lundi 14 novembre 2011

Les Gaulois

Au XIXe siècle, les Gaulois détrônent les Francs dans le rôle des ancêtres des Français. Ils possèdent l’image de fiers guerriers moustachus et sans cesse occupés à se quereller et à festoyer. C’est une image fausse, conséquence de l’absence d’écrits et de grands monuments perpétuant leur mémoire. Les Gaulois sont devenus nos ancêtres pour marquer la continuité de la France. Mettre en avant les Gaulois plutôt que les Francs, sert à montrer la prééminence de la République sur la monarchie et à créer une unité nationale face à la construction nationale allemande.


Un peuple celte parmi d’autres
Les Gaulois sont des celtes, mais tous les Celtes ne sont pas gaulois. A partir du VIIIe siècle av JC, les Celtes s’installent progressivement en Europe. Au VIe siècle av JC, ils s’installent en Angleterre et en Espagne, au Ve siècle av JC en Allemagne et en Suisse. Ainsi, ils occupent un vaste territoire des bords de la Loire jusqu’en Autriche. Au IIIe siècle av JC, ils sont présents dans les Balkans, en Bulgarie et en Turquie. Le terme gaulois est né sous la plume des Romains au IVe siècle av JC, pour désigner les peuples vivant au-delà des Alpes. Les Grecs, deux siècles plus tôt, parlent de Celtes.

Les Celtes possèdent une certaine unité culturelle se caractérisant par un goût prononcé pour les armes et la guerre, ainsi que pour les rituels religieux. Les langues celtiques ont une origine commune, mais forment un groupe disparate.

S’ils partagent un même territoire et une même culture, les Celtes sont morcelés politiquement. Chaque peuple tient à son autonomie et ils se battent ou s’allient selon leurs intérêts propres. Des fédérations peuvent voir le jour, à l’instar des Eduens, allié à une dizaine de peuples entre la Belgique et Lyon.

En -125, la cité de Massilia (Marseille) demande l’aide des Romains contre les Arvernes. Victorieux, les Romains colonisent le Languedoc, la Provence, le Roussillon, les Alpes et une partie de la vallée du Rhône. L’Italie et l’Espagne sont désormais reliées par une route terrestre. En -58, César prend le prétexte d’une invasion des Helvètes sur le territoire Eduen alliés de Rome, pour pénétrer en Gaule. La domination s’étend sur l’ensemble des Gaules. En -54, les Gaulois se révoltent. Vercingétorix, chef des Avernes, prend la tête d’une coalition. Il bat les Romains à Gergovie, mais doit se rendre à Alésia en -51. Très vite, les Gaulois adoptent les modes de vie et l’architecture des Romains. La Romanisation se développe à partir des produits et de la noblesse latinisant leurs noms. Le latin devient peu à peu la langue courante.


La politique et la guerre
La Gaule est constituée de petits Etats indépendants à la société hiérarchisée, fondés sur des activités agricoles et militaires. Les Gaulois s’opposent à la tyrannie. Il existe deux magistrats ou deux assemblées par Etat. Les chroniqueurs grecs et romains relatent les talents oratoires des Gaulois.

L’élite se compose des druides, ainsi que d’une aristocratie tirant son pouvoir de la guerre et sa richesse du commerce. La position sociale dépend aussi de la capacité à fédérer une clientèle. En échange de la protection de leur patron, les clients souvent issus de la plèbe, offrent leur force de travail et servent de bras pour la guerre. Ce système est l’ancêtre de la vassalité.

La guerre est un moyen de régler les conflits individuels ou collectifs. Les effectifs de la cavalerie dépassent toujours ceux de l’infanterie. Passionnés par les chevaux, qui font l’objet d’un véritable culte, les Gaulois combattent prioritairement à cheval.

Les Gaulois sont réputés pour leur sidérurgie. Leurs épées sont de bonne qualité. Mourir sur le champ de bataille en brave permet d’accéder directement à l’antre des dieux.

Vercingétorix est l’exemple montrant que les Gaulois savent user de stratégie et maîtrisent bon nombre de techniques et de tactiques militaires. En revanche, les Gaulois ne connaissent pas la guerre de siège, mais ils pratiquent avec adresse l’art de la fortification, comme l’attestent le murus gallicus des oppida, enchevêtrement de poutres en bois renforcé par des pierres.

Les druides sont des acteurs incontournables de la société gauloise. A la fois savants, philosophes, théologiens, juges et éducateurs, ils cherchent à construire une société plus harmonieuse. Ils se sont imposés au IIe millénaire av JC, grâce à leurs compétences intellectuelles et leurs capacités de divination basées l’observation des astres. Maîtres du calendrier, ils définissent aussi la façon dont les dieux doivent être servis. Ils se rendent indispensables en devenant les intermédiaires entre les dieux et les fidèles.

Les druides refusent de mettre leur savoir par écrit, le rendant inaccessible à la population. Ils dispensent exclusivement un enseignement oral aux jeunes de l’aristocratie. L’écriture n’est enseignée qu’aux jeunes destinés à devenir druide.


Une religion méconnue
Le monde terrestre n’est qu’une étape intermédiaire. Selon leur mérite, les âmes peuvent gagner les cieux, séjour des dieux et des héros, ou retourner dans le monde d’en bas et poursuivre le cycle des réincarnations.

Les bardes jouent un rôle religieux. En louant les héros dans leurs odes, ils donnent les modèles à suivre aux vivants. De leur côté, les vates sont des oracles spécialisés dans la divination.

Avec le développement du commerce avec Rome, les pratiques à connotation guerrière des cultes gaulois s’atténuent. Les offrandes se diversifient. Elles ne se composent plus uniquement de sacrifices d’animaux, mais d’offrandes de céréales ou de bijoux. Jusqu’à l’arrivée des Romains, les Gaulois dédaignent représenter leurs dieux sous forme humaine.

Trois dieux gaulois nous sont bien connus : Toutatis, Taranis (la foudre) et Esus. Il n’existe aucun panthéon officiel en Gaule. Chaque peuple honore ses propres dieux.


Dans les campagnes
L’aménagement du territoire gaulois n’a pas commencé sous les Romains. Les Gaulois aménagent les campagnes. Les villes ne se développeront que plus tard, car elles ne représentent pas encore une nécessité économique. Les Gaulois disposent de sols fertiles et de ressources abondantes. Ils n’ont pas besoin de se regrouper, ni de commercer.

Jusqu’au IIe siècle av JC, l’habitat gaulois est essentiellement rural. Les archéologues ont mis à jour un réseau dense de complexes agricoles, d’une importance plus ou moins grande selon la position dans la hiérarchie sociale.

Les Gaulois disposent d’un réseau routier important, comme le montre la facilité avec laquelle les troupes de César peuvent se déplacer sur le territoire.

La Gaule n’est pas recouverte de forêt. Il existe plusieurs fermes sur une portion d’un kilomètre carré. Une ferme moyenne emploie trente personnes et s’étend sur soixante hectares : habitat, stockage, champs et pâturages compris.

Les Gaulois cultivent différentes variétés de céréales et de légumineuses. Le Sud cultivent la vigne et des fruits. Les Romains diffuseront le vin dans le Nord. Les outils se métallisent et prennent leurs formes, qu’ils conserveront jusqu’au XXe siècle. Les élevages reposent essentiellement sur le porc, le bœuf et le mouton.

Les maisons gauloises comportent une seule grande pièce, dans laquelle se trouve le foyer. Les murs sont en bois, le toit en chaume. Certaines maisons ont un étage contenant les appartements, le rez-de-chaussée renfermant un atelier. Le cellier se trouve dans le sous-sol de la maison.


Dans les villes
Les villes gauloises sont perchées au sommet des collines ou bâties dans les méandres des fleuves. Ceintes de remparts monumentaux parfois long de plusieurs kilomètres, elles peuvent abriter des milliers d’habitants. César les appelle des oppida.

Les villes se développent à la fin du III siècle av JC, grâce au développement du réseau routier, à la croissance démographique et au développement économique. La totalité de l’oppidum n’est pas occupé. Il se crée sur des fortifications aristocratiques, sur des bourgs déjà existant ou sur des sites vierges.

Les oppida s’imposent comme centre de production et de redistribution des marchandises, concentrant les activités économiques par le biais des greniers et des ateliers d’artisans, dont certaines productions sont destinées à l’exportation.

Lieux de réunions des cérémonies religieuses et politiques. La forme et le fonctionnement des oppida sont abandonnés avec la romanisation, bien que le réseau des villes gallo romaines s’est en partie calqué sur celui des oppida.

Les Gaulois ont une grande maîtrise du travail des métaux. Ils font preuve d’une grande créativité, qui se traduit par de nombreuses innovations. Inventeur du tonneau, ils sont passés maître dans les domaines de la boiserie et de la charronnerie. Les chars gaulois sont très réputés à Rome. Les potiers s’inspirent des modèles méditerranéens pour diversifier leur production.

La place des artisans dans la société se modifie au fil du temps. Certaines tâches domestiques deviennent le travail d’ouvriers spécialisés se concentrant dans les oppida. La standardisation des formes de céramique tend à prouver qu’il existe une production en chaîne issue d’un même atelier.


Des Gaulois aux Gallo-romains
Les Gaulois adoptent petit à petit le mode de vie romain, avant même que les légions de César envahissent le pays. Dès le Ve siècle av JC, des Gaulois servent dans les armées romaines comme mercenaire. Les marchands romains se déplacent d’oppidum en oppidum, échangeant vin et huile contre blé et esclaves. Certains s’installent en Gaule et inondent les Gaulois de leur production.

