mardi 9 novembre 2010

De Gaulle

La plume et l'épée
De Gaulle est né le 22 novembre 1890 à Paris, de Jeanne Maillot et d'Henri de Gaulle instituteur. Son père transmet à son fils cette tradition orale, où l'histoire est illustrée par des récits familiaux. De Gaulle y puise cette conviction de la continuité française au-dessus des régimes, qui deviendra le socle des idées politiques, de sa foi en une patrie qui a les promesses de la vie éternelle. Il sait faire la différence entre violence révolutionnaire qu'il récuse et le principe de souveraineté populaire qu'il accepte. C'est à 14 ans que Charles de Gaulle décide de sa vocation militaire. Sous lieutenant à sa sortie de Saint Cyr, il choisit l'infanterie plus proche de la troupe et de ses hommes, qu'il s'appliquera toujours à connaître personnellement.

Le 1er août 1914, la guerre éclate. De Gaulle est envoyé au front. Aussitôt blessé, il est rapatrié vers l'arrière. Il reprend du service en 1916 et participe à la bataille de Verdun où il manque de se faire tuer. Ramassé par les Allemands, il termine la guerre dans un camp de prisonnier. De Gaulle tente en vain de s'évader. Ici, il rencontre un grand nombre d'officiers et de soldats créant ainsi des liens forts dans l'armée. En 1918, il a le sentiment que l'Allemagne comme la France en 1870 trop orgueilleuse, prendra sa revanche tôt au tard.

Les voyages en Europe renforcent sa formation politique et cristallisent sa vision d'un monde et d'une France, qui doit se défendre contre les empires et aider les jeunes nations à bâtir leur propre état. Au début des années 20, De Gaulle rencontre Yvonne Vendroux dans un salon parisien et l'épouse en 1921. Le couple à trois enfants dont la derrière Anne est infirme.

En 1936 De Gaulle publie deux livres, Le Fil de l'épée et L'Armée comme métier, où il expose sa vision de la guerre moderne, afin de se protéger contre l'Allemagne dirigée par Hitler et critique vivement la Ligne Maginot. Les grands officiers comme Pétain et Weygand ne sont pas de l'avis de ce jeune officier. Pétain et De Gaulle se connaissent bien et ont combattu à Verdun, mais ils se brouillent à vie dans les années 30. De 1932 à 1937, De Gaulle est affecté au secrétariat général de la Défense Nationale. Bel apprentissage politique pour étudier les rouages de l'Etat et le fonctionnement du régime. Ayant perdu son combat pour la modernisation mécanique de l'armée, il voit son pays s'enfoncer vers la guerre.


La guerre indivisible
En 1939, la guerre éclate de nouveau. L'Allemagne écrase la Pologne. Puis en 1940, la Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas avant de s'attaquer à la France. L'armée française ne peut empêcher l'armée allemande de s'enfoncer dans le pays. Cette avance est due à la méthode de la blitzkrieg alliant aviation et artillerie. Rupture du front, exode de la population, l'Etat s'effondre. De Gaulle conscient du défaitisme de Weygand tente de nouer d'étroites relations avec Churchill. En juin, Reynaud demande l'armistice. De Gaulle quitte aussitôt la France accompagné seulement de son officier d'ordonnance. Le 18 juin 1940, il lance l'appel à la résistance française. Churchill reconnaît en De Gaulle le chef des Français libres, qui vont continuer la guerre au côté des alliés. Toutefois, la vague de soldats qui rallient l'Angleterre est faible, surtout après le bombardement de la marine française par les Britanniques à Mers El-Kébir. Le vote du 10 juillet 1940 ratifie l'abdication de la IIIe République et donne les pleins pouvoirs à Pétain. Non seulement de Gaulle est le premier à avoir lancé un appel à la résistance, mais il est aussi le symbole de la liberté et de la République sitôt que le peuple fiançais verra que le régime de Vichy se durcit.

Le 18 juin, René Cassin arrive à Londres. Immédiatement, il se met au travail pour définir les relations de la France Libre avec la Grande Bretagne : fidélité à l'alliance de guerre et aux lois de la République, unité de l'effort de libération sous le commandement du général de Gaulle. Le général compte sur l'empire colonial pour continuer la lutte. L'ennui c'est que tous les gouverneurs refusent de reconnaître De Gaulle comme le chef de la France. Seul Félix Enoué, gouverneur du Tchad se rallie au général. De Gaulle tente un débarquement au Sénégal. C'est à Douala, où il est reçu par Leclerc, que De Gaulle se rend compte de sa popularité. Le 27 octobre à Brazzaville, il condamne le gouvernement de Vichy et se pose comme le digne et légitime représentant de la France et crée un conseil de défense de l'Empire.

En mai 1941, l'amiral Darlan laisse à la disposition des Allemands, les aérodromes français en Syrie. Les Britanniques et les Français libres sont obligés de se battre contre des Allemands et des Français vichystes. Seulement, les Français ralliés à De Gaulle ne sont pas pris en compte par les conventions internationales traitant de la guerre et tous les prisonniers sont renvoyés à Vichy.

