samedi 13 novembre 2010

Les Gallo-romains

Pax Romana
En -52, la Gaule passe sous domination romaine. En -14, Auguste ordonne le recensement du pays, afin d’établir l’impôt. Les Romains y représentent une faible part : quelques fonctionnaires autour du gouverneur de chaque province. Le reste de l’administration est assuré par des notables gaulois.

Les nouveaux territoires sont réorganisés par Auguste. La Gaule forme trois nouvelles provinces : la Lyonnaise, l’Aquitaine et la Belgique. La Gaule Transalpine possession romaine depuis le IIe siècle av JC est rebaptisée Gaule Narbonnaise. A la différence de cette province dirigée par le Sénat (province sénatoriale), les trois Gaule sont dirigées par l’empereur (province impériale). Ce dernier nomme pour le représenter un légat d’Auguste propréteur choisi parmi les sénateurs. Lyon devient la capitale fédérale.

Les populations et territoires sont regroupés en civitas, reprenant l’ancienne répartition des principaux peuples gaulois. Le chef lieu reçoit les institutions romaines. Deux magistrats les duoviri, élus annuellement assurent les tâches administratives. Ils sont assistés par les décurions, membres du sénat local. Toutes les villes n’ont pas le même statut juridique. En bas de la hiérarchie, se trouvent les cités stipendiaires assujetties à l’impôt et n’ayant aucun privilège. Les municipes et les colonies de droit latin peuvent accéder à la citoyenneté romaine. A l’intérieur des civitas, des subdivisions en pagi correspondent à d’anciens peuples. Les vici sont l’amorce de nos villages actuels.

Les Romains ne veulent pas mettre à genoux les Gaulois. Les peuples alliés de Rome sont exemptés du tribut, mais pas des autres taxes sur les terres, les héritages et sur les ventes. La perception des impôts est confiée à des fermiers. Le pays ne subit pas d’occupation militaire. Il n’y a qu’une garnison à Lyon. Les Gaulois ne se révoltent que très peu. En 21, Tibère ayant besoin d’argent impose le tribut à tous les Gaulois. Julius Florus lance la révolte chez les Trévires. Il est rejoint par les Eduens. En 68, le gouverneur de Lyon Vindex, appelle les Gaulois à se révolter contre la tyrannie de Néron. Excepté, ces deux mouvements, les Gaulois ont à cœur de montrer leur attachement à Rome en célébrant le culte impérial.

Claude est né à Lyon. Amoureux de ce pays, il finance la construction de nombreux monuments et complète le réseau routier. En 48, il essaye de faire admettre aux membres du Sénat romain, l’arrivée dans leur rang de notables gaulois.

Le latin s’impose rapidement comme langue pour l’administration, l’armée et le commerce. Des Gaulois adoptent des noms romains ou latinisent leur nom. Un enseignement de latin est dispensé à un grand nombre d’enfant jusqu’à onze ans. Seules les plus riches peuvent se perfectionner. Les élites sont désireuses d’apprendre le latin pour accéder aux magistratures.


En traversant les villes
Avant de pénétrer dans la ville, le voyageur doit traverser les nécropoles qui longent les routes. Peu de villes ont des remparts. L’enceinte exprime la puissance de la cité et la confiance que Rome lui accorde. La Gaule étant un pays pacifié, la fonction défensive ne revêt pas une grande importance. L’entrée de la ville est marquée par des portes ou des arcs.

Très souvent, les villes ont été créées de toutes pièces sur un site vierge. Néanmoins, certaines reprennent le site préromain. Les plans sont en damier et organisé autour de deux axes le cardo (Nord-sud) et le decumanus (Est-ouest). Le forum constitue le cœur de la cité. Autour d’une vaste place bordée de boutiques, s’ordonnent la basilique sorte de tribunal, le temple impérial et la curie où siègent les décurions. Les villes se dotent de tous les édifices de divertissement. Les citoyens les plus fortunés financent leur construction et les jeux s’y déroulant.

Les villes consomment beaucoup d’eau, parce qu’elles rassemblent beaucoup d’hommes et d’animaux, mais aussi parce qu’elles calquent leur mode de vie sur celui des cités italiennes, avec des fontaines, des jardins et des thermes. Pour recueillir l’eau, le citadin se rend dans des citernes ou des fontaines alimentées par des aqueducs.

Dans les quartiers, les immeubles abritent des petits logis et des grandes maisons à l’étage, tandis que les boutiques s’installent au rez-de-chaussée. Les ateliers sont regroupés en dehors de la ville. Celles ci sont de taille moyenne, comprenant entre 5.000 et 30.000 habitants. Ceux ci se fréquentent régulièrement, ce qui renforce le sentiment d’attachement à la cité.


En parcourant les campagnes
Après la conquête, les Romains confisquent les terres, les recensent pour les redistribuer. Les meilleurs lots sont attribués aux vétérans, d’autres laissés à la cité ou loués à des indigènes. Au centre du domaine, la villa est un symbole de la domination romaine. Autour d’une cour se dressent les bâtiments d’habitation (pars urbana) et ceux d’exploitation (pars rustica). Comme pour les villes, les villae peuvent être des créations ex nihilo ou des reprises de fermes gauloises. La disposition des villae varie en fonction des régions. En Belgique, elles sont disposées en longueur. En Narbonnaise, on trouve des péristyles et en Lyonnaise on adopte des plans carrés.

Le propriétaire exploitant vit dans sa ville et travaille lui même ses terres, avec sa famille et quelques ouvriers. Le marché urbain lui procure des débouchés et certaines villae sont richement décorées. Les riches propriétaires fonciers habitent la ville et font cultiver leurs terres par des exploitants sous l’autorité d’un régisseur appelé le villicus.

Les Gaulois possèdent une agriculture très développée. La charrue et la moissonneuse sont des inventions gauloises. L’outillage fabriqué dans les forges est de bonne qualité et n’a guère changé au fil des siècles. Les Romains exploitent en Gaule les plantations céréalières pour nourrir la population locale, mais aussi les armées du Rhin. La culture de la vigne va s’étendre jusqu’au Rhin. L’élevage est florissant. Les ovins sont utilisés pour la viande et la laine servant pour confectionner les lourds manteaux gaulois particulièrement renommés.


Chantiers et ateliers
Avec la conquête, les divers corps de métier sont regroupés en corporation. Dans un pays forestier, le travail du bois revêt une grande importance. On peut citer la fabrication des tonneaux et des navires. Rome a introduit le travail de la pierre. La maçonnerie fait son apparition. Les murs sont montés sur fondation en deux parements extérieurs de petits moellons appareillés, entre lesquels on bourre un mélange de pierre brute.

Les peintures et les sculptures décorent les maisons. Les toits sont couverts de tuile. Les Romains ont introduit des nouveautés dans la céramique gauloise : le moulage et la cuisson en atmosphère oxydante, permettant d’augmenter la production. Les Gaulois maîtrisent aussi le travail des métaux et des tissus. Le verre est importé par les Romains.


Circuler et commercer en Gaule
La Gaule Transalpine est traversée par la Via Domitia, reliant l’Italie et l’Espagne. La conquête achevée, le réseau routier est étendu et réorganisé par le vainqueur. Les grandes routes permettent aux légions de contrôler le pays et relient les provinces à Rome. Elles sont publiques et construites, puis entretenues par les soldats. Lyon devient le nœud gaulois des axes routiers. Le paysage routier est jalonné par des bornes militaires indiquant la direction et la distance la séparant du chef lieu de la civitas. Les routes sont jalonnées d’auberge.

Le transport fluvial demeure moins cher et est préférable pour le commerce. Les ports sont souvent situés au carrefour des voies terrestres et aquatiques. Leurs aménagements comprennent des quais, des entrepôts et parfois des bassins. Dans les grandes villes, des corporations de marchands tirent leur richesse de l’organisation des transports fluviaux, tels les Nautes à Lutèce. La Gaule est aussi pourvue de ports maritimes comprenant des chantiers navals. Au Sud, on trouve Marseille concurrencée par Narbonne, à l’Ouest Bordeaux et au Nord Boulogne. Les gros navires coûteux appartiennent aux naviculaires, des armateurs, investissant dans la construction navale et dans l’achat du fret. C’est un métier à risque, qui peut ouvrir la voie de la fortune et donc des magistratures.

Une taxe d’un quarantième de la valeur des marchandises (le quarantième des Gaules) frappe les cargaisons à leur entrée et sortie du pays. La Gaule exporte du blé, du vin, de la charcuterie, de la céramique et des objets d’orfèvrerie. Elle importe du marbre, du plomb, de l’étain, de l’huile d’olive et du vin. Si certains produits circulent sur de grandes distances, la majeure partie du commerce a pour cadre la civitas. Enfin, Rome unifie la monnaie et les mesures de compte, facilitant ainsi les échanges au sein de l’empire.


