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lundi 14 novembre 2011

Les Gaulois

Au XIXe siècle, les Gaulois détrônent les Francs dans le rôle des ancêtres des Français. Ils possèdent l’image de fiers guerriers moustachus et sans cesse occupés à se quereller et à festoyer. C’est une image fausse, conséquence de l’absence d’écrits et de grands monuments perpétuant leur mémoire. Les Gaulois sont devenus nos ancêtres pour marquer la continuité de la France. Mettre en avant les Gaulois plutôt que les Francs, sert à montrer la prééminence de la République sur la monarchie et à créer une unité nationale face à la construction nationale allemande.


Un peuple celte parmi d’autres
Les Gaulois sont des celtes, mais tous les Celtes ne sont pas gaulois. A partir du VIIIe siècle av JC, les Celtes s’installent progressivement en Europe. Au VIe siècle av JC, ils s’installent en Angleterre et en Espagne, au Ve siècle av JC en Allemagne et en Suisse. Ainsi, ils occupent un vaste territoire des bords de la Loire jusqu’en Autriche. Au IIIe siècle av JC, ils sont présents dans les Balkans, en Bulgarie et en Turquie. Le terme gaulois est né sous la plume des Romains au IVe siècle av JC, pour désigner les peuples vivant au-delà des Alpes. Les Grecs, deux siècles plus tôt, parlent de Celtes.

Les Celtes possèdent une certaine unité culturelle se caractérisant par un goût prononcé pour les armes et la guerre, ainsi que pour les rituels religieux. Les langues celtiques ont une origine commune, mais forment un groupe disparate.

S’ils partagent un même territoire et une même culture, les Celtes sont morcelés politiquement. Chaque peuple tient à son autonomie et ils se battent ou s’allient selon leurs intérêts propres. Des fédérations peuvent voir le jour, à l’instar des Eduens, allié à une dizaine de peuples entre la Belgique et Lyon.

En -125, la cité de Massilia (Marseille) demande l’aide des Romains contre les Arvernes. Victorieux, les Romains colonisent le Languedoc, la Provence, le Roussillon, les Alpes et une partie de la vallée du Rhône. L’Italie et l’Espagne sont désormais reliées par une route terrestre. En -58, César prend le prétexte d’une invasion des Helvètes sur le territoire Eduen alliés de Rome, pour pénétrer en Gaule. La domination s’étend sur l’ensemble des Gaules. En -54, les Gaulois se révoltent. Vercingétorix, chef des Avernes, prend la tête d’une coalition. Il bat les Romains à Gergovie, mais doit se rendre à Alésia en -51. Très vite, les Gaulois adoptent les modes de vie et l’architecture des Romains. La Romanisation se développe à partir des produits et de la noblesse latinisant leurs noms. Le latin devient peu à peu la langue courante.


La politique et la guerre
La Gaule est constituée de petits Etats indépendants à la société hiérarchisée, fondés sur des activités agricoles et militaires. Les Gaulois s’opposent à la tyrannie. Il existe deux magistrats ou deux assemblées par Etat. Les chroniqueurs grecs et romains relatent les talents oratoires des Gaulois.

L’élite se compose des druides, ainsi que d’une aristocratie tirant son pouvoir de la guerre et sa richesse du commerce. La position sociale dépend aussi de la capacité à fédérer une clientèle. En échange de la protection de leur patron, les clients souvent issus de la plèbe, offrent leur force de travail et servent de bras pour la guerre. Ce système est l’ancêtre de la vassalité.

La guerre est un moyen de régler les conflits individuels ou collectifs. Les effectifs de la cavalerie dépassent toujours ceux de l’infanterie. Passionnés par les chevaux, qui font l’objet d’un véritable culte, les Gaulois combattent prioritairement à cheval.

Les Gaulois sont réputés pour leur sidérurgie. Leurs épées sont de bonne qualité. Mourir sur le champ de bataille en brave permet d’accéder directement à l’antre des dieux.

Vercingétorix est l’exemple montrant que les Gaulois savent user de stratégie et maîtrisent bon nombre de techniques et de tactiques militaires. En revanche, les Gaulois ne connaissent pas la guerre de siège, mais ils pratiquent avec adresse l’art de la fortification, comme l’attestent le murus gallicus des oppida, enchevêtrement de poutres en bois renforcé par des pierres.

Les druides sont des acteurs incontournables de la société gauloise. A la fois savants, philosophes, théologiens, juges et éducateurs, ils cherchent à construire une société plus harmonieuse. Ils se sont imposés au IIe millénaire av JC, grâce à leurs compétences intellectuelles et leurs capacités de divination basées l’observation des astres. Maîtres du calendrier, ils définissent aussi la façon dont les dieux doivent être servis. Ils se rendent indispensables en devenant les intermédiaires entre les dieux et les fidèles.

Les druides refusent de mettre leur savoir par écrit, le rendant inaccessible à la population. Ils dispensent exclusivement un enseignement oral aux jeunes de l’aristocratie. L’écriture n’est enseignée qu’aux jeunes destinés à devenir druide.


Une religion méconnue
Le monde terrestre n’est qu’une étape intermédiaire. Selon leur mérite, les âmes peuvent gagner les cieux, séjour des dieux et des héros, ou retourner dans le monde d’en bas et poursuivre le cycle des réincarnations.

Les bardes jouent un rôle religieux. En louant les héros dans leurs odes, ils donnent les modèles à suivre aux vivants. De leur côté, les vates sont des oracles spécialisés dans la divination.

Avec le développement du commerce avec Rome, les pratiques à connotation guerrière des cultes gaulois s’atténuent. Les offrandes se diversifient. Elles ne se composent plus uniquement de sacrifices d’animaux, mais d’offrandes de céréales ou de bijoux. Jusqu’à l’arrivée des Romains, les Gaulois dédaignent représenter leurs dieux sous forme humaine.

Trois dieux gaulois nous sont bien connus : Toutatis, Taranis (la foudre) et Esus. Il n’existe aucun panthéon officiel en Gaule. Chaque peuple honore ses propres dieux.


Dans les campagnes
L’aménagement du territoire gaulois n’a pas commencé sous les Romains. Les Gaulois aménagent les campagnes. Les villes ne se développeront que plus tard, car elles ne représentent pas encore une nécessité économique. Les Gaulois disposent de sols fertiles et de ressources abondantes. Ils n’ont pas besoin de se regrouper, ni de commercer.

Jusqu’au IIe siècle av JC, l’habitat gaulois est essentiellement rural. Les archéologues ont mis à jour un réseau dense de complexes agricoles, d’une importance plus ou moins grande selon la position dans la hiérarchie sociale.

Les Gaulois disposent d’un réseau routier important, comme le montre la facilité avec laquelle les troupes de César peuvent se déplacer sur le territoire.

La Gaule n’est pas recouverte de forêt. Il existe plusieurs fermes sur une portion d’un kilomètre carré. Une ferme moyenne emploie trente personnes et s’étend sur soixante hectares : habitat, stockage, champs et pâturages compris.

Les Gaulois cultivent différentes variétés de céréales et de légumineuses. Le Sud cultivent la vigne et des fruits. Les Romains diffuseront le vin dans le Nord. Les outils se métallisent et prennent leurs formes, qu’ils conserveront jusqu’au XXe siècle. Les élevages reposent essentiellement sur le porc, le bœuf et le mouton.

Les maisons gauloises comportent une seule grande pièce, dans laquelle se trouve le foyer. Les murs sont en bois, le toit en chaume. Certaines maisons ont un étage contenant les appartements, le rez-de-chaussée renfermant un atelier. Le cellier se trouve dans le sous-sol de la maison.


Dans les villes
Les villes gauloises sont perchées au sommet des collines ou bâties dans les méandres des fleuves. Ceintes de remparts monumentaux parfois long de plusieurs kilomètres, elles peuvent abriter des milliers d’habitants. César les appelle des oppida.

Les villes se développent à la fin du III siècle av JC, grâce au développement du réseau routier, à la croissance démographique et au développement économique. La totalité de l’oppidum n’est pas occupé. Il se crée sur des fortifications aristocratiques, sur des bourgs déjà existant ou sur des sites vierges.

Les oppida s’imposent comme centre de production et de redistribution des marchandises, concentrant les activités économiques par le biais des greniers et des ateliers d’artisans, dont certaines productions sont destinées à l’exportation.

Lieux de réunions des cérémonies religieuses et politiques. La forme et le fonctionnement des oppida sont abandonnés avec la romanisation, bien que le réseau des villes gallo romaines s’est en partie calqué sur celui des oppida.

Les Gaulois ont une grande maîtrise du travail des métaux. Ils font preuve d’une grande créativité, qui se traduit par de nombreuses innovations. Inventeur du tonneau, ils sont passés maître dans les domaines de la boiserie et de la charronnerie. Les chars gaulois sont très réputés à Rome. Les potiers s’inspirent des modèles méditerranéens pour diversifier leur production.