Les relations entre Churchill et De Gaulle sont orageuses Chacun défendant les prérogatives de son pays dans cette partie du monde. Pour de Gaulle, il n'y a aucun doute. Un second front doit être ouvert. Ce sera la base de son alliance avec Staline qui a l'avantage de lancer les communistes français dans la résistance. L'entrée en guerre de l'Union Soviétique en 1941 et la coupure diplomatique entre Moscou et Vichy favorisent le travail de De Gaulle. Une escadrille d'aviateur français est créée au sien de l'armée rouge. Les Etats-Unis entre à leur tour en guerre en 1941. Pour Roosevelt, la France vaincue n'est pas un objet de politique internationale et son empire disloqué doit revenir aux Nations Unies.

En novembre 1942, lorsque l'Afrique du Nord passe sous le contrôle des alliés, les Allemands envahissent la zone libre. L'armée française réunie à Alger autour de Darlan tente de se rallier au côté des alliés. Roosevelt profite de l'occasion pour évincer De Gaulle, mais l'assassinat de l'amiral en décembre contrecarre ses projets. Le président se rabat sur Giraud. Dans le même temps, la résistance intérieure et extérieure sont enfin regroupées grâce à l'action de Jean Moulin. De Gaulle créé le Conseil National de la Résistance (CNR). Il tente donc d'unifier les deux forces de la résistance autour de sa personne. Il devient à Alger en 1943, le chef du gouvernement Provisoire de la République Française (GPRF). De Gaulle rappelle qu'il est le pouvoir politique. Il prépare le retour de l'égalité républicaine, la convocation d'une assemblée, la réorganisation administrative du pays et s'oppose à la vison américaine. Toutes les tendances politiques, excepté l'extrême droite sont représentées et un grand nombre de résistants sont présents. Durant l'été 1944, en même temps que la France se libère, De Gaulle continue son travail de reconnaissance de la France auprès des alliés et du Vatican, mais c'est surtout les Parisiens et les Français qui le consacreront.



La querelle du bonapartisme
En 1945, Churchill inquiet de la montée en puissance de Staline, favorise la participation de la France dans l'organisation d'après guerre. La France possède un siège permanent à l'ONU. Cependant aucune suggestion de De Gaulle concernant l'autonomie de l'Allemagne ou l'avenir d'une Europe basée sur la paix, n'est prise en compte.

En voyant un pays déchiré De Gaulle pense qu'il est temps de repenser l'organisation sociale du pays. En accord avec le GPRF, il forme la SECU, reprend les allocations familiales, nationalise les grandes entreprises, favorise le dialogue avec les syndicats et accorde le droit de vote aux femmes. Il instaure aussi un référendum interrogeant directement le peuple au grand dam des partis politiques. Au mois d'avril 1945 ont lieu les élections municipales et le référendum pour la rédaction d'une nouvelle constitution. Les partis politiques se réorganisent et reprennent vigueur. Les luttes reprennent et les partis de gauche tentent d'éliminer De Gaulle du pouvoir. En janvier 1946, De Gaulle préfère se retirer. Après avoir assisté au mariage de sa fille, il donne sa démission. Il revient en juin et appelle la fondation constitutionnelle de l'Etat républicain et pour cela il faut doter le pays d'institutions solides. Le moment est bien choisi, puisqu'une nouvelle constitution vient d'être rejetée par le peuple. Pour De Gaulle, l'essentiel est de respecter la séparation des pouvoirs grâce à l'existence d'un chef de l'Etat, d'où procéderait un gouvernement de son action devant l'assemblée et élu au suffrage universel. Exclu du débat, De Gaulle assiste impuissant à la promulgation de la IVe République proche de celle de la IIIe République.

En 1947, la guerre froide débute. De Gaulle invite la France à ne pas prendre partie et à rester indépendante face aux deux grandes puissances. Il crée en 1947 le RPF, qui connait une défaite cuisante aux élections de 1951. Le général se retire de nouveau à Colombey et commence à rédiger ses mémoires de guerre. De 1955 à 1957, la France s'enlise dans la guerre d'Indochine. De Gaulle voyage dans le monde et notamment dans les colonies, où il demeure très populaire. En Algérie, la situation se détériore. Le FLN fortifie son emprise sur les populations, tandis qu'à l'intérieur de l'armée française l'insubordination grandit. Le 13 mai 1958, le FLN envahit les bureaux du gouvernement. Le général Massu se proclame chef de comité du salut public et appel De Gaulle au pouvoir. De Gaulle revient donc, passe les critiques du bonapartisme à son encontre et tente de calmer les militaires d'Alger. Il reçoit d'une assemblée réticente un mandat de rédaction d'une nouvelle constitution. Michel Debré est chargé de la rédiger.

De Gaulle désire un président fort de la conscience nationale, qui entouré d'un gouvernement responsable est prêt à défendre les lois au parlement, à diriger les fonctionnaires et peut en cas de crise consulter le peuple et agir au nom du salut public. Le référendum a lieu le 4 septembre 1958 et le oui l'emporte à 80%.