Au jour le jour
La maison gauloise d’une seule pièce, semi enterrée où s’entassent hommes et bêtes est déjà au Ier siècle, une image dépassée. Les techniques de construction importées par les Romains permettent de construire des maisons de plusieurs pièces, plus solides et plus confortables. Les riches Gaulois s’empressent d’adopter les modes italiennes. Les murs se couvrent d’enduits peints.
Les Gaulois mangent beaucoup de viande, notamment du porc. Les volailles et les poissons sont des mets plus luxueux. A cela s’ajoute du pain pétri avec de la levure de bière, des œufs, des laitages et des légumes. Les bières de céréales dont la fameuse cervoise, sont toujours consommées, même si les Gaulois boivent de plus en plus de vin mêlé d’épices et coupé avec de l’eau. Les instruments de cuisine sont multiples et dénotent d’un art culinaire élaboré.

La famille se calque sur le modèle romain et est régie par le même droit. Seul le mariage entre citoyens romains ou possesseurs du droit latin est légal. Les autres unions sont du domaine du concubinage. Les braies gauloises sont remplacées par la tunique romaine doublée d’un manteau. Les femmes ajoutent des voiles ou des châles. Les vêtements ont des teintes éclatantes, des motifs variés. La fibule sorte de broche, permet de les fermer.

Rome a introduit de nouveaux divertissements comme les thermes, le théâtre et la lecture. Des bibliothèques publiques sont présentes dans les grandes villes. Les théâtres et les arènes sont construits dans tous les centres urbains. Ils offrent des spectacles de gladiateur et de chasse.


Les dieux et les morts
Les divinités gauloises sont en rapport avec la nature et le monde animal. Les Gaulois ont assimilé toute une série de leurs dieux à leurs correspondants romains. Les dieux romanisés sont parés de leur ancien nom gaulois ou du lieu de leur vénération. Les religions orientales se sont répandues par le biais de l’armée. C’est le cas d’Isis ou de Cybèle honorées dans la vallée du Rhône. Les particuliers ont chez eux un lieu sacré, le laraire où séjournent les dieux Lares, protecteur de la maison.

Les sanctuaires publics sont souvent construits dans des lieux sacrés depuis longtemps. Les rites sont généralement pratiqués en plein air sur des autels. Les objets offerts sont déposés près de la statue dans le temple. En Gaule, beaucoup de sanctuaires sont consacrés à la médecine et installés près d’une source aux vertus curatives.

Après le décès, le mort est conduit en dehors de la ville jusqu’au cimetière. A partir du IIe siècle, l’inhumation remplace l’incinération. Il est important de marquer en surface l’emplacement de la sépulture. Cela permet de perpétuer l’identité et le souvenir du défunt et de préserver la tombe.


Source :
Texte : BECK, Françoise : Quand les Gaulois étaient romains
Image : nimaunesis.com

vendredi 12 novembre 2010

L'Europe

La Genèse
En 1945, l’Europe est de nouveau en ruine. L’ampleur même du désastre prépare les esprits à de profonds changements politiques. Il faut infléchir l’organisation traditionnelle des Etats européens pour ne plus revivre de telles atrocités. Dès 1941, l’italien Altiero Spinelli écrit de sa prison de Ventotene, un manifeste « Pour une Europe unie ». Pour lui, l’existence des Etats Nations est un facteur de guerre. Seule la mise en place d’une fédération européenne peut garantir durablement la paix. Au printemps 1944, les mouvements de résistance européens non communiste, réunis en Suisse, lance un appel pour une union fédérale en vue de dépasser le dogme de la souveraineté des Etats.

En 1947, les Etats-Unis décident de mettre en œuvre un programme d’aide financière à l’Europe, selon le plan Marshall. Il faut que l’Europe de l’Ouest se redresse au plus vite, afin de résister à la menace communiste et d’offrir des débouchés à leur industrie. Les Etats-Unis livre une enveloppe globale, à charge aux Etats bénéficiaires de s’entendre entre eux pour la répartition des fonds. Dans ce but est créé en 1949, l’OECE, dont les règles de fonctionnement laissent une très large place aux gouvernements nationaux.

En 1948, les cercles fédéralistes prennent de l’essor et se structurent au sein d’un comité international de coordination. Ils organisent un congrès à la Haye, réunissant 800 personnes sous la présidence de Winston Churchill. Une opposition se fait jour entre les tenants d’une coopération renforcée entre les Etats-Nations et les fédéralistes. Le congrès de la Haye aboutit à la création d’un Conseil de l’Europe avec le belge Paul Henri Spaak comme président. Son but est la réalisation d’une union plus étroite entre ses membres. Fixé à Strasbourg, il est dirigé par un Comité de ministres et comprend une assemblée consultative.

Les coups d’Etat successifs organisés par les partis communistes comme à Prague en février 1948 et le blocus de Berlin, inquiètent les dirigeants européens. La France, la Grande Bretagne et le Benelux signe un accord de défense à Bruxelles. Cet accord comprend la création d’un état-major, dont le chef est le général Montgomery. Des négociations sont ouvertes avec les Etats-Unis, aboutissant au 4 avril 1949 au traité d’Atlantique, constituant l’OTAN.

L’expérience des deux guerres mondiales montre que, sans véritable rapprochement des peuples, le jeu des alliances ne suffit pas. Jean Monnet, commissaire général au plan, préconise de commencer par des réalisations plus pragmatiques, en fonction des besoins. C’est la méthode fonctionnaliste. Monnet soumet au ministre des affaires étrangères Robert Schuman, un projet de communauté pour le charbon et l’acier. Il s’agit de mettre en commun les bases indispensables à la production des armements et au développement économique. Le 9 mai 1950, Schuman lance le projet dans un discours au Quai d’Orsay.

Le projet de Monnet est bien reçu en Allemagne. L’Italie et le Benelux s’y associent. Le traité de Paris signé le 18 avril 1951 crée la CECA. A sa tête une Haute Autorité composé de neuf personnalités indépendantes des gouvernements, mais responsables devant une assemblée parlementaire. Sont également crées un Comité des ministres et une Cour de justice. Installé à Luxembourg, la CECA est financée par un prélèvement de 1% sur le chiffre d’affaires des entreprises du secteur. La Haute Autorité fixe les objectifs de production, soutient la recherche et suit les développements tarifaires. La guerre de Corée en 1950 repose la question du réarmement de l’Allemagne, voulu par les Etats-Unis. La France est inquiète. Monnet et Pleven propose d’intégrer l’armée allemande dans une armée européenne. Le projet d’une communauté européenne de défense (CED) est mis en place, comprenant une armée de 520.000 hommes placée sous le commandement de l’OTAN. LA CED est organisé de la même manière que la CECA.

La mort de Staline en 1953 entraine une certaine détente. La mobilisation des armées françaises en Indochine, lui fait craindre de perdre sa suprématie en Europe. Une coalition de gaullistes et de communistes se forme contre la CED. L’Assemblé rejette le projet. La CED est morte née. Les Etats-Unis autorise la RFA à entrer dans l’OTAN et à rejoindre en même temps que l’Italie l’Union de l’Europe Occidentale (UEO). L’échec de la CED fait également disparaître le projet d’union politique lancé par l’italien Alcide de Gasperi.

Jean Monnet réfléchit avec Paul Henri Spaak aux moyens de relancer la construction européenne. Il faut relancer l’intégration économique en l’étendant à d’autres secteurs que le charbon et l’acier. Les Etats membres se rencontrent en juin 1955 à Messine en Sicile. Un comité d’experts est créé afin d’élaborer un projet. Les Britanniques se retirent dès le début des négociations. La commission propose la création d’un marché commun et la réalisation d’une union douanière. Le 25 mars 1957 est signé le traité de Rome, instaurant la CEE comprenant la France, l’Allemagne, l’Italie et le Benelux.


L’Europe en chantier
Outre la CEE, le traité de Rome instaure Euratom une communauté pour gérer l’énergie atomique. La CEE doit établir un marché commun, avec une libre circulation des hommes, des marchandises, des capitaux et des services et une union douanière. Le traité de Rome prévoit une structure complexe avec trois exécutifs séparés (CEE, CECA, Euratom), qui combine des éléments intergouvernementaux et des éléments fédéraux. Les Etats trouvent leur compte dans ce système. Les institutions nées du traité de Rome s’installent à Bruxelles, à l’exception du Parlement qui est à Strasbourg. La Cour des comptes et de justice sont à Luxembourg.

Les institutions européennes peuvent adopter des règlements directement applicables dans les Etats membres, ou des directives, qui fixent un objectif, mais laissent aux Etats le libre choix des mesures à adopter pour l’atteindre. Le droit communautaire a une valeur juridique supérieure aux droits nationaux. La Cour de justice veille à sa bonne application.