La place des artisans dans la société se modifie au fil du temps. Certaines tâches domestiques deviennent le travail d’ouvriers spécialisés se concentrant dans les oppida. La standardisation des formes de céramique tend à prouver qu’il existe une production en chaîne issue d’un même atelier.


Des Gaulois aux Gallo-romains
Les Gaulois adoptent petit à petit le mode de vie romain, avant même que les légions de César envahissent le pays. Dès le Ve siècle av JC, des Gaulois servent dans les armées romaines comme mercenaire. Les marchands romains se déplacent d’oppidum en oppidum, échangeant vin et huile contre blé et esclaves. Certains s’installent en Gaule et inondent les Gaulois de leur production.

Dès -191, le Nord de la péninsule italienne devient romaine et prend le nom de province de Gaule Cisalpine. Quelques décennies plus tard, les Romains s’installent en Gaule Transalpine, puis au milieu du Ier siècle av JC étendent leur domination sur l’ensemble de la Gaule.

Les Gaulois comme bon nombre de peuple de l’empire copient les mœurs romains. Rome assure la paix. Les thermes améliorent l’hygiène. Les maisons de pierre sont plus confortables. Les élites apprennent le latin, afin de garder leur rang social dans le nouvel ordre. L’Etat romain n’a jamais voulu romaniser la Gaule. Ce sont les Gaulois qui se sont en grande partie romanisés tout seul.

dimanche 3 avril 2011

Les Phéniciens

Un pays entre mer et montagne

Le pays des Phéniciens est l’étroite bande côtière, qui s’étend de la Syrie jusqu’au Carmel, entre la montagne libanaise et la Mer Méditerranée. Il comprend des sites portuaires, de petits espaces de plaines et un arrière pays de montagnes.

Les Phéniciens n’ont jamais formé une entité politique unifiée. Néanmoins, ils partageaient une langue commune apparentée à l’hébreu ou à l’arabe, ainsi qu’un substrat culturel, religieux et artistique. Les Phéniciens ne s’appelaient pas de la sorte. On ignore d’ailleurs, s’il existait un nom par lequel ils se désignaient collectivement. Les Grecs leur ont donné ce nom, désignant le palmier dattier ou la couleur rouge. On explique ce nom, soit par la teinture de pourpre, dont les Phéniciens se sont fait une spécialité, soit par la couleur de peau plus cuivrée que celle des Grecs.



La diffusion de l’alphabet

L’alphabet phénicien du Ier millénaire constitue l’origine de tous les alphabets actuellement utilisés. Il est lui même l’héritier d’un système alphabétique du millénaire précédent retrouvé dans le Sinaï.


L’alphabet phénicien ne comporte que des consommes et s’écrit de droite à gauche. Il comprend 22 lettres. Les premiers témoignages d’écriture sont des marques de propriété sur des pointes de flèches. L’écriture s’est répandue dans tout le Proche Orient et en Méditerranée, suivant le passage des marchands phéniciens. A partir du Xe siècle av JC, l’alphabet est repris par les peuples voisins, qui le modifient. Certains ont disparu, tandis que d’autres ont subsisté. Il s’agit par exemple de l’araméen, largement diffusé par les Perses et qui demeure la langue de tout le Proche Orient, jusqu’à l’arrivée de l’arabe.


Les Grecs ayant perdu l’usage de l’écriture lors de la disparition du monde mycénien au IXe siècle av JC, reprennent l’alphabet phénicien. Ils introduisent des voyelles et l’enrichissent. L’alphabet grec est repris et modifié par les Etrusques. Il donnera naissance au latin, base de toutes les langues occidentales. L’alphabet cyrillique d’origine grecque est aussi un descendant de l’alphabet phénicien.



Un monde de cités Etat

Les villes phéniciennes sont toutes côtières et leurs fondations sont antérieures au II millénaire av JC. A partir du règne de Ramsès II, elles sont vassales de Pharaon. L’invasion du peuple de la mer marque la fin de l’empire hittite et le repli de l’Egypte. Les cités accèdent à l’indépendance. A partir du IXe siècle av JC, elles subissent la pression des armées assyriennes. Elles passent successivement de la domination assyrienne, babylonienne, perse, puis grecque.


Arwad est un riche port gouverné par des rois. Il est le siège du pouvoir égyptien dans la région. La cité est célèbre pour ses eaux curatives.


Byblos est probablement la cité la plus ancienne. Elle tire sa puissance de l’exploitation du bois et de sa position de carrefour politique et économique. Elle est l’une des premières cités à frapper sa monnaie. Au premier millénaire, elle est un centre intellectuel et joue un rôle prépondérant dans le développement de l’écriture phénicienne. Exportatrice de rouleaux, la ville a laissé son nom au support écrit. Byblos en grec signifie livre et la Bible tire son nom de là. Beyrouth est méconnue à l’époque phénicienne faute de documents. A l’époque hellénistique, des marchands sont présents dans tout le monde grec.


La cité de Sidon, gouvernée par des rois ayant suivis une politique pro égyptienne, s’allie à Tyr. Pendant deux siècles, les deux cités sont dirigées par le même souverain. Sous la domination perse, Sidon est le centre culturel phénicien.


Tyr est une cité insulaire. Alexandre le Grand construit une immense digue pour conquérir la ville. Cette dernière s’est ensablée, formant un véritable cordon rattachant la cité à la côte. La fondation de Tyr se situe vers -2750. Son histoire est en partie retracée dans la Bible. Carthage a été fondée par Elissa la sœur de Pygmalion roi de Tyr. Ses navires sont présents en Méditerranée et en Mer Rouge. Elle est spécialisée dans la pêche du murex, ce coquillage utilisé pour obtenir la teinture rouge par broyage.



Voyageurs et commerçants

Marins habilles, mais d’abord armateurs, les Phéniciens ont construit de gros navires de commerce à coque ronde et de fines galères de guerre. Les routes commerciales sont autant maritimes que terrestres. Les produits phéniciens se retrouvent en Anatolie et dans l’Empire assyrien. Les artisans sont invités par les empereurs pour orner leur palais.


Israël entretint avec Tyr des relations privilégiées, marquées par une coopération économique et artistique. Les armateurs de Sidon sont très actifs dans les ports égyptiens et constituent une source d’approvisionnement pour les métaux.


C’est d’ailleurs, cette quête de métaux, qui va pousser les Phéniciens à s’aventurer sur les routes maritimes occidentales. Chypre est réputée pour son cuivre. Une colonie tyrienne y est fondée au Xe siècle av JC. Des comptoirs sont présents sur toutes les côtes grecques, ainsi que dans les Baléares, Malte, la Sicile et la Sardaigne. Ses escales assurent la route jusqu’à la péninsule ibérique, riche en argent, cuivre et plomb. Jusqu’à son indépendance, Carthage demeure un simple comptoir. A partir du VIe siècle av JC, les carthaginois prennent sous leur contrôle les comptoirs phéniciens occidentaux.


Les Phéniciens ont rencontré les Etrusques au cours du VIIIe siècle av JC, alors qu’ils cherchaient des mines de cuivre. Des colonies s’érigent entre le Tibre et l’Arno. La culture phénicienne orientalise l’art étrusque. Les Phéniciens ont sillonné les côtes atlantiques. Des traces archéologiques témoignent de leur présence au Maroc et au Portugal.



Des dieux et des hommes

Les Phéniciens n’ont laissé aucun texte mythologique. El le créateur ne joue plus de rôle actif dans la dévotion des fidèles. Baal le supplante. Astarté déesse de la guerre et de la fécondité est la divinité féminine prééminente. Chaque cité choisit des protecteurs particuliers. Milquart est le dieu protecteur de Tyr. Il s’agit du premier roi, qui a été divinisé. Il est souvent associé à Adonis, la divinité des saisons. La déesse Tanit, importante divinité présente à Carthage, est déjà vénérée en Phénicie. Les Phéniciens pratiquent des sacrifices. Des offrandes végétales et des libations d’huile et de vin, ainsi que la crémation d’encens font partie du rituel des sanctuaires. Ces derniers comportent un personnel varié (portier, artisan, scribe, berger). Cependant, le plan des temples et leur architecture demeurent quasiment inconnus.



Un art cosmopolite ?

Dès le IXe siècle, l’art phénicien se fait de plus en plus le miroir de l’internationalisation du commerce, en adaptant divers éléments étrangers. Aux éléments égyptiens s’ajoutent des éléments égéens. L’art assyrien est peu présent. Ce sont davantage les modèles perses qui inspirent, notamment dans l’architecture. Les arts mineurs destinés au plus grand nombre ont joué un rôle prépondérant dans la diffusion de la culture phénicienne. C’est en Méditerranée occidentale que s’est perpétué l’art phénicien, par le biais de Carthage.