Dès -191, le Nord de la péninsule italienne devient romaine et prend le nom de province de Gaule Cisalpine. Quelques décennies plus tard, les Romains s’installent en Gaule Transalpine, puis au milieu du Ier siècle av JC étendent leur domination sur l’ensemble de la Gaule.

Les Gaulois comme bon nombre de peuple de l’empire copient les mœurs romains. Rome assure la paix. Les thermes améliorent l’hygiène. Les maisons de pierre sont plus confortables. Les élites apprennent le latin, afin de garder leur rang social dans le nouvel ordre. L’Etat romain n’a jamais voulu romaniser la Gaule. Ce sont les Gaulois qui se sont en grande partie romanisés tout seul.

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dimanche 3 avril 2011

Les Phéniciens

Un pays entre mer et montagne

Le pays des Phéniciens est l’étroite bande côtière, qui s’étend de la Syrie jusqu’au Carmel, entre la montagne libanaise et la Mer Méditerranée. Il comprend des sites portuaires, de petits espaces de plaines et un arrière pays de montagnes.

Les Phéniciens n’ont jamais formé une entité politique unifiée. Néanmoins, ils partageaient une langue commune apparentée à l’hébreu ou à l’arabe, ainsi qu’un substrat culturel, religieux et artistique. Les Phéniciens ne s’appelaient pas de la sorte. On ignore d’ailleurs, s’il existait un nom par lequel ils se désignaient collectivement. Les Grecs leur ont donné ce nom, désignant le palmier dattier ou la couleur rouge. On explique ce nom, soit par la teinture de pourpre, dont les Phéniciens se sont fait une spécialité, soit par la couleur de peau plus cuivrée que celle des Grecs.



La diffusion de l’alphabet

L’alphabet phénicien du Ier millénaire constitue l’origine de tous les alphabets actuellement utilisés. Il est lui même l’héritier d’un système alphabétique du millénaire précédent retrouvé dans le Sinaï.


L’alphabet phénicien ne comporte que des consommes et s’écrit de droite à gauche. Il comprend 22 lettres. Les premiers témoignages d’écriture sont des marques de propriété sur des pointes de flèches. L’écriture s’est répandue dans tout le Proche Orient et en Méditerranée, suivant le passage des marchands phéniciens. A partir du Xe siècle av JC, l’alphabet est repris par les peuples voisins, qui le modifient. Certains ont disparu, tandis que d’autres ont subsisté. Il s’agit par exemple de l’araméen, largement diffusé par les Perses et qui demeure la langue de tout le Proche Orient, jusqu’à l’arrivée de l’arabe.


Les Grecs ayant perdu l’usage de l’écriture lors de la disparition du monde mycénien au IXe siècle av JC, reprennent l’alphabet phénicien. Ils introduisent des voyelles et l’enrichissent. L’alphabet grec est repris et modifié par les Etrusques. Il donnera naissance au latin, base de toutes les langues occidentales. L’alphabet cyrillique d’origine grecque est aussi un descendant de l’alphabet phénicien.



Un monde de cités Etat

Les villes phéniciennes sont toutes côtières et leurs fondations sont antérieures au II millénaire av JC. A partir du règne de Ramsès II, elles sont vassales de Pharaon. L’invasion du peuple de la mer marque la fin de l’empire hittite et le repli de l’Egypte. Les cités accèdent à l’indépendance. A partir du IXe siècle av JC, elles subissent la pression des armées assyriennes. Elles passent successivement de la domination assyrienne, babylonienne, perse, puis grecque.


Arwad est un riche port gouverné par des rois. Il est le siège du pouvoir égyptien dans la région. La cité est célèbre pour ses eaux curatives.


Byblos est probablement la cité la plus ancienne. Elle tire sa puissance de l’exploitation du bois et de sa position de carrefour politique et économique. Elle est l’une des premières cités à frapper sa monnaie. Au premier millénaire, elle est un centre intellectuel et joue un rôle prépondérant dans le développement de l’écriture phénicienne. Exportatrice de rouleaux, la ville a laissé son nom au support écrit. Byblos en grec signifie livre et la Bible tire son nom de là. Beyrouth est méconnue à l’époque phénicienne faute de documents. A l’époque hellénistique, des marchands sont présents dans tout le monde grec.


La cité de Sidon, gouvernée par des rois ayant suivis une politique pro égyptienne, s’allie à Tyr. Pendant deux siècles, les deux cités sont dirigées par le même souverain. Sous la domination perse, Sidon est le centre culturel phénicien.


Tyr est une cité insulaire. Alexandre le Grand construit une immense digue pour conquérir la ville. Cette dernière s’est ensablée, formant un véritable cordon rattachant la cité à la côte. La fondation de Tyr se situe vers -2750. Son histoire est en partie retracée dans la Bible. Carthage a été fondée par Elissa la sœur de Pygmalion roi de Tyr. Ses navires sont présents en Méditerranée et en Mer Rouge. Elle est spécialisée dans la pêche du murex, ce coquillage utilisé pour obtenir la teinture rouge par broyage.



Voyageurs et commerçants

Marins habilles, mais d’abord armateurs, les Phéniciens ont construit de gros navires de commerce à coque ronde et de fines galères de guerre. Les routes commerciales sont autant maritimes que terrestres. Les produits phéniciens se retrouvent en Anatolie et dans l’Empire assyrien. Les artisans sont invités par les empereurs pour orner leur palais.


Israël entretint avec Tyr des relations privilégiées, marquées par une coopération économique et artistique. Les armateurs de Sidon sont très actifs dans les ports égyptiens et constituent une source d’approvisionnement pour les métaux.


C’est d’ailleurs, cette quête de métaux, qui va pousser les Phéniciens à s’aventurer sur les routes maritimes occidentales. Chypre est réputée pour son cuivre. Une colonie tyrienne y est fondée au Xe siècle av JC. Des comptoirs sont présents sur toutes les côtes grecques, ainsi que dans les Baléares, Malte, la Sicile et la Sardaigne. Ses escales assurent la route jusqu’à la péninsule ibérique, riche en argent, cuivre et plomb. Jusqu’à son indépendance, Carthage demeure un simple comptoir. A partir du VIe siècle av JC, les carthaginois prennent sous leur contrôle les comptoirs phéniciens occidentaux.


Les Phéniciens ont rencontré les Etrusques au cours du VIIIe siècle av JC, alors qu’ils cherchaient des mines de cuivre. Des colonies s’érigent entre le Tibre et l’Arno. La culture phénicienne orientalise l’art étrusque. Les Phéniciens ont sillonné les côtes atlantiques. Des traces archéologiques témoignent de leur présence au Maroc et au Portugal.



Des dieux et des hommes

Les Phéniciens n’ont laissé aucun texte mythologique. El le créateur ne joue plus de rôle actif dans la dévotion des fidèles. Baal le supplante. Astarté déesse de la guerre et de la fécondité est la divinité féminine prééminente. Chaque cité choisit des protecteurs particuliers. Milquart est le dieu protecteur de Tyr. Il s’agit du premier roi, qui a été divinisé. Il est souvent associé à Adonis, la divinité des saisons. La déesse Tanit, importante divinité présente à Carthage, est déjà vénérée en Phénicie. Les Phéniciens pratiquent des sacrifices. Des offrandes végétales et des libations d’huile et de vin, ainsi que la crémation d’encens font partie du rituel des sanctuaires. Ces derniers comportent un personnel varié (portier, artisan, scribe, berger). Cependant, le plan des temples et leur architecture demeurent quasiment inconnus.



Un art cosmopolite ?

Dès le IXe siècle, l’art phénicien se fait de plus en plus le miroir de l’internationalisation du commerce, en adaptant divers éléments étrangers. Aux éléments égyptiens s’ajoutent des éléments égéens. L’art assyrien est peu présent. Ce sont davantage les modèles perses qui inspirent, notamment dans l’architecture. Les arts mineurs destinés au plus grand nombre ont joué un rôle prépondérant dans la diffusion de la culture phénicienne. C’est en Méditerranée occidentale que s’est perpétué l’art phénicien, par le biais de Carthage.



"Nous devons aux Phéniciens cette découverte géniale : la simplicité carthésienne de l'alphabet." André Parrot.



SOURCE


Texte : BRIQUEL CHATONNET. Françoise : Les Phéniciens aux origines du Liban

Image : la-mer-en-livres.fr

lundi 14 février 2011

La Seconde Guerre Mondiale

Prélude à la guerre
Dans les années 30 en Allemagne, la peur du communisme, le ressentiment éprouvé contre la sévérité du diktat du traité de Versailles, s’ajoutent aux effets de la crise économique. Un fort courant nationaliste parcourt tous le pays. Il profite aux partis extrémistes, comme le parti national socialiste dirigé par Adolf Hitler. Ce dernier est nommée chancelier suite à la victoire de son parti aux élections législatives de 1933. En Italie, le parti fasciste de Benito Mussolini a accédé au pouvoir en 1922.

Des régimes autoritaires s’installent également en Roumanie et en Hongrie. En 1936, l’Espagne est victime d’une guerre civile entre les démocrates et les partisans de Franco. Le soutien actif des Allemands et des Italiens permet à ces derniers de prendre le pouvoir. En 1931, l’armée japonaise pénètre en Mandchourie. La guerre contre la Chine est déclarée en 1937. La résistance chinoise s’organise autour de Tchang Kai, soutenu par les Etats-Unis.

En Autriche, le parti d’extrême droite réclame l’unification avec l’Allemagne. En 1934, le chancelier est assassiné et remplacer par Schuschnigg favorable aux nazis. Cependant devant son refus de l’annexion, il est remplacé par Seyss – Ingrart. Il invite l’Allemagne à occuper son pays. C’est l’Anschluss. En Tchécoslovaquie, les Sudètes de majorité allemande, réclament à leur tour leur rattachement. L’Allemagne obtient gain de cause lors de la conférence de Munich, en échange de la promesse de respecter l’intégrité des autres territoires.