Le Royaume-Uni cherche à diluer le nouvel ensemble dans une zone de libre échange européenne, qui serait commune aux dix sept Etats de l’OECE, dont la fonction est désormais de promouvoir la libération des échanges et des paiements en Europe et transformé en 1960 en OCDE. Il crée en 1959 l’AELE avec le Portugal, l’Autriche et les pays scandinaves. C’est un échec et les britanniques demandent à adhérer à la CEE.

En 1959, les droits de douane baissent de 10% et les importations augmentent de 20%. La CEE doit également permettre à l’Europe des autosuffisantes sur le plan alimentaire et soutenir le revenu des agriculteurs, en garantissant les prix. En juillet 1958, les ministres de l’agriculture se réunissent à Stresa et jettent les bases d’une politique agricole commune, mise au point par le néerlandais Sicco Mansholt soutenu par la France. La PAC est adoptée en 1962. Un prix minimal garanti est instauré pour les agriculteurs et reçoivent des subventions pour compenser la différence de prix. En moins de dix ans, l’Europe couvre ses besoins alimentaires et devient exportatrice.

De Gaulle s’agace du rôle central de la Commission et de l’activisme de son président. En 1960, il propose la création d’une nouvelle structure européenne, dirigé par un conseil des chefs d’Etat et de gouvernement. Christian Fouchet est chargé de préparer un projet. Le plan Fouchet propose l’organisation de réunions des chefs d’Etat qui décideraient à l’unanimité, l’assemblée n’ayant qu’un rôle consultatif. Le second plan Fouchet place les institutions européennes sous la tutelle des gouvernements. Le Benelux et l’Italie s’y opposent.

Les Pays-Bas et la Belgique souhaitent l’entrée de la Grande Bretagne pour contrebalancer le poids français. Le président français s’y oppose à cause de leur atlantisme. Il rejette également la proposition de Kennedy d’établir un partenariat euro-américain, comprenant une zone de libre échange. Il entreprend un rapprochement avec l’Allemagne. En janvier 1963, Adenauer et de Gaulle signent le traité de l’Elysée, renforçant la coopération entre les deux Etats.

En avril 1965, un traité de fusion des exécutifs est signé, mais la politique française retarde le projet. Les ministres français refusent les réformes de la PAC, ne siègent plus aux réunions et bloquent la construction, puisque les décisions doivent être prise à l’unanimité. Un compromis est finalement trouvé. Les pouvoirs de la commission sont réduits et le vote est toujours à l’unanimité. La fusion des exécutifs entre en vigueur en 1967. Cependant, De Gaulle s’oppose toujours à l’entrée de la Grande Bretagne.


Le temps de la consolidation
Le second congrès de la Haye en 1969 mené par Pompidou et le chancelier Willy Brandt permet d’ouvrir les négociations d’adhésion avec quatre candidats, d’augmenter les pouvoirs du Parlement en matière budgétaire et de créer une union monétaire. En 1970 le plan du luxembourgeois Pierre Werner propose une Union Européenne Monétaire (UEM) avec la libre circulation. Les Français sont hostiles à toute gestion de Bruxelles des politiques économiques, alors que les Allemands souhaitent la création d’une Banque centrale européenne (BCE). Un plan par étape est adopté pour satisfaire tout le monde.

En 1971, Nixon annonce la fin de la convertibilité du dollar en or, ce qui met fin à la période de stabilité issue des accords de Bretton Woods de 1944. Pour pallier, ces difficultés, l’Europe met en place un serpent monétaire chargé de réguler les écarts de cours.

En 1973, la Grande Bretagne, l’Irlande et le Danemark adhèrent. La Norvège rejette le traité. Le sommet de Paris réunit les neufs chefs d’Etat et décide d’aider les régions en difficulté, de protéger l’environnement et de mettre en œuvre une politique industrielle. L’année suivante est décidé que le Parlement européen sera désormais élu au suffrage universel direct et met en place un fond pour le développement régional (FEDER). L’Europe se dote ainsi d’une instance d’impulsion politique, d’une représentation démocratique et d’un outil de renforcement de la solidarité. Ces progrès importants n’arrivent pas à masquer l’impuissance de l’Europe à exister comme acteur de la vie diplomatique internationale, se contentant de réaffirmer les principes démocratiques et de verser des aides financières.

Avec la crise économique du premier choc pétrolier de 1973, les discussions sur le financement de la Communauté se durcissent. Les Britanniques obtiennent une diminution de leur contribution. Giscard d’Estaing et Schmidt propose la création d’un système monétaire (SME). Les devises sont liées à l’ECU, la première monnaie européenne destinée aux entreprises et aux comptes. La Communauté s’élargit à la Grèce en 1981, après la chute du régime des colonels. Les agriculteurs français inquiets, retardent l’entrée du Portugal et de l’Espagne.


Espoirs et déceptions
En 1985, le président de la commission Jacques Delors propose à travers l’Acte Unique de transformer le marché commun en marché unique. L’Acte Unique crée de nouvelles compétences en matière d’environnement, de politique, de recherche et sociale. Le vote à la majorité est étendu à toutes les questions, sauf les plus sensibles.

Entre 1985 et 1992 plus de 250 textes abordant une multitude de sujets sont adoptés. Des efforts sont déployés pour rapprocher l’Europe de ses citoyens. Une charte sociale précisant les droits fondamentaux des travailleurs est mise en chantier. Des programmes d’échanges au sein des entreprises et des universités sont créés. Delors propose un nouveau plan d’union économique et monétaire (UEM). Les Britanniques sont contre le transfert de souveraineté que cela implique. Les Allemands et les Néerlandais craignent de sacrifier leurs monnaies. Le plan est tout de même adopté en 1989 et entérine la libre circulation des capitaux. La chute du Mur de Berlin, puis l’effondrement de l’Union Soviétique amènent les Européens à se pencher sur les relations avec les pays de l’Europe de l’Est.

Les négociations de Maastricht porte sur les questions économiques où les Britanniques et les Allemands sont réticents à une monnaie unique, sur les questions de politique étrangère et de sécurité extérieure. Les Accords de Schengen prévoient la suppression des contrôles des personnes aux frontières internes et accroissent ceux aux frontières extérieures. La notion de citoyenneté européenne est abordée dans le Traité de Maastricht de 1992. Les citoyens membres de l’union peuvent voter aux élections municipales et européennes, même dans un autre Etat membre. Le champ de la compétence de la Communauté s’accroit à de nouveaux domaines : environnement, recherche, éducation, culture, formation et santé. Les pouvoirs du Parlement sont renforcés. Dans le même temps, la Communauté décide de réformer la PAC, avec des mises en jachère et des baisses de prix importantes, compensées par des aides directes aux exploitants. Cela provoque la colère des agriculteurs français.

L’Europe ne parvient toujours pas à parler d’une voix unique sur les questions de relations internationales comme le montre la guerre de Yougoslavie. Par ailleurs, le fossé entre les dirigeants et les peuples semblent s’agrandir. L’Europe est jugée responsable de tous les maux.


Les années euros
La marche vers l’euro a commencé, mais les marchés financiers restent nerveux et les opinions publiques demeurent dubitatives, voire hostiles. Les médias continuent de se détourner du discours européen, faisant la part belle aux eurosceptiques. Malgré les difficultés, les dirigeants continuent de travailler à la mise en place de la monnaie unique et de sa convergence. Chaque Etat met tout en œuvre pour créer les conditions nécessaires. Pendant ce temps, l’Autriche, la Suède et la Finlande ont fait leur entrée. En 1999, les pays votent pour adopter ou non l’euro. La Grande Bretagne, le Danemark et la Suède la refusent. Le néerlandais Wim Duisenberg est nommé président de la BCE. D’autres projets avancent notamment sur les politiques d’immigration et la mise en place en 1998 d’Europol, organe de coopération policière.

1999 marque un tournant dans l’équilibre entre les institutions. Profitant de la crise de la vache folle et du manque de popularité du président de la Commission Jacques Santer, le Parlement voit une opportunité d’affirmer son pouvoir. Il oblige la Commission à démissionner. Santer est remplacé par l’italien Romano Prodi. Il faut réformer les traités pour préparer les élargissements, organiser l’introduction de l’euro et réformer la Commission.

Un accord est trouvé en 2000 à Nice. La Commission sera composée d’un représentant national par Etat membre et plafonnée à 27. Son président sera nommé à la majorité qualifiée par le Conseil européen avec l’approbation du Parlement. La répartition des sièges est modifiée et les règles de vote se complexifient. Le traité de Nice soulève peu d’enthousiasme et on s’interroge sur son utilité. Une nouvelle équipe présidée par Giscard d’Estaing est chargé de rédiger de nouvelles lois institutionnelles dans un traité constitutionnel.