"Nous devons aux Phéniciens cette découverte géniale : la simplicité carthésienne de l'alphabet." André Parrot.



SOURCE


Texte : BRIQUEL CHATONNET. Françoise : Les Phéniciens aux origines du Liban

Image : la-mer-en-livres.fr

samedi 18 décembre 2010

Ramsès II


Les origines du règne
Ramsès II est le fils de Séthy Ier, le troisième pharaon de la XIXe dynastie et de Toury. La dynastie est fondée par Ramsès Ier son grand père, un général d'armée ayant pris le pouvoir après la mort de Hopemheb au XIIIe siècle avant J.C. Ramsès II est roux. Le régime pharaonique est fondé sur un principe divin. Le souverain est un être exceptionnel élu et engendré par les dieux, pour poursuivre sur terre leur œuvre créatrice.


L'apprentissage du pouvoir
Ramsès II monte sur le trône en -1279. Avant cette date, il a appris les méandres de la politique et a servi longtemps dans l'armée. Comme ses ancêtres, il prend le nom d'Horus le dieu protecteur des pharaons, de Maat la justice universelle, de Râ le dieu solaire, d'Ouadjet et Nekhbet les déesses protectrices de la Haute et Basse Egypte, et enfin d'Amon (la divinité suprême).

Ramsès II est entouré d'un imposant harem. Il choisit deux femmes Isianéfert et Néfertari. Il épouse en plus deux princesses hittites pour sceller la paix, lesquelles lui donneront plus de quatre filles. De ces unions naissent cinquante enfants, la plupart mâles. Ces derniers servent dans l'armée et dans l'administration. Le plus connu est Khâemouaset, féru d'histoire et surnommé le prince archéologue. Outre sa famille, le pharaon est accompagné de hauts fonctionnaires. Tout d'abord, Paser son vizir et Nebounenef le grand prêtre d'Amon. Tous ces collaborateurs sont liés à la famille royale soit par le sang, soit par alliance. Des réseaux de clientèles se créent et engendrent des dynasties familiales de fonctionnaire.

Le vizir est le chef de l'administration et peut jouer le rôle de représentant de pharaon. Il surveille les rouages du gouvernement (Trésor, police, agriculture, justice). Le pays est partagé en province dirigée par des gouverneurs redevables devant le vizir. Sous Ramsès II, on constate une ascension fulgurante des temples des principaux dieux (Ptah, Amon, Râ), devenus de véritables relais économiques et administratifs. Ces sanctuaires détiennent d'importants privilèges notamment fiscaux et commerciaux.


Gouvernement et rites
Le gouvernement (Hega) comporte les actions royales destinées à amener et à maintenir la justice. Le rôle de pharaon est donc d'entretenir un commerce avec les dieux, afin d'apporter la victoire, la prospérité et la paix sociale. Le Pharaon doit prouver qu'il est digne d'accomplir la mission qui lui a été confiée. En échange, les dieux lui donnent les atouts pour réussir.

Ramsès II a assimilé la leçon jusqu'à l'extrême. Ses actes au bénéfice des dieux sont innombrables et majestueux par le biais de monuments et de fêtes. Les jubilés, source de régénération du pouvoir divin a lieu tous les trente ans. Chaque année, la crue du Nil en présente des occasions. Ramsès II a laissé sa marque partout en Egypte et en Nubie, en signant ses propres œuvres ou en usurpant celles de ses prédécesseurs. On en retrouve aussi des traces en Palestine. Il achève le temple d'Abydos, commencé sous le règne de Sethy Ier. A Memphis, Thèbes et Héliopolis, il agrandit et enrichit les temples. Il termine la grande salle hypostyle à Karnak. A Louxor, il érige les obélisques et les statues colossales. Près de Thèbes, il fait construire un temple dédié à Hathor, mais surtout le " temple des millions d'années ", son propre tombeau mieux connu sous le nom de Ramesseum ou tombeau d'Osymandyas.

Abou Simbel est sans doute le temple le plus important. Ramsès II veut rendre hommage aux dieux et glorifier son règne. Le grand temple est creusé dans la montagne et dédié aux dieux tutélaires de l'Egypte. Un petit temple à côté, pour Hathor et son épouse Néfertari. L'entrée est ornée de quatre statues colossales du pharaon et des membres de sa famille. Ramsès II s'intéresse également à l'architecture civile et notamment à sa capitale Pi Ramsès. Il orne toutes les villes de statues à son image, se divinisant et marquant sa présence sur tout le territoire. Ramsès II a établi définitivement la disposition architecturale des temples égyptiens. Statues colossales et obélisques complètent la configuration spirituelle et symbolique des lieux. Les artistes recouvrent les murs de fresques cérémonielles et guerrières. La nouveauté artistique du règne est l'emploi du relief en creux, favorisant les jeux d'ombre et de lumière.

Puissance et domination
Dans les premières années de son règne, Ramsès II doit repousser l'assaut de pirates dans le delta. Mais c'est en Syrie, que le pharaon fait sa première grande campagne militaire. Il renforce le pouvoir égyptien en Phénicie. Le roi hittite Mouwatalli décide de contre attaquer. Les deux rois s'affrontent à Qadesh. Trompé par des espions hittites, Ramsès II s'arrête à Qadesh, laissant le gros de ses troupes en arrière. Il est surpris par l'armée adverse. Le pharaon sur son char, entouré de sa seule garde royale engage le combat. Il arrive à tenir jusqu'à l'arrivée des renforts. Mouwatalli ordonne le repli avant de demander l'amnistie. Egyptiens et Hittites continuent de s'opposer pendant quinze ans pour le contrôle de la Syrie et de ses deux villes Damas et Alep. Chaque camp doit en plus faire face à un second ennemi : les Assyriens pour les Hittites et les Libyens pour les Egyptiens.

En l'an 21 de son règne, Ramsès II signe avec Hattousil III, le successeur de Mouwatalli, un traité de paix rédigé en akkadien la langue internationale de l'époque. Des copies sont envoyées dans chaque capitale. Le Proche Orient est divisé en zones d'influence. Par ailleurs, il s'agit d'un pacte de non agression. Par ce traité, Ramsès II accorde la paix à son royaume pour une longue période. Avec ce traité, les relations deviennent plus calmes. Les deux rois s'écrivent, les deux reines se rendent visite régulièrement. Le pharaon épouse la fille d'Hattousil III.

Ramsès II en tant que Pharaon doit amener la paix extérieure et intérieure. En l'an 30 de son règne, il juge en procès plusieurs fonctionnaires accusés de détournement d'argent.

Vivre et durer
Construit au début du règne, le Ramesseum possède une université où se croisent scribes, théologiens et philosophes. Leurs réflexions ont abouti à une tendance vers la simplification et vers le syncrétisme religieux, aboutissant au dialogue personnel entre les dieux et le roi. Les encyclopédistes répertorient tous ce qui est connu. Universalisme et cosmopolitisme caractérisent la vie intellectuelle sous Ramsès II. Vers -1213, Ramsès II meurt à Pi Ramsès. Son corps est embaumé et remonte le Nil en grande pompe jusqu'à Thèbes. Le règne de Ramsès II marque l'apogée de l'Egypte pharaonique. La puissance impériale, son rayonnement politique, religieux, culturel, l'efficacité de son administration, le faste de sa cour, le nombre de monument, la paix et la prospérité, rien de tout cela ne sera plus jamais égale sur la terre des pharaons.




« Tes paroles se réalisent jour après jour ; on agit d'après ton cœur tout comme pour Ptah, le créateur des arts. Tu seras toujours, et toujours on agira d'après tes conseils, tout ce que tu dis sera entendu, ô roi, notre Seigneur. »
Hymne à Ramsès II


Source
Texte : MENU. Bernadette : Ramsès II et la terre des pharaons
Image : photoway.com, Civilization 4

jeudi 16 décembre 2010

Périclès


Un aristocrate athénien
Périclès naît vers -494. Sa maison est illustre. Son père Xanthippe a participé à la bataille du cap Mycale et de Sestos durant la seconde Guerre Médique. Il fait partie de la famille des Alcméonides, qui reste entachée par le manquement en -630 d'une parole engagée et d'un meurtre commis par Mégaclès. Cela lui a valu l'exil. L'enfant hérite du nom de son grand père, ce qui veut dire qu'il hérite d'un nom, d'une gloire et d'une malédiction. La famille de Périclès est aristocratique et se définit par la richesse et le monopole des charges politiques.