Hitler viole les clauses du Traité de Versailles en reformant son armée. De son côté, la France compte sur sa puissance militaire et opte pour une stratégie défensive en construisant sur la frontière la ligne Maginot. La Grande Bretagne demeure la première marine mondiale. Les deux pays ont signé un pacte de défense. Celui ci est étendu à la Pologne, qui craint pour sa sécurité après la signature du pacte germano-soviétique.

Depuis 1918, le corridor de Dantzig garantit à la Pologne un accès à la mer, mais sépare la Prusse Orientale. Dans sa politique d’unification, Hitler ne peut tolérer cette situation. De leur côté, les Soviétiques espère récupérer les territoires autour de la Baltique. Le 1er septembre 1939, simulant une agression des troupes polonaises, Hitler envahit la Pologne. Par le jeu des alliances, la Grande Bretagne et la France déclarent la guerre à l’Allemagne. L’armée polonaise est balayée en un mois. De leur côté, les Soviétiques envahissent la Finlande. Les résistants menés par le maréchal Mannerheim, mènent une véritable guérilla, mais ne peut empêcher la conquête de leur territoire.


La Grande Bretagne isolée
Hitler craint une invasion britannique de la Norvège. Afin de ne pas exposer l’Allemagne et de protéger les transports de minerai de fer, Hitler décide d’attaquer le premier. Il envahit le Danemark, qui capitule aussitôt. Les Allemands essayent de débarquer en Norvège, mais les défenses côtières, soutenues par la Royal Navy tiennent bon. Hitler se lance à la conquête des Pays-Bas. Les Français et les Britanniques craignent pour leur sécurité et abandonnent la Norvège, qui est envahie. Chamberlain Premier Ministre britannique, doit remettre sa démission. Il est remplacé par Winston Churchill.

Après trois jours de combat, les Pays-Bas et la Belgique capitulent. L’armée allemande pénètre en France en contournant la Ligne Maginot. Leur progression est rapide. Le général Weygand est nommé chef des armées. Il tente une ultime contre attaque sans succès. Les civils fuient l’avancée des Allemands. C’est l’exode. Les troupes britanniques sont refoulés sur les côtes et quittent précipitamment la France. Le 16 juin 1940, Paul Reynaud démissionne. Il est remplacé par le Maréchal Pétain, qui demande l’armistice. Certains Français le refusent et partent se réfugier à Londres. C’est le cas du général de Gaulle, qui lance un appel à la résistance le 18 juin. Réunis à Compiègne, les autorités françaises doivent céder l’Alsace Lorraine et accepter l’occupation de la zone Nord. Pétain s’installe avec son gouvernement à Vichy dans la zone libre.
A l’été 1940, seule la Grande Bretagne résiste encore. Hitler demande la fin de la guerre, mais essuie un refus. Il décide donc de préparer le débarquement. Les bombardiers de la Luftwaffe pilonnent les navires et bases aériennes britanniques, ainsi que Londres. La Royal Air Force (RAF) bénéficie du radar et parvient à garder la maîtrise des cieux.


Les troupes britanniques combattent les Italiens en Egypte. Les troupes de Mussolini ne parviennent pas à envahir le pays et demande le soutien de l’Allemagne. Le Maréchal Rommel est envoyé sur place. En Octobre 1940, les Italiens conquièrent l’Albanie, mais sont repoussés par les Grecs. Une nouvelle fois, l’Allemagne vient à la rescousse de son allié.


La guerre totale
Au printemps 1941, Hitler déclenche l’opération Barbarossa, visant à l’éradication de l’Union Soviétique. Les forces soviétiques sont prises au dépourvu. Les troupes allemandes du Nord aidés par les Finlandais avancent sur Stalingrad, celle du centre vers Moscou et celle du Sud vers la Crimée et contrôler les flux pétroliers. Les Allemands s’enfoncent rapidement dans le pays. Bientôt la pluie et le froid viennent stopper leur avancée. Les Soviétiques contre attaquent. Le 12 juillet 1941, Staline signe avec Churchill un pacte d’assistance mutuelle.


Après avoir conquis la Chine, le Japon s’attaque à l’Indochine et aux colonies britanniques et néerlandaises dans la péninsule asiatique. Les Britanniques gèlent les avoirs nippons et les Etats-Unis décident d’un embargo. Le général Tojo décide d’attaquer la principale base militaire états-unienne à Pearl Harbor. L’attaque a lieu le 7 décembre 1941. Ensuite, ils se tournent vers les Philippines et l’Australie.


Les Japonais ayant conquis Hong-Kong et la Malaisie, se tournent vers les colonies néerlandaises. En février 1942, ils attaquent les Philippines, placés sous protectorat états-unien. Ils essayent de débarquer en Australie, mais ils sont repoussés par l’US Navy à Port Moerty. C’est le début de la guerre de corail. En juin 1942, les Japonais perdent la bataille de Midway.


Un accord est passé entre les Etats-Unis et la Grande Bretagne, pour s’occuper de l’Allemagne en priorité. Le général Marshall est nommé chef de l’Etat-major combiné. Pour acheminer hommes et matériel en Grande Bretagne, les Etats-uniens doivent faire face aux sous marins allemands patrouillant dans l’Atlantique. En mars 1942, c’est au tour des Britanniques de bombarder les villes allemandes. Les Alliés mènent des opérations de débarquement. Si celle de Lofoten en Norvège réussi, celui de Dieppe échoue. Des agents secrets aident la résistance française, qui est de plus en plus importante à partir de 1943. La résistance oblige les Allemands à laisser des garnisons en France.


Les armées allemandes ont échoué à prendre Moscou, mais continuent d’avancer sur le Don. Staline demande aux Alliés d’ouvrir un second front à l’Ouest, mais après l’échec de Dieppe, ces derniers hésitent à débarquer de nouveau en France. Churchill convainc Roosevelt à organiser un débarquement en Afrique du Nord.


Le tournant de la guerre
En juillet 1942, les Britanniques brisent l’offensive de Rommel en Egypte. Le général Montgomery repousse l’ennemi jusqu’en Tunisie. Sous le commandement d’Eisenhower, le débarquement au Maroc et en Algérie (opération Torch) a lieu le 8 novembre 1942. En représailles, les Allemands envahissent la zone libre. Les FFL venus du Tchad, rejoignent les troupes britanniques. A Casablanca, Roosevelt et Churchill se mettent d’accord pour un débarquement en Sicile, puis en France, aussi de la nécessité de battre l’Allemagne par les armes, afin que la victoire ne soit pas contestée comme en 1918.

Bien que pris en tenaille en Tunisie, Rommel parvient à maintenir à distance ses deux adversaires. En mars 1943, Rommel tombe malade. Son rapatriement en Allemagne sonne le glas de l’Afrika Corps. Au mois de mai, les deux armées alliées se rejoignent.

En 1943, les Allemands souhaitent prendre Stalingrad, un important centre industriel. C’est une lourde défaite. Les troupes allemandes sont trop distendues. Le ravitaillement ne suit plus. Leurs lignes sont enfoncées de toute part par les Soviétiques. Le 4 juillet 1943, tous les panzers du front de l’Est se réunissent à Koursk pour une vaste offensive. Ils sont détruits par les lances missile multi tube.

Le 10 juillet 1943, les Alliés débarquent en Sicile, puis traversent le détroit de Messine. Les Italiens n’opposent aucune résistance. Trois jours plus tard, Mussolini est victime d’un coup d’Etat. Les Allemands envahissent l’Italie.

Dans le Pacifique, la reconquête des îles est lancée. Avec l’aide de l’Australie, les Etats-uniens libèrent la Nouvelle Guinée. Il s’agit d’une guerre amphibie, menée dans des conditions climatiques épouvantables.


Les graines de la victoire
A la fin de l’année 1943, les Allemands comptent sur leurs nouveaux sous marins et sur leurs missiles (les V1, V2) pour reprendre l’avantage. De leur côté, les Alliés rassemblent hommes et matériels en vue du débarquement. Les Soviétiques continuent de progresser à l’Est, d’autant plus qu’ils sont maintenant supérieurs en nombre et mieux ravitaillés. Le 4 janvier 1944, ils parviennent en Crimée et reprennent Leningrad. Les troupes allemandes envoyées en Italie donnent du fil à retordre aux Alliés. Après avoir pris le monastère de Monte Cassino, ces derniers pénètrent dans Rome.

Après un report de 24 heures, des parachutistes sont larguées en France. Le 6 juin 1944, la marine pilonnent les défenses côtières du Mur de l’Atlantique. Les soldats débarquent sur les plages de Normandie. Exceptés à Omaha, ils progressent rapidement dans les terres.

En Normandie, les Alliés sont ralenties par les haies du bocage, favorisant la stratégie défensive. Cherbourg est libéré le 27 juin. Le 25 juillet, Patton envahit Avranches, ouvrant la route vers la Bretagne et les Pays de la Loire. Les Canadiens suivent le littoral en direction de Calais. Le 24 août, les Etats-uniens et les Français menés par Leclerc entrent dans Paris. Le 3 septembre, Bruxelles est à son tour libérée. Entre-temps, un second débarquement a lieu en Provence. Les Alliés remontent rapidement la vallée du Rhône.

En septembre 1944, pris en tenaille, les Allemands quittent la Grèce. Churchill envoie des troupes, afin d’éviter une invasion du pays par les Soviétiques.