En 2004, l’Europe s’élargit avec l’entrée de Malte, Chypre, la Slovaquie, la Roumanie, la Lettonie, la Lituanie, la Tchéquie, la Hongrie, l’Estonie, la Slovénie et la Pologne. Puis en 2007, s’ajoutent la Roumanie et la Bulgarie. La Turquie demandant son entrée depuis les années 60 reste considérée comme un partenaire privilégié de l’Union. La qualité des préparatifs et l’engouement des Européens pour leur nouvelle monnaie font de l’opération un immense succès. Cependant la crise de 2001, fait ressortir la nécessité d’une politique économique et sociale à l’échelle de l’Union. Reste également les questions de politiques étrangères. Lors de la seconde Guerre du Golfe, l’Union européenne ne parvient pas à parler d’une même voie.

L’Europe est entrée progressivement dans la vie des citoyens. L’Union est complexe et peu lisible, mais elle a réussi à passer d’une communauté économique à une union politique, capable d’assurer la paix au sein de son territoire. Elle regroupe plus de 450 millions de personnes issues de 25 pays différents.


" Nous ne coalisons pas des Etats, nous unissons des hommes"
Jean Monnet


SOURCE
Texte : ANGEL, Benjamin : L'Europe : petite histoire d'une grande idée
Image : mountain-riders.org

jeudi 11 novembre 2010

Les Etrusques



Naissance d’une nation
Au IXe siècle av JC, des populations convergent sur les sites qui seront ceux des futures cités étrusques. Il faut exclure l’arrivée massive et soudaine d’un peuple déjà constitué sur le sol de l’Italie centrale. Les métropoles étrusques sont le résultat du rassemblement de divers villages. Puissance impérialiste, l’Etrurie s’étend en Campanie.

Au VIIe siècle, elle pratique des échanges avec ses proches voisins. Sous l’influence de ces échanges, les tombes se diversifient et marquent l’apparition d’une aristocratie. Les objets retrouvés relèvent d’une mode orientale. A la même époque, on passe de l’incinération à l’inhumation. Le tumulus est à mettre en parallèle avec une volonté politique et non d’un changement ethnique.


Les clients de l’aristocratie ont un statut juridique et social particulier. Ils ont le droit de posséder des biens, mais ils sont astreints à des obligations militaires et agricoles. Parmi les objets retrouvés figurent de nombreux bijoux en or décorés grâce à la technique de la granulation. Cette technique consiste à former de minuscules boules d’or appliquées ensuite sur une plaque. On y trouve aussi une céramique tout à fait typique de l’Etrurie : le bucchero. C’est une céramique à pâte et surface noire. Cette poterie locale connaît un vif succès et s’exporte jusqu’à Carthage.


Les premières inscriptions remontent à cette date pour des raisons économiques. La langue étrusque est très proche du grec. D’abord réservée à l’élite, l’écriture se propage chez les artisans qui signent leurs productions.



L’apogée de l’Etrurie
Plusieurs auteurs anciens mentionnent la dodécapole étrusque sans en préciser sa composition exacte. En réalité, cette liste canonique de douze cités n’a pas été immuable. Certaines cités ont été absorbées par d’autres. Des rivalités politiques ont conduits à l’exclusion provisoire ou non de certaines villes. La ligue étrusque possède un centre religieux : le sanctuaire de Voltumna. Chaque année des festivités sont célébrées sous l’autorité d’un prêtre élu. Les opérations politiques communes ont dû rester fort limitées, sauf dans les politiques de colonisation.


Les cités sont dirigées par des rois portant le titre de lucumon. A partir du VIe siècle, des magistrats spécialisés apparaissent dans les cités. Il est certain qu’à cette époque de nouvelles formes de pouvoir mêlant monarchie et république, voient le jour. A travers les vestiges du monde des morts, on voit se dessiner une société reposant sur une classe moyenne, liée à l’augmentation de la production favorisant l’enrichissement de nouveaux groupes sociaux et l’intensification des échanges commerciaux. Les Etrusques étendent leur domination sur une plus large part de l’Italie, mais aussi sur les îles de la Méditerranée. C’est la période des rois étrusques à Rome. Des guerres les opposent aux Phocéens et aux Carthaginois.


L’Etrurie connaît une période prospère, où les rapports avec les étrangers sont fréquents et faciles. Des marchands grecs fréquentent le port de Tarquinia, dans lequel ils bâtissent un temple. Des artistes hellènes ont produit des œuvres se retrouvant dans les tombes étrusques. Elles représentent des scènes mythologiques.


Les Etrusques sont de grands commerçants d’huile et de vin. En échange, ils importent de la céramique. Certains ateliers grecs travaillent exclusivement pour le marché étrusque. La femme étrusque jouit d’une grande liberté. Elle sort et assiste aux spectacles sportifs aux courses de chars et aux compétitions athlétiques.



Grandeur et décadence
En -480, les Carthaginois allié des Etrusques sont vaincus à Himère par Gélon roi de Syracuse. Six ans plus tard, c’est au tour des Etrusques eux même d’être vaincu par Hiéron de Syracuse. Désormais, les Etrusques ne tiennent plus les routes maritimes. Les comptoirs commerciaux vont leur échapper progressivement. En -423, des populations indigènes appelées les Samnites, s’emparent de Capoue une des principales villes de la ligue. Les Syracusiens envahissent la Corse et l’île d’Elbe pour les ressources minières.

Les cités côtières connaissent un rapide déclin. A l’inverse, les cités des terres continuent de prospérer. Néanmoins, ces cités doivent faire face à l’avancée des Celtes traversant les Alpes. Certaines sources mentionnent même des alliances entre tribus gauloises et le royaume de Syracuse.

De plus, les hostilités avec Rome ont commencé avec la fin de la monarchie et l’avènement de la République. Cependant, il ne faut pas oublier les raisons territoriales et économiques. Rome espère s’emparer des salines à l’embouchure du Tibre. En -396, les Romains prennent Véies après un long siège. Au milieu du IVe siècle, la ville de Tarquinia dirige la guerre contre Rome. Néanmoins, toutes les cités ne sont pas hostiles aux Romains. C’est le cas de Caere continuant à recevoir dans ses écoles les jeunes aristocrates romains. Au milieu du IIIe siècle, les légions s’enfoncent dans le cœur de l’Etrurie et pillent le sanctuaire fédéral.


La Romanisation
Les Romains laissent aux cités étrusques leur autonomie interne, ne cherchant pas à éradiquer les coutumes, la religion et la langue étrusque. Cette politique porte ses fruits, car les Etrusques restent fidèles à Rome lors des Guerres Puniques.

Les aristocrates profitent de la prospérité romaine, malgré quelques révoltes au cours du IIe siècle. Au siècle suivant, ils obtiennent tous la citoyenneté romaine par la loi Papiria Plautia. Les cités deviennent des municipes et sont gérées comme Rome. La langue étrusque est progressivement supplantée par le latin. La civilisation étrusque se confond dorénavant dans le moule romain.



" On ne peut pas à la fois danser gaiement au son de la double flûte et conquérir le monde pour faire rentrer l'argent."
D. H Lawrence


Source :
Texte : THUILLIER. Jean Paul : Les Etrusques la fin d'un mystère.
Image : http://4.bp.blogspot.com

mercredi 10 novembre 2010

Le Débarquement


Les origines de l'opération Overlord
Dès 1940, Churchill met au point un organisme baptisé " opérations combinées " pour préparer des raids sur des objectifs ponctuels du continent. Dans le même temps, il ordonne la création de groupes commandos. Lors de la conférence de Washington en 1942, les Alliés décident de coordonner leur politique militaire. Churchill propose de débarquer par la Méditerranée. Les Américains préfèrent par la Manche. Après d'âpres discussions, un projet de débarquement à Calais est conclu. Toutefois, l'absence d'engin de débarquement et les sous marins allemands empêchent ce genre de projet. Un premier raid sur Dieppe est organisé. L'objectif est de débarquer une force suffisante pour tenir le port pendant un certain temps avant de se retirer. Des chars britanniques et des troupes canadiennes appuyées par l'aviation, mais sans la marine se lancent à l'assaut. L'opération est un véritable désastre, mais fournit de nombreux renseignements de logistique et tactique.

Les Alliés ne baissent pas les bras pour autant. Un autre débarquement est prévu en Afrique du Nord pour la fin de l'année. Les Américains envoient en Angleterre le général Eisenhower, un inconnu qui n'a pas vraiment l'expérience du terrain. Le débarquement réussit et l'Afrique du Nord est libérée. A Casablanca est décidé le débarquement en France ainsi qu'en Sicile. Un organisme est créé à Londres, afin de préparer les plans sous la direction du général Morgan. La question est de savoir où débarquer ? Le chemin le plus court est le Pas de Calais, mais les défenses allemandes y sont très importantes. Finalement, les Alliés optent pour la Normandie.