Périclès se marie à 40 ans avec une femme, dont nous ignorons le nom et dont il aura deux fils. Plusieurs années plus tard, il divorce et épouse Aspasie. En -447, elle lui donne un fils. Le mariage est obligatoire en politique, parce que la cité exige du citoyen qu'il procrée des fils légitimes. Les Grecs distinguent clairement la sexualité de récréation et celle de procréation. Personne ne blâme ceux qui cherchent le plaisir hors de sa maison, d'où l'existence de prostituées.

Aspasie est originaire de Milet en Asie Majeure. C'est une métèque, c'est à dire une femme libre, mais non citoyenne. Elle tire ses revenus d'une maison close, mais devient une courtisane grâce à la pratique de la danse et de la musique. Ce qui a plut à Périclès, c'est son intelligence et sa culture. L'union de Périclès avec Aspasie n'est pas du goût de tous les Athéniens. On accuse Aspasie d'avilir le mariage, de diriger la cité. Hermippos l'attaque au tribunal pour débauche et impiété. Procès qu'il perdra.

En -451, Périclès fait voter une loi qui stipule que seuls les enfants ayant les deux parents citoyens recevront la citoyenneté. Or en -431, ses deux fils légitimes meurent de maladie. Périclès est obligé de demander l'abrogation de cette loi pour légitimer le fils d'Aspasie.

Périclès a reçu une éducation classique. Il s'agit de cultiver les vertus. A cela s'ajoute de la gymnastique et un peu de musique. Il apprend la littérature. Les maîtres de Périclès sont des amis de la famille et probablement des sophistes, c'est à dire des philosophes. Ces derniers pour assurer leurs revenus enseignent aux aristocrates l'art de la parole, la religion et la morale. Néanmoins, il leur est souvent reproché d'énoncer des théories contraires à la volonté des dieux.


La mise en place de la démocratie
Après avoir chassé le tyran Hippias, Clisthène prend le pouvoir et opère de nombreuses réformes politiques. La cité est divisée en dème, sorte de communauté géographique. C'est à partir de ce découpage que la citoyenneté est définie et transmise. Ils sont regroupés en trois cantons : la ville, la côte et l'intérieur. La Boulê ou conseil des 500 est créé. Elle sert à gérer la cité. L'année divisée en dix mois permet un roulement des membres et donc une gestion continue. Les magistrats en fonction sont appelés les prytènes L'Aréopage existait déjà avant Clisthène. Il est formé de hauts magistrats les archontes issus de l'aristocratie et s'occupant de la justice.

Périclès obtient une première charge très tôt, puisqu'il n'a que 21 ans. Il est chorège, c'est à dire qu'il finance et supervise la construction et la rénovation des bâtiments publics. Il s'occupe tout particulièrement du théâtre. Il réapparaît dix ans plus tard lors d'un procès contre Cimon, un homme politique athénien influant et grand stratège. En -465, Cimon dirige une expédition punitive contre les Thasiens La cité tombe après deux ans de siège et Athènes s'empare des mines d'or. Cependant, on lui reproche de ne pas vouloir attaquer la Macédoine sous prétexte qu'il ait touché des pots de vin. L'année d'après, un tremblement de terre se produit en Lacédonie. Ses habitants y voient un présage divin pour se rebeller contre la domination spartiate. Une guerre éclate. Sparte demande l'aide d'Athènes. Cimon s'en fait le porte parole et part sur place avec 4000 hoplites.

Pendant ce temps, Ephialte qui a pour second Périclès attaque l'Aréopage et réduit ses prérogatives avec l'appui des Thètes la classe sociale la plus pauvre. Ces derniers sont galvanisés par la relative diminution des soldats dans la ville. A peine arrivé, Cimon est renvoyé par les Spartiates, qui finalement n'ont pas besoin de son aide. Périclès se fait le porte parole, depuis la mort étrange d'Ephialte, du courant anti Cimon. Il défend l'idée que Cimon n'a fait qu'humilier Athènes et obtient gain de cause. Cimon est exilé.

Périclès devient le chef des démocrates, adversaire du parti oligarchique. Il participe à l'élargissement de la base sociale, c'est à dire qu'il rend l'accès aux magistratures plus facile pour les citoyens les moins fortunés. Pour cela il crée le misthos sorte de compensation financière.

Périclès est attiré par la mer et pense que la puissance athénienne doit venir de sa marine. La Ligue de Délos formée pour protéger les Grecs contre les Perses fournit les ressources nécessaires à ce projet. Par ailleurs, Athènes fonde des colonies à l'extérieur de ses limites et s'empare de territoires appartenant à des barbares, que l'on appelle les clérouquies. Cette expansion permet aux classes populaires de s'agrandir et de s'enrichir. Afin de protéger son port Le Pyrée, il fait construire deux remparts longs de six kilomètres, reliant les deux villes.

Au milieu du Ve siècle, les familles aristocratiques se sont généralement accommodées des réformes démocratiques. L'ostracisme de Cimon a quelque peu ruiné leurs revendications. De ce groupe, seul émerge Thucydide, que les aristocrates vont porter au premier plan. Thucydide s'oppose à la politique impériale prônée par Périclès, en raison de sa tendance à l'isolationnisme. Il voit d'un très mauvais œil que la cité vive sur des fonds étrangers. Les relations entre les deux hommes sont haineuses. Les procès vont bon train. Finalement, Périclès parvient à faire ostraciser son ennemi.


Le gouvernement de Périclès
En -443, Périclès est élu pour la première fois stratège. Il sera reconduit dans ses fonctions pendant quinze années de suite jusqu'à sa mort, ce qui reste exceptionnel. Cette durabilité a permis à Périclès de développer une politique de long terme et ainsi marquer la cité de son empreinte. Périclès jouit d'un grand prestige à Athènes, faisant tout pour s'attirer les faveurs de la population. Ses adversaires politiques lui reconnaissent même certaines qualités intellectuelles et oratoires. Mais voilà, Périclès occupe trop de place et on l'accuse de tyrannie.

En -449, Périclès fait adopter un décret organisant le financement public de grandes constructions dans la cité. Le programme comprend notamment la rénovation de l'Acropole ainsi que la construction du Parthénon et de la statue monumentale d'Athéna. Le cahier des charges et le financement sont soumis au vote de l'Ecclésia. Périclès dans cette tâche se fera aider par le sculpteur Phidias, qui dessinera le modèle de la statue d'Athéna.


La guerre
Après avoir repoussé la menace perse lors de la Seconde Guerre Médique, la guerre éclate entre Athènes et Sparte vers -431. C'est ce que l'on appelle la Guerre du Péloponnèse. Athènes s'inquiète de la puissance militaire de Sparte. A l'inverse, Sparte s'inquiète de la puissance économique et territoriale de son adversaire. C'est Périclès qui en temps que stratège mènera cette guerre.

Avant le début de la guerre, il dirige des corps de mission de reconnaissance et de colonisation en Thrace, région fertile en blé. En -441, Milet demande l'aide d'Athènes contre sa rivale Samos. Périclès s'y rend avec une armée et s'empare de l'île. Il y établit une démocratie. Après une révolte réprimée dans le sang, Samos est obligée de raser ses murs et de verser un lourd tribut. Athènes ne pardonne pas le manque de respect de la part de ses alliés. C'est le cas par exemple d'Eubée et de Naxos. Les serments de fidélité s'insèrent dans un ensemble politique cohérent. Punition et surveillance d'abord, puis affaiblissement militaire par confiscation de la flotte et par le versement de tributs. Athènes intervient également dans les affaires de la cité en jouant sur le cours des monnaies ou en s'accaparant le pouvoir judicaire.

Suite au décret de Mégare qui fait passer Corinthe dans le camp athénien, la guerre éclate. Immédiatement, les spartiates envahissent l'Attique. Périclès refuse de sortir pour les affronter. Il sait que les ennemis sont plus forts sur terre que sur mer. Mais son message passe mal. On pense qu'il a peur. Athènes derrière ses murs est encerclée et surpeuplée. Très vite, les maladies se répandent. La crainte, l'abattement et le désarroi s'emparent des habitants.

Périclès n'est pas à Athènes à ce moment là. Il dirige une expédition navale vers Sparte. Cependant devant la situation critique d'Athènes, il est obligé de faire demi- tour. De retour, on l'accuse de tous les maux. Il parvient néanmoins à calmer les esprits. Ses fils et sa sœur meurent quelques mois plus tard. Le peuple le démet de ses fonctions, mais il est très vite rappelé, mais il refuse de revenir. C'est Alcibiade son ami qui le fait changer d'avis. La maladie l'emporte à l'automne -429 à l'âge de 65 ans. 28 ans plus tard, c'est au tour d'Athènes et de la démocratie de succomber sous les coups des Spartiates.