Rencontrant des problèmes de ravitaillement, Montgomery renâcle à envahir l’Allemagne. Il préfère se tourner vers les Pays Bas. Les Allemands utilisent les marais, pour empêcher les chars d’avancer. La prise des principaux ports prend du temps. Les objectifs ne sont remplis qu’à la mi novembre. Cependant, l’hiver rude paralyse les Alliés dans les Ardennes et les Vosges. Les Allemands ont le temps de rassembler leur force. A la fin du mois de février 1945, le ravitaillement arrive enfin et les alliés traversent l’Escaut et le Rhin.

Fin 1943, les Japonais lancent une offensive contre les Indes. Ils mettent le siège devant les villes de Kohīma et d’Imphal. Février 1944, les Etats-uniens reprennent les Iles Marshall et détruisent les bases japonaises dans la région. La batailles des Mariannes fait rage jusqu’en août. Elle est d’une importance capitale, car les Etats-uniens disposent désormais de terrain d’aviation assez proche du Japon, pour attaquer directement l’archipel. Mac Arthur attaque les Philippines et doit faire face pour la première fois aux kamikazes. La flotte japonaise est quasiment anéantie. Mac Arthur souhaite envahir le Japon, mais le fanatisme et la résistance des japonais refroidissent les ardeurs.


La longue route des vainqueurs
Montgomery pénètre en Allemagne par le Nord. Patton part de Metz et se dirige vers Francfort. Les Français passent par Strasbourg. Les Allemands les attendent dans les Ardennes. La contre attaque de Bastogne est un échec faute de moyen suffisant. Ne rencontrant plus qu’une faible résistance, ils continuent de progresser.

De leur côté, les Soviétiques envahissent la Prusse orientale. Le 21 avril, ils ne sont plus qu’à quelques kilomètres de Berlin. Hitler réfugié dans son bunker, se suicide. Quelques jours plus tard, le drapeau de l’URSS flotte sur le Reichstag. Le 8 mai 1945, l’Amiral Donitz signe la capitulation dans une école de Reims.

En Asie, les combats perdurent. Une grande partie des hommes et du matériel britannique et états-unien présents en Europe est transférée dans le Pacifique. Conformément à leur accord, les Soviétiques viennent en renfort. Les Etats-Unis ont besoin de bases proches du Japon. La petite île d’Iwo Jima devient la cible principale. Il faut plus de cinq semaines pour la prendre.

Le 26 juillet 1945, le nouveau président Truman ordonne au Japon de capituler. Suite au refus, une bombe atomique est larguée sur Hiroshima. Elle fait 78.000 morts. Le 9 août, une seconde est larguée sur Nagasaki. Le Japon demande enfin l’armistice. A bord d’un cuirassé Mac Arthur reçoit la capitulation du Japon le 2 septembre 1945.

On estime à 50 millions tant civiles que militaires. L’Union Soviétique paye le plus lourd tribut. A ce chiffre, il faut rajouter les 20 millions de personnes exterminées dans les camps, par les nazis.
Une cour internationale de justice militaire est instaurée pour juger les criminels de guerre. A Nuremberg, Goering et les dirigeants nazis sont jugés. Ils sont condamnés à des peines de prison ou à mort. A Tokyo, on juge les généraux japonais pour crime de guerre.

L’archipel japonais est occupé par les Etats-uniens, mais l’empereur reste au pouvoir. L’Allemagne et Berlin sont divisées en quatre zones administrées par les Alliés. L’Europe de l’Est tombe sous l’influence de l’Union Soviétique, qui instaure des démocraties populaires. Très vite des tensions apparaissent entre le bloc occidental et communiste.





SOURCE


Texte : KEMP. Anthony : 1939-1945 : le monde en guerre


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mercredi 19 janvier 2011

La Généalogie


L’Antiquité : une généalogie dominée par les dieux
Au fil des âges, les clans disparaissent pour engendrer deux institutions complémentaires : l’Etat et la famille. L’Etat restant centré sur la personne du monarque, sa famille devient très importante. Le roi tire sa légitimité de sa famille. Par le jeu des mariages, il peut se ménager des alliances.

Cette évolution précède de peu l’apparition de l’écriture. Les premiers textes sont autant des aides comptables que des listes royales. Les plus anciennes proviennent de la cité de Shuruppak en Mésopotamie, vers -2700. Le même phénomène se retrouve en Chine et en Egypte.

Les généalogies mythologiques donnent aux dieux une famille, dont les familles humaines sont considérées comme le reflet et donnent aux grandes lignées monarchiques une origine divine ou héroïque. Les dieux les plus archaïques sont probablement des hommes, dont les actions ont fait l’admiration de leurs contemporains et auxquels ils rendent un culte après leur mort. Les rois d’Uruk, descendent du héros sumérien Gilgamesh divinisé après son décès, prennent leur place parmi les dieux.

Avec Romulus et Remus, fils de Mars et d’une vestale nommée Rea Silva, Rome reprend cette tradition. Plus tard, le mythe s’enrichit de l’ascendance de Vénus, par le biais d’Enée. Cette ascendance divine contribue à asseoir le numen imperatores, c'est-à-dire le caractère divin de la personne de l’empereur.

Ce modèle se diffuse chez les patriciens, puisqu’ils tiennent leurs pouvoirs politiques de leurs ancêtres. L’atrium des maisons est décoré des portraits de famille reliés entre eux par des rubans. L’influence de la gens la parenté large, s’estompe à mesure que grandit la notion de famillia, cellule plus restreinte placée sous l’autorité sans partage du pater familias. Chaque famille se reconnaît encore dans la succession de ses ancêtres et se rattache aux grands ancêtres de la gens.

La Bible est un d’un certain côté un livre de généalogie. La Genèse explique comment Dieu a créé le monde. L’Homme constitue l’aboutissement de ce grand dessein. L’humanité est issue de l’union d’Adam et Eve et de leurs descendances. Certains chapitres sont presque entièrement consacrés à la généalogie de la famille d’Adam. A travers la Bible, on peut voir apparaître un nouveau modèle de généalogie, excluant les filles et les cadets. Il s’agit là du modèle hébreu, qui va influencer les généalogies occidentales.


Le Moyen-âge : entre religion et pouvoir
Le Haut Moyen-âge constitue une phase de repli pour la généalogie. Seule la mémoire des hommes politiques en constitue encore le support actif. Les peuples germaniques amènent une nouvelle vision de la famille. En effet, les peuples nordiques et celtiques donnent autant d’importance aux familles alliées qu’aux ancêtres directs. Les clercs adaptent ce modèle à ceux des romains et des hébreux.

Les généalogies de saints connaissent un succès considérable dès les premiers siècles du Moyen-âge. Leur but est d’établir la parenté du saint avec un ou plusieurs autres personnages importants. L’Eglise fait jouer à de nombreux saints le rôle tenu par les héros et les dieux dans les sociétés antiques.

La représentation de la généalogie d’une famille sur les branches d’un arbre, est l’une des innovations médiévales. Elle apparaît au XIIe siècle avec l’arbre généalogique du Christ depuis Jessé, père du roi David, d’où son nom d’arbre de Jessé. La métaphore d’Isaïe (XI 1-3) contenue dans la Bible ne demande qu’à être étoffée au moyen de degrés intermédiaires pour devenir un arbre. L’abbé Suger en donne une version définitive sur les vitraux de Saint Denis. Jésus Christ placé au sommet de l’arbre, est Dieu, mais il est aussi homme, puisqu’il descend d’une lignée d’hommes et qui plus est d’une lignée royale.

Le modèle est repris par les rois en lutte contre leurs vassaux. Le fils de Dieu, par la grâce duquel les rois sont rois, est lui-même de sang royal. Par conséquent, il reste le meilleur garant de l’institution monarchique.

Jusqu’au milieu du XIe siècle, on ne connaît aucune autre généalogie que celle des rois. Elles informent également sur des aspects politiques. Ainsi, Edouard III d’Angleterre utilise la généalogie pour appuyer ses prétentions à la succession au trône de France, cause la Guerre de Cent Ans. Lorsque la transmission du trône par primogéniture finit par s’imposer dans la plupart des royaumes européens, la généalogie voit son rôle se préciser. Elle permet de déterminer la place de chaque membre par rapport au trône.

A partir du XIe siècle, les princes font aussi leur généalogie en reproduisant les modèles royaux, dans le but de légitimer leur pouvoir. La plupart d’entre elles affichent des liens de parenté avec la lignée royale, notamment avec les Carolingiens. L’héraldique s’y ajoute à partir du XIVe siècle.


Les Temps Modernes : l’érudition et le paraître
L’Etat civil français se développe au XVIe siècle. L’article 51 de l’ordonnance de Villers-Cotterêts du 15 août 1539, prévoit la tenue de registres, où sont notés les nouveaux nés baptisés et déclarés sous le nom de leur père. Cette nouveauté instaure la pérennité des noms patronymes. En complément, le Concile de Trente prescrit la tenue des registres de baptême et impose la mention du nom des parrains et marraines.

En 1579, Henri III instaure les registres de mariage par l’ordonnance de Blois. En 1667, l’ordonnance de Saint Germain oblige à remplir les actes en double exemplaires. Cette copie doit être déposée au greffe du baillage, une institution civile. En 1792, l’assemblée transfère les registres aux officiers communaux.

Au XVIe siècle, les généalogistes se préoccupent de méthodes, comme l’attestent les traités du belge Jean Scohier. L’allemand Michael Eyzminger développe une numérotation des ancêtres. Cette technique est reprise et améliorée par l’espagnol Jérôme de Sosa en 1676, puis par Stéphane von Stradonitz au XIXe siècle.