Le stratège de la légitimité
De Gaulle élu président, nomme Debré au poste de Premier ministre. Au centre de l'Etat, il s'applique à une réforme financière passant par la monnaie. Le nouveau franc convertible en or est capable d'affronter l'ouverture des frontières sans sacrifier les investissements publics. Le pays se dote d'écoles, d'hôpitaux, de stades et de laboratoires. Une fois l'économie assainie, De Gaulle se tourne vers l'Outre-mer. Il désire y faire évaluer les droits. 1960 est pour l'Afrique Noire, l'année des indépendances négociées.

De Gaulle se rend également en Algérie et emploie le langage de la réconciliation. Il refuse l'autodétermination des militaires. Le FLN quant à lui, fait sa propagande pour une lutte armée. Il menace même de porter en France le terrorisme. Cette situation fait du peuple algérien, des hommes écartelés entre le FLN et la police française. En janvier 1960, Alger s'embrase. Un an plus tard, fort du soutien des français le gouvernement entame des négociations. Eclate alors un putsch où des généraux refusant l'idée d'une indépendance de l'Algérie, se révoltent contre le pouvoir en place et forment l'OAS. De Gaulle dénonce le pouvoir insurrectionnel et appelle les Algériens à rester fidèle au gouvernement régulier. La situation en Algérie devenue de plus en plus critique, les Algériens d'origine française préfèrent rentrer en France. Le 22 septembre 1962, De Gaulle est victime d'un attentat au Petit Clamart organisé par l'OAS. Cet événement prouve que le problème de sa succession peut surgir d'un coup. De Gaulle modifie donc la constitution pour que le président soit élu au suffrage universel, procédure aimée des français mais redoutée par les parlementaires. Une nouvelle fois, les partis hurlent au bonapartisme, mais le peuple reste majoritairement favorable au général.

De Gaulle veut réconcilier la France avec l'Allemagne. En proposant l'aide de la France, il engage son voisin à s'affranchir de la tutelle américaine. Il invite à Colombey le chancelier Adenauer. Les deux hommes engagent les procédures d'une nouvelle entente. En juin 1959, il se rend en Italie, puis en Grande Bretagne et aux Etats-Unis, où il exprime les remerciements de son pays pour l'aide en temps de guerre et répand une politique de solidarité occidentale face à une puissance communiste, qui tend à s'étendre sur toute l'Europe de l'Est. De Gaulle propose d'organiser une coopération politique des européens du marché commun, mais le projet est rejeté par les Pays-Bas. De Gaulle se contente alors d'un traité bilatéral avec l'Allemagne que les États-Unis s'emploient à détruire. Les Britanniques après avoir récusé la construction européenne désirent maintenant la diriger. De Gaulle les en empêche prétextant les liens trop étroits entre les deux nations anglophones.

De Gaulle retire la France de l'OTAN, afin de se poser en situation de neutralité face aux Etats-Unis et à l'Union Soviétique. Tandis que l'Europe prend le chemin de la paix, l'Asie du sud-est sombre dans la guerre. De Gaulle se rend au Cambodge et lance un appel à la paix. Pendant l'hiver 67-68, les tensions avec les Etats-Unis ne cessent de monter. De Gaulle dénonce la suprématie du dollar, et l'impérialisme de la langue anglaise. Le feu est mis aux poudres avec la fameuse phrase "Vive le Québec libre ! " extrêmement mal perçue par les gouvernements américain et canadien qui s'ajoute à la critique du général vis-à-vis d'Israël.

Les crises sociales de 1962 font chuter la côte de popularité du général. A l'élection de 1965, De Gaulle est réélu de justesse face à François Mitterrand. Il nomme Georges Pompidou au poste de Premier ministre. Evincés et humiliés, les partis de gauche et les nouveaux de droite comme celui de Valéry Giscard d'Estaing, pensent déjà à l'après De Gaulle. Pompidou décide de recourir aux pouvoirs spéciaux pour préparer le marché commun, ce qui déçoit l'opinion publique. Fierté du régime, les institutions paraissent bloquées, incapables d'accueillir les flots montants de la jeunesse et de la pauvreté. Les Français s'ennuient et profitent du mouvement étudiant pour faire valoir toutes leurs revendications. Pompidou tente de négocier avec les syndicats et De Gaulle dissout l'assemblée. De Gaulle conserve sa majorité, mais c'est Pompidou qui est d'avantage en odeur de sainteté. Avec l'échec du référendum sur les régions, De Gaulle démissionne. Il se retire pour la dernière fois à Colombey les deux Eglises. Il s'éteint le 9 novembre 1970 d'une crise cardiaque.




" Toute ma vie, je me suis fait une haute idée de la France."
Charles de Gaulle


Source
Texte : RUDELLE. Odile : Charles de Gaulle
Image : mybusinessmodel.com ; Civilization 4

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