En septembre 1943, ils débarquent en Italie, mais la bataille est plus rude, car Mussolini a reçu des renforts d'Allemagne. Avec le front de l'Est, Hitler décide d'abandonner les côtes françaises. Il se contente de les fortifier puissamment, afin de décourager toute tentative de débarquement. Les travaux commencent en 1942. Ceux ci sont principalement concentrés dans le Pas de Calais et autour des grands ports. Les côtes se couvrent de bunkers et de canons. L'expérience de Dieppe a convaincu les stratèges alliés de la nécessité des ports artificiels. Des équipes d'ingénieur et du génie travaillent sans relâche. Pendant ce temps, ils travaillent également sur les problèmes de ravitaillement et sur l'amélioration des chars.

La nomination d'Eisenhower comme chef de l'opération Overlord n'a pas été sans poser des problèmes politiques, mais devant l'importance des troupes américaines, Churchill doit céder. Le général s'entoure de deux généraux britanniques : le maréchal Tedder pour l'aviation et l'amiral Pemsey pour la marine. Ayant choisi les lieux d'invasion, il devient indispensable de persuader les Allemands qu'elle aura lieu ailleurs, d'où la mise en place d'une campagne d'intoxication. Les Alliés construisent de fausses bases, émettent de faux messages et fournissent à la résistance de faux documents qu'ils transmettent aux Allemands. A l'inverse, celle ci fournit aux Alliés de vrais renseignements sur les troupes ennemis et le terrain.


Préparatifs et déclenchement
En 1944, la Grande Bretagne se dote d'un nombre incalculable de camps, afin d'accueillir tous les soldats américains et canadiens. Des zones côtières sont vidées de leurs habitants, déclarées zones militaires et servent pour des simulations grandeur nature. Le Jour J est celui où tout doit être fin prêt. Il est fixé le 1er juin. Tout doit être réglé d'ici là. Pour les stratèges d'Overlord, la mission essentielle de la Résistance est de freiner par tous les moyens les mouvements des divisions blindées allemandes, afin de les empêcher de rejoindre la zone des combats. Les Britanniques fournissent des armes et de l'équipement et communiquent avec la Résistance via la BBC.

En 1944, Rommel prend en charge la défense des côtes de l'Atlantique. Il renforce les bunkers et fait ériger des barrages et place des mines. Son objectif est de repousser les Alliés avant même qu'ils n'atteignent les plages. La majeure partie des officiers allemands pense que le débarquement aura lieu dans le Pas de Calais, mais Rommel a des doutes sur ce sujet. Les conditions météorologiques voulues par Eisenhower ne se produisent qu'entre le 5 et le 7 juin, après il faudra attendre juillet. L'embarquement des hommes et du matériel commence le 2 juin, mais le 4 une violente tempête éclate sur la Manche. Eisenhower ordonne le report de 24 heures. Le 6, le temps se calme. Le départ a lieu à 3H30. Côté allemand, on ne pense pas vu la météo que le débarquement aura lieu. Les officiers dont Rommel, quittent leurs postes et rejoignent soit Paris, soit Rennes.


Le Jour J
Durant la nuit des parachutistes sont lâchés en France, afin de préparer le terrain. Les parachutages ne s'effectuent pas très bien et les soldats n'atterrissent pas là où il faudrait. Paradoxalement, cette situation plonge l'état-major allemand dans la perplexité. L'information venant mal à cause de la Résistance, personne ne sait réellement ce qui se passe. Les soldats américains doivent assurer le contrôle des principales routes et des ponts, afin de retarder les contre attaques allemandes.

A 5 heures, les radars allemands détectent les échos d'une énorme flotte d'invasion. Les cuirassés ouvrent le feu. Les Américains débarquent à Utah Beach, où les soldats parviennent à surprendre les Allemands et à progresser. Leur avancée est appuyée par des tanks qui ont réussi à débarquer. La situation est toute autre à Omaha Beach où les défenses allemandes sont particulièrement importantes et cette fois, les Allemands sont prêts à combattre. Les hommes avancent dans la plus grande confusion surtout que les chars n'ont pas réussi à débarquer. Les soldats s'entassent au pied des dunes, coincés. Plutôt qu'une action d'ensemble, c'est le courage et l'instinct de survie de soldats isolés qui va débloquer la situation. Les Britanniques quant à eux débarquent sur Gold Beach. Ils parviennent à pénétrer dans les terres assez rapidement. Les Canadiens sont assignés à Juno Beach.

Le débarquement ne peut avoir lieu qu'à marée haute à cause des récifs. L'infanterie est obligée de se débrouiller toute seule et de sécuriser la zone pour permettre aux tanks de les rejoindre. Les Français débarquent à Sword Beach près d’Ouistreham que les Allemands ont fortifiée. Les troupes avancent prenant une à une les défenses ennemies. Vers 9 heures, le Mur de l'Atlantique a été enfoncé partout sauf à Omaha. Rommel étant absent, les contre attaques sont faibles. Par ailleurs Von Rundstedt reste convaincu qu'il s'agit là d'une diversion. De plus, les divisions de panzers ne peuvent bouger que sur ordre d’Hitler, qui pour l'instant dort. Le débarquement est donc un succès même si très peu d'objectif ont été remplis.


La Consolidation
Il faut consolider les acquis, amener de nouvelles troupes et mettre en place les infrastructures nécessaires pour le ravitaillement, avant que les Allemands ne retrouvent des forces. La Luftwaffe étant absente, les Alliés jouissent de la supériorité aérienne. Le lendemain, c'est à dire le 7 juin, Bayeux est libérée. Rommel arrive sur les lieux. Il ne peut compter que sur ses propres hommes, car Berlin refuse toujours de croire qu'il s'agisse du véritable débarquement. Son seul atout reste les chars.

Les Canadiens ont du mal à progresser dans la région de Caen. Tandis que les Britanniques et les Américains d'Omaha se rejoignent et se dirigent vers Saint Lô. Ils sont vite rejoints par les Américains d'Utah. Pendant ce temps, le Génie met en place les ports artificiels. Seulement, une violente tempête retarde l'avancement des travaux et en détruit même un.

L'objectif majeur reste Cherbourg. Le général Collins parvient à créer une ligne au milieu des Allemands séparant ainsi la région en deux. Il parvient à Cherbourg le 21. La ville bien défendue, finit par tomber le 26. Hitler décide enfin d'envoyer des renforts à Rommel. Celui ci regroupe ses troupes. Les combats continuent à travers les bocages normands. Les Alliés avancent avec difficulté. Bradley reprend son offensive sur Saint Lô. Il a l'avantage matériel, mais les Allemands résistent de toutes leurs forces, la ville tombe le 8. Le 10 juillet, les troupes arrivent à Caen. Une première tentative échoue. Montgomery ordonne le bombardement de la ville. Pendant trois jours, l'infanterie livre de violents combats. Les Allemands sont contraints d'abandonner du terrain, mais ils se retranchent dans le centre ville. Un mois après le débarquement, la situation est dans l'impasse. Le bocage se prête mal aux manœuvres et les Allemands résistent vaillamment.


L'offensive
Le général Dempsey a pour mission de prendre Caen. Il décide d'engager l'artillerie et l'aviation, afin de canonner la ville, mais les Allemands se sont préparés. Les hostilités débutent le 18 juillet. Le soir, les Canadiens se rendent maître d'un grand nombre de faubourgs après de violents combats. Les Britanniques parviennent à entrer dans Caen et à en chasser l'ennemi. La même journée, les Américains sous les ordres de Bradley, ont libéré Saint Lô et continuent leur route. Le 27 juillet, ils parviennent à briser le front et à avancer de plusieurs kilomètres.

Le 1er août Patton débarque à Avranches et rejoint la 8e armée. Il a pour mission d'aider Bradley à libérer la Bretagne. Les soldats pénètrent assez vite dans Rennes et dans Saint Malo. Les Allemands ont quasiment abandonnée la région pour se concentrer sur la Normandie. Les Alliées décident alors de confier cette mission aux FFI et repartent vers l'Est. Patton se dirige vers Le Mans.

Le 2 août, Hitler ordonne à Von Kluge de rassembler toutes les troupes, afin de préparer une attaque de grande ampleur. C'est chose faite le 7 août. L'attaque est à deux doigts de réussir, mais c'était sans compter sur la supériorité aérienne des Alliées. Dans la région de Falaise, les Alliés se recoupent pour former une immense poche et ainsi encercler ce qui reste des troupes allemandes. Ces derniers se battent pour ruiner ce plan. Le 16 août Falaise est libérée et le cercle est formé.

Pendant ce temps, un deuxième débarquement a eu lieu en Provence, malgré l'opposition des Britanniques. Les soldats ne rencontrent guère de résistance et remonte le pays en suivant le Rhône. Pendant ce temps, les allemands ont quitté la Normandie.