Sous l’impulsion de Jean Mabillon, la généalogie bénéficie de l’étude des sources, de la paléographie et de la diplomatique. Certains écrivains se spécialisent dans l’étude d’une province ou de certaines catégories de personnes. Au XVIe siècle, Jean Le Laboureur et Claude François Ménestrier publient un traité faisant encore référence. Ils instituent le principe de recherche par quartier, montrent l’importance de la totalité des ascendants et relativisent le principe exclusif de la généalogie agnatique. Les Français se rapprochent des préoccupations des généalogistes des pays de droit germain, où le principe de succession en ligne maternelle et paternelle s’équivalent.

L’administration royale met en place au XVIIe siècle, les généalogistes royaux et les juges d’armes de France. Les premiers sont chargés d’établir les preuves de la noblesse des candidats aux divers ordres et charges militaires. Le premier généalogiste royal est André du Chesne, puis la charge devient héréditaire dans la famille de Clairambault. Les seconds recensent toutes les armoiries existantes dans le royaume, accompagnées de notices sur les familles les possédant. Les deux institutions sont supprimées à la Révolution.

Les officiers de la généalogie deviennent des auxiliaires de l’administration fiscale. En effet, l’enregistrement des armoiries est taxé d’une somme de vingt livres. Par ailleurs, les officiers mènent des recherches, afin de réprimer les usurpations de noblesse, qui sous entend d’importants avantages fiscaux. A partir de 1666, chaque noble est tenu de présenter les preuves de son état au moyen d’une filiation en ligne masculine.

Un nouvel état d’esprit émerge au XVIIIe siècle. Pour les philosophes des Lumières, la généalogie est une science vaine et artificielle. Elle contribue à maintenir l’existence d’un ordre privilégié en mettant en avant le caractère héréditaire. Dans l’Encyclopédie, Diderot se montre très critique vis à vis de la généalogie.

En Allemagne, la généalogie gagne ses galons de science auxiliaire de l’histoire. Le traité théorique de Will et Gatterer propose des méthodes pour effecteur des recherches et pour établir des généalogies. La Révolution change l’objet de la discipline en s’occupant de la vie de toutes les familles.


L’Epoque Contemporaine : de nouvelles généalogies
Le législateur républicain a apporté à l’Etat civil français de nombreuses améliorations dans la précision dans la rédaction des actes, avec l’ajout de mentions marginales. Les greffes du tribunal les reversent aux archives départementales au bout de cent ans.

Si pour les nobles, il ne sert plus à grand-chose de prouver son état, pour de nombreux bourgeois la reconnaissance sociale ne peut se passer de titres de noblesse. Des officines se chargent d’obtenir des filiations de complaisances. Outre Rhin, la généalogie se lie avec d’autres sciences : statistique, médecine, sociologie. Pour l’historien Ottokar Lorenz, la généalogie se trouve au carrefour de toutes les sciences. Après lui, le baron Von Durgen étudie les rapports avec la génétique. Ainsi la généalogie se transforme en une discipline aux pratiques multiples et s’internationalise.

Au début des années 1960, la généalogie intéresse les universitaires et le grand public. La révolution industrielle a entraîné un exode rural. Les jeunes ont progressivement perdu le contact avec leur famille restée sur le lieu de naissance ou d’origine. Le déracinement est encore plus complet, lorsqu’ils se marient avec des conjoints issus d’autres régions et que leurs enfants naissent et partent à leur tour. Les difficultés de la vie urbaine, le poids des soucis professionnels, ceux engendrés par les nouvelles structures familiales, suscitent le besoin de se rattacher à un groupe. De plus, le niveau d’instruction s’est accru et généralisé, donnant le goût de l’histoire, le sens critique et une méthode.

Les archives ont dû s’adapter à cette nouvelle demande. Certains directeurs organisent des cours de paléographie ou d’aides à la recherche. La généalogie constitue une sorte de prolongement de soi. En ce sens, elle peut être considérée comme une quête identitaire.



SOURCE

Texte : BOOS. Emmanuel de : La Généalogie : famille je vous aime.

Image : ameriquefrançaise.org

dimanche 16 janvier 2011

Les Vikings


Aux Origines des Vikings
Dès le VIe millénaire av JC, des troupes de nomades sillonnent le Danemark et la Norvège, toujours en quête de terrains de chasse. Les Vikings savent construire des canoës légers facilement démontables et transportables. Ils servent à pêcher et à chasser le phoque et la baleine. Autour de -4000, un peu peuple d'agriculteur s'impose. Le renne domestiqué effectue des travaux de force et complète l'alimentation. Vers -3000, la métallurgie se développe, perfectionnant ainsi les outils et développant les bijoux. L'effondrement de l'empire romain, permet l'expansion des tribus venues d'Asie. D'intenses migrations ont lieu. Originaires du Danemark, les Angles et les Jutes s'installent en Bretagne. Les Vikings mettent sur pied des relations commerciales, qui tirent sa richesse du commerce des peaux. Tous les Vikings constituent le même peuple. Ils parlent la même langue (le norrois), ont la même religion et le même type de société.



La Suède est née au VIIe siècle de la réunion des Gota et des Svear. Ce pays est dirigé par un roi et tire sa puissance du commerce. La Norvège se crée au IXe siècle. Tous les royaumes se réunissent sous la bannière du roi Harold. La date de création du Danemark reste floue. Toutefois en 800, le roi Godfred attaque Charlemagne. Ceci tend à prouver qu'à cette époque le Danemark était assez fort pour attaquer un si puissant empire. Au début du IXe siècle, la population scandinave se met à développer considérablement. Plusieurs raisons expliquent ce phénomène : la modification du climat qui se fait plus doux et la polygamie qui multiplie les naissances. Toutes ces raisons poussent les Vikings à franchir les frontières du pays natal.


Les Norvégiens à la conquête du monde
Les Norvégiens côtoient les côtes de l'Ecosse et de l'Irlande. Ils attaquent et pillent les monastères. Ils jouent sur l'effet de surprise. En mars 899, Thorgsil conquiert l'Irlande, fonde la ville de Dyflinn (Dublin) et s'y fait couronner. Les Irlandais se rallient aux Danois, qui viennent de débarquer. Les deux pays se livrent une guerre pour l'Irlande, mais les Norvégiens l'emportent et fondent un grand royaume recoupant l'Irlande, l'Ecosse et l'île de Man. En 1000, le chef irlandais Brion Boroembe chasse les Vikings et reconquiert son pays.



La soif de conquête des Norvégiens est sans limite. Leurs razzias s'étendent sur toutes les côtes de la Manche jusqu'au Portugal. En 843, ils attaquent Nantes et remontent la Loire mettant le pays à feu et à sang. En 844, ils sont en Espagne et au Portugal. Ils poussent même jusqu'en Afrique.
Vers l'an 815, Floki de Rogaland s'installe en Islande. A ce premier établissement, une gigantesque migration se déclenche. Plus de 10.000 colons débarquent sur l'île en 60 ans. Les conditions de vie sont très similaires à celles de la Scandinavie. Aux petites communautés du départ se succèdent quatre royaumes fédéraux dirigés par une assemblée générale (l'Althing). Toutefois, l'Islande devient vite étroite pour les 60.000 habitants de l'île.



En 982, Erik le Rouge accusé de meurtre, est exilé d'Islande pour trois ans. Allant vers l'Ouest, il découvre le Groenland. Aussitôt des colons embarquent pour cette nouvelle terre. Cependant, les Norvégiens y mènent une vie misérable. Outre les peaux, il n'y a que très peu de matière première. La population composée de 3.000 personnes disparait petit à petit jusqu'au XVe siècle. En 992, le fils d'Erik le Rouge, Leifr quitte le Groenland et se dirige encore plus vers l'Ouest. Il découvre bientôt une terre aride et glaciale. En redescendant vers le sud, le climat se fait plus doux. Il baptise cette terre Markland. Pour la première fois, les Vikings sont confrontés aux Amérindiens Des colons s'installent, mais la maladie et l'hostilité des indigènes vient à bout des colons, qui préfèrent repartir.


Les Danois à l'assaut de l'Occident chrétien
En 834, les Danois attaquent la frontière de l'Empire Carolingien affaibli par son partage. Une flotte de plusieurs centaines de navires remontent l'Elbe. Le roi de France, Charles II le Chauve avait réussi jusque là à maintenir les Danois hors de son royaume par des négociations, mais cela ne suffit plus. En 878, les Danois remontent la Seine. En 885, ils sont aux portes de Paris. Le roi est parti faire là guerre en Italie, c'est le Comte d'Eudes qui gardent la ville avec 200 chevaliers. Les Danois s'acharnent durant des semaines, mais la ville résiste. Tant et si bien que les Vikings installés sur les rives doivent se résoudre à un siège. A la fin de 846, le roi est de retour avec des renforts. La ville est épargnée après des combats et des négociations. Le siège de Paris est l'occasion pour Eudes de renverser Charles II le Chauve et de se proclamer Roi de France.


A la faveur de leurs différentes attaques, les Vikings finissent par s'installer sur tout le cours inférieur de la Seine. Rollon est leur chef. Charles III le Simple, le nouveau roi signe avec lui le traité de Sainte Clair sur Epte, par lequel Rollon reçoit là Neustrie (Normandie). Ainsi devenu vassal, il se doit de défendre son territoire et de faire respecter l'autorité du roi de France. Raoul, Duc de Bourgogne renverse le roi et ravage les terres normandes. Alors, les Scandinaves devenus les Normands ripostent. La paix est signée et la Neustrie est agrandie. Le Duché de Normandie s'organise autour de Rouen et de Bayeux. Les Francs et les Vikings se mélangent facilement. Ces échanges sont favorisés par l'adoption générale du christianisme.