" Il n'est point de bonheur sans liberté, ni de liberté sans courage."
Périclès


Sources :
texte : BOULE. Pierre : Le Siècle de Périclès
image : histoire-fr.com ; Sid Meyer : Civilization IV

samedi 11 décembre 2010

Le Néolithique

Au fil du temps
Le Proche Orient est entre -12.000 et -6.000 le plus ancien et le plus connu des centres de néolithisation. Les changements correspondants au néolithique s'étendent progressivement au monde entier. Tous les emprunts sont refaçonnés en fonction des milieux écologiques et culturels. Ils deviennent eux même le point de départ d'autres inventions autonomes.

A partir de -15.000 le climat se fait plus doux. Le Croissant Fertile se peuple d'animaux et de plantes. Tout d'abord les Natoufiens de Syrie construisent des villages permanents de plein air et vivent de la chasse et de la cueillette. Puis apparaissent l'agriculture et l'élevage. Vers -6.000, la céramique est inventée et l'économie de production se répand hors de la zone de céréales.

A la même période, le néolithique démarre en Europe en commençant par les Balkans. De cette région au Portugal, un courant très homogène appelé danubien se répand. Les nouvelles techniques se diffusent en priorité dans des environnements déjà occupés.

Entre le paléolithique et le néolithique, il existe une période intermédiaire appelé le mésolithique. Toujours chasseurs, cueilleurs et pêcheurs, les hommes se sédentarisent de plus en plus et exploitent systématiquement un territoire restreint. Par ailleurs, ils inventent de nouvelles techniques comme l'arc.


Apprivoiser la nature
En Europe, la déglaciation se fait en -12.000. Il y a plus d'humidité et la température croît. D'épaisses forêts font leur apparition. Les animaux des glaces disparaissent ou migrent davantage vers le Nord, tandis que les animaux des forêts se multiplient.

L'homme change aussi le paysage en créant des champs et des pâturages et déboisent des parties de forêt. L'homme cherche à disposer d'une réserve alimentaire en qualité et au moment voulu. Pour obtenir ce résultat, sans doute faut il travailler plus, mais il est possible de nourrir plus de monde. La domestication va donc tendre à privilégier et accentuer des attributs tout à fait opposés à ceux qui permettent aux espèces sauvages de vivre normalement. Peu à peu, l'homme apprend à privilégier ce dont il a besoin. Il commence à élever des chèvres. Cette évolution marque le saut quantitatif que représente le passage d'une vie en symbiose avec la nature à une action dirigiste sur celle ci.

Les premières céréales sont cultivées là où elles existent à l'état sauvage dans le Croissant Fertile au début du IXe millénaire. L'orge et l'engrain précèdent le froment. Les pois et les lentilles font leur apparition au VIIe millénaire. Puis la diffusion de toutes ces plantes se fait l'Ouest. L'avoine, le seigle et le millet sont très caractéristiques de l'Europe, mais sont plus tardives.

Dans la forêt, le paysan dégage de petites clairières à l'aide de haches de pierre polie. Il met ensuite le feu pour enrichir les sols. C'est la culture sur brûlis. Les champs sont très proches du village. La rotation des cultures a toujours été pratiquée et devient même une nécessité avec la croissance démographique et la raréfaction des espaces vierges. La recherche de nouvelles terres entraînent des migrations. Les cultures se déroulent de la manière suivante : le paysan gratte la terre avec une simple branche et fait un trou pour les semailles puis la récolte se fait à la faucille. Les grains sont conservés dans la maison. Les hommes utilisent de grands vases et des paniers. A l'extérieur, on creuse des fosses d'environ deux mètres de diamètre et de profondeur qui servent de dépotoirs une fois hors d'usage.

Le chien issu du loup, est le compagnon de l'homme à la chasse. Les autres animaux ont été domestiqués au VIIe millénaire. La chèvre et le mouton apparaissent en Iran. Ceux ci ont été importés en Europe. Les bœufs et les cochons sont présents dans les deux régions. L'hivernage pose quelques problèmes et on se contente de tuer les animaux au début de l'hiver. Certains animaux sont utilisés pour la reproduction, d'autres pour leur lait ou leur fourrure. Le cheval est domestiqué en Russie à la même période et sert uniquement pour le transport.


Premiers villages
Les travaux des champs et le stockage des récoltes nécessitent un habitat stable, mais la sédentarité n'exclut nullement la mobilité, notamment pour la transhumance.

Les grottes commencent vers -12.000 à être délaissés au profit d'installation en plein air. Les premières maisons sont des fosses rondes. Les parois internes sont renforcées par un muret et prolongées à l'air libre par une palissade en bois. Un cercle de poteaux soutient la toiture et un enduit en argile recouvre le sol.

Vers -9.000, on commence à construire de vrais murs avec de la pierre pilée au mortier. Les pièces font également leur apparition par des murets rectilignes Vers -8.000, les maisons deviennent rectangulaires et s'agrandissent. Un plan orthogonal permet de rajouter des pièces sans refaire toute la maison. Puis les murs sont construits en brique crue. Les premières villes apparaissent en Mésopotamie au IVe millénaire.

Les cultures deviennent irriguées. Le commerce, surtout des matières premières, s'organisent et l'écriture se développe à partir de la comptabilité. L'Europe reste d'avantage agricole et connaîtra une révolution urbaine plus tardive.

Au Ve millénaire, les villages se dotent de routes en plan orthogonal. Une distinction s'opère entre bâtiment privés et bâtiments communautaires. Les villages sont protégés par un rempart de pierre, d'un fossé ou un talus surmonté d'une palissade. L'usage total de la pierre est plutôt propre aux monuments funéraires.

Dans le monde domestique, la pierre est réservée au dallage des sols. Certains murs, reçoivent un enduit peint. L'isolation se fait par des écorces de bois. Le toit diffère selon les régions. Plus on se déplace vers le Sud, plus les toits sont aplatis. Les maisons sont constituées de trois zones : un habitat, un grenier et un atelier.


Artisans et colporteurs
L'outil répond aux besoins sociaux et économiques de la communauté. Cependant, l'élan initial est souvent religieux. Le polissage de la pierre concerne d'abord la parure et la terre cuite sert à fabriquer des idoles. L'évolution des outils reflète les progrès techniques et les changements sociaux et démographiques. De plus en plus, les outils tendent à se spécialiser.

La céramique est liée à un habitat stable. Au Proche Orient, l'argile a d'abord servi d'enduit. La poterie utilitaire fait une apparition timide vers -8.000 et la véritable céramique se généralise vers -6.000. Elle apparaît en Europe à la même date. On s'en sert essentiellement pour le stockage. Le montage en colombiens est la technique la plus fréquente, car le tour de potier n'existe pas avant -3.000. Le four lui aussi est tardif. La cuisson des vases se fait par le sol.

Le tissage de la laine et du lin se développe avec l'agriculture Les vêtements sont cousus avec des épingles en os, ce qui reflète des techniques simples de confection. En revanche, la teinture et la broderie existe déjà.

La cellule familiale est autonome pour ses besoins. A partir de -5.000, certaines personnes se spécialisent et produisent pour échanger. Ce phénomène s'intensifie avec le développement de la métallurgie La spécialisation du travail permet une production qui dépasse les besoins locaux et favorise un développement des échanges. Avec le temps, les échanges s'intensifient et se font de plus en plus loin.

Le troc reste la forme d'échange la plus répandue. Aucune route entre les villages n’existe. La roue n'est inventée qu'en -4.000. Le cheval joue aussi un rôle dans les transports. Les axes fluviaux ont toujours été favorisés.

A partir du Ve millénaire les luttes armées se font de plus en plus fréquentes. Il faut protéger ses biens et la croissance démographique nécessite de nouvelles ressources, qu'il faut souvent conquérir par la force. Toutefois, il existe aussi des échanges culturels que facilite l'invention de l'écriture.


Monde des morts, reflet des vivants
Les premières nécropoles apparaissent en même temps que les villages. Les tombes se trouvent au sein des habitations ou à proximité. Au départ les défunts sont inhumés dans des fosses individuelles creusées dans la terre et contenant des offrandes. Les corps sont protégés de la terre par des sacs de toile. Leur position est allongée ou repliée.

Puis, la mode devient la sépulture collective où s'enterrent les membres d'une même famille ou d'un même clan. L'Europe toute entière se dote de mégalithes (dolmen, menhir, cairn), chose qui n'est absolument pas connue au Proche Orient. Des tumulus géants apparaissent. Ils recouvrent plusieurs chambres funéraires reliées entre elles par des couloirs. En revanche, les menhirs restent encore un mystère. Il semblerait qu’ils soient utilisés autant pour des rites funéraires que pour des rites ayant un lien avec l'astronomie. Certaines chambres sépulcrales ont une ouverture en encorbellement. Des plaquettes de pierre débordent à l'extérieur pour former une sorte de coupole. Ces masses nous paraissent informes, mais les cairns sous la forme de massifs de pierraille retenus par des parements soigneusement conscrits, forment une sorte de pyramides.