" Les 24 heures précédant l'invasion seront primordiales. Pour nous comme pour les Alliés, ce sera le jour le plus long."
Erwin Rommel


Source
Texte : KEMP. Anthony : Opération Overlord
Image : intellego.fr

mardi 9 novembre 2010

De Gaulle

La plume et l'épée
De Gaulle est né le 22 novembre 1890 à Paris, de Jeanne Maillot et d'Henri de Gaulle instituteur. Son père transmet à son fils cette tradition orale, où l'histoire est illustrée par des récits familiaux. De Gaulle y puise cette conviction de la continuité française au-dessus des régimes, qui deviendra le socle des idées politiques, de sa foi en une patrie qui a les promesses de la vie éternelle. Il sait faire la différence entre violence révolutionnaire qu'il récuse et le principe de souveraineté populaire qu'il accepte. C'est à 14 ans que Charles de Gaulle décide de sa vocation militaire. Sous lieutenant à sa sortie de Saint Cyr, il choisit l'infanterie plus proche de la troupe et de ses hommes, qu'il s'appliquera toujours à connaître personnellement.

Le 1er août 1914, la guerre éclate. De Gaulle est envoyé au front. Aussitôt blessé, il est rapatrié vers l'arrière. Il reprend du service en 1916 et participe à la bataille de Verdun où il manque de se faire tuer. Ramassé par les Allemands, il termine la guerre dans un camp de prisonnier. De Gaulle tente en vain de s'évader. Ici, il rencontre un grand nombre d'officiers et de soldats créant ainsi des liens forts dans l'armée. En 1918, il a le sentiment que l'Allemagne comme la France en 1870 trop orgueilleuse, prendra sa revanche tôt au tard.

Les voyages en Europe renforcent sa formation politique et cristallisent sa vision d'un monde et d'une France, qui doit se défendre contre les empires et aider les jeunes nations à bâtir leur propre état. Au début des années 20, De Gaulle rencontre Yvonne Vendroux dans un salon parisien et l'épouse en 1921. Le couple à trois enfants dont la derrière Anne est infirme.

En 1936 De Gaulle publie deux livres, Le Fil de l'épée et L'Armée comme métier, où il expose sa vision de la guerre moderne, afin de se protéger contre l'Allemagne dirigée par Hitler et critique vivement la Ligne Maginot. Les grands officiers comme Pétain et Weygand ne sont pas de l'avis de ce jeune officier. Pétain et De Gaulle se connaissent bien et ont combattu à Verdun, mais ils se brouillent à vie dans les années 30. De 1932 à 1937, De Gaulle est affecté au secrétariat général de la Défense Nationale. Bel apprentissage politique pour étudier les rouages de l'Etat et le fonctionnement du régime. Ayant perdu son combat pour la modernisation mécanique de l'armée, il voit son pays s'enfoncer vers la guerre.


La guerre indivisible
En 1939, la guerre éclate de nouveau. L'Allemagne écrase la Pologne. Puis en 1940, la Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas avant de s'attaquer à la France. L'armée française ne peut empêcher l'armée allemande de s'enfoncer dans le pays. Cette avance est due à la méthode de la blitzkrieg alliant aviation et artillerie. Rupture du front, exode de la population, l'Etat s'effondre. De Gaulle conscient du défaitisme de Weygand tente de nouer d'étroites relations avec Churchill. En juin, Reynaud demande l'armistice. De Gaulle quitte aussitôt la France accompagné seulement de son officier d'ordonnance. Le 18 juin 1940, il lance l'appel à la résistance française. Churchill reconnaît en De Gaulle le chef des Français libres, qui vont continuer la guerre au côté des alliés. Toutefois, la vague de soldats qui rallient l'Angleterre est faible, surtout après le bombardement de la marine française par les Britanniques à Mers El-Kébir. Le vote du 10 juillet 1940 ratifie l'abdication de la IIIe République et donne les pleins pouvoirs à Pétain. Non seulement de Gaulle est le premier à avoir lancé un appel à la résistance, mais il est aussi le symbole de la liberté et de la République sitôt que le peuple fiançais verra que le régime de Vichy se durcit.

Le 18 juin, René Cassin arrive à Londres. Immédiatement, il se met au travail pour définir les relations de la France Libre avec la Grande Bretagne : fidélité à l'alliance de guerre et aux lois de la République, unité de l'effort de libération sous le commandement du général de Gaulle. Le général compte sur l'empire colonial pour continuer la lutte. L'ennui c'est que tous les gouverneurs refusent de reconnaître De Gaulle comme le chef de la France. Seul Félix Enoué, gouverneur du Tchad se rallie au général. De Gaulle tente un débarquement au Sénégal. C'est à Douala, où il est reçu par Leclerc, que De Gaulle se rend compte de sa popularité. Le 27 octobre à Brazzaville, il condamne le gouvernement de Vichy et se pose comme le digne et légitime représentant de la France et crée un conseil de défense de l'Empire.

En mai 1941, l'amiral Darlan laisse à la disposition des Allemands, les aérodromes français en Syrie. Les Britanniques et les Français libres sont obligés de se battre contre des Allemands et des Français vichystes. Seulement, les Français ralliés à De Gaulle ne sont pas pris en compte par les conventions internationales traitant de la guerre et tous les prisonniers sont renvoyés à Vichy.

Les relations entre Churchill et De Gaulle sont orageuses Chacun défendant les prérogatives de son pays dans cette partie du monde. Pour de Gaulle, il n'y a aucun doute. Un second front doit être ouvert. Ce sera la base de son alliance avec Staline qui a l'avantage de lancer les communistes français dans la résistance. L'entrée en guerre de l'Union Soviétique en 1941 et la coupure diplomatique entre Moscou et Vichy favorisent le travail de De Gaulle. Une escadrille d'aviateur français est créée au sien de l'armée rouge. Les Etats-Unis entre à leur tour en guerre en 1941. Pour Roosevelt, la France vaincue n'est pas un objet de politique internationale et son empire disloqué doit revenir aux Nations Unies.

En novembre 1942, lorsque l'Afrique du Nord passe sous le contrôle des alliés, les Allemands envahissent la zone libre. L'armée française réunie à Alger autour de Darlan tente de se rallier au côté des alliés. Roosevelt profite de l'occasion pour évincer De Gaulle, mais l'assassinat de l'amiral en décembre contrecarre ses projets. Le président se rabat sur Giraud. Dans le même temps, la résistance intérieure et extérieure sont enfin regroupées grâce à l'action de Jean Moulin. De Gaulle créé le Conseil National de la Résistance (CNR). Il tente donc d'unifier les deux forces de la résistance autour de sa personne. Il devient à Alger en 1943, le chef du gouvernement Provisoire de la République Française (GPRF). De Gaulle rappelle qu'il est le pouvoir politique. Il prépare le retour de l'égalité républicaine, la convocation d'une assemblée, la réorganisation administrative du pays et s'oppose à la vison américaine. Toutes les tendances politiques, excepté l'extrême droite sont représentées et un grand nombre de résistants sont présents. Durant l'été 1944, en même temps que la France se libère, De Gaulle continue son travail de reconnaissance de la France auprès des alliés et du Vatican, mais c'est surtout les Parisiens et les Français qui le consacreront.



La querelle du bonapartisme
En 1945, Churchill inquiet de la montée en puissance de Staline, favorise la participation de la France dans l'organisation d'après guerre. La France possède un siège permanent à l'ONU. Cependant aucune suggestion de De Gaulle concernant l'autonomie de l'Allemagne ou l'avenir d'une Europe basée sur la paix, n'est prise en compte.

En voyant un pays déchiré De Gaulle pense qu'il est temps de repenser l'organisation sociale du pays. En accord avec le GPRF, il forme la SECU, reprend les allocations familiales, nationalise les grandes entreprises, favorise le dialogue avec les syndicats et accorde le droit de vote aux femmes. Il instaure aussi un référendum interrogeant directement le peuple au grand dam des partis politiques. Au mois d'avril 1945 ont lieu les élections municipales et le référendum pour la rédaction d'une nouvelle constitution. Les partis politiques se réorganisent et reprennent vigueur. Les luttes reprennent et les partis de gauche tentent d'éliminer De Gaulle du pouvoir. En janvier 1946, De Gaulle préfère se retirer. Après avoir assisté au mariage de sa fille, il donne sa démission. Il revient en juin et appelle la fondation constitutionnelle de l'Etat républicain et pour cela il faut doter le pays d'institutions solides. Le moment est bien choisi, puisqu'une nouvelle constitution vient d'être rejetée par le peuple. Pour De Gaulle, l'essentiel est de respecter la séparation des pouvoirs grâce à l'existence d'un chef de l'Etat, d'où procéderait un gouvernement de son action devant l'assemblée et élu au suffrage universel. Exclu du débat, De Gaulle assiste impuissant à la promulgation de la IVe République proche de celle de la IIIe République.