A partir de 835, les Danois font des attaques incessantes en Angleterre et établissent des colonies. Alfred de Wessex, roi d'Angleterre tentent de leur résister. Il parvient à reprendre Londres et libère une grande partie du pays. La fin du siècle est une période difficile pour les Danois en Angleterre. Ils sont attaqués à la fois par les Anglais et les Norvégiens, et menacés chez eux par la Suède. En 927, le roi Edouard Ier reprend la ville de York. Pris au piège, les Danois s'allient aux Anglais contre les Norvégiens. Le 13 novembre 1002, le roi anglais Aetherld ordonne la mise à mort de tous les Danois. Le Danois Svein ordonne de violentes représailles. En 1009, les Danois se rendent maître de l'île, mais les fils de Svein laisse s'effondrer le gouvernement et perdent le pays en 1035.


Les Suédois et la route de l'Orient
Vers la fin du IXe siècle, le Suédois Rurik prend le pouvoir dans la ville de Novgorod. Peu à peu, il dirige tout le pays. Son successeur, Oleg prend Kiev et annexe l'Ukraine. Il y développe le commerce et fait prospérer le pays. Pour se garantir d'éventuelles attaques, les Suédois jalonnent leurs itinéraires de camps retranchés et de comptoirs fortifiés.



En 907, Oleg est en vue de Constantinople à la tête de 86.000 hommes. Pris de panique, les Byzantins acceptent un traité commercial et verse un tribut important. Toutefois, l'extension suédoise n'est pas achevée. En 963, Sviatoslav, petit-fils d'Oleg défait le grand Kahn, ainsi que les troupes bulgares. Il meurt quelques mois plus tard dans une embuscade. Vladimir son fils repousse les bulgares et consolide l'empire russe naissant. La conversion de Vladimir au christianisme coupe les relations avec la Suède restée païenne.


Navigateurs et commerçants
A l'origine, les bateaux vikings ne comportent pas de quille et peuvent uniquement naviguer sur les fleuves. Ce n'est qu'au VIIe siècle que les Vikings introduisent la quille pour obtenir une stabilité et une poussée directionnelle, dressent un mat et hissent une voile. La silhouette de forme symétrique permet au bateau de faire des marches arrières sans difficulté. Malgré les prouesses techniques, les naufrages sont fréquents. Pourtant, les Vikings continuent sans relâche de sillonner les océans. Ils se transmettent les informations relatives aux courants et aux atterrages. Ils utilisent de véritables outils de navigation, indiquant la hauteur du soleil ainsi qu'une sorte d'astrolabe. Ils ont une certaine connaissance des astres.



Les Vikings sont autant des guerriers que des commerçants. Au fil de leurs conquêtes, ils achètent les épices et la soie d'Orient, l'or du Danube, le vin du Rhin et les armes des Francs, en échange du poisson, du miel, des peaux, du bois et de l'ivoire de morse. Les marchands se regroupent dans les villes et forment des guildes chargées de les protéger contre le pouvoir royal. Les Vikings n'ont pas de monnaie propre avant le Xe siècle. Ils utilisent les monnaies étrangères. Les Vikings créent le long des côtes des comptoirs fortifiés avec à leur tête un gouverneur. À côté des marchands se développe un riche artisanat.



Quand ils restent chez eux
La société scandinave est divisée en trois grandes classes. En bas, les esclaves sont des serfs, des prisonniers de guerre ou des hommes déchus de leurs droits suite à une condamnation juridique. Ils doivent avoir les cheveux courts et les enfants ont le même statut que leur mère. L'influence du christianisme va quelque peu adoucir leur condition de vie. Les hommes libres, propriétaires de leur terre ont une position sociale plus enviable que la plupart des paysans d'Europe. Ils ont le droit de porter une arme et de faire appel à la justice. A mesure que se développe la société, elle se diversifie. Il y a par exemple les artisans et les marchands. Les chefs et les rois sont élus par une assemblée (le Thing) et sont responsables de leurs actes devant leurs électeurs. Ils possèdent le pouvoir exécutif et religieux. Le Thing détient le pouvoir législatif et judiciaire. Il est composé des hommes libres ayant un domicile fixe. Les assemblées ont lieu deux fois par mois.



La famille Viking est littéralement soudée dans une extraordinaire solidarité. L'honneur y occupe une place primordiale et les règlements de comptes sont fréquents. Les Vikings vivent le plus souvent dans des fermes ou dans de grandes maisons communes. Elles sont de taille longue et allongée. Le toit est couvert de chaume, voire de gazon maintenu par des pierres plates et fait penser à un bateau. Toutes les activités (domestiques, industrielles, artisanales) se regroupent dans la maison. Elle vit en autarcie. Tout est fabriqué et produit sur place. Les grandes fermes possèdent leurs forges privées.



Les Vikings ont appris très tôt à exploiter les mines de fer. Souvent itinérant le forgeron offre ses services aux villages ou aux fermes. Sinon, il travaille en atelier et vend ses objets sur les marchés.





Les Dieux et les héros
La religion des Vikings est polythéiste. Les dieux résident à Asgard. C'est une forteresse au centre de laquelle pousse un frêne toujours vert nommé Yggdrasil. Trois dieux règnent. Tout d'abord, Odin le roi de la guerre chevauchant son cheval à huit jambes Sleipnir. Ensuite, Thor dieu de la foudre portant son marteau et Freyr dieu de la fertilité. Autour de ces dieux gravitent une quantité de dieux secondaires, d'elfes, de démons et de génies.



Les rites du culte s'insèrent dans les occupations de la vie quotidienne, mais l'acte le plus important reste l'acte collectif. Celui ci se déroule dans les forêts et dans les clairières. Il n'existe pas chez les Vikings de prêtres professionnels ne se consacrant qu'aux tâches religieuses. Le père de famille peut très bien remplir cette fonction. Le culte se traduit par des offrandes, de grandes fêtes et de sacrifices d'animaux voire d'êtres humains. Les Vikings établissent de véritables relations avec leurs dieux. Ils traitent avec eux leur demandant un service. Ils attendent que celui ci soit exaucé en échange d'offrande.



Les récits des dieux et des héros ne transmettent que par voie orale. Cette tradition constitue une caste de poètes et de conteurs, qui jouissent d'un important statut social et sont le plus souvent aux services des princes. Il n'y pas de textes écrits avant le XIe siècle et ils sont souvent l'œuvre des moines irlandais. C'est donc par ce biais que nous sont connues les bases de la civilisation viking.




"En franchissant le seuil d'une maison, observe avec soin toutes les issues, car nul ne sait sur quel banc se tapissent ses ennemis."
Proverbe viking





SOURCE

Texte : COHAT, Yves : Les Vikings

Image : myspace.com

mardi 4 janvier 2011

Versailles


Une passion démesurée
Les rois de France pratiquent tous dès leur plus jeune âge la chasse et plus particulièrement la chasse aux cerfs. Partout en France, des châteaux plus ou moins grands sont prévus à cet effet. Versailles région très boisée, a cet avantage d'être proche de Paris. La petite ville fait partie d'une seigneurie dont le propriétaire est Jean François Gondi, héritier d'une illustre famille florentine et premier archevêque de Paris, qui en fait l'acquisition en 1575.

Louis XIII chasse à Versailles pour la première fois en 1607 et tombe amoureux de l'endroit. Il décide en 1623 de faire construire un petit pavillon. Le 28 juin 1624, Nicolas Huau termine les travaux et le roi peut y passer sa première nuit. Au premier étage se trouvent les appartements du roi et au rez-de-chaussée ceux des gardes. Le pavillon est entouré de deux ailes qui forment les communs (cuisine, armurerie. . .). En 1631, le roi achète la seigneurie pour 100.000 livres. Le château est agrandit par Philibert le Roy.

Versailles a très mauvaise réputation à la cour. Le maréchal de Bassompierre le décrit comme un "château chétif duquel un simple gentilhomme ne voudrait point prendre vanité". Ce sentiment s'explique en grande partie par le terrain qui reste tout de même très marécageux. Louis XIII s'y rend assez souvent pour chasser, passer des troupes en revue, se détendre et travailler. De son père, Louis XIV hérite du goût de la chasse et de sa mère celui des belles manières. Mazarin lui fait découvrir l'art, Fouquet l'architecture et Colbert l'utilité politique. Le nouveau roi aime également la musique et la danse. L'idée lui vient de rassembler tout cela dans un seul et même endroit. Il ordonne de réaménager et d'agrandir le château de Versailles. Est-ce la magie du lieu, le bien être loin d'une cour surpeuplée ou un endroit tranquille pour les aventures amoureuses qui ont poussé Louis XIV a choisi cet endroit ? C'est probablement tout à la fois.

Pour les travaux, Louis XIV s'inspire très largement du château de Vaux le Vicomte appartenant à son surintendant des finances Nicolas Fouquet : l'ensemble des plafonds peints et les tapisseries de Le Brun, les jardins et pièces d'eau de Le Nôtre. Les deux fêtes de 1660 et 1666, ont contribué à donner des idées au roi. Insensiblement, l'idée fait son chemin. Louis XIV veut une maison qui lui ressemble et il se donne les moyens pour y parvenir. Il reprend l'équipe qui a travaillé à Vaux le Vicomte et dessine lui-même les plans. Le 6 mars 1682, il s'installe à Versailles encore en plein chantier. La cour et la ville de Paris, s'attache à détourer le roi de cette région. Colbert est farouchement opposé à ce dessein, mais finit par céder. Louis XIV tient absolument à garder le château construit par son père. Il oppose une forte volonté pour venir à bout de son entreprise.



