mercredi 8 décembre 2010

Les Mongols


Gengis Kahn : le fondateur
Les Mongols apparaissent pour la première fois, dans des textes chinois datant du VIIIe siècle. Ce sont des tribus nomades occupant le cours supérieur de l'Amour dans l'actuelle Mandchourie. Ils pratiquent une religion monothéiste où s'insèrent des rites chamaniques.

Au XIe siècle, ces peuples se séparent en deux. L'un descend en Chine et fonde la dynastie des Leav. Les seconds entrent en Mongolie et prennent les terres de manière pacifique aux Turcs de moins en moins nombreux. Les Mongols vivent dans l'anarchie, sauf lorsqu'un chef réussit à réunir tous les clans et familles. Ces derniers réussirent à former un empire avec à sa tête un Kahn, mais face aux pressions tartares et chinoises, celui ci s'effondre en 1161.

En 1155, naît Temudjin. Yesügeï son père est le chef du clan des Quyat. A neuf ans, Temudjin épouse Börte. L'année suivante, son père est assassiné. Sa famille et lui sont bannis. Temudjin va rejoindre sa belle famille. Un jour, les Merhit enlèvent sa femme et s'enfuient dans les montagnes. Accompagné de l'ancien ami de son père Toghril, il réunit des hommes. Il combat Merhit et libère sa femme. Plus tard, elle lui donne un fils prénommé Djötchi. En 1196, une diète se réunit et il devient empereur des mongols sous le nom de Gengis Kahn. Ensuite, il rédige le Yasaq, un code politique et moral. Toutefois, il est de plus en plus contesté. Pour recréer l'unité, il déclare la guerre en 1199 au Naiman, puis trois ans plus tard aux Tartares. Tout comme la religion ne tolère qu'un seul dieu, le royaume terrestre ne peut avoir qu'un seul roi. De ce fait, Gengis Kahn et Toghril se retrouvent ennemis. Le second est battu et tué. En 1206, il n'a plus que deux ennemis politiques, qui finissent par faire la paix. Ainsi Gengis Kahn règne sur toute la Mongolie.

Les années suivantes sont consacrées au renforcement des frontières. En 1215, il déclare la guerre à la Chine. Malgré une longue préparation, ses armées piétinent au pied de la grande muraille. Il finit par la percer et deux ans plus tard, il prend Pékin. Il donne cette nouvelle province à son bras droit Djebe, avant de partir pour l'Iran. En 1220, Boukkhara la capitale tombe, puis c'est au tour de Samarkand. Le Shah décède la même année. Son fils le roi d'Afghanistan, souhaite continuer la lutte. Les Mongols répondent de manière sanglante. L'armée mongole continue son avancée à l'Ouest, et bat les Géorgiens, puis les Ukrainiens. Face à ces ennemis, les Polonais demandent l'aide de la Russie. Ces derniers acceptent. Le 31 mai 1222, les Russes sont battus. Ensuite, les Mongols battent les Bulgares, avant de se retirer en Grèce. Gengis Kahn meurt le 12 août 1227.


Les successeurs
Pendant trente ans, les Mongols connaissent victoire sur victoire et étendent considérablement leur empire. La Grèce est totalement conquise en 1236, le Tibet annexé en 1250. Les guerres contre la Chine reprennent. A l'Ouest, les révoltes en Iran et dans le Caucase sont écrasées. En 1236, Batu fils du Kahn Djötchi part à la conquête de l'Europe Orientale. Les Turcs se rallient aux Mongols. Les Bulgares sont de nouveaux écrasés. Les Russes préfèrent se battre, mais ne font pas le poids, seule la ville de Novgorod résiste. Les Mongols se tournent alors vers l'Ukraine.

Le reste de l'Europe s'inquiète de ces armées dévastant tout sur leur passage. L'empereur allemand, Frédéric II prépare ses troupes. En 1241, les Mongols déferlent sur la Pologne, puis en Hongrie et en Croatie. En 1243, fatigué, Batu fait demi-tour. D'autant plus que les forêts européennes ne permettent pas le développement de la cavalerie légère. C'est alors, que les puissances occidentales entrent en contact avec les Mongols. Des franciscains, puis plus tard des marchands comme les Polo, sont envoyés comme ambassadeur. Certains d'entre eux se mettent pour un temps au service du Kahn.

En Asie, les Mongols reprennent leur conquête en Birmanie et en Chine dans les années 1250. L'Inde résiste à leurs coups et ils n'ont pas l'occasion de débarquer au Japon. Au Proche Orient, Bagdad tombe en 1258 et avec elle l'Irak et la dynastie abbasside. Chez les Francs et les Byzantins, on s'interroge. Les Mongols sont-ils des alliés contre l'Islam ou des futurs ennemis ?

L'empereur Monghna meurt en 1260. Son fils Kubilaï, roi de Chine, réunit la diète et prend le pouvoir par la force. Aussitôt son frère, Ariq Böqe fait de même. L'empire se déchire en deux et la guerre éclate. Elle est de courte durée et marque la défaite d'Ariq Böqe. Toutefois, elle reprend avec le petit fils d'Ogodaï prénommé Qardu. L'Empire vole en éclat et se divise en quatre (l'Iran, le Caucase, l'Asie Centrale, la Chine). Kubilaï reste le grand Kahn, mais ce titre ne revêt plus qu'une fonction symbolique. Il est d'avantage vu comme l'empereur de Chine et appartenant à la dynastie des Yuan. Il déplace la capitale à Pékin. En 1260, les Mongols connaissent leurs premières défaites. Les Mamelouks d'Egypte, les chassent d'Irak et de Syrie par la force.


Comment dure l'empire ?
L'empire de Gengis Kahn compte un million et demi d'hommes et dix pourcent est enrôlée dans l'armée. Les Mongols compensent leur faiblesse numérique par leur forte personnalité. Ils sont courageux endurants et excellents cavaliers. Ils ont le sens de l'ordre, de la discipline et ne combattent que pour la gloire. Les pillages ne sont faits que pour répondre aux besoins vitaux. En 1217, Gengis fait venir des ingénieurs chinois pour fabriquer des armes de siège et pour apprendre à se servir de la poudre. Contrairement aux idées reçues, les campagnes mongoles sont préparées à l'avance. Les généraux mettent en place des stratégies. Ils évitent les grandes batailles, préférant le harcèlement et les embuscades.

Les Mongols délèguent une part de leur autorité aux élites locales. Elles sont surveillées par un fonctionnaire royal. Ce qui a le plus joué en faveur des Mongols, c'est l'établissement de l'ordre, en mettant un terme aux luttes de clans. La paix encourage le commerce. De nombreuses pistes sont équipées de relais, avec de l'eau, de la nourriture et des chevaux. En Chine, les routes sont bordées d'hôtels. Ainsi l'empire connaît une intense activité marchande et bancaire, ce qui amène un afflux de richesse, permettant par la suite un essor culturel.

La justice est implacable et égalitaire. Cette égalité devant la loi plait, comme plait la sollicitude pour les plus forts, l'absence de tout racisme et la tolérance religieuse. Des hospices sont créés dans chaque ville. Les communautés religieuses sont acceptées partout. Les églises côtoient les mosquées, les temples bouddhistes et les pagodes taoïstes. Les Mongols n'ont jamais tenté d'imposer leur langue et leur culture.


La déchéance
Il existe quatre fédérations qui constituent l'empire. A l'Est, c'est la Chine unifiée par les Yuan. Elle est à son paroxysme territorial. Avec la mort Buyantu en 1320, s'ouvre une nouvelle ère de révolte et les Mongols sont définitivement chassés de la Chine.

L'Iran a renoué avec son passé et ses traditions musulmanes. Les souverains mongols n'ont plus de réelles assises sur leurs sujets. La mort d'Ilkhaneis en 1360, laisse un grand vide et plonge le pays dans l'anarchie.

Au Nord, l'empereur Mouride résiste tant bien que mal à la pression musulmane. La division règne entre le Nord et le Sud du pays. Les premiers sont proches des Mongols et les soutiennent, les seconds majoritairement citadins et plus riches favorisent l'Islam. En 1334, la partie sud rejoint l'Empire Ottoman. Le Nord n'a pas d'autres choix que de se convertir, ce qui lui permet de garder une relative indépendance jusqu'au XVIe siècle.

La Horde d'Or dans les régions du Caucase, se convertit à l'Islam et prend les mœurs ottomanes. Il y règne une profonde insécurité, (voleurs, pirates, marchands d'esclaves) à laquelle s'ajoute une terrible épidémie de peste. En 1380, les Russes se révoltent et battent les Mongols à Koulikovo. Au cours du XVe siècle, toutes les provinces se détachent une à une et rejoignent la cour de Russie. Au XVIe siècle, le Tsar Ivan le Terrible met au pas les dernières résistances.

L'empire mongol s'est aussi effondré en partie à cause des moeurs mongoles. En effet, ceux ci sont restés partagés en clans et n'ont jamais réellement cessé de s'affronter entre eux. Cependant, l'empire mongol a profondément marqué le monde. Il a modelé la Chine. L'art et la philosophie se sont enrichis. La religion musulmane et chrétienne, ainsi que le bouddhisme ont pu se diffuser librement.

Les Mongols détrônés, retournent dans leurs steppes d'origine à partir du XVIe siècle. Le développement des armes à feu met hors jeux les archers et la cavalerie légère. De ce fait, les mongols ne remporteront plus de grandes batailles et resteront hors des enjeux internationaux.


"Le plus grand bonheur du Mongol est de vaincre l'ennemi, de ravir ses trésors, de faire hurler ses serviteurs, de se sauver au galop de ses chevaux bien nourris, de se servir du ventre de ses femmes comme couche et de prendre plaisir à leur beauté."
Gengis Khan


Source :
texte : ROUX. Jean Paul : Gengis Kahn et l'empire mongol
image : historyofjihad.org

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