En 1947, la guerre froide débute. De Gaulle invite la France à ne pas prendre partie et à rester indépendante face aux deux grandes puissances. Il crée en 1947 le RPF, qui connait une défaite cuisante aux élections de 1951. Le général se retire de nouveau à Colombey et commence à rédiger ses mémoires de guerre. De 1955 à 1957, la France s'enlise dans la guerre d'Indochine. De Gaulle voyage dans le monde et notamment dans les colonies, où il demeure très populaire. En Algérie, la situation se détériore. Le FLN fortifie son emprise sur les populations, tandis qu'à l'intérieur de l'armée française l'insubordination grandit. Le 13 mai 1958, le FLN envahit les bureaux du gouvernement. Le général Massu se proclame chef de comité du salut public et appel De Gaulle au pouvoir. De Gaulle revient donc, passe les critiques du bonapartisme à son encontre et tente de calmer les militaires d'Alger. Il reçoit d'une assemblée réticente un mandat de rédaction d'une nouvelle constitution. Michel Debré est chargé de la rédiger.

De Gaulle désire un président fort de la conscience nationale, qui entouré d'un gouvernement responsable est prêt à défendre les lois au parlement, à diriger les fonctionnaires et peut en cas de crise consulter le peuple et agir au nom du salut public. Le référendum a lieu le 4 septembre 1958 et le oui l'emporte à 80%.


Le stratège de la légitimité
De Gaulle élu président, nomme Debré au poste de Premier ministre. Au centre de l'Etat, il s'applique à une réforme financière passant par la monnaie. Le nouveau franc convertible en or est capable d'affronter l'ouverture des frontières sans sacrifier les investissements publics. Le pays se dote d'écoles, d'hôpitaux, de stades et de laboratoires. Une fois l'économie assainie, De Gaulle se tourne vers l'Outre-mer. Il désire y faire évaluer les droits. 1960 est pour l'Afrique Noire, l'année des indépendances négociées.

De Gaulle se rend également en Algérie et emploie le langage de la réconciliation. Il refuse l'autodétermination des militaires. Le FLN quant à lui, fait sa propagande pour une lutte armée. Il menace même de porter en France le terrorisme. Cette situation fait du peuple algérien, des hommes écartelés entre le FLN et la police française. En janvier 1960, Alger s'embrase. Un an plus tard, fort du soutien des français le gouvernement entame des négociations. Eclate alors un putsch où des généraux refusant l'idée d'une indépendance de l'Algérie, se révoltent contre le pouvoir en place et forment l'OAS. De Gaulle dénonce le pouvoir insurrectionnel et appelle les Algériens à rester fidèle au gouvernement régulier. La situation en Algérie devenue de plus en plus critique, les Algériens d'origine française préfèrent rentrer en France. Le 22 septembre 1962, De Gaulle est victime d'un attentat au Petit Clamart organisé par l'OAS. Cet événement prouve que le problème de sa succession peut surgir d'un coup. De Gaulle modifie donc la constitution pour que le président soit élu au suffrage universel, procédure aimée des français mais redoutée par les parlementaires. Une nouvelle fois, les partis hurlent au bonapartisme, mais le peuple reste majoritairement favorable au général.

De Gaulle veut réconcilier la France avec l'Allemagne. En proposant l'aide de la France, il engage son voisin à s'affranchir de la tutelle américaine. Il invite à Colombey le chancelier Adenauer. Les deux hommes engagent les procédures d'une nouvelle entente. En juin 1959, il se rend en Italie, puis en Grande Bretagne et aux Etats-Unis, où il exprime les remerciements de son pays pour l'aide en temps de guerre et répand une politique de solidarité occidentale face à une puissance communiste, qui tend à s'étendre sur toute l'Europe de l'Est. De Gaulle propose d'organiser une coopération politique des européens du marché commun, mais le projet est rejeté par les Pays-Bas. De Gaulle se contente alors d'un traité bilatéral avec l'Allemagne que les États-Unis s'emploient à détruire. Les Britanniques après avoir récusé la construction européenne désirent maintenant la diriger. De Gaulle les en empêche prétextant les liens trop étroits entre les deux nations anglophones.

De Gaulle retire la France de l'OTAN, afin de se poser en situation de neutralité face aux Etats-Unis et à l'Union Soviétique. Tandis que l'Europe prend le chemin de la paix, l'Asie du sud-est sombre dans la guerre. De Gaulle se rend au Cambodge et lance un appel à la paix. Pendant l'hiver 67-68, les tensions avec les Etats-Unis ne cessent de monter. De Gaulle dénonce la suprématie du dollar, et l'impérialisme de la langue anglaise. Le feu est mis aux poudres avec la fameuse phrase "Vive le Québec libre ! " extrêmement mal perçue par les gouvernements américain et canadien qui s'ajoute à la critique du général vis-à-vis d'Israël.

Les crises sociales de 1962 font chuter la côte de popularité du général. A l'élection de 1965, De Gaulle est réélu de justesse face à François Mitterrand. Il nomme Georges Pompidou au poste de Premier ministre. Evincés et humiliés, les partis de gauche et les nouveaux de droite comme celui de Valéry Giscard d'Estaing, pensent déjà à l'après De Gaulle. Pompidou décide de recourir aux pouvoirs spéciaux pour préparer le marché commun, ce qui déçoit l'opinion publique. Fierté du régime, les institutions paraissent bloquées, incapables d'accueillir les flots montants de la jeunesse et de la pauvreté. Les Français s'ennuient et profitent du mouvement étudiant pour faire valoir toutes leurs revendications. Pompidou tente de négocier avec les syndicats et De Gaulle dissout l'assemblée. De Gaulle conserve sa majorité, mais c'est Pompidou qui est d'avantage en odeur de sainteté. Avec l'échec du référendum sur les régions, De Gaulle démissionne. Il se retire pour la dernière fois à Colombey les deux Eglises. Il s'éteint le 9 novembre 1970 d'une crise cardiaque.




" Toute ma vie, je me suis fait une haute idée de la France."
Charles de Gaulle


Source
Texte : RUDELLE. Odile : Charles de Gaulle
Image : mybusinessmodel.com ; Civilization 4

dimanche 7 novembre 2010

Darius Ier

Le roi parle
Au printemps -525, une conjuration menée par Bardiya renverse l'empereur perse Cambyse, qui meurt quelques jours plus tard. Contre l'usurpateur, une conjuration de sept nobles se noue, parmi laquelle se trouve Darius. Bardiya est éliminé en septembre. A l'issue de discussions serrées, Darius parvient à s'imposer comme nouveau roi. Il se présente comme un achéménide, qui est l'un des clans de la tribu de Pasargades et jouant d'un grand prestige à la cour. Certes, Darius est un grand dignitaire, occupant de haute fonction à la cour, mais rien ne permet de le rattacher à la branche royale. A l'inverse Bardaya est le frère de Cambyse et de ce fait l'héritier de la couronne. Arrivé au pouvoir, Darius s'empresse de contracter les mariages les plus honorables. Il épouse deux filles de Cyrus et deux filles de Bardiya. Ensuite, il proclame ses liens privilégiés avec le dieu Ahura-Mazda.

La victoire dynastique ne règle pas tous les problèmes. De nombreuses provinces profitent du changement de souverain pour s'émanciper. Dès l'automne -522, des révoltes éclatent à Elam et à Babylone. Darius se charge lui même de réprimer la révolte de Babylone. Sortit vainqueur, il repart en -521 vers la Médie et confie à ses généraux le reste des opérations, afin de se concentrer sur la Perse. Après la capture des chefs rebelles mèdes, les armées royales doivent livrer des combats en Arménie. Pendant ce temps là, Vahyazdata un de ses généraux, se fait couronner roi de Perse. Darius contre attaque et fait exécuter le rebelle en juillet -521. Darius victorieux réaffirme la domination perse sur les régions du Moyen Orient. Afin d'éviter de nouvelles révoltes, les rebelles meurent dans d'atroces souffrances. Le peuple est convié à assister aux exécutions. C'est quelques mois après, ses victoires que Darius entreprend de faire graver le récit de ses exploits sur le mont Béhistoun. Toutefois, tous les peuples ne sont pas encore rentrés dans l'ordre. Il faut attendre -519 pour que les derniers rebelles soient éliminés.

Darius peut compter sur la noblesse perse pour le soutenir et surtout sur ses généraux comme Intaphernes, Hydarnes et Gobryas. Néanmoins, le premier est mis à mort en -520, suspecté de trahison et de conjuration. Ce cas là demeure une exception. En prolongement de l'expédition contre les Saces, Darius envoie un corps d'armée dans la vallée de l'Indus, le but étant de rétablir les routes commerciales. Par la suite, il se lance vers l'Ouest à la conquête de la Mer Egée. Il s'empare par exemple de l'île de Samos.