Les étapes de la construction
Le premier grand moment de travaux commence en 1661 et dure quatre ans. Les communs de Louis XIII sont agrandis et ornés des statues des quatre éléments. L'ancien château demeure, mais il subit des modifications côté jardin. L'étage est doté d'un balcon de fer doré, les lucarnes se transforment en mansardes et les ornements se dorent. A l'intérieur, les appartements sont redistribués. Le Nôtre redessine les jardins. Le parterre occidental s'allonge vers un parc symétrique où se dressent des allées, des bosquets et des labyrinthes. Le parterre du midi domine une orangerie tandis qu'à l'Ouest on construit une ménagerie.

Le deuxième moment commence 1668. Tout d'abord, Le Vau construit une enveloppe qui ménageant les cours intérieures, s'appuie sur les quatre pavillons. Le vieux bâti n'est toujours pas détruit. Il reste visible côté ville. En revanche de l'autre côté, il est enchâssé dans une nouvelle façade. En 1670, Le Vau meurt et est remplacé par François d'Orbay. A l'étage se trouvent les grands appartements constitués en enfilade de salons dédiés aux planètes qui gravitent autour du soleil. Ceux ci sont aménagés par Le Brun. Les deux grands appartements du roi et de la reine communiquent par une terrasse peu étanche. Dès 1669, la recouvrir semble inévitable. Sur ordre du roi, Hardouin-Mansart et Le Brun édifient la galerie des glaces. Celle ci est longue de 76m et plaquée de marbre. Elle couronne avec ses miroirs qui reflètent chacune des hautes fenêtres, la magnificence du lieu. Sur la voûte, Le Brun célèbre les gloires du début du règne de Louis XIV.

Au fur et à mesure des aménagements du château, cinq chapelles ont existé. En 1665, la première est située dans le petit pavillon d'angle Nord-est. En 1672, elle occupe l'actuelle salle des gardes de la reine et en 1676 celle de la garde du roi. En 1682, on bénit celle qui vient d'être construite entre l’extrémité du grand appartement du roi et le salon d'Hercule. Le 5 juin 1710, le Cardinal de Noailles consacre la dernière, commencé par Hardouin-Mansart et achevé par Robert de Cotte. Construite dans la tradition des chapelles palatines, elle communique avec les appartements du roi au premier étage.

Aux parterres de broderies végétales qui entouraient le château de Louis XIII, Le Nôtre substitue un grand parc ouvert construit sur deux axes, l'un en longeant le château et l'autre s'éloignant dans la perspective du grand canal (1520m). Le tout est entrecoupé de nombreux vases, statues et fontaines. Au Nord du canal, Louis XIV confie à Le Vau la transformation du hameau de Trianon en une résidence de plaisance. En 1670, François d'Orbay construit cinq pavillons recouverts de carreaux de porcelaine. Celui ci est remplacé en 1687, par le Trianon en marbre d'Hardouin-Mansart. Louis XV cherche à rendre plus confortable et plus chaleureux les appartements. Au marbre se substituent des ensembles plus petits et raffinés composés de boiseries blanches et dorées. Autour des cours intérieures s'empilent ainsi étages et entresols relayés par de nombreux escaliers. Louis XV répugne d'amputer l'œuvre de son grand-père, mais l'escalier des ambassadeurs en trop mauvais état est détruit en 1752.

L'opéra voit enfin le jour. Après le manège de la petite écurie et la salle de comédie de la cour des princes, le théâtre commencé en 1763 par l'architecte Gabriel est inauguré. A côté de Trianon, Louis XV fait bâtir en 1750 une salle de jeu et en 1759 le petit Trianon destiné à Mme de Pompadour. Il est inauguré en 1770 par Mme du Barry. En 1774, Louis XVI en fait don à Marie Antoinette qui fait réaménager les jardins et construire son hameau. Ce dernier constitue une véritable petite exploitation agricole au temps de la redécouverte rousseauiste de la nature. Ce sera là l'ultime étape de la construction du domaine royal.


La vie côté cour et côté jardin
En 1679, Louis XIV signe l'édit de fondation de Versailles, par lequel il fait don des places à toutes personnes qui voudraient bâtir à la charge d'entretenir les bâtiments dans le même état de symétrie. Voici comment naît l'urbanisme de la ville de Versailles. Les nobles s'empressent d'y construire leur hôtel faisant augmenter les prix. A côté du jardin sont construits les écuries et le grand commun (lieu lié à la nourriture et aux appartements des domestiques). Un potager est également créé.

A la fin du règne de Louis XIV, Versailles est endeuillé par les guerres et les décès dans la famille royale. Sous l'influence de Mme de Maintenon, l'ambiance devient plus dévote. Plus tard, la timidité de Louis XV et ses nombreux voyages finiront d'affaiblir la cour. La noblesse ne la quitte pas bien sûr, puisqu'elle reste le lieu privilégié pour obtenir des charges et des faveurs. Toutefois, ils sont de plus en plus à louer une chambre au château et à retourner à Paris dès leurs affaires finies. A l'intérieur du château, le roi de France naît, vit et meurt en public et la vie quotidienne est un opéra parfaitement orchestré. Les appartements du roi sont ouverts à tous les nobles, domestiques et ouvriers-artisans. Les journées sont réglées suivant une étiquette stricte : lever, entrée, travail, messe, travail, dîner, promenade, messe, travail, souper, divertissements, coucher). C'est une journée somme toute équilibrée, mais lourde où le roi n'a pas une minute à lui et où il ne voit guère sa famille. Les courtisans guettent le roi dans les grandes galeries en vue de se faire bien voir et d'obtenir une faveur. Mais la somptuosité de Versailles se révèle aussi à travers toute l'Europe. En effet, le roi reçoit en audience les ambassadeurs étrangers qui sont autant de manifestations de la splendeur et de la grandeur du roi. Il existe également surtout à partir de Louis XV, des pièces plus privées où seuls sont admis les proches et les élus. On les appelle des antichambres.

Les reines de France ont à Versailles une vie officielle et discrète. Si Marie Thérèse d'Autriche vit peu à Versailles étant morte quelques ans après la fin des premiers travaux, la vie de Marie Leszcynska se déroule officiellement dans son grand appartement. Les reines ont une étiquette très semblable à celle du roi. Marie Antoinette, quant à elle s'entoure d'une véritable cour où se mélange danse, musique, littérature et théâtre. Les enfants habitent dans l'aile du midi. Ils doivent se plier à une dure discipline et à une stricte étiquette. Les maîtresses du roi ont aussi leur place à Versailles. Elles sont très courtisées par les nobles qui cherchent à obtenir des faveurs. Louis XIV va chercher conseils et repos auprès de Mme de Montespan puis de Mme de Maintenon, Louis XV auprès de Mme de Pompadour et de Mme Du Barry.



L'art monarchique
Louis XIV encourage les artistes par des pensions. Colbert crée ou réorganise les grandes institutions artistiques et scientifiques. Dans le domaine scientifique, il désire encourager la recherche, facteur de prospérité pour la France. Dans le domaine artistique, il désire discipliner l'art par un enseignement fondé sur l'imitation des anciens pour la gloire du souverain. L'Italie reste la terre des artistes, même si le Nord (Flandres ; Provinces-Unies) commence à se démarquer. Jusqu'au XVIIIe siècle, l'art est italien. A son tour le Nôtre doit domestiquer la nature. Aux thèmes antiques, il juxtapose l'exotisme avec l'orangerie, la ménagerie et ses grottes.
Versailles est un véritable musée d'art ouvert en plein ciel. Face à l'Europe, un ensemble de pièces clament l'excellence des artistes français et l'infinitude de leurs œuvres. L'antique et le grand décor italien restent la référence. On y retrouve les thèmes de la mythologie grecque. Il existe également tout un programme politique qui vise à montrer à l'Europe la grandeur de la France et de son roi. Au XVIIIe siècle, se développe un autre style de vie basé sur le bonheur et la douceur de vivre. Cela se ressent sur l'art et la cour.



Un manifeste politique ou un temple de l'histoire ?
Sous Louis XIV, Versailles devient la capitale de la France, mais peut-on considérer que l'installation du gouvernement a été le fruit d'une longue préméditation ? Louis XIV n'a véritablement sa chambre officielle qu'en 1701. Quant à son emménagement en 1676, il se fait dans un véritable chantier. Louis XIV en tant que roi a compris l'importance de la communication de la politique. C'est la magnificence de Versailles et les fastes de la cour, qui montrent la richesse de la France et la puissance de son roi.

Versailles incarne la nation. Une nation dont il faut rappeler l'immémorabilité. Une nation connue jusqu'aux extrémités du monde. Dès 1678, le règne de Louis XIV est suffisamment glorieux pour que le roi puisse se passer des références aux héros grecs et aux empereurs romains. Les dernières commandes de Louis XIV n'ont plus rien à voir avec l'Antiquité. Dorénavant ce sont des lieux ou des évènements contemporains qui sont représentés. Sous ses successeurs, l'identité entre l'homme et le roi et entre le roi et Versailles s'amenuise. Dans les esprits, Versailles reste le château de Louis XIV et est synonyme de l'absolutisme. L'ouverture des états généraux le 4 mai 1789, est le dernier grand spectacle offert à Versailles sous la monarchie.

La Révolution ne détruit pas ce monument chargé de sens. Elle se contente de le vider. Tout est envoyé dans les musés parisiens. Le château sera utilisé par Napoléon Ier comme annexe des Invalides. Louis Philippe veut recréer dans un vaste musée l'histoire de France et ainsi asseoir sa légitimité. Il fait entreposer dans les galeries de Versailles toute une série de tableaux regroupant les grands évènements de la nation. Napoléon III et la Troisième République compléteront les collections. Depuis 1875, le Sénat et l'Assemblée Nationale se retrouvent à Versailles, afin de discuter des questions importantes comme la rédaction de la constitution. Si la France veut honorer un visiteur, c'est à Versailles qu'elle le fait. Comme l'a voulu Louis XIV, Versailles est un chef d'œuvre voué au service de la France.