Le décor, quand il existe, est réalisé avec soin à partir de peinture rouge et noire. Les motifs abstraits ou figurés relèvent d'un langage de signes, qui dépasse le domaine strictement funéraire. Les pratiques funéraires témoignent des particularismes régionaux. La division de l'espace funéraire semble correspondre à des groupes familiaux ou sociaux.

Une fois inhumés, les morts restent l'objet des soins d'un vivant. Les archéologues ont retrouvé de nombreuses offrandes. L'abandon d'une sépulture ne se fait pas à la sauvette, mais donne lieu à des cérémonies de condamnation élaborées. Les corps sont recouverts d'une couche de terre ou de pierre. Les accès aux tombes sont masqués et les monuments sont ensevelis. Toutefois, certains sites peuvent être occupés pendant plusieurs siècles. Des nouvelles chambres sont alors accolées aux anciennes.

Certains cairns ou dolmens atteignent de gigantesques dimensions. Le souci de voir et de donner à voir explique ce phénomène. Il s'agit de montrer que la communauté est forte. En effet, la construction de tels mégalithes nécessite une main d'œuvre importante, des matières premières et un pouvoir fort et centralisé capable d'ordonner et de diriger une telle opération. Ces monuments servent également de borne géographique pour marquer un territoire.

Les mégalithes ne sont pas l'ultime demeure de tous. Seule une dizaine de personnes y reposent. Il s'agit en général des élites religieuses et guerrières. L'espérance de vie à cette période est de 30 ans. La mortalité infantile est très élevée.


Art et religion
Les premiers cultes sont en rapport avec la nature. Avec le développement de la communauté, on voit apparaître un culte des crânes. Ces derniers sont déposés dans des sanctuaires. Il ne s'agit pas de vrais crânes, mais de moulages en argile.

Dès le début de l'écriture, les dieux sont nommés et la Déesse-Mère est prédominante. Elle est symbole de fécondité et est rattachée au monde agricole. Les figures masculines apparaissent plus tardivement lorsque l'économie se met d'avantage en place. Les dieux et les déesses sont représentés par des statuettes en argile, qui symbolisent très clairement le culte de la fécondité. Au fil du temps, apparaît de plus en plus des formes et des symboles géométriques ou seulement une partie du corps. Les premières véritables statues apparaissent au Moyen-Orient au VIIIe millénaire. Elles sont en général de taille humaine voire supérieure. L'Europe ne connaîtra ce phénomène qu'au IIIe millénaire. Les sépultures, les habitats et les centres culturels semblent avoir également abrités des effigies dont le rôle religieux reste flou.

En Europe, les symboles se retrouvent sur les dolmens et les menhirs, que ce soit des formes humaines ou des symboles. On trouve dans le Bassin Méditerranéen des statues-menhirs de petites tailles seulement sculptées sur la face antérieure. Ces stèles sont dressées dans des lieux éloignés de tout village relativement élevés et boisés. Elles devaient servir de protection.

La prédominance de la figure humaine et surtout féminine n'exclut pas l'animal. Viatique ou compagnon du mort dans la tombe, rituel, statuette modelée ou fresque murale, l'animal est présent. Les animaux sauvages sont rares. Ce sont les animaux domestiques qui dominent (taureau, mouton).

Le répertoire des signes abstraits est vaste : lignes brisées ou ondulées, cercles, spirales, etc... Les interprétations sont difficiles. Seule la hache et la crosse semblent explicites. De tels attributs devaient symboliser l'autorité plus spirituelle et religieuse que temporelle détenue par certaines personnes.


Vers une nouvelle société
Le néolithique s'achève avec la maîtrise des métaux. Le travail du métal nécessite une technique plus complexe et surtout l'extraction dans les mines. Une spécialisation se crée, qui sera à la base des organisations sociales. Les sépultures regorgent de ces métaux surtout lorsqu'il s'agit de personnes influentes.

A la charnière des IIIe et IIe millénaire, le niveau de population et l'intensification des échanges entraînent une certaine unification culturelle en Europe surtout dans l'artisanat et la culture. Le passage à l'âge du bronze se fait sans rupture Des pratiques du néolithique perdurent largement dans la période suivante.


Source :
texte : LOUBOUTIN. Catherine : Le Néolithique
image : culture.cg44.fr

jeudi 9 décembre 2010

Le monde romain

De la cité latine à l’empire universel
L’idéal social romain est celui du loisir, de la disponibilité de l’homme aisé pour les tâches et les plaisirs de la vie communautaire. La production économique était fondée sur l’esclavage. La religion n’est pas fondée sur la foi personnelle.

Rome est fondée en -753 par Romulus. Elle profite du mouvement d’évolution des cités dans l’orbite étrusque pour devenir une cité état. Gouvernée par des rois, elle se transforme en République en -509. Les chefs sont des magistrats élus tous les ans par le peuple. Rome est soumise à des lois votées par les citoyens et jette les premiers principes du droit gravé dans la loi des douze tables.

Au Ve siècle av JC, Rome s’émancipe de la domination étrusque. Après deux siècles de guerre contre les Etrusques puis les Grecs, Rome se retrouve à la tête d’une vaste fédération de cités en Italie centrale. Rome se retrouve en conflit avec Carthage, la grande puissance de Méditerranée Occidentale. La première Guerre Punique (-264/-241) porte sur le contrôle de la Sicile. La seconde (-211/-202) prend fin avec la défaite d’Hannibal. La troisième voit la destruction totale de Carthage en -146. Rome répond à l’appel des Grecs pour les défendre contre la Macédoine et en profite pour les annexer. L’expansion s’étend au Proche-Orient et en Egypte.

A partir de -130, des guerres civiles secouent Rome et l’Italie. Les Gracques comme Tiberius et Caius tentent de fléchir la puissance de l’élite romaine et de répartir plus équitablement les fruits de la conquête. Entre -91 et -88, une partie des alliés italiques exaspérés par le pouvoir des Romains se soulèvent et sont défaits. Soucieux de préserver la paix, les cités italiques reçoivent la citoyenneté romaine. Progressivement, les légionnaires sont devenus des militaires professionnels. Leurs généraux acquièrent un prestige et des moyens financiers énormes. La concentration du pouvoir personnel appuyé sur une armée professionnelle apparaît. Les guerres civiles reprennent entre les partisans de Marius et Scylla, puis de Pompée et César. Les institutions républicaines sont incapables d’enrayer le mouvement. L’élargissement incessant du nombre de citoyen et de l’Empire romain oblige à une redéfinition du fonctionnement de la Res publica. En -27, Octave élimine ses derniers rivaux dont Marc Antoine. Il reçoit le titre d’Auguste et de Prince, en fondant l’Empire.

Le nouveau système apporte des solutions au problème gestionnaire de l’empire en mettant en place un système de gouvernement et d’administration plus efficace. Au sortir des guerres civiles, les derniers peuples soumis et les Italiques se considèrent tous comme romain. Géré de manière plus efficace, le monde romain constitue un vaste ensemble dans lequel individus, richesses et savoirs circulent librement. A partir du IIIe siècle, l’Empire n’est plus seulement Rome. Les élites locales se sont mélangées.

Les Parthes et les Germains menacent de plus en plus les frontières. Dioclétien n’a d’autres choix que de partager l’Empire en deux. Epuisé par les invasions barbares, l’Empire d’Occident s’affaiblit. Le centre de la romanité se déplace vers l’Est. Constantinople est fondée en 330 et devient capitale en 410. Alan chef wisigothique, pille Rome. En 476, Romulus le dernier empereur est déposée et avoir lui l’Empire romain d’Occident.


Le romain au quotidien
Dans le monde antique, la population se divise en deux catégories, celle des esclaves et celle des hommes libres. Parmi ces derniers la plupart sont des étrangers ou pérégrins. L’Empire fonctionne grâce à ses innombrables esclaves. Anciens prisonniers de guerre vendus sur les marchés ou nés dans la maison, ils sont assimilés à des biens mobiliers et ne possèdent aucun privilège politique et juridique. Ils exercent un grand nombre d’activités. Entre les esclaves d’une même famille peuvent exister de grandes différences de genre et de niveau de vie, en fonction de l’affection des patrons ou des capacités de l’esclave. Ainsi, certains esclaves sont affranchis et possèdent à leur tour des esclaves, mais reste attaché à leur maître.

Les Romains accordent leur citoyenneté aux affranchis et aux étrangers. Ce bienfait récompense une bonne conduite ou un service rendu. Un homme peut être citoyen romain et citoyen de sa cité. En 212, Caracalla accorde la citoyenneté romaine à tous les étrangers libres vivant dans l’Empire, les rendant tous égaux.