Darius découpe son immense empire en vingt satrapies et met en place un système fiscal efficace. Il décide également d'ériger une nouvelle capitale, afin de remplacer Pasargades. Persépolis est construite en plein cœur de la Perse. Quant à Suse, ancienne capitale élamite, elle garde un rôle politique important. Le roi est entouré d'une immense cour. Il faut beaucoup de patience pour obtenir une audience. Il convient tout d'abord de déposer une demande écrite et d'attendre la réponse, qui peut venir au bout de plusieurs semaines. Dans le cas d'une réponse affirmative, le demandeur est introduit et contrôlé par les huissiers. Devant le roi, il est d'usage d'effectuer le rite de la proksytène, la tête baissée et le buste incliné, on envoie un baiser de la main au roi. Ensuite, il faut présenter ses cadeaux.

La vie de cour est rythmée par des fêtes et des banquets. Le palais compte environ 15.000 personnes, mais seuls les membres de la famille royale, les nobles et les ambassadeurs sont admis à manger en présence du roi. Ce dernier mange tout seul à une table différente. Ses plats sont préparés à part et goûtés à l'avance, afin d'éviter tout risque d'empoisonnement. Périodiquement, des chasses sont organisées, dans ce que l'on appelle les paradis royaux. Ce sont des lieux de repos, des centres horticoles et des réserves d'animaux. Il en existe dans tout l'Empire. La chasse sert à montrer la force et le courage du roi.


Darius et ses peuples
L'Empire perse regroupe plus d'une vingtaine de pays avec leur culture et leur langue. Les grands chantiers impériaux sont l'occasion de les réunir et de mettre à profit toutes les ressources de l'empire. Bien sûr, il ne s'agit pas de travailleurs libres, mais d'esclaves. La Perse possède un statut particulier. Tenant la place principale, elle est exemptée des tributs. Les postes importants, notamment les satrapes sont réservés aux perses. Il en est de même dans l'armée. Les élites locales ne peuvent avoir que des fonctions secondaires.
Les rapports entre le roi et les nobles perses sont fondés sur un échange de dons et de services. En effet, le roi n'hésite pas à distribuer de nombreux cadeaux et récompenses à ceux qui l'ont bien servi. Ce système vise à s'assurer la loyauté d'une noblesse turbulente et à la faire passer d'une noblesse de clan à une aristocratie de cour. Ces récompenses sont, soit des objets précieux, soit des charges royales ou des terres. Ils peuvent être repris à tout moment par le roi. Pour maintenir et enraciner le système, les jeunes nobles doivent quitter leur famille et rejoindre des classes spécifiques. Là, ils apprennent le métier des armes, l'équitation, mais aussi l'histoire et la mythologie.

L'unification des territoires autour de la Perse n'empêche pas le Roi de respecter la diversité culturelle des populations. Par exemple en Egypte, la justice se base encore sur des lois rédigées en hiéroglyphes du temps des pharaons. Darius lui même pharaon, poursuit l'œuvre de ses prédécesseurs en faisant restaurer les grands sanctuaires. C'est le cas à Saïs, où le sanctuaire sert également d'école de médecine. La présence du roi est éclatante dans le temple d'Hibé, dédié à Ra. Le dieu solaire se dit satisfait de l'action de Darius et n'hésite pas à le prendre sous sa protection. Par ailleurs, Darius entreprend la construction d'un grand canal entre le Nil et la Mer Rouge.

Cyrus avait autorisé les Judéens, exilés de Babylone, à retourner à Jérusalem. Pour continuer cette politique, Darius favorise la reconstruction du temple de Salomon. En Asie Mineure, il réprimande un satrape coupable d'avoir attenté aux privilèges d'un sanctuaire d'Apollon. Un grand nombre de Babyloniens sont intégrés dans l'administration locale et son territoire s'est considérablement agrandi.

Les sanctuaires sont de véritables puissances économiques, disposant de terres, de bétail, d'atelier et d'une main d'œuvre abondante. Or la gestion de ces sanctuaires n'est pas laissée à la seule initiative des administrateurs locaux. Un représentant royal intervient fréquemment. Chaque capitale régionale est pourvue d'une forteresse et d'un trésor. Des cadastres sont dressés, afin de percevoir l'impôt. Les ordres royaux sont transmis par des coursiers rapides, qui trouvent gîte et relais sur les grandes routes. Les satrapes n'hésitent pas à adopter les coutumes de leurs sujets et inversement. Darius voyage souvent à travers son empire, allant à la rencontre de ses peuples. Lorsque la cour arrive près d'une ville, les autorités viennent à sa rencontre et lui remettent des présents.


Des sables libyens aux bouches du Danube
La première étape pour Darius dans sa marche vers l'Ouest, est de restaurer son pouvoir là où il est menacé, comme c'est le cas en Cyrénaïque. Habitée par des peuples libyens, la Cyrénaïque s'était soumise à Cambyse et était rattaché à la satrapie d'Egypte. Darius est obligé d'y envoyer un contingent important, afin de maintenir l'ordre. Dans le même temps, Darius prépare une immense armée en vue de conquérir le royaume des Scythes, situé au Sud de l'Ukraine. Pour cela, il fait construire un pont, afin traverser le Bosphore. Les Perses arrivent ainsi aux rives du Danube. Face à leurs ennemis, les Scythes décident d'adopter la technique de la terre brûlée. Refusant le combat, ils ne laissent rien sur leur passage. Démoralisé, Darius est obligé d'ordonner le repli de ses troupes avant de manquer de vivres. Ainsi, les Scythes restent en dehors de l'influence perse.

Tandis qu'il repasse la Mer Noire et se dirige vers Sardes, Darius laisse en Europe une forte armée sous les ordres de Megabaze. Ce dernier reçoit l'ordre de soumettre les cités grecques de l'Hellespont, ainsi que les Thraces. Les Perses disposent désormais de places fortes en Europe et contrôlent le littoral. En -499, à la suite de conflits politiques, la ville de Milet se révolte, bientôt rejointe par d'autres cités d'Asie Mineure. Leur révolte est connue sous le nom de révolte ionienne. Conscient de la supériorité des armées perses, le roi de Milet Aristagoras demande l'aide des cités grecques d'Europe. Seules Athènes et Erétrie répondent à cet appel. Cependant, suite à la défaite de Milet à Ephèse, les renforts promis font demi-tour. Refoulés sur leurs navires, les Ioniens décident de porter l'offensive sur mer. Pendant ce temps l'armée perse reprend une à une les cités révoltées. Toutefois, les Ioniens viennent de trouver des renforts à Chypre et en Canie. Les Chypriotes sont vaincus à la bataille de Salamine et l'île retombe sous domination perse. Aristagoras meurt quelques jours plus tard au combat.

La guerre traînant en longueur, Darius décide de concentrer toutes ses forces contre Milet elle même. Une gigantesque bataille navale se déroule près de Lade en -494, remportée par les Perses. Millet capitule quelques mois plus tard. L'année d'après toute la région est pacifiée. Les insurgés sont durement châtiés, les sanctuaires détruits et les territoires confisqués. Toutefois soucieux d'éradiquer les causes des guerres entre cités, Darius oblige les Ioniens à recourir aux satrapes pour leurs affaires judiciaires entre cités. Les territoires sont administrés par des officiers royaux et les cadastres rélaisés. En -492, Mardonias général et gendre de Darius s'installe en Thrace et soumet le royaume de Macédoine. Toutefois, la dynastie régnante reste en place.

Darius exige des cités grecques libres qu'elles se soumettent à son autorité. Sa flotte est déjà en route pour Datis et soumet un grand nombre d'îles égéennes. Les Perses arrivent à Erétrie, qu'ils rasent pour la punir d'avoir accordé son aide aux Ioniens. Ensuite, ils débarquent à Marathon en septembre -490, mais ils sont repoussés par les Athéniens et les Platéens. Ainsi s'achève la Première Guerre Médique. Darius désire renvoyer des troupes en Grèce, mais une importante révolte en Egypte l'en empêche.

L'héritage de Darius
Darius disparait en -486 après 36 ans de règne, alors qu'il préparait une expédition en Egypte. Il se trouve en Perse en train d'accomplir les pratiques culturelles, que prescrit le calendrier religieux de la cour.

Darius avait six épouses, qui lui ont donné douze fils. Peu avant sa mort il a désigné l'un de ses fils Xerxès, pour lui succéder. Le choisir plutôt que son fils ainé, c'est renforcer les liens avec l'empereur Cyrus, dont Xerxès est le petit fils direct. Le choix du roi n'a pas créé d'opposition. C'est sur la falaise Naqsh-i-Rustam au Nord de Persépolis, que Darius a choisi de faire ériger son tombeau. Darius a donc pris le contrôle de l'empire Perse et l’a emmené jusqu'à son paroxysme. Jamais plus les frontières ne s'agrandiront autant. Par ailleurs, l'empire dispose d'une nouvelle capitale, dont ses successeurs l'embelliront. L'Empire perse regroupe toutes les populations du Moyen Orient, jusqu'à sa chute en -331.



Source
Texte : BRIANT. Pierre : Darius le grand roi
Image : cliolamuse.com ; Civilization 4