" Il est allé à cinq heures du soir à Versailles, où on lui prépare comédies, ballets, parades"
Jean le Rond d'Alembert
"


Source
Texte : CONSTANT. Claire, Versailles
Image : hgec.wordpress.com

lundi 3 janvier 2011

Les Templiers

Les pauvres chevaliers du Christ
Le 15 juillet 1099, Jérusalem tombe aux mains des croisés lors de la Première croisade. L'avancée rapide des Arabes et l'impossibilité qu'ont les chrétiens de venir en pèlerinage sur le tombeau du Christ, lève l'indignation dans toute l'Europe. Des marées humaines avec l'accord du pape se mettent en route. La création du Royaume de Jérusalem n'a pas sécurisé la région.

En 1118, le champenois Hughes de Payns regroupe ses compagnons au sein d'un ordre appelé les pauvres chevaliers du Christ. Ils se donnent pour vocation d'assurer le service et la défense des pèlerins. Leurs services sont très appréciés et Baudouin II leur donne le temple de Salomon comme quartier général. Ils prennent ainsi le nom de templiers.

En 1128, Hughes de Payns se rend à Rome pour solliciter du Pape une reconnaissance officielle et établir une règle propre à leur vie. Un concile se réunit le 13 janvier 1129 à Troyes. L'ordre est divisé en grade militaire. La tenue est réglementée : une robe blanche. La croix rouge viendra plus tard. A la tête de l'ordre se trouve le maître. Il est le garant des règles. Il est assisté d'un conseil et de son lieutenant, le sénéchal. Les templiers sont des chevaliers, qui assurent une mission de protection. Le reste du temps, ce sont des moines qui respectent le serment de pauvreté, de chasteté et la prière.


Gens d'épée et gens d'église
Les templiers sont implantés à Jérusalem, Tripoli, Antioche, ainsi que dans un grand nombre de provinces occidentales. Chaque confrérie a à sa tête un maître. Leur nombre augmente, grâce aux donations. A la fin du XIIIe siècle, on compte 9.000 commanderies en Europe dont 3.000 en France.

Les commanderies d'Europe sont avant tout des exploitations agricoles, dotées de chapelles. Les commanderies fortifiées se trouvent essentiellement en Espagne et au Portugal. Les souverains espagnols ont fait appel aux templiers pour se protéger de la menace sarrasine. Les constructions élevées en Orient témoignent toutes du caractère prioritairement militaire de l'ordre. Des villes entières sont parfois confiées à la surveillance du Temple. C'est au XIIe siècle que sont bâties les forteresses comme Châtel-Pelerin.

La vie des templiers se présente sous deux aspects, qui sont d'ailleurs l'un et l'autre familiers de la société féodale. Ceux en Orient ont une fonction militaire, puisqu'ils protègent les pèlerins et participent même à des batailles. Ceux en Occident sont des exploitants, veillant aux récoltes et font parvenir leurs vivres aux commanderies d'Orient. Leur vie quotidienne est copiée sur le modèle cistercien basé sur l'austérité dans le bâti, le vêtement et accordant une grande place au travail de la terre.


La défense de la Terre Sainte
La chute d'Edesse en 1144 marque le début de la seconde croisade, dirigée par le roi de France Louis VII et l'empereur Conrad III, mais pour diverses raisons celle ci échoue. Louis VII perdu en Syrie décide de se mettre sous la protection du Temple, qui l'aide à organiser sa retraite.

Très tôt, les templiers sont accusés de mener une politique personnelle. En 1168, l'ordre refuse de s'associer au roi de Jérusalem contre l'Egypte. Ils s'opposent aux hospitaliers fondé en 1113 et ayant les mêmes prérogatives. Vers 1185 alors que les Etats Latins d'Orient sont menacés par Saladin, le Flamand Gérard de Richefort devient le nouveau grand maitre du Temple. C'est un chevalier errant venu en Terre Sainte pour y chercher la gloire et l'argent. Il affronte les armées musulmanes à Caral. Son armée est encerclée et Saladin massacre tous les templiers, mais laisse la vie sauve à Gérard de Richefort. Il est accusé d'avoir causé cette défaite. Il est ratier de l'ordre. C'est Robert Sable, un proche de Richard Cœur de Lion, qui le remplace. Les templiers sont au côté du roi d'Angleterre lors de la troisième croisade. Ils prennent également part à la campagne menée par le roi de Jérusalem en Egypte.

Lors de la sixième croisade menée par Frédéric II, les templiers sont en conflit avec l'Ordre des Chevaliers Teutoniques, un autre ordre remplissant les mêmes fonctions. Tous leurs membres sont allemands et servent l'empereur. Les deux ordres sont en concurrence, d'autant plus que Frédéric II a été excommunié. Avec les hospitaliers, ces deux ordres ont des conquêtes politiques et territoriales, se traduisant par des alliances avec les divers royaumes latins.

Les templiers s'allient à Saint Louis lors de la septième croisade. Le roi de France est capturé, puis libéré contre une rançon. Il se remet en route, libère des forteresses, renforce les royaumes en cassant des traités passés entre les templiers et le sultan de Damas. L'ordre du Temple y gagne une réputation d'orgueil et d'insubordination. Saint Louis repart en 1254. A partir de cette date, les conflits avec les hospitaliers reprennent. Ils sont renforcés par les deux puissances maritimes italiennes. En effet, les templiers sont soutenus par Venise et les hospitaliers par Gênes. En 1280, la situation des Etats Latins d'Orient est désespérée. Les Mamelouks ont repris l'ensemble des territoires. La réunion des deux ordres arrive trop tard et ceux qui ne sont pas enfuis, sont massacrés.


Vers la ruine du Temple
Fin XIIIe siècle, les templiers ne sont plus présents au Proche Orient. Ils ont donc perdu leur vocation de protection des pèlerins, contrairement aux hospitaliers, qui se sont reconvertis dans la gestion des hôpitaux et l'aide aux malades. Leur impopularité grandit de jour en jour. Ils sont exempts de toutes taxes, échappent à la justice séculaire et possèdent de nombreux domaines. Par ailleurs, les pèlerins au moment de leur départ, confient leur argent aux templiers contre des échanges en bon du trésor. Cela permet aux pèlerins de disposer de numéraire sans le transporter avec soi. Les templiers sont devenus des banquiers et des financiers. Le Temple de Paris recueille les finances royales. Il est l'ancêtre de la Chambre des Comptes. En 1295, une partie du Trésor est transporté au Louvre et mis sous la gestion de banquiers florentins.

Le 13 octobre 1307, tous les templiers de France sont arrêtés par ordre de Philippe le Bel. Cette opération est préparée de longue date et tenue secrète. Trois milles commanderies sont investies par les baillis et les sénéchaux, le même jour et à la même heure. Le roi de France sait qu'il n'a rien à craindre du Pape. Bertrand de Got est institué le 5 juin 1305, sous le nom de Clément V. C'est un français, archevêque de Bordeaux. Le nouveau pape refuse de rester à Rome, déchirée par des rivalités politiques. Il évite d'ailleurs de justesse un attentat. Il prend la décision de déplacer la cour pontificale en Avignon.


Les templiers au bûcher
Dès le départ, les templiers sont accusés d'outrages à la personne du Christ et de rites obscènes. Ils adorent Baphomet, une ancienne divinité païenne. Philippe IV envoie des lettres dans toute l'Europe pour inciter les autres monarques à arrêter les templiers. Il ne reçoit aucune réponse. Seuls les templiers résidants en France sont inquiétés.

Les templiers sont mis à la question. Sur 138 membres, 38 meurent et seulement trois avouent les faits. Le 17 octobre 1307, Clément V réunit les cardinaux et assure les templiers de sa protection. Néanmoins, un mois plus tard, il change d'avis et ordonne l'arrestation de tous les templiers. Il déclare que l'affaire doit comparaitre devant les tribunaux ecclésiastiques. Le 25 mars, le roi convoque les Etats Généraux à Tours et obtient la poursuite du procès. Le pape envoie des cardinaux chargés de refaire les interrogatoires. Ces derniers confirment les aveux. Clément V décide avec Philippe IV de créer des commissions spéciales.

Le 26 mars 1309, Jacques de Molay, grand maitre du Temple, comparait. Il nie les faits et réfute sa déposition. Le 11 mai 1311, 54 templiers sont condamnés à mort. Le 16 octobre, un vaste concile se réunit à Vienne dans le comtat Venaissin, pour régler l'affaire, mais le roi interdit aux templiers de s'y rendre. Quant à lui, il demande la suppression de l'ordre. Clément V entérine cette décision et ordonne que les possessions des templiers reviennent aux hospitaliers. Philippe IV ne peut pas mettre la main sur cet héritage comme il l'avait espéré. Le 22 décembre 1312, Clément V délègue ses pouvoirs à trois cardinaux profrançais. Ces derniers prononcent la condamnation à mort des grands dignitaires de l'ordre.

La mort du pape, le 19 avril 1314, puis celle du roi, le 20 novembre bouleverse le peuple. Ainsi nait la légende de la malédiction de Jacques de Molay. Nulle part en Europe, les accusations de Philippe IV sont relevées. L'ordre dissout les membres restants rejoignent d'autres confréries.



" On accusait les templiers de réunir tous ce que l'on reprochait à ces deux professions : les débauches, la cruauté du guerrier et l'insatiable passion d'acquérir qu'on impute à ces grands ordres qui ont fait vœu de pauvreté."
Voltaire


Source
Texte : PERNOUD. Régine : Les Pauvres Chevaliers du Christ
Image : rennes-le-chateau-archive.com