mardi 7 décembre 2010

La Mésopotamie


Une si longue histoire
La Mésopotamie est une région d'Irak située entre le Tigre et l'Euphrate. Les premiers occupants sont arrivés par le Nord-est au VI millénaire av. JC. Ils ont introduit les céréales, les fruits et les légumes. Peu à peu, tout le pays se recouvre de villages puis de bourgs.

Vers -4000, un peuple venu d'Arabie, les Akkadiens s'installent en Syrie dans la région d'Ebla et d'Alep. Par la suite, ils ont progressivement descendu vers le Golfe Persique. C'est ici qu'ils rencontrent les autres populations rassemblées, appelés les Sumériens. Les deux peuples mettent en commun leur culte et leurs technologies. Mais au IIIe millénaire, les Sumériens finissent par disparaître. C'est à cette période qu'est inventée l'écriture en -3200 dans le but de remplir des fonctions comptables. L'irrigation se développe, mettant en place une agriculture à grande échelle. Une pareille entreprise ne nécessite pas seulement une main d'œuvre abondante, mais également une direction centrale capable de planifier la construction de tous les canaux. Les villages se regroupent en de plus amples communautés. Cette révolution a implanté dans les mentalités un sens aigu du pouvoir centralisé et monarchique.

La population partage une vie intellectuelle matérielle et religieuse identique, mais reste divisée en cité-états. C'est le cas d'Ur et d'Uruk. Toutes ces cités sont en guerre les unes contre les autres. Vers -2300, Sargon roi d'Akkad parvient au prix d'une longue série de guerre à unifier toutes les cité-états de la Syrie et de l'Iran et fonde le premier empire mésopotamien. Cet empire est divisé à sa mort entre ses deux fils. Il va au fil du XXIIIe siècle, sombrer dans la ruine et l'anarchie. Les Akkadiens voient arriver sur leur terre, un autre peuple venant également d'Arabie appelé les Amorrites. Ces derniers s'adoptent vite aux coutumes mésopotamiennes.

Pendant plusieurs siècles, le pays se compose en puissants royaumes comme Lagash ou Ur avec son roi nommé Gudea. Mais le second millénaire voit l'émergence d'une nouvelle puissance Babylone et de son roi Hammourabi. Ce dernier va reconstituer l'empire de Sargon. Toutefois, son œuvre ne lui survit pas, minée par des dissensions intérieures et menacée à l'extérieur par les Elamites et les Hittites. A la même époque, la partie méridionale de l'Empire prend son indépendance et devient l'Assyrie. Toutefois, les relations avec Babylone ne sont pas coupées. Par ailleurs, une nouvelle vague d'émigrant venu une nouvelle fois d'Arabie, les Araméens déferlent sur le pays. Plus évolué que les Amorrites à leur arrivée, ces nouveaux venus ne se plient guère au mode de vie babylonien. Ils préfèrent vivre entre eux, créant des ghettos dans les villes, qui échappent au pouvoir central.

Le Ier millénaire est dominé par l'Assyrie, à la merci de laquelle reste réduite Babylone. Les empereurs assyriens au prix de lourds efforts militaires parviennent à soumettre tous leurs adversaires. Dans cet empire, Babylone n'est plus qu'une capitale religieuse et culturelle. Cependant le royaume se soulève en -612. La ville redevient un grand centre politique et la ville la plus célèbre dans le monde proche oriental. Cette puissance recouvrée ne dure pas longtemps, malgré le règne glorieux de Nabuchodonosor II. Babylone succombe à la nouvelle puissance qu'est la Perse. En -539, Babylone tombe par trahison entre les mains de Cyrus II.

Deux siècles plus tard, la ville tombe entre les mains d'Alexandre le Grand roi de Macédoine et protecteur de la Grèce. A sa mort, Babylone devient le centre du royaume Séleucide et sombre peu à peu dans l'oubli.


Une haute civilisation
La langue officielle est le sumérien et l'akkadien et persiste à travers les siècles pour les sciences, la religion et la littérature. Les scientifiques sont nombreux à Babylone. Comme leurs ancêtres sumériens, ils dénotent une surprenante curiosité, une passion de savoir et de comprendre, de classer, de ranger, d'analyser et de comparer les phénomènes de l'univers. L'écriture très complexe, reste l'apanage d'une catégorie close de professionnels, qui suivent de longues études. Ils se spécialisent ensuite dans les offices notariaux, les bureaux de secrétaires, municipaux ou royaux. Seules ces personnes ont accès à cet art. Même les plus grands souverains sont illettrés. La culture mésopotamienne reste une culture orale.


Le Roi et son peuple
Nous ignorons comment s'est instaurée la monarchie en Mésopotamie, mais celle ci se maintient par dynastie. Le roi doit par son mariage, avoir un héritier. Il n'y a pas de droit d'aînesse entre les fils. C'est le père qui choisit, ce qui ne va pas toujours sans compétitions plus ou moins sanglantes. Jusqu'au moment où un autre aristocrate élimine le roi, prend le pouvoir et fonde une nouvelle dynastie.

Il existe à côté du souverain une ou deux assemblées servant de contrepoids aux volontés du souverain. Il existe dans les provinces et dans les villes de telles assemblées, qui représentent le pouvoir royal. La cour est composée de hauts fonctionnaires et d'un grand nombre d’aristocrates exerçant des fonctions de gouverneur dans les provinces. Le roi est au sommet d'une gigantesque administration, qui tend à s'étendre et à se complexifier au fur et à mesure que le royaume s'étend. Le roi doit protéger et défendre le pays contre les ennemis extérieurs et intérieurs et gouverner avec sagesse pour faire respecter les lois et assurer la bonne marche du pays. Législateur unique par ses décisions et décrets, le roi joue le rôle de garant de la justice et de juge suprême.

A partir du IIe millénaire, le commerce extérieur constitue une source vitale. Dépourvu de matières premières, la Mésopotamie doit tout importer. Les négociants et les commis se rendent sur place et même s'installent à l'étranger. Le roi n'intervient guère dans le commerce, sauf en cas de nécessité absolue. Dans ce cas là, il organise des campagnes militaires. En règle générale, les rois préfèrent entretenir des relations pacifiques avec leurs voisins. Les affaires se règlent par le biais des ambassadeurs. Le commerce permet de financer les grands travaux publics et religieux, regroupant l'édification des temples, l'enrichissement des palais, la fortification des villes et l'entretient des canaux.


Les travaux et les jours
La société mésopotamienne n'est pas égalitaire. Elle est constituée de deux grandes catégories : les hommes libres et les esclaves. Ces derniers le sont de par leur naissance, en tant que prisonnier de guerre ou temporairement pour dette. Les esclaves sont d'avantage considérés comme des serviteurs et traités en tant que tel. L'affranchissement est possible. Les hommes libres se divisent eux mêmes en deux catégories : l'aristocratie militaire, politique, religieuse et ceux de moindre condition.

Le cadre de la société reste celui de la ville et de ses abords. Le cadre temporel est basé sur les mouvements de la lune et comprend douze mois. L'uniformisation des calendriers en Mésopotamie s'est opérée au IIe millénaire. Auparavant, chaque cité-état possédait son propre calendrier.

Les femmes paraissent avoir été traitées avec une certaine considération et libéralité, même si on les tient d'emblée pour inférieures et soumises aux hommes. L'épouse est la propriété du mari. Le droit lui permet toutefois de posséder des biens en mains propres et d'avoir recours à la justice. La seule association entre un homme et une femme reste le mariage, destiné à donner une descendance à la famille. Le mariage le plus courant est celui organisé entre les familles où les mères jouent un rôle important. Le premier entretien est l'occasion de passer un contrat et de négocier la dot de la mariée. Le mariage est célébré par un rituel suivi d'un festin et de la nuit de noce. A partir de ce jour là, la femme doit rester voilée, afin de signaler à la communauté qu'elle n'est plus célibataire. Le divorce n'existe pas. Seul le mari a le droit de rompre l'union et seulement pour cause d'adultère. Le mariage est une alliance familiale et n'a rien à voir avec l'amour. Toutefois, l'amour et le sexe occupent une place importante dans la société mésopotamienne. Cela est facilité par le fait que la religion n'impose aucune morale. La prostitution très présente aussi bien masculine que féminine, fait l'objet d'une importante organisation, placée sous la protection de la déesse Ishtar.

L'enfant tient une place importante et l'avortement est considéré comme un crime grave. Jusqu'à leur adolescence, les enfants sont élevés au foyer par leur mère. L'école est uniquement réservée aux scribes. Les femmes travaillent dans les métiers du tissage et son devoir est de tenir la maison. La cuisine est un des grands plaisirs de la vie. La base de l'alimentation est le blé et la bière, mais il faut y ajouter la viande (porc, mouton), les poissons et les fruits. Les hommes se livrent à de pénibles travaux, car tous doivent canaliser leur énergie pour le service de l'Etat, notamment dans l'armée. Le travail est rétribué par le roi. Si l'agriculture reste la profession la plus répandue, les artisans réunis dans les ateliers sont très nombreux.


L'intelligentsia
Tout ce qui est lié aux mathématiques a été développé en fonction d'impératifs économiques. Les premières tablettes contiennent des systèmes de numérotation et ont servi pour la comptabilité. A partir du IVe millénaire, le système numéral devient décimal. Sur le même modèle est né le droit, donnant naissance au code de lois, dont le plus célèbre est celui d'Hammourabi. C'est le cas aussi de la divination. Les Mésopotamiens pensent que les dieux connaissant l'avenir, peuvent le révéler à travers des évènements particuliers. Tous ces phénomènes observés ont été conservés dans des catalogues et annotés d'analyses. L'astrologie liée à la divination, prend son essor au Ier millénaire. Les observateurs ont repéré les constellations et les mouvements des astres. La médecine quant à elle, se présente sous la forme de recette de remèdes thérapeutiques en fonction des symptômes.

Les savants ont voulu comprendre les êtres de l'univers et les classer. Au fil des siècles, les érudits ont constitué une riche encyclopédie contenant plus de 10.000 sujets. Elle recense toutes les choses de l'univers matériel. A partir de là, sont nés les traités de linguistique en sumérien et en akkadien. Au niveau de la littérature, il n'existe pas de droit d'auteur et chacun est libre de faire ce qu'il veut des textes. Au fil du temps, les goûts et les styles ont évolué. Néanmoins, il reste quelques textes qui ont traversé les époques comme l'Epopée de Gilgamesh.


Les Dieux
La société mésopotamienne est foisonnée de mythes destinés à expliquer les choses se passant sur la Terre, mais également pour trouver des réponses aux questions qui hantent chaque humain. Les Mésopotamiens sont convaincus qu'il existe un monde invisible et supérieur où résident les dieux. Ceci sont des deux sexes et organisés en une hiérarchie.

La Terre est composée de trois parties : les cieux, le monde des humains et les Enfers. Au départ, il existait plusieurs milliers de divinités, mais leur nombre tend à diminuer au fil du temps. Par ailleurs, les hiérarchies sont bouleversées en fonction des changements politiques. Le panthéon mésopotamien compte une trentaine de divinités principales. Enlil, le roi des dieux, prend le pouvoir avec l'abdication de son père Anu. Il est secondé par son frère Enki. Les déesses jouent comme dans la société humaine, le rôle d'épouse et n'occupent pas de fonctions importantes. Seule Ishtar, déesse de la guerre et de l'amour libre, sort du lot. Au Ier millénaire, c'est Marduk le dieu protecteur de Babylone qui devient le roi des dieux.

Les dieux ne sont pas localisés. Tantôt, ils vivent dans leur temple, tantôt ils s'incarnent dans les éléments qu'ils représentent. Le monde est l'œuvre de quelques dieux qui se sont multipliés au fil du temps. Les dieux primaires ont aménagé la Terre pour y vivre et pour en vivre. La création de l'Homme est relatée dans le mythe du Supersage. Les dieux ne voulant plus travailler, Enki eut l'idée de créer l'Homme comme suppléant, mélangé de terre argileuse et de sang divin. C'est ce qui explique que pour les Mésopotamiens la vie n'a de valeur que pour le service des dieux. Afin de diriger les Hommes, les dieux insufflent une destinée à certain d'entre eux pour gouverner.

Les oracles sont les intermédiaires par lesquels les dieux font connaître leur volonté aux humains. Quoiqu'il se passe, bon ou mauvais, chaque chose est la volonté des dieux et ne peut pas être remis en question, car elle est fait partie d'un large dessin. Ainsi, aller contre l'ordre social, c'est aller contre la volonté des dieux et cela constitue un grave pêché. Cette faute est châtiée non seulement dans le monde des vivants, mais aussi après la mort. Il existe toute sorte de rites de purification, afin de laver ses pêchés. Le seul moyen de s'en débarrasser est qu'un prête pratique un rite d'exorcisme. Malgré cela, la morale n'occupe pas une place importante dans la religion mésopotamienne. Du moment que l'on a travaillé pour son dieu et rendu le culte qu'il méritait, et qu'on ne le froissait pas, tout est permis.



Sources :
texte : BOTTERO. Jean : Babylone
image : fr.blog.360.yahoo.com

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