Dans la vie quotidienne, le Romain porte comme habits de simples tuniques à capuche et des robes. Dans la vie officielle, le citoyen apparaît en toge portée sur la tunique avec des insignes pour signaler son rang. Les chevaliers arborent une bande pourpre (angusticlave) et un anneau d’or. Les sénateurs portent une toge avec une bande violette (laticlave). Les citoyens sont classés par ordre censitaire et chacune est vouée à des fonctions publiques spécifiques. Le Sénat conseille les magistrats. Ils sont au nombre de 600. Les chevaliers, membres de l’ordre équestre, servent dans l’armée et dans les gouvernements de province.

Les citoyens pauvres et les esclaves vivent en union libre et n’ont pas les moyens de constituer une véritable famille légitime. Seule la classe dominante fonde des familles en bonne et due forme, dont le père de famille est le maître absolu. Seul propriétaire du nom, de l’autorité, du culte et du patrimoine domestique, il a pour fonction de transmettre l’héritage, de reproduire la famille et d’insérer ses enfants dans les réseaux nobiliaires. La famille se compose des parents, enfants, grands parents, esclaves et affranchis. Les enfants quittent la maison le jour de leur mariage. Il est possible que le fils fasse venir sa femme dans la maison familiale. Elle demeure sous la tutelle de son père. Les mariages se concluent entre 16 et 18 ans et sont arrangés par les pères. Ils ne sont pas fondés sur le sentiment individuel, ni sur l’amour, mais sur la bonne entente et la nécessité d’unir deux familles. Le divorce est tout à fait possible.

Les femmes s’occupent de la gestion de la maison. En public, elles participent au culte. Le citoyen romain est intégré dans des réseaux de sociabilité. Des citoyens modestes entre dans la clientèle d’un citoyen aisé. Fondée sur la loyauté, cette aide mutuelle, politique, sociale ou financière constitue le socle de la vie civile. Les notables font preuve d’évergétisme, en offrant à leurs cités des dons et des jeux, des bâtiments et des services, en échange d’honneurs et de magistrature.


Le monde de la cité
La souveraineté appartient à l’ensemble des citoyens. Ils sont libres et exercent leur métier de citoyens (élire, faire des lois, juger). Le monde romain est composé de centaines de cités - états. A Rome, le pouvoir est concentré entre les mains d’une élite restreinte. Seuls les sénateurs et les chevaliers peuvent être élus aux magistratures. Les membres des classes supérieures ont le temps d’assister aux réunions politiques. Ils ont les moyens et le cens pour se faire élire. Ils sont capables de remercier leurs concitoyens par l’organisation de spectacles somptueux ou par des constructions politiques. Les magistratures sont annuelles, collégiales et certaines disposent d’un droit de veto (tribun de la plèbe, consul). Tous doivent se soumettre aux lois. Les magistrats sont secondés par le Sénat.

Le régime impérial ajoute un nouvel acteur le Prince, jouissant des pouvoirs militaires et d’arbitre dans les problèmes politiques et juridiques. Le régime impérial a réduit la liberté politique à Rome, mais a su mettre en place une administration assez solide pour diriger l’Empire, prêt à réprimer toute révolte et à intégrer facilement individus et communautés. Les traditions politiques locales continuent d’exister en s’adaptant au nouveau contexte. La cité est placée sous l’autorité de magistrats locaux. Les gouverneurs interviennent uniquement dans la perception de l’impôt, la défense des territoires et dans les affaires judiciaires concernant des Romains. Les colonies sont considérées comme des quartiers de Rome. Le droit de cité romain s’étend hors d’Italie et peut être octroyé à des cités ou à des individus. Il existe une citoyenneté latine par référence aux colonies fondées au début de la République. La citoyenneté latine ne confère que le droit de conclure des affaires et des mariages légitimes. Ils n’ont pas le droit de vote. Cette citoyenneté disparaît en 212 par l’Edit de Caracalla octroyant la citoyenneté romaine à tous les hommes libres.

Peu à peu le droit romain remplace les droits locaux et contribue à ébaucher l’unité culturelle de l’Empire. La fusion des élites de toutes les provinces se réalise à Rome. L’armée est un moyen d’intégration pour les classes moyennes en tant qu’auxiliaires, les légionnaires restant des Romains, ils obtiennent la citoyenneté romaine après leur service militaire.


Religion et piété
On pratique une religion, parce qu’on appartient à une communauté. Le citoyen participe au culte public, l’artisan à celui de son collège, le soldat à celui de son unité. Suivant sa position, Rome participe à plusieurs cultes. En l’absence d’une seule autorité religieuse, des originalités et des nuances s’observent entre les cités. Chaque cité a ses dieux et celles ayant la citoyenneté latine honorent la trinité romaine (Jupiter, Junon, Minerve) et les empereurs divinisés.

Chaque famille honore ses dieux domestiques à l’exemple des Lares, du Génie ou des dieux Pénates. Les cultes publics se célèbrent sur les places, sous la conduite des magistrats et des prêtres. Les citoyens recherchent le bien et la réussite terrestre de leur cité. Les dieux sont les partenaires des communautés humaines au bien desquelles, ils doivent collaborer et dont, ils doivent respecter la charte fondamentale sans profiter de leur supériorité pour terroriser et asservir les citoyens libres. Les dieux se partagent un champ d’action et aucun n’est le maître.

Il n’existe aucun enseignement religieux et aucune révélation divine. Les rites principaux sont le sacrifice et la divinisation. Le premier consiste à consacrer un animal en vue d’un banquet commun. La part de la divinité est brûlée et l’autre consommée par les célébrants. Par la seconde, les Romains interrogent la divinité pour obtenir son assentiment à une décision.

Le défunt est enterré aux portes de la ville, le long des routes. L’enterrement célébré par les membres de sa famille introduit le défunt auprès des dieux Mânes. Les défunts survivent tant que leur famille ou une âme pieuse célèbrent leur culte. Les nécropoles témoignent des particularismes religieux de chaque famille, de chaque région et de chaque groupe social. Les pauvres sont enterrés dans des cimetières collectifs ou dans des catacombes.

Le prosélytisme est étranger aux Romains. Les obligations religieuses publiques ne concernent que les citoyens romains. Les religions privées ou étrangères sont tolérées dans la mesure où elles n’engendrent pas de troubles de l’ordre public. En revanche, les Romains considèrent les mutilations humaines comme choquantes et les interdisent. C’est le cas de la circoncision juive ou des prêtresses eunuques de Cybèle, déesse celte. En Judée, la destruction du Temple en 70 n’a rien à voir avec la religion. Il s'agissait de mater une révolte et de pacifier la région. Les chrétiens furent persécutés en fonction d’accusation de troubles de l’ordre public, de constitution de sectes illicites, de refus d’obéissance et d’exclusion de la vie communautaire. Les Romains n’ont jamais eu l’intention de convertir les peuples conquis.


Maisons, villes et plaisirs
La maison romaine comprend trois zones principales. L’espace central abrite la mémoire de la famille avec les portraits des ancêtres et la religion privée autour d’un petit sanctuaire. On y trouve l’atrium couvert d’une toiture percée au-dessus d’un bassin et le salon, puis une série de chambres décorées de peintures murales en trompe l’œil. Enfin, la zone d’agrément autour de la cour avec un péristyle ou jardin intérieur. Les appartements privés, celui des femmes, les chambres des esclaves et les salles de service sont rejetées au fond de la demeure. Ce modèle vaut surtout pour les notables. Le reste de la population habite des maisons sans caractère et sans luxe. En ville, ils se regroupent dans les insulae : immeuble de deux trois étages, dont le rez-de-chaussée est occupé par des boutiques ou des ateliers.

Le réseau de routes dessine la carte des conquêtes romaines et relie des cités qui sont toutes le reflet de Rome. A la masse des habitations s’opposent les espaces des lieux publics. Au centre, on trouve le forum destiné à accueillir la vie politique : réunions, assemblées du peuple (comices). La place est bordée de basiliques offrant un abri contre les intempéries et servant de tribunaux. L’espace public est complété par les temples.

La vie publique se compose d’activités civiques et de loisirs (bains et jeux). Les thermes deviennent peu à peu de hauts lieux de la cité et un symbole de vie civilisée. On y trouve des jardins et des espaces sportifs, ainsi que des bibliothèques. La plupart des fêtes se concluent par des jeux. Les courses de char ont longtemps constitué l’essentiel des jeux romains. Les jeux de gladiateurs apparaissent à la fin de la République. Sous l’Empire, chaque cité possède un théâtre. Les distractions sont chères et sont offertes par l’empereur, par un magistrat ou par un notable. Les fêtes religieuses sont souvent accompagnées de représentations scéniques.


