.

Dès le début de l'écriture, les dieux sont nommés et la Déesse-Mère est prédominante. Elle est symbole de fécondité et est rattachée au monde agricole. Les figures masculines apparaissent plus tardivement lorsque l'économie se met d'avantage en place. Les dieux et les déesses sont représentés par des statuettes en argile, qui symbolisent très clairement le culte de la fécondité. Au fil du temps, apparaît de plus en plus des formes et des symboles géométriques ou seulement une partie du corps. Les premières véritables statues apparaissent au Moyen-Orient au VIIIe millénaire. Elles sont en général de taille humaine voire supérieure. L'Europe ne connaîtra ce phénomène qu'au IIIe millénaire. Les sépultures, les habitats et les centres culturels semblent avoir également abrités des effigies dont le rôle religieux reste flou.

En Europe, les symboles se retrouvent sur les dolmens et les menhirs, que ce soit des formes humaines ou des symboles. On trouve dans le Bassin Méditerranéen des statues-menhirs de petites tailles seulement sculptées sur la face antérieure. Ces stèles sont dressées dans des lieux éloignés de tout village relativement élevés et boisés. Elles devaient servir de protection.

La prédominance de la figure humaine et surtout féminine n'exclut pas l'animal. Viatique ou compagnon du mort dans la tombe, rituel, statuette modelée ou fresque murale, l'animal est présent. Les animaux sauvages sont rares. Ce sont les animaux domestiques qui dominent (taureau, mouton).

Le répertoire des signes abstraits est vaste : lignes brisées ou ondulées, cercles, spirales, etc... Les interprétations sont difficiles. Seule la hache et la crosse semblent explicites. De tels attributs devaient symboliser l'autorité plus spirituelle et religieuse que temporelle détenue par certaines personnes.


Vers une nouvelle société
Le néolithique s'achève avec la maîtrise des métaux. Le travail du métal nécessite une technique plus complexe et surtout l'extraction dans les mines. Une spécialisation se crée, qui sera à la base des organisations sociales. Les sépultures regorgent de ces métaux surtout lorsqu'il s'agit de personnes influentes.

A la charnière des IIIe et IIe millénaire, le niveau de population et l'intensification des échanges entraînent une certaine unification culturelle en Europe surtout dans l'artisanat et la culture. Le passage à l'âge du bronze se fait sans rupture Des pratiques du néolithique perdurent largement dans la période suivante.


Source :
texte : LOUBOUTIN. Catherine : Le Néolithique
image : culture.cg44.fr

vendredi 10 décembre 2010

Napoléon Ier

Le fils de la Révolution
Napoleone Buonaparte est né le 15 août 1769 à Ajaccio, devenue française l'armée précédente suite à un accord entre Gênes et Louis XV, d'un père avocat qui sera anobli. Le jeune Bonaparte fait trois écoles militaires jusqu'en 1784 et en sortira avec le grade de lieutenant dans l'artillerie. Affecté à Valence, il passe son temps à lire les auteurs des Lumières et plus particulièrement Rousseau. Il passera la Révolution en Corse et reçoit le baptême du feu en 1793 en Italie avant d'être nommé capitaine. Par la suite, il retourne à Paris où il fréquente les salons révolutionnaires sans pour autant céder aux extrêmes. Lors du siège de Toulon, il est nommé commandant et parvient à reprendre la ville aux Anglais. Il devient ainsi général.

Il continue de jurer fidélité aux différents gouvernements qui se succèdent. Nommé au bureau topographique de la guerre, il impressionne ses supérieurs sur des plans d'offensive en Italie. Il refuse de rejoindre l'armée de l'Ouest pour rester plus longtemps en Corse. Ce geste lui vaudra le fait d'être rayé de la liste des généraux employés. Pourtant, il est très vite rappelé, afin de mater les émeutes royalistes à Paris et fait canonner une partie des insurgés. En récompense, il est nommé commandant en chef de l'armée. Il épouse le 3 mars 1796 Joséphine veuve d'un général guillotiné. Il doit vite la quitter pour se rendre en Italie.

La victoire d'Arcole (17 novembre 1796) permet à Bonaparte de s’implanter en Italie. Celui ci s'emploie à créer un réseau d'alliés dans toute l'Italie du Nord et gouverne la région sans les avis du Directoire. Ce dernier ferme les yeux sur ses pratiques royalistes en échange du butin venant renflouer les caisses. Le retour de Bonaparte à Paris est triomphal. La population l'acclame. Ceux qui souhaitent renverser le Directoire se rapprochent de lui. Bonaparte est emballé par cette idée, mais il juge la situation trop difficile pour le moment. Le Directoire désirant l'éloigner lui propose de couper les communications britanniques vers les Indes. Bonaparte s'embarque donc pour l'Egypte. Il conquiert d'abord Malte et débarque à Alexandrie. Il ne rencontre guère de résistance et réduit à néant les régiments de mamelouks chargés de défendre le pays.

Comme en Italie, Bonaparte réorganise le pays en créant notamment un institut d'Egypte composé de nombreux savants. De son côté, l'Empire Ottoman envoie deux corps d'armée, l'un en Syrie l'autre en Egypte. Bonaparte se dirige en Syrie, mais les combats sont durs et la peste sévit. Il n'a pas d'autre choix que de rebrousser chemin. Il aura plus de chance en Egypte. Les nouvelles provenant de France lui font sentir que le Directoire n'est plus aussi fort qu'auparavant. Le 23 août 1799, Bonaparte quitte l'Egypte en laissant tout sur place.


La conquête du pouvoir
Revenu d'Egypte, Bonaparte trouve le soutien du parlementaire Sièyes qui réussit à le faire nommer chef de la garnison de Paris. Puis lors d'une séance de la chambre, Bonaparte fait irruption avec ses hommes et chasse les députés. Trois consuls, Bonaparte, Sièyes et Ducos sont chargés de rédiger une nouvelle constitution. Lors des débats, Bonaparte parvient à s'imposer et se retrouve plus ou moins à la tête de l'exécutif. La chambre n'est là que pour voter les lois des consuls. Lors du référendum le " oui " l'emporte, mais les chiffres provenant du ministère de l'intérieur dirigé par Lucien Bonaparte ne sont guère fiables.

Pendant ce temps, aidée par les Anglais, l'Autriche s'est relevée et s'apprête de nouveau à attaquer la France. Bonaparte repart pour l'Italie, tandis qu'un corps d'armée sous les ordres de Moreau se dirige vers la Bavière. Avec les victoires de Montbello et de Marengo l'armée autrichienne en Italie est anéantie. En France, les royalistes s'interrogent sur la conduite à tenir. Certains pensent que Bonaparte favorisera le retour des Bourbons sur le trône. Mais lorsqu'ils s'aperçoivent des valeurs profondément républicaines de ce dernier, ils décident de se révolter. C'est l'attentat de Paris qui échoue de peu. Fou de rage, Bonaparte ordonne au général Bernadotte de partir en Vendée dernier bastion royaliste.

Au printemps 1802, Bonaparte à force de négociation et de coups de force tient les différents corps d'état dans ses mains. Il ordonne à la chambre qu'un plébiscite soit fait pour savoir si le peuple veut qu'il soit élu à vie. A une écrasante majorité le "oui" l'emporte. Petit à petit, Bonaparte prépare le peuple à une nouvelle sorte de monarchie (statue, monnaie, protocole de cour, culte de l'armée, héritier). Toutefois, en 1804, les royalistes dirigés par Cadoudal émettent le projet d'enlever le Premier Consul et de remettre un prince à sa place. Le complot échoue et Cadoudal est arrêté et guillotiné. Le Duc d'Enghien descendant des Condé, est arrêté et jugé comme étant ce fameux prince. Il sera fusillé au château de Vincennes.

Après cette affaire, les parlementaires constatant qu'il est impossible de se débarrasser de Bonaparte, votent un décret qui proclame Napoléon empereur et le peuple le ratifie. Le sacre a lieu le 2 décembre 1804 à Notre Dame avec la présence du Pape Pie VII qui ne joue qu'un rôle d'approbation. Napoléon prête le serment de défendre l'intégrité du territoire, de faire respecter l'égalité des droits, la liberté civile et de culte, le droit de propriété et la vente des biens nationaux. C'est donc par le rappel des acquisitions de la Révolution que s'achève le Sacre.



Le fondateur de la France contemporaine
En 1799, la France est politiquement éclatée, économiquement exsangue, socialement divisée et spirituellement anéantie. Tout est à reconstruire. Napoléon n'a pas de véritable doctrine. Il avance sans idées préconçues, mais avec cohérence et ordre. Il commence par rechercher la paix extérieure et il est pour l'instant en position de force. L'Autriche signe un traité de paix en 1801, suivie par Naples, la Russie et l'Angleterre. L'année suivante, l'Espagne, les États-Unis et l'Empire Ottoman feront de même. L'impact de la paix sur l'opinion est énorme.

Réconcilier les Français sans abdiquer les principes de la Révolution, tel était le pari de Napoléon. Pour le gagner, il y avait à prendre à côté de fermes décisions, des mesures politiques d'apaisement et de reconstructions de régions dévastées. Mais c'est au plus profond de la vie sociale qu'il faut aussi porter le fer pour cautériser la plaie béante de la discorde religieuse. Napoléon signe avec la papauté un concordat en 1801 qui est voté par la chambre en 1802. Ce concordat redonne une place au culte catholique comme simple religion et non pas comme religion d'Etat. Ses lieux de prière lui sont rendus et les prêtres financés par le gouvernement. En échange ceux ci sont nommés par les préfets et prêtent serment à la République. Dans la même veine, Napoléon donnera un statut équivalent aux protestants et un autre aux juifs. Napoléon envisage les cultes en terme d'ordre public.

Il réorganise également le territoire en créant les préfets, mais aussi l'économie (Banque de France, Bourse), la fiscalité, la culture (Louvre, Institut de France), les administrations centrales, la justice (cour de cassation) et l'éducation (lycée et université).


Napoléon veut ressouder les citoyens français que la Révolution et les différents gouvernements ont fait éclater. Il s'entoure d'éminents juristes, afin de rédiger le code civil promulgué le 21 août 1804. La propriété et la famille en constituent le cœur. Dans les années suivantes, suivront d'autres codes (commerce, instruction, agriculture, justice). La légion d'honneur est créée. Elle permet à la fois de récompenser le mérite civil et militaire et de créer ainsi une sorte de chevalerie qui regroupe toutes les élites du pays.


Napoléon érige une société pyramidale dont le soutien est l'armée. A sa tête, l'empereur dirige tout. La presse est réglementée et censurée. La littérature et les théâtres sont surveillés. La police de Savary, puis de Fouché est omniprésente et la justice sévère. Des prisons d'Etat sont créées dans lesquelles, on peut enfermer sans jugement les opposants au régime. Le peuple semble toutefois accepter ses conditions. La France encore très rurale remercie l'empereur d'avoir stabilisé le pays et de lui redonner les moyens de se développer.



Le Dieu de la guerre
L'Empire reste pour les vieilles cours européennes fortement révolutionnaire. La rivalité avec la Grande Bretagne est toujours aussi forte. Des intérêts politiques et économiques différents s'en mêlent. Les deux pays ne peuvent s'attaquer directement. L'Angleterre, première puissance maritime ne fait pas le poids face aux armées terrestres françaises et inversement. C'est par coup de force et coalition que les deux pays s'affrontent. L'Angleterre favorise les alliances anti-françaises, tandis que Napoléon met en place un blocus. Pour l'empereur, il faut aller chercher la paix à Londres. Un débarquement se prépare. Toutefois, une alliance austro-russe financée par l'Angleterre et marchant vers l'Italie, oblige Napoléon a reporté son projet.

Les deux armées se rencontrent en Bavière. Napoléon remporte victoire sur victoire. Le 14 novembre 1805, il entre dans Vienne. A l'inverse, les nouvelles venant de l'Ouest sont mauvaises. La flotte franco-espagnole vient d'être anéantie par Nelson à Trafalgar. Le débarquement semble être abandonné. Au mois de décembre, suite à la bataille d'Austerlitz, les Autrichiens signe un armistice. Toute l'Italie du Nord est rattachée à la France. Britanniques et Russes cherchent désormais appui auprès du roi de Prusse et Napoléon va favoriser le choix de ce dernier. En effet, il crée le 7 janvier 1806 la Confédération du Rhin et se pose comme le protecteur des Etats allemands, vis à vis de la Prusse. La guerre est déclarée. Les armées prussiennes ne font pas le poids, malgré l'aide de la Suède. Le 27 octobre Napoléon entre dans Berlin. La guerre se déplace en Pologne contre les Russes. Une paix est signée entre les deux pays au mois de Juillet 1807.

Dans son optique de contrôler les mers, Napoléon est obligé de déclarer la guerre au Portugal allié des Anglais. Son armée traverse l'Espagne et il entre dans Lisbonne le 30 novembre 1807. Le 10 mars 1808, les partisans de Ferdinand (Archiduc d'Autriche) déclenchent des émeutes dans toute l'Espagne et renverse le roi Charles IV. Ce dernier demande l'aide des Français pour retrouver son trône. Napoléon s'empare de Madrid, mais au lieu de rétablir Charles IV, il place sur le trône son frère Joseph. Des émeutes éclatent de nouveau dans tout le pays. Les Espagnols demandent l'aide des anglais. S'en suit une terrible guérilla qui même si au bout d'un an s'atténue, ne s'arrêtera jamais.

La même année, l'Autriche s'est relevée et reprend la guerre. Napoléon retourne en Bavière. Une fois encore, l'armée autrichienne est battue et Vienne occupée. Toutefois, le reste des Autrichiens attendent Napoléon près de Wagram au bord du Danube.



La chute
En 1810, l'Europe est française. Le système a pour fondation une France de 130 départements et regroupant l'Italie du Nord. Au fil des conquêtes, Napoléon a placé sa famille sur différents trônes. Jérôme en Westphalie, Joseph en Espagne, Murat à Naples, Louis aux Pays-Bas, Elisa en Toscane. Napoléon est en outre le protecteur de la Suisse et de la Confédération du Rhin.

Cette occupation fait naître en Europe un fort sentiment anti-français. Napoléon a trop tendance à recourir à son autorité suprême. De plus, l'Empire est fragilisé par l'absence d'héritier. Napoléon divorce de Joséphine et prend pour épouse Marie-Louise archiduchesse d'Autriche. Il devient ainsi le neveu par alliance de Louis XVI. Le 20 mars 1811, elle donne naissance à l'héritier tant attendu. Pendant ce temps, les relations franco-russes s'enveniment. D'une part à cause de l'Empire Ottoman, que Napoléon refuse d'attaquer avec les Russes, et d'autre part à cause de la création du Duché de Varsovie, véritable résurgence de la Pologne. Profitant de l'annexion du duché d'Oldenbourg par Napoléon, dont le prince est un proche parent du tsar Alexandre, la guerre est déclarée en 1811.

Les deux armées se rejoignent en Pologne, mais l'armée russe préfère sans cesse se replier, obligeant les Français à s'enfoncer de plus en plus. Le 7 septembre 1812 a lieu la bataille de la Moskova à 120 kilomètres de Moscou. Deux jours plus tard, Napoléon rentre dans la capitale russe complètement délaissée. Les Russes mettent le feu à la ville espérant, ainsi se débarrasser de tous les Français. Napoléon préfère quitter la ville, mais l'hiver est arrivé. Sur une terre hostile, privé de tout et pourchassé par les cosaques, la retraite des Français se soldent par des milliers de morts. Les Russes continuant leur avancée, la guérilla continuant en Espagne, le roi de Prusse appelant tous les Allemands à le rejoindre, la guerre reprend en mai. L'Autriche entre à son tour dans la coalition. Napoléon remporte encore de nombreuses victoires, mais la défaite de Leipzig est très dure à supporter. En 1813, les armées françaises ont quitté l'Espagne. L'Italie se libère petit à petit. En Belgique et aux Pays-Bas, les Français doivent reculer.

Au début de 1814, une gigantesque armée franchit le Rhin et pénètre en France. Napoléon profite de leur dispersion pour les attaquer un par un. Toutefois, il ne peut empêcher l'entrée des armées ennemies dans Paris. En juin, le Parlement vote la déchéance de l'empereur et le retour des Bourbons en la personne de Louis XVIII à la tête de l'Etat. Napoléon est obligé de s'exiler sur l'île d'Elbe. Toutefois le 20 mars 1815, Napoléon est de retour à Paris et chasse Louis XVIII. Il aura fallu que le peuple se désenchante de la Restauration et que le roi mette beaucoup de mauvaise volonté pour que s'ouvre la période des Cents-jours.

Les nations coalisées ne veulent pas du retour de Napoléon et déclarent de nouveaux la guerre à la France. Napoléon part pour la Belgique, afin de détruire les bases anglaises et prussiennes, mais à Waterloo la victoire n'est pas de son côté. Le 21 juin, Napoléon abdique de nouveau. Louis XVIII regagne le trône de France, mais doit accepter des conditions très dure : perte de tous les territoires conquis par Napoléon, occupation militaire et amende en numéraire. Pour ne pas courir de risque, la Grande Bretagne décide d'exiler l’empereur sur l'île de Sainte Hélène dans l'Atlantique près des côtes américaines. Il meurt le 5 mai 1821 à 17h49.



"Le cœur d'un homme d'Etat doit être dans la tête"
Napoléon Ier


Source :
Texte : LENTZ. Thierry : Napoléon Ier.
Images : astrosurf.com ; Civilization 4

jeudi 9 décembre 2010

Le monde romain

De la cité latine à l’empire universel
L’idéal social romain est celui du loisir, de la disponibilité de l’homme aisé pour les tâches et les plaisirs de la vie communautaire. La production économique était fondée sur l’esclavage. La religion n’est pas fondée sur la foi personnelle.

Rome est fondée en -753 par Romulus. Elle profite du mouvement d’évolution des cités dans l’orbite étrusque pour devenir une cité état. Gouvernée par des rois, elle se transforme en République en -509. Les chefs sont des magistrats élus tous les ans par le peuple. Rome est soumise à des lois votées par les citoyens et jette les premiers principes du droit gravé dans la loi des douze tables.

Au Ve siècle av JC, Rome s’émancipe de la domination étrusque. Après deux siècles de guerre contre les Etrusques puis les Grecs, Rome se retrouve à la tête d’une vaste fédération de cités en Italie centrale. Rome se retrouve en conflit avec Carthage, la grande puissance de Méditerranée Occidentale. La première Guerre Punique (-264/-241) porte sur le contrôle de la Sicile. La seconde (-211/-202) prend fin avec la défaite d’Hannibal. La troisième voit la destruction totale de Carthage en -146. Rome répond à l’appel des Grecs pour les défendre contre la Macédoine et en profite pour les annexer. L’expansion s’étend au Proche-Orient et en Egypte.

A partir de -130, des guerres civiles secouent Rome et l’Italie. Les Gracques comme Tiberius et Caius tentent de fléchir la puissance de l’élite romaine et de répartir plus équitablement les fruits de la conquête. Entre -91 et -88, une partie des alliés italiques exaspérés par le pouvoir des Romains se soulèvent et sont défaits. Soucieux de préserver la paix, les cités italiques reçoivent la citoyenneté romaine. Progressivement, les légionnaires sont devenus des militaires professionnels. Leurs généraux acquièrent un prestige et des moyens financiers énormes. La concentration du pouvoir personnel appuyé sur une armée professionnelle apparaît. Les guerres civiles reprennent entre les partisans de Marius et Scylla, puis de Pompée et César. Les institutions républicaines sont incapables d’enrayer le mouvement. L’élargissement incessant du nombre de citoyen et de l’Empire romain oblige à une redéfinition du fonctionnement de la Res publica. En -27, Octave élimine ses derniers rivaux dont Marc Antoine. Il reçoit le titre d’Auguste et de Prince, en fondant l’Empire.

Le nouveau système apporte des solutions au problème gestionnaire de l’empire en mettant en place un système de gouvernement et d’administration plus efficace. Au sortir des guerres civiles, les derniers peuples soumis et les Italiques se considèrent tous comme romain. Géré de manière plus efficace, le monde romain constitue un vaste ensemble dans lequel individus, richesses et savoirs circulent librement. A partir du IIIe siècle, l’Empire n’est plus seulement Rome. Les élites locales se sont mélangées.

Les Parthes et les Germains menacent de plus en plus les frontières. Dioclétien n’a d’autres choix que de partager l’Empire en deux. Epuisé par les invasions barbares, l’Empire d’Occident s’affaiblit. Le centre de la romanité se déplace vers l’Est. Constantinople est fondée en 330 et devient capitale en 410. Alan chef wisigothique, pille Rome. En 476, Romulus le dernier empereur est déposée et avoir lui l’Empire romain d’Occident.


Le romain au quotidien
Dans le monde antique, la population se divise en deux catégories, celle des esclaves et celle des hommes libres. Parmi ces derniers la plupart sont des étrangers ou pérégrins. L’Empire fonctionne grâce à ses innombrables esclaves. Anciens prisonniers de guerre vendus sur les marchés ou nés dans la maison, ils sont assimilés à des biens mobiliers et ne possèdent aucun privilège politique et juridique. Ils exercent un grand nombre d’activités. Entre les esclaves d’une même famille peuvent exister de grandes différences de genre et de niveau de vie, en fonction de l’affection des patrons ou des capacités de l’esclave. Ainsi, certains esclaves sont affranchis et possèdent à leur tour des esclaves, mais reste attaché à leur maître.

Les Romains accordent leur citoyenneté aux affranchis et aux étrangers. Ce bienfait récompense une bonne conduite ou un service rendu. Un homme peut être citoyen romain et citoyen de sa cité. En 212, Caracalla accorde la citoyenneté romaine à tous les étrangers libres vivant dans l’Empire, les rendant tous égaux.

Dans la vie quotidienne, le Romain porte comme habits de simples tuniques à capuche et des robes. Dans la vie officielle, le citoyen apparaît en toge portée sur la tunique avec des insignes pour signaler son rang. Les chevaliers arborent une bande pourpre (angusticlave) et un anneau d’or. Les sénateurs portent une toge avec une bande violette (laticlave). Les citoyens sont classés par ordre censitaire et chacune est vouée à des fonctions publiques spécifiques. Le Sénat conseille les magistrats. Ils sont au nombre de 600. Les chevaliers, membres de l’ordre équestre, servent dans l’armée et dans les gouvernements de province.

Les citoyens pauvres et les esclaves vivent en union libre et n’ont pas les moyens de constituer une véritable famille légitime. Seule la classe dominante fonde des familles en bonne et due forme, dont le père de famille est le maître absolu. Seul propriétaire du nom, de l’autorité, du culte et du patrimoine domestique, il a pour fonction de transmettre l’héritage, de reproduire la famille et d’insérer ses enfants dans les réseaux nobiliaires. La famille se compose des parents, enfants, grands parents, esclaves et affranchis. Les enfants quittent la maison le jour de leur mariage. Il est possible que le fils fasse venir sa femme dans la maison familiale. Elle demeure sous la tutelle de son père. Les mariages se concluent entre 16 et 18 ans et sont arrangés par les pères. Ils ne sont pas fondés sur le sentiment individuel, ni sur l’amour, mais sur la bonne entente et la nécessité d’unir deux familles. Le divorce est tout à fait possible.

Les femmes s’occupent de la gestion de la maison. En public, elles participent au culte. Le citoyen romain est intégré dans des réseaux de sociabilité. Des citoyens modestes entre dans la clientèle d’un citoyen aisé. Fondée sur la loyauté, cette aide mutuelle, politique, sociale ou financière constitue le socle de la vie civile. Les notables font preuve d’évergétisme, en offrant à leurs cités des dons et des jeux, des bâtiments et des services, en échange d’honneurs et de magistrature.


Le monde de la cité
La souveraineté appartient à l’ensemble des citoyens. Ils sont libres et exercent leur métier de citoyens (élire, faire des lois, juger). Le monde romain est composé de centaines de cités - états. A Rome, le pouvoir est concentré entre les mains d’une élite restreinte. Seuls les sénateurs et les chevaliers peuvent être élus aux magistratures. Les membres des classes supérieures ont le temps d’assister aux réunions politiques. Ils ont les moyens et le cens pour se faire élire. Ils sont capables de remercier leurs concitoyens par l’organisation de spectacles somptueux ou par des constructions politiques. Les magistratures sont annuelles, collégiales et certaines disposent d’un droit de veto (tribun de la plèbe, consul). Tous doivent se soumettre aux lois. Les magistrats sont secondés par le Sénat.

Le régime impérial ajoute un nouvel acteur le Prince, jouissant des pouvoirs militaires et d’arbitre dans les problèmes politiques et juridiques. Le régime impérial a réduit la liberté politique à Rome, mais a su mettre en place une administration assez solide pour diriger l’Empire, prêt à réprimer toute révolte et à intégrer facilement individus et communautés. Les traditions politiques locales continuent d’exister en s’adaptant au nouveau contexte. La cité est placée sous l’autorité de magistrats locaux. Les gouverneurs interviennent uniquement dans la perception de l’impôt, la défense des territoires et dans les affaires judiciaires concernant des Romains. Les colonies sont considérées comme des quartiers de Rome. Le droit de cité romain s’étend hors d’Italie et peut être octroyé à des cités ou à des individus. Il existe une citoyenneté latine par référence aux colonies fondées au début de la République. La citoyenneté latine ne confère que le droit de conclure des affaires et des mariages légitimes. Ils n’ont pas le droit de vote. Cette citoyenneté disparaît en 212 par l’Edit de Caracalla octroyant la citoyenneté romaine à tous les hommes libres.

Peu à peu le droit romain remplace les droits locaux et contribue à ébaucher l’unité culturelle de l’Empire. La fusion des élites de toutes les provinces se réalise à Rome. L’armée est un moyen d’intégration pour les classes moyennes en tant qu’auxiliaires, les légionnaires restant des Romains, ils obtiennent la citoyenneté romaine après leur service militaire.


Religion et piété
On pratique une religion, parce qu’on appartient à une communauté. Le citoyen participe au culte public, l’artisan à celui de son collège, le soldat à celui de son unité. Suivant sa position, Rome participe à plusieurs cultes. En l’absence d’une seule autorité religieuse, des originalités et des nuances s’observent entre les cités. Chaque cité a ses dieux et celles ayant la citoyenneté latine honorent la trinité romaine (Jupiter, Junon, Minerve) et les empereurs divinisés.

Chaque famille honore ses dieux domestiques à l’exemple des Lares, du Génie ou des dieux Pénates. Les cultes publics se célèbrent sur les places, sous la conduite des magistrats et des prêtres. Les citoyens recherchent le bien et la réussite terrestre de leur cité. Les dieux sont les partenaires des communautés humaines au bien desquelles, ils doivent collaborer et dont, ils doivent respecter la charte fondamentale sans profiter de leur supériorité pour terroriser et asservir les citoyens libres. Les dieux se partagent un champ d’action et aucun n’est le maître.

Il n’existe aucun enseignement religieux et aucune révélation divine. Les rites principaux sont le sacrifice et la divinisation. Le premier consiste à consacrer un animal en vue d’un banquet commun. La part de la divinité est brûlée et l’autre consommée par les célébrants. Par la seconde, les Romains interrogent la divinité pour obtenir son assentiment à une décision.

Le défunt est enterré aux portes de la ville, le long des routes. L’enterrement célébré par les membres de sa famille introduit le défunt auprès des dieux Mânes. Les défunts survivent tant que leur famille ou une âme pieuse célèbrent leur culte. Les nécropoles témoignent des particularismes religieux de chaque famille, de chaque région et de chaque groupe social. Les pauvres sont enterrés dans des cimetières collectifs ou dans des catacombes.

Le prosélytisme est étranger aux Romains. Les obligations religieuses publiques ne concernent que les citoyens romains. Les religions privées ou étrangères sont tolérées dans la mesure où elles n’engendrent pas de troubles de l’ordre public. En revanche, les Romains considèrent les mutilations humaines comme choquantes et les interdisent. C’est le cas de la circoncision juive ou des prêtresses eunuques de Cybèle, déesse celte. En Judée, la destruction du Temple en 70 n’a rien à voir avec la religion. Il s'agissait de mater une révolte et de pacifier la région. Les chrétiens furent persécutés en fonction d’accusation de troubles de l’ordre public, de constitution de sectes illicites, de refus d’obéissance et d’exclusion de la vie communautaire. Les Romains n’ont jamais eu l’intention de convertir les peuples conquis.


Maisons, villes et plaisirs
La maison romaine comprend trois zones principales. L’espace central abrite la mémoire de la famille avec les portraits des ancêtres et la religion privée autour d’un petit sanctuaire. On y trouve l’atrium couvert d’une toiture percée au-dessus d’un bassin et le salon, puis une série de chambres décorées de peintures murales en trompe l’œil. Enfin, la zone d’agrément autour de la cour avec un péristyle ou jardin intérieur. Les appartements privés, celui des femmes, les chambres des esclaves et les salles de service sont rejetées au fond de la demeure. Ce modèle vaut surtout pour les notables. Le reste de la population habite des maisons sans caractère et sans luxe. En ville, ils se regroupent dans les insulae : immeuble de deux trois étages, dont le rez-de-chaussée est occupé par des boutiques ou des ateliers.

Le réseau de routes dessine la carte des conquêtes romaines et relie des cités qui sont toutes le reflet de Rome. A la masse des habitations s’opposent les espaces des lieux publics. Au centre, on trouve le forum destiné à accueillir la vie politique : réunions, assemblées du peuple (comices). La place est bordée de basiliques offrant un abri contre les intempéries et servant de tribunaux. L’espace public est complété par les temples.

La vie publique se compose d’activités civiques et de loisirs (bains et jeux). Les thermes deviennent peu à peu de hauts lieux de la cité et un symbole de vie civilisée. On y trouve des jardins et des espaces sportifs, ainsi que des bibliothèques. La plupart des fêtes se concluent par des jeux. Les courses de char ont longtemps constitué l’essentiel des jeux romains. Les jeux de gladiateurs apparaissent à la fin de la République. Sous l’Empire, chaque cité possède un théâtre. Les distractions sont chères et sont offertes par l’empereur, par un magistrat ou par un notable. Les fêtes religieuses sont souvent accompagnées de représentations scéniques.


La culture romaine
Il n’existe pas d’enseignement public dans le monde romain. Tout est laissé à l’initiative du père de famille. Les maîtres d’école reçoivent les fils d’aristocrates et parfois quelques esclaves. Ils enseignent la langue latine et grecque à laquelle s’ajoute parfois la philosophie ou le droit, puis à partir du IVe siècle le catéchisme.

La diffusion des ouvrages littéraires ne concerne qu’une fraction de la population. Généralement, les livres sont lus en public. Les bibliothèques sont concentrées dans les grandes villes. Le livre est un rouleau de papyrus. A côté, les Romains utilisent des tablettes enduites de cire. A partir du IIIe siècle, le codex apparaît, forme de livre utilisant des cahiers de parchemin. Moins fragile et plus économique, le codex est l’indice du passage d’une lecture intensive basée sur les déplacements dans le texte.

Le langage artistique grec est fondé sur la tradition grecque. Par sa puissance et sa richesse, Rome donne le ton au monde entier, mais il existe des phénomènes artistiques venant de la province s’imposant à Rome. C’est le cas par exemple de la mosaïque polychrome. L’art romain transparaît par ses pièces de monnaie et ses bâtiments publics. Au IVe siècle, le christianisme a créé un nouveau type d’architecture pour la réunion des fidèles. Les basiliques remodèlent le paysage des villes. Les décors se modifient. La nouvelle culture chrétienne ne rompt pas avec la culture traditionnelle.

Les Romains conservent leurs loisirs et leur littérature. Les érudits du Ve siècle entreprennent des codifications monumentales en matière de religion, de droit et en science. A cette époque, la culture écrite commence à décliner. Le nombre de lettrés se maintient avec le nombre de prêtre, qui fait du latin la langue de la chrétienté. L’écrit se ferme sur le groupe des clercs et laisse les laïcs hors de ce mouvement. Rome a transmis sa langue de laquelle découlent nos langues, son droit sur lequel se fonde le droit contemporain et c’est en son sein que s’est développé deux des trois grandes religions mondiales.


" Nous sommes tous des citoyens romains"
Claude Nicolet

Source
Texte : HANOUNE. Roger: Nos ancêtres les Romains
Image : pagesperso-orange.fr/pascal.jobart/SiteRome2002/Images/senat.jpg

mercredi 8 décembre 2010

Les Mongols


Gengis Kahn : le fondateur
Les Mongols apparaissent pour la première fois, dans des textes chinois datant du VIIIe siècle. Ce sont des tribus nomades occupant le cours supérieur de l'Amour dans l'actuelle Mandchourie. Ils pratiquent une religion monothéiste où s'insèrent des rites chamaniques.

Au XIe siècle, ces peuples se séparent en deux. L'un descend en Chine et fonde la dynastie des Leav. Les seconds entrent en Mongolie et prennent les terres de manière pacifique aux Turcs de moins en moins nombreux. Les Mongols vivent dans l'anarchie, sauf lorsqu'un chef réussit à réunir tous les clans et familles. Ces derniers réussirent à former un empire avec à sa tête un Kahn, mais face aux pressions tartares et chinoises, celui ci s'effondre en 1161.

En 1155, naît Temudjin. Yesügeï son père est le chef du clan des Quyat. A neuf ans, Temudjin épouse Börte. L'année suivante, son père est assassiné. Sa famille et lui sont bannis. Temudjin va rejoindre sa belle famille. Un jour, les Merhit enlèvent sa femme et s'enfuient dans les montagnes. Accompagné de l'ancien ami de son père Toghril, il réunit des hommes. Il combat Merhit et libère sa femme. Plus tard, elle lui donne un fils prénommé Djötchi. En 1196, une diète se réunit et il devient empereur des mongols sous le nom de Gengis Kahn. Ensuite, il rédige le Yasaq, un code politique et moral. Toutefois, il est de plus en plus contesté. Pour recréer l'unité, il déclare la guerre en 1199 au Naiman, puis trois ans plus tard aux Tartares. Tout comme la religion ne tolère qu'un seul dieu, le royaume terrestre ne peut avoir qu'un seul roi. De ce fait, Gengis Kahn et Toghril se retrouvent ennemis. Le second est battu et tué. En 1206, il n'a plus que deux ennemis politiques, qui finissent par faire la paix. Ainsi Gengis Kahn règne sur toute la Mongolie.

Les années suivantes sont consacrées au renforcement des frontières. En 1215, il déclare la guerre à la Chine. Malgré une longue préparation, ses armées piétinent au pied de la grande muraille. Il finit par la percer et deux ans plus tard, il prend Pékin. Il donne cette nouvelle province à son bras droit Djebe, avant de partir pour l'Iran. En 1220, Boukkhara la capitale tombe, puis c'est au tour de Samarkand. Le Shah décède la même année. Son fils le roi d'Afghanistan, souhaite continuer la lutte. Les Mongols répondent de manière sanglante. L'armée mongole continue son avancée à l'Ouest, et bat les Géorgiens, puis les Ukrainiens. Face à ces ennemis, les Polonais demandent l'aide de la Russie. Ces derniers acceptent. Le 31 mai 1222, les Russes sont battus. Ensuite, les Mongols battent les Bulgares, avant de se retirer en Grèce. Gengis Kahn meurt le 12 août 1227.


Les successeurs
Pendant trente ans, les Mongols connaissent victoire sur victoire et étendent considérablement leur empire. La Grèce est totalement conquise en 1236, le Tibet annexé en 1250. Les guerres contre la Chine reprennent. A l'Ouest, les révoltes en Iran et dans le Caucase sont écrasées. En 1236, Batu fils du Kahn Djötchi part à la conquête de l'Europe Orientale. Les Turcs se rallient aux Mongols. Les Bulgares sont de nouveaux écrasés. Les Russes préfèrent se battre, mais ne font pas le poids, seule la ville de Novgorod résiste. Les Mongols se tournent alors vers l'Ukraine.

Le reste de l'Europe s'inquiète de ces armées dévastant tout sur leur passage. L'empereur allemand, Frédéric II prépare ses troupes. En 1241, les Mongols déferlent sur la Pologne, puis en Hongrie et en Croatie. En 1243, fatigué, Batu fait demi-tour. D'autant plus que les forêts européennes ne permettent pas le développement de la cavalerie légère. C'est alors, que les puissances occidentales entrent en contact avec les Mongols. Des franciscains, puis plus tard des marchands comme les Polo, sont envoyés comme ambassadeur. Certains d'entre eux se mettent pour un temps au service du Kahn.

En Asie, les Mongols reprennent leur conquête en Birmanie et en Chine dans les années 1250. L'Inde résiste à leurs coups et ils n'ont pas l'occasion de débarquer au Japon. Au Proche Orient, Bagdad tombe en 1258 et avec elle l'Irak et la dynastie abbasside. Chez les Francs et les Byzantins, on s'interroge. Les Mongols sont-ils des alliés contre l'Islam ou des futurs ennemis ?

L'empereur Monghna meurt en 1260. Son fils Kubilaï, roi de Chine, réunit la diète et prend le pouvoir par la force. Aussitôt son frère, Ariq Böqe fait de même. L'empire se déchire en deux et la guerre éclate. Elle est de courte durée et marque la défaite d'Ariq Böqe. Toutefois, elle reprend avec le petit fils d'Ogodaï prénommé Qardu. L'Empire vole en éclat et se divise en quatre (l'Iran, le Caucase, l'Asie Centrale, la Chine). Kubilaï reste le grand Kahn, mais ce titre ne revêt plus qu'une fonction symbolique. Il est d'avantage vu comme l'empereur de Chine et appartenant à la dynastie des Yuan. Il déplace la capitale à Pékin. En 1260, les Mongols connaissent leurs premières défaites. Les Mamelouks d'Egypte, les chassent d'Irak et de Syrie par la force.


Comment dure l'empire ?
L'empire de Gengis Kahn compte un million et demi d'hommes et dix pourcent est enrôlée dans l'armée. Les Mongols compensent leur faiblesse numérique par leur forte personnalité. Ils sont courageux endurants et excellents cavaliers. Ils ont le sens de l'ordre, de la discipline et ne combattent que pour la gloire. Les pillages ne sont faits que pour répondre aux besoins vitaux. En 1217, Gengis fait venir des ingénieurs chinois pour fabriquer des armes de siège et pour apprendre à se servir de la poudre. Contrairement aux idées reçues, les campagnes mongoles sont préparées à l'avance. Les généraux mettent en place des stratégies. Ils évitent les grandes batailles, préférant le harcèlement et les embuscades.

Les Mongols délèguent une part de leur autorité aux élites locales. Elles sont surveillées par un fonctionnaire royal. Ce qui a le plus joué en faveur des Mongols, c'est l'établissement de l'ordre, en mettant un terme aux luttes de clans. La paix encourage le commerce. De nombreuses pistes sont équipées de relais, avec de l'eau, de la nourriture et des chevaux. En Chine, les routes sont bordées d'hôtels. Ainsi l'empire connaît une intense activité marchande et bancaire, ce qui amène un afflux de richesse, permettant par la suite un essor culturel.

La justice est implacable et égalitaire. Cette égalité devant la loi plait, comme plait la sollicitude pour les plus forts, l'absence de tout racisme et la tolérance religieuse. Des hospices sont créés dans chaque ville. Les communautés religieuses sont acceptées partout. Les églises côtoient les mosquées, les temples bouddhistes et les pagodes taoïstes. Les Mongols n'ont jamais tenté d'imposer leur langue et leur culture.


La déchéance
Il existe quatre fédérations qui constituent l'empire. A l'Est, c'est la Chine unifiée par les Yuan. Elle est à son paroxysme territorial. Avec la mort Buyantu en 1320, s'ouvre une nouvelle ère de révolte et les Mongols sont définitivement chassés de la Chine.

L'Iran a renoué avec son passé et ses traditions musulmanes. Les souverains mongols n'ont plus de réelles assises sur leurs sujets. La mort d'Ilkhaneis en 1360, laisse un grand vide et plonge le pays dans l'anarchie.

Au Nord, l'empereur Mouride résiste tant bien que mal à la pression musulmane. La division règne entre le Nord et le Sud du pays. Les premiers sont proches des Mongols et les soutiennent, les seconds majoritairement citadins et plus riches favorisent l'Islam. En 1334, la partie sud rejoint l'Empire Ottoman. Le Nord n'a pas d'autres choix que de se convertir, ce qui lui permet de garder une relative indépendance jusqu'au XVIe siècle.

La Horde d'Or dans les régions du Caucase, se convertit à l'Islam et prend les mœurs ottomanes. Il y règne une profonde insécurité, (voleurs, pirates, marchands d'esclaves) à laquelle s'ajoute une terrible épidémie de peste. En 1380, les Russes se révoltent et battent les Mongols à Koulikovo. Au cours du XVe siècle, toutes les provinces se détachent une à une et rejoignent la cour de Russie. Au XVIe siècle, le Tsar Ivan le Terrible met au pas les dernières résistances.

L'empire mongol s'est aussi effondré en partie à cause des moeurs mongoles. En effet, ceux ci sont restés partagés en clans et n'ont jamais réellement cessé de s'affronter entre eux. Cependant, l'empire mongol a profondément marqué le monde. Il a modelé la Chine. L'art et la philosophie se sont enrichis. La religion musulmane et chrétienne, ainsi que le bouddhisme ont pu se diffuser librement.

Les Mongols détrônés, retournent dans leurs steppes d'origine à partir du XVIe siècle. Le développement des armes à feu met hors jeux les archers et la cavalerie légère. De ce fait, les mongols ne remporteront plus de grandes batailles et resteront hors des enjeux internationaux.


"Le plus grand bonheur du Mongol est de vaincre l'ennemi, de ravir ses trésors, de faire hurler ses serviteurs, de se sauver au galop de ses chevaux bien nourris, de se servir du ventre de ses femmes comme couche et de prendre plaisir à leur beauté."
Gengis Khan


Source :
texte : ROUX. Jean Paul : Gengis Kahn et l'empire mongol
image : historyofjihad.org

mardi 7 décembre 2010

La Mésopotamie


Une si longue histoire
La Mésopotamie est une région d'Irak située entre le Tigre et l'Euphrate. Les premiers occupants sont arrivés par le Nord-est au VI millénaire av. JC. Ils ont introduit les céréales, les fruits et les légumes. Peu à peu, tout le pays se recouvre de villages puis de bourgs.

Vers -4000, un peuple venu d'Arabie, les Akkadiens s'installent en Syrie dans la région d'Ebla et d'Alep. Par la suite, ils ont progressivement descendu vers le Golfe Persique. C'est ici qu'ils rencontrent les autres populations rassemblées, appelés les Sumériens. Les deux peuples mettent en commun leur culte et leurs technologies. Mais au IIIe millénaire, les Sumériens finissent par disparaître. C'est à cette période qu'est inventée l'écriture en -3200 dans le but de remplir des fonctions comptables. L'irrigation se développe, mettant en place une agriculture à grande échelle. Une pareille entreprise ne nécessite pas seulement une main d'œuvre abondante, mais également une direction centrale capable de planifier la construction de tous les canaux. Les villages se regroupent en de plus amples communautés. Cette révolution a implanté dans les mentalités un sens aigu du pouvoir centralisé et monarchique.

La population partage une vie intellectuelle matérielle et religieuse identique, mais reste divisée en cité-états. C'est le cas d'Ur et d'Uruk. Toutes ces cités sont en guerre les unes contre les autres. Vers -2300, Sargon roi d'Akkad parvient au prix d'une longue série de guerre à unifier toutes les cité-états de la Syrie et de l'Iran et fonde le premier empire mésopotamien. Cet empire est divisé à sa mort entre ses deux fils. Il va au fil du XXIIIe siècle, sombrer dans la ruine et l'anarchie. Les Akkadiens voient arriver sur leur terre, un autre peuple venant également d'Arabie appelé les Amorrites. Ces derniers s'adoptent vite aux coutumes mésopotamiennes.

Pendant plusieurs siècles, le pays se compose en puissants royaumes comme Lagash ou Ur avec son roi nommé Gudea. Mais le second millénaire voit l'émergence d'une nouvelle puissance Babylone et de son roi Hammourabi. Ce dernier va reconstituer l'empire de Sargon. Toutefois, son œuvre ne lui survit pas, minée par des dissensions intérieures et menacée à l'extérieur par les Elamites et les Hittites. A la même époque, la partie méridionale de l'Empire prend son indépendance et devient l'Assyrie. Toutefois, les relations avec Babylone ne sont pas coupées. Par ailleurs, une nouvelle vague d'émigrant venu une nouvelle fois d'Arabie, les Araméens déferlent sur le pays. Plus évolué que les Amorrites à leur arrivée, ces nouveaux venus ne se plient guère au mode de vie babylonien. Ils préfèrent vivre entre eux, créant des ghettos dans les villes, qui échappent au pouvoir central.

Le Ier millénaire est dominé par l'Assyrie, à la merci de laquelle reste réduite Babylone. Les empereurs assyriens au prix de lourds efforts militaires parviennent à soumettre tous leurs adversaires. Dans cet empire, Babylone n'est plus qu'une capitale religieuse et culturelle. Cependant le royaume se soulève en -612. La ville redevient un grand centre politique et la ville la plus célèbre dans le monde proche oriental. Cette puissance recouvrée ne dure pas longtemps, malgré le règne glorieux de Nabuchodonosor II. Babylone succombe à la nouvelle puissance qu'est la Perse. En -539, Babylone tombe par trahison entre les mains de Cyrus II.

Deux siècles plus tard, la ville tombe entre les mains d'Alexandre le Grand roi de Macédoine et protecteur de la Grèce. A sa mort, Babylone devient le centre du royaume Séleucide et sombre peu à peu dans l'oubli.


Une haute civilisation
La langue officielle est le sumérien et l'akkadien et persiste à travers les siècles pour les sciences, la religion et la littérature. Les scientifiques sont nombreux à Babylone. Comme leurs ancêtres sumériens, ils dénotent une surprenante curiosité, une passion de savoir et de comprendre, de classer, de ranger, d'analyser et de comparer les phénomènes de l'univers. L'écriture très complexe, reste l'apanage d'une catégorie close de professionnels, qui suivent de longues études. Ils se spécialisent ensuite dans les offices notariaux, les bureaux de secrétaires, municipaux ou royaux. Seules ces personnes ont accès à cet art. Même les plus grands souverains sont illettrés. La culture mésopotamienne reste une culture orale.


Le Roi et son peuple
Nous ignorons comment s'est instaurée la monarchie en Mésopotamie, mais celle ci se maintient par dynastie. Le roi doit par son mariage, avoir un héritier. Il n'y a pas de droit d'aînesse entre les fils. C'est le père qui choisit, ce qui ne va pas toujours sans compétitions plus ou moins sanglantes. Jusqu'au moment où un autre aristocrate élimine le roi, prend le pouvoir et fonde une nouvelle dynastie.

Il existe à côté du souverain une ou deux assemblées servant de contrepoids aux volontés du souverain. Il existe dans les provinces et dans les villes de telles assemblées, qui représentent le pouvoir royal. La cour est composée de hauts fonctionnaires et d'un grand nombre d’aristocrates exerçant des fonctions de gouverneur dans les provinces. Le roi est au sommet d'une gigantesque administration, qui tend à s'étendre et à se complexifier au fur et à mesure que le royaume s'étend. Le roi doit protéger et défendre le pays contre les ennemis extérieurs et intérieurs et gouverner avec sagesse pour faire respecter les lois et assurer la bonne marche du pays. Législateur unique par ses décisions et décrets, le roi joue le rôle de garant de la justice et de juge suprême.

A partir du IIe millénaire, le commerce extérieur constitue une source vitale. Dépourvu de matières premières, la Mésopotamie doit tout importer. Les négociants et les commis se rendent sur place et même s'installent à l'étranger. Le roi n'intervient guère dans le commerce, sauf en cas de nécessité absolue. Dans ce cas là, il organise des campagnes militaires. En règle générale, les rois préfèrent entretenir des relations pacifiques avec leurs voisins. Les affaires se règlent par le biais des ambassadeurs. Le commerce permet de financer les grands travaux publics et religieux, regroupant l'édification des temples, l'enrichissement des palais, la fortification des villes et l'entretient des canaux.


Les travaux et les jours
La société mésopotamienne n'est pas égalitaire. Elle est constituée de deux grandes catégories : les hommes libres et les esclaves. Ces derniers le sont de par leur naissance, en tant que prisonnier de guerre ou temporairement pour dette. Les esclaves sont d'avantage considérés comme des serviteurs et traités en tant que tel. L'affranchissement est possible. Les hommes libres se divisent eux mêmes en deux catégories : l'aristocratie militaire, politique, religieuse et ceux de moindre condition.

Le cadre de la société reste celui de la ville et de ses abords. Le cadre temporel est basé sur les mouvements de la lune et comprend douze mois. L'uniformisation des calendriers en Mésopotamie s'est opérée au IIe millénaire. Auparavant, chaque cité-état possédait son propre calendrier.

Les femmes paraissent avoir été traitées avec une certaine considération et libéralité, même si on les tient d'emblée pour inférieures et soumises aux hommes. L'épouse est la propriété du mari. Le droit lui permet toutefois de posséder des biens en mains propres et d'avoir recours à la justice. La seule association entre un homme et une femme reste le mariage, destiné à donner une descendance à la famille. Le mariage le plus courant est celui organisé entre les familles où les mères jouent un rôle important. Le premier entretien est l'occasion de passer un contrat et de négocier la dot de la mariée. Le mariage est célébré par un rituel suivi d'un festin et de la nuit de noce. A partir de ce jour là, la femme doit rester voilée, afin de signaler à la communauté qu'elle n'est plus célibataire. Le divorce n'existe pas. Seul le mari a le droit de rompre l'union et seulement pour cause d'adultère. Le mariage est une alliance familiale et n'a rien à voir avec l'amour. Toutefois, l'amour et le sexe occupent une place importante dans la société mésopotamienne. Cela est facilité par le fait que la religion n'impose aucune morale. La prostitution très présente aussi bien masculine que féminine, fait l'objet d'une importante organisation, placée sous la protection de la déesse Ishtar.

L'enfant tient une place importante et l'avortement est considéré comme un crime grave. Jusqu'à leur adolescence, les enfants sont élevés au foyer par leur mère. L'école est uniquement réservée aux scribes. Les femmes travaillent dans les métiers du tissage et son devoir est de tenir la maison. La cuisine est un des grands plaisirs de la vie. La base de l'alimentation est le blé et la bière, mais il faut y ajouter la viande (porc, mouton), les poissons et les fruits. Les hommes se livrent à de pénibles travaux, car tous doivent canaliser leur énergie pour le service de l'Etat, notamment dans l'armée. Le travail est rétribué par le roi. Si l'agriculture reste la profession la plus répandue, les artisans réunis dans les ateliers sont très nombreux.


L'intelligentsia
Tout ce qui est lié aux mathématiques a été développé en fonction d'impératifs économiques. Les premières tablettes contiennent des systèmes de numérotation et ont servi pour la comptabilité. A partir du IVe millénaire, le système numéral devient décimal. Sur le même modèle est né le droit, donnant naissance au code de lois, dont le plus célèbre est celui d'Hammourabi. C'est le cas aussi de la divination. Les Mésopotamiens pensent que les dieux connaissant l'avenir, peuvent le révéler à travers des évènements particuliers. Tous ces phénomènes observés ont été conservés dans des catalogues et annotés d'analyses. L'astrologie liée à la divination, prend son essor au Ier millénaire. Les observateurs ont repéré les constellations et les mouvements des astres. La médecine quant à elle, se présente sous la forme de recette de remèdes thérapeutiques en fonction des symptômes.

Les savants ont voulu comprendre les êtres de l'univers et les classer. Au fil des siècles, les érudits ont constitué une riche encyclopédie contenant plus de 10.000 sujets. Elle recense toutes les choses de l'univers matériel. A partir de là, sont nés les traités de linguistique en sumérien et en akkadien. Au niveau de la littérature, il n'existe pas de droit d'auteur et chacun est libre de faire ce qu'il veut des textes. Au fil du temps, les goûts et les styles ont évolué. Néanmoins, il reste quelques textes qui ont traversé les époques comme l'Epopée de Gilgamesh.


Les Dieux
La société mésopotamienne est foisonnée de mythes destinés à expliquer les choses se passant sur la Terre, mais également pour trouver des réponses aux questions qui hantent chaque humain. Les Mésopotamiens sont convaincus qu'il existe un monde invisible et supérieur où résident les dieux. Ceci sont des deux sexes et organisés en une hiérarchie.

La Terre est composée de trois parties : les cieux, le monde des humains et les Enfers. Au départ, il existait plusieurs milliers de divinités, mais leur nombre tend à diminuer au fil du temps. Par ailleurs, les hiérarchies sont bouleversées en fonction des changements politiques. Le panthéon mésopotamien compte une trentaine de divinités principales. Enlil, le roi des dieux, prend le pouvoir avec l'abdication de son père Anu. Il est secondé par son frère Enki. Les déesses jouent comme dans la société humaine, le rôle d'épouse et n'occupent pas de fonctions importantes. Seule Ishtar, déesse de la guerre et de l'amour libre, sort du lot. Au Ier millénaire, c'est Marduk le dieu protecteur de Babylone qui devient le roi des dieux.

Les dieux ne sont pas localisés. Tantôt, ils vivent dans leur temple, tantôt ils s'incarnent dans les éléments qu'ils représentent. Le monde est l'œuvre de quelques dieux qui se sont multipliés au fil du temps. Les dieux primaires ont aménagé la Terre pour y vivre et pour en vivre. La création de l'Homme est relatée dans le mythe du Supersage. Les dieux ne voulant plus travailler, Enki eut l'idée de créer l'Homme comme suppléant, mélangé de terre argileuse et de sang divin. C'est ce qui explique que pour les Mésopotamiens la vie n'a de valeur que pour le service des dieux. Afin de diriger les Hommes, les dieux insufflent une destinée à certain d'entre eux pour gouverner.

Les oracles sont les intermédiaires par lesquels les dieux font connaître leur volonté aux humains. Quoiqu'il se passe, bon ou mauvais, chaque chose est la volonté des dieux et ne peut pas être remis en question, car elle est fait partie d'un large dessin. Ainsi, aller contre l'ordre social, c'est aller contre la volonté des dieux et cela constitue un grave pêché. Cette faute est châtiée non seulement dans le monde des vivants, mais aussi après la mort. Il existe toute sorte de rites de purification, afin de laver ses pêchés. Le seul moyen de s'en débarrasser est qu'un prête pratique un rite d'exorcisme. Malgré cela, la morale n'occupe pas une place importante dans la religion mésopotamienne. Du moment que l'on a travaillé pour son dieu et rendu le culte qu'il méritait, et qu'on ne le froissait pas, tout est permis.



Sources :
texte : BOTTERO. Jean : Babylone
image : fr.blog.360.yahoo.com

lundi 6 décembre 2010

Marie Antoinette


Un morceau friand
Marie Antoinette nait le 2 novembre 1755, à Vienne. Elle est le cinquième enfant de l’Empereur d’Autriche François Etienne et de l’Impératrice Marie Thérèse. A 4 ans, elle apparaît pour la première fois en public lors de l’anniversaire de son père. Elle chante quelques couplets en français, accompagnée au piano par deux de ses sœurs et au violoncelle par un de ses frères. Cependant, si elle s’adapte très tôt au parfait maintien d’une princesse, elle refuse de se plier aux contraintes de l’étude. Sa gouvernante se contente de lui enseigner les principes religieux et moraux.

En 1762, l’Empereur meurt. Préoccupée par l’avenir de ses Etats, Marie Thérèse considère que ses enfants sont au service de la dynastie. Elle confère le gouvernement de la Toscane, à son fils Léopold. Elle souhaite obtenir pour Marie Antoinette, l’héritier du trône de France, afin de sceller une alliance contre l’Angleterre et la Prusse. Les pourparlers sont engagés en 1764, mais la France se montre réticente. Louis XV décide d’envoyer l’abbé de Vermond, pour parfaire l’éducation de la jeune fille. Celui ci remplace les leçons et les exercices par des histoires et des devinettes. Le 13 juin 1769, Marie Thérèse reçoit la demande officielle de la France. On fixe la date du mariage au 16 mai prochain. Marie Antoinette a 14 ans, le dauphin 16.

Marie Antoinette se met en route et arrive à la frontière le 14 mai 1770. Le mariage a lieu à Versailles à la date prévue. La nuit de noce est un désastre. Les deux époux ne se sont pas touchés. Le dauphin est mélancolique, timide, introverti et complexé par un corps sans grâce. Il est persuadé qu’il n’intéresse personne et qu’on ne l’aime pas. Il ne se confie jamais, se retranche dans le silence. Il se croit indigne de son destin royal. La mort de ses parents le laisse aux mains d’un gouverneur, pensant que les femmes sont la cause de tous les malheurs. De plus, le dauphin craint la syphilis. Marie Antoinette s’efforce de l’apprivoiser et de mieux connaître sa famille. Elle se détourne vite de Louis XV, choquée par sa relation avec la comtesse du Barry. Avec les sœurs et nièces du dauphin, les relations sont distantes, car les filles sont avides de potin.

Marie Antoinette ne voit guère l’intérêt de l’étiquette de Versailles. Les bruits qui courent entre les courtisans, l’ennuient. Elle ne s’entend guère avec les vieilles duchesses. Elle ne partage pas non plus les gouts de son mari, pour l’étude et les sciences.


La petite reine
En 1774, Louis XVI devient roi et son épouse est désormais reine de France. Le peuple acclame Marie Antoinette, fier d’avoir enfin une reine digne de ce nom. Les femmes de ses deux prédécesseurs n’ont guère laissé de souvenir aux Français. Marie Antoinette tient à moderniser le protocole. Laisser libre par le roi, elle organise les divertissements à la cour. Elle éloigne les courtisans âgés et relègue les tantes du roi et ses belles sœurs dans une semi retraite. Elle s’entretient régulièrement avec Mademoiselle Bertin, son ministre de la mode.

En moins d’un an, Marie Antoinette, s’est constitué un cercle d’ami, qui l’éloigne de ses devoirs de représentation. En outre, elle fréquente la princesse de Guéméné, qui tient salon à Montreuil. Le duc de Louzun devient son chevalier servant. Déçue par son époux et n’ayant pas trouvé d’affection dans sa belle famille, elle cherche désespérément la personne, qu’elle pourrait aimer sans que cela pousse au scandale. La comtesse de Polignac devient sa meilleure amie et elle s’installe à Versailles.

Le roi et la reine ne se voient plus guère, ne partageant pas de loisirs communs. Les ministres sont heureux, car elle ne s’occupe pas de la politique. La reine préfère se rendre à Paris le soir, plutôt que de se coucher aux côtés de son mari, ne rentrant qu’au petit matin. En mai 1777, le frère de Marie Antoinette, l’Empereur Joseph II se rend à Versailles. Il lui révèle que leur mère est inquiète du fait que le mariage ne soit toujours pas consommé. Cela nuit à l’alliance avec la France. Joseph II s’entretient avec les deux époux, jouant le rôle de conseiller conjugal et de sexologue. Le mariage est enfin consommé et le 18 décembre 1778, Marie Antoinette donne naissance à une fille appelé Marie Thérèse. En 1781, nait un fils qui meurt huit ans plus tard. Le 27 mars 1785, un second fils nait, prénommé Louis, puis une deuxième fille ne vivant que quelques mois.


Un art de vivre princier
Revendiquant pour une reine le droit à une existence privée, Marie Antoinette entend se comporter aussi librement que le premier de ses sujets. Elle s’est constituée à Versailles un domaine, dont elle estime être la seule et unique maitresse. Aucun détail du décor et de l’ameublement ne lui échappe. Pourtant, elle n’éprouve aucun attrait pour la peinture, la considérant seulement comme décorative. Seul Madame Vignée Lebrun trouve grâce à ses yeux.
Trianon reste le symbole de son gout. Les jardins l’intéressent tout particulièrement et elle se refuse à l’aménager comme ceux de le Nôtre. Elle s’y installe pendant plusieurs jours à la belle saison. Tout appartient à la reine. Le roi ne vient qu’en simple visiteur. Nul ne peut pénétrer à Trianon sans son autorisation. Marie Antoinette se comporte comme une simple châtelaine. Elle abandonne les tenues de cour pour des vêtements plus simples. Le protocole est supprimé.

Marie Antoinette obtient de son époux la construction d’un petit théâtre à Trianon. Ce dernier est inauguré en juin 1780. Embrigadant ses beaux frères et ses amis les plus proches, elle constitue une troupe, appelée la Troupe des Seigneurs. La première pièce jouée en aout, est une comédie nommée Le Roi, le fermier et la Gageuse imprévue de Sedaine.

En 1783, les travaux du hameau de la reine débutent. Ils dureront quatre ans. Marie Antoinette croit y découvrir les réalités de la vie paysanne. L’image de la félicité mondaine et de la simplicité pastorale se rencontre dans ce hameau.


Parfum de scandale
N’ayant pas de favorite, Louis XVI se comporte avec son épouse, comme le plus attentif des courtisans. Marie Antoinette prend toutes les allures d’une maitresse en titre. Elle passe pour une créature sans mœurs, avide des deniers de l’Etat, dispensatrice de toutes les grâces et mauvaise conseillère du souverain. Ces bruits se répandent à la cour et dans le public, auxquels s’ajoute l’accusation de trahison envers la France. La reine a en effet commis plusieurs erreurs. Elle a combattu le duc d’Aiguillon, car il était peu favorable à l’alliance avec l’Autriche. Elle s’est mise à dos la puissante famille des Rohan. A l’inverse, ses amis détiennent le monopole des grâces et des faveurs. Elle continue à mener sa vie sans se soucier des libelles et des chansons. La reine ne sait rien de ses sujets et les considère comme des enfants turbulents, qu’il faut sans cesse rappeler à l’ordre.

L’affaire du collier vient achever de flétrir cette image. Madame de la Motte souhaite extorquer de l’argent au cardinal de Rohan. Elle lui fait croire que la reine veut se remettre en bon terme avec lui et lui apporte un faux contrat signé Marie Antoinette de France, par lequel, la reine s’engage à payer un somptueux collier en quatre versements. Le cardinal achète le collier et le confie à Madame de la Motte. Cette dernière dépèce le collier et revend les pierres. Les bijoutiers viennent trouver Marie Antoinette pour réclamer le premier versement. Stupéfaite, elle demande au roi d’enquêter.

Le 15 aout 1785, Louis XVI fait arrêter le Cardinal et le remet au Parlement de Paris, qui réussit à retracer toute l’affaire. Madame de la Motte est condamnée à être fouettée publiquement, marquée au fer rouge d’un V et emprisonnée à vie. Le Cardinal est acquitté. Cela ne réjouit pas le couple royal. Louis XVI demande la démission de Rohan et l’exile dans son abbaye de la Chaise Dieu en Auvergne. Cette décision rend furieux le Parlement et le peuple.


De Versailles aux Tuileries
A partir de 1787, Marie Antoinette commence à jouer un rôle politique. La mort de ses principaux conseillers, plonge le roi dans une période de dépression, à un moment où la France va mal. Redoutant tout changement à l’ordre établi, Marie Antoinette ne peut envisager de grandes réformes. Il faut à tout prix conserver la monarchie et le royaume tel qu’il existe. En 1789, les Etats Généraux transformée en Assemblée constituante, leur font peur. Le 5 octobre, les Parisiens marchent sur Versailles, pour protester contre la cherté du pain et pour ramener le roi à Paris. Marie Antoinette se rend au balcon. Son calme et sa dignité calment les ardeurs. Le couple royal se met en route pour la capitale.

Aux Tuileries, le roi et la reine vivent désormais dans une étroite intimité, avec leurs enfants. Ils n’osent plus sortir. Marie Antoinette apporte tout son soutien à son mari. Pour mettre un terme à la Révolution, elle demande l’aide de l’Autriche. Elle écoute Fersen, le suédois, dont elle est amoureuse. Ce dernier lui conseille de quitter la France. Mirabeau luttant pour une monarchie constitutionnelle avec un roi fort, lui dit la même chose. Louis XVI laisse le soin à son épouse d’organiser leur évasion. Elle s’en remet à Fersen, qui doit rapatrier le couple royal dans la forteresse de Montmédy, dans le Nord. Le 20 juin 1791, le couple quitte secrètement Paris, mais est arrêté à Varennes en Argonne.


Reine de tragédie
Le retour du roi à Paris est l’occasion de remettre en cause la nature du régime et de songer pour la première fois à la république. Lorsqu’on l’interroge sur les raisons de son départ, Marie Antoinette répond, qu’elle n’a fait que suivre son mari. Elle continue de correspondre avec Fersen, Mercy et l’Empereur. Marie Antoinette feint de se rapprocher des monarchistes constitutionnels et fait du député Barnave son porte parole auprès de l’Assemblée. La constitution votée le 13 septembre 1791, est approuvé par le roi.

Aux yeux de son peuple, la reine est devenue un monstre assoiffé de sang. Il est vrai, qu’elle espère la défaite de la France contre l’Autriche. Le 9 aout 1792, une émeute éclate aux Tuileries. La famille royale s’enfuit et se réfugie à l’Assemblée. Les députés en profitent, pour voter la déchéance du roi et l’emmène à la prison du Temple. Le 11 décembre, le maire de Paris vient chercher Louis XVI pour le conduire devant la Convention, chargée de le juger. Marie Antoinette ne revoit plus son mari durant le procès. Se nourrissant à peine, elle dépérit, ne parle plus et pleure souvent. Ce n’est que le 20 janvier 1793, qu’elle revoit Louis XVI, pour apprendre sa condamnation à mort.

Après la mort du roi, Marie Antoinette sombre dans la dépression. Seul Fersen tente l’impossible pour la délivrer. Le 3 juillet, on lui retire son fils Louis l’héritier, pour le placer sous une étroite surveillance. On craint un complot pour le placer sur le trône. Le 2 aout, on le transfert à la Conciergerie. Tout le monde peut venir voir Marie Antoinette, contre rétribution. Un des visiteurs essaye de lui faire parvenir un message de l’Empereur, mais il est stoppé. A ce motif l’accusateur public, Fouquier-Tinville commence l’instruction du procès de la reine.

Le procès débute le 15 octobre 1793. Elle est accusée d’intelligence avec l’ennemi et de conspiration contre la sûreté de l’Etat. Marie Antoinette se défend vigoureusement. Jamais, le président du tribunal ne parvient à la prendre en flagrant délit de mensonge. Néanmoins, elle condamnée à la peine capitale et guillotinée.


Source
Texte : LEYER. Evelyne : Marie Antoinette
Image : linternaute.com