La culture romaine
Il n’existe pas d’enseignement public dans le monde romain. Tout est laissé à l’initiative du père de famille. Les maîtres d’école reçoivent les fils d’aristocrates et parfois quelques esclaves. Ils enseignent la langue latine et grecque à laquelle s’ajoute parfois la philosophie ou le droit, puis à partir du IVe siècle le catéchisme.

La diffusion des ouvrages littéraires ne concerne qu’une fraction de la population. Généralement, les livres sont lus en public. Les bibliothèques sont concentrées dans les grandes villes. Le livre est un rouleau de papyrus. A côté, les Romains utilisent des tablettes enduites de cire. A partir du IIIe siècle, le codex apparaît, forme de livre utilisant des cahiers de parchemin. Moins fragile et plus économique, le codex est l’indice du passage d’une lecture intensive basée sur les déplacements dans le texte.

Le langage artistique grec est fondé sur la tradition grecque. Par sa puissance et sa richesse, Rome donne le ton au monde entier, mais il existe des phénomènes artistiques venant de la province s’imposant à Rome. C’est le cas par exemple de la mosaïque polychrome. L’art romain transparaît par ses pièces de monnaie et ses bâtiments publics. Au IVe siècle, le christianisme a créé un nouveau type d’architecture pour la réunion des fidèles. Les basiliques remodèlent le paysage des villes. Les décors se modifient. La nouvelle culture chrétienne ne rompt pas avec la culture traditionnelle.

Les Romains conservent leurs loisirs et leur littérature. Les érudits du Ve siècle entreprennent des codifications monumentales en matière de religion, de droit et en science. A cette époque, la culture écrite commence à décliner. Le nombre de lettrés se maintient avec le nombre de prêtre, qui fait du latin la langue de la chrétienté. L’écrit se ferme sur le groupe des clercs et laisse les laïcs hors de ce mouvement. Rome a transmis sa langue de laquelle découlent nos langues, son droit sur lequel se fonde le droit contemporain et c’est en son sein que s’est développé deux des trois grandes religions mondiales.


" Nous sommes tous des citoyens romains"
Claude Nicolet

Source
Texte : HANOUNE. Roger: Nos ancêtres les Romains
Image : pagesperso-orange.fr/pascal.jobart/SiteRome2002/Images/senat.jpg

mardi 7 décembre 2010

La Mésopotamie


Une si longue histoire
La Mésopotamie est une région d'Irak située entre le Tigre et l'Euphrate. Les premiers occupants sont arrivés par le Nord-est au VI millénaire av. JC. Ils ont introduit les céréales, les fruits et les légumes. Peu à peu, tout le pays se recouvre de villages puis de bourgs.

Vers -4000, un peuple venu d'Arabie, les Akkadiens s'installent en Syrie dans la région d'Ebla et d'Alep. Par la suite, ils ont progressivement descendu vers le Golfe Persique. C'est ici qu'ils rencontrent les autres populations rassemblées, appelés les Sumériens. Les deux peuples mettent en commun leur culte et leurs technologies. Mais au IIIe millénaire, les Sumériens finissent par disparaître. C'est à cette période qu'est inventée l'écriture en -3200 dans le but de remplir des fonctions comptables. L'irrigation se développe, mettant en place une agriculture à grande échelle. Une pareille entreprise ne nécessite pas seulement une main d'œuvre abondante, mais également une direction centrale capable de planifier la construction de tous les canaux. Les villages se regroupent en de plus amples communautés. Cette révolution a implanté dans les mentalités un sens aigu du pouvoir centralisé et monarchique.

La population partage une vie intellectuelle matérielle et religieuse identique, mais reste divisée en cité-états. C'est le cas d'Ur et d'Uruk. Toutes ces cités sont en guerre les unes contre les autres. Vers -2300, Sargon roi d'Akkad parvient au prix d'une longue série de guerre à unifier toutes les cité-états de la Syrie et de l'Iran et fonde le premier empire mésopotamien. Cet empire est divisé à sa mort entre ses deux fils. Il va au fil du XXIIIe siècle, sombrer dans la ruine et l'anarchie. Les Akkadiens voient arriver sur leur terre, un autre peuple venant également d'Arabie appelé les Amorrites. Ces derniers s'adoptent vite aux coutumes mésopotamiennes.

Pendant plusieurs siècles, le pays se compose en puissants royaumes comme Lagash ou Ur avec son roi nommé Gudea. Mais le second millénaire voit l'émergence d'une nouvelle puissance Babylone et de son roi Hammourabi. Ce dernier va reconstituer l'empire de Sargon. Toutefois, son œuvre ne lui survit pas, minée par des dissensions intérieures et menacée à l'extérieur par les Elamites et les Hittites. A la même époque, la partie méridionale de l'Empire prend son indépendance et devient l'Assyrie. Toutefois, les relations avec Babylone ne sont pas coupées. Par ailleurs, une nouvelle vague d'émigrant venu une nouvelle fois d'Arabie, les Araméens déferlent sur le pays. Plus évolué que les Amorrites à leur arrivée, ces nouveaux venus ne se plient guère au mode de vie babylonien. Ils préfèrent vivre entre eux, créant des ghettos dans les villes, qui échappent au pouvoir central.

Le Ier millénaire est dominé par l'Assyrie, à la merci de laquelle reste réduite Babylone. Les empereurs assyriens au prix de lourds efforts militaires parviennent à soumettre tous leurs adversaires. Dans cet empire, Babylone n'est plus qu'une capitale religieuse et culturelle. Cependant le royaume se soulève en -612. La ville redevient un grand centre politique et la ville la plus célèbre dans le monde proche oriental. Cette puissance recouvrée ne dure pas longtemps, malgré le règne glorieux de Nabuchodonosor II. Babylone succombe à la nouvelle puissance qu'est la Perse. En -539, Babylone tombe par trahison entre les mains de Cyrus II.

Deux siècles plus tard, la ville tombe entre les mains d'Alexandre le Grand roi de Macédoine et protecteur de la Grèce. A sa mort, Babylone devient le centre du royaume Séleucide et sombre peu à peu dans l'oubli.


Une haute civilisation
La langue officielle est le sumérien et l'akkadien et persiste à travers les siècles pour les sciences, la religion et la littérature. Les scientifiques sont nombreux à Babylone. Comme leurs ancêtres sumériens, ils dénotent une surprenante curiosité, une passion de savoir et de comprendre, de classer, de ranger, d'analyser et de comparer les phénomènes de l'univers. L'écriture très complexe, reste l'apanage d'une catégorie close de professionnels, qui suivent de longues études. Ils se spécialisent ensuite dans les offices notariaux, les bureaux de secrétaires, municipaux ou royaux. Seules ces personnes ont accès à cet art. Même les plus grands souverains sont illettrés. La culture mésopotamienne reste une culture orale.


Le Roi et son peuple
Nous ignorons comment s'est instaurée la monarchie en Mésopotamie, mais celle ci se maintient par dynastie. Le roi doit par son mariage, avoir un héritier. Il n'y a pas de droit d'aînesse entre les fils. C'est le père qui choisit, ce qui ne va pas toujours sans compétitions plus ou moins sanglantes. Jusqu'au moment où un autre aristocrate élimine le roi, prend le pouvoir et fonde une nouvelle dynastie.

Il existe à côté du souverain une ou deux assemblées servant de contrepoids aux volontés du souverain. Il existe dans les provinces et dans les villes de telles assemblées, qui représentent le pouvoir royal. La cour est composée de hauts fonctionnaires et d'un grand nombre d’aristocrates exerçant des fonctions de gouverneur dans les provinces. Le roi est au sommet d'une gigantesque administration, qui tend à s'étendre et à se complexifier au fur et à mesure que le royaume s'étend. Le roi doit protéger et défendre le pays contre les ennemis extérieurs et intérieurs et gouverner avec sagesse pour faire respecter les lois et assurer la bonne marche du pays. Législateur unique par ses décisions et décrets, le roi joue le rôle de garant de la justice et de juge suprême.

A partir du IIe millénaire, le commerce extérieur constitue une source vitale. Dépourvu de matières premières, la Mésopotamie doit tout importer. Les négociants et les commis se rendent sur place et même s'installent à l'étranger. Le roi n'intervient guère dans le commerce, sauf en cas de nécessité absolue. Dans ce cas là, il organise des campagnes militaires. En règle générale, les rois préfèrent entretenir des relations pacifiques avec leurs voisins. Les affaires se règlent par le biais des ambassadeurs. Le commerce permet de financer les grands travaux publics et religieux, regroupant l'édification des temples, l'enrichissement des palais, la fortification des villes et l'entretient des canaux.


Les travaux et les jours
La société mésopotamienne n'est pas égalitaire. Elle est constituée de deux grandes catégories : les hommes libres et les esclaves. Ces derniers le sont de par leur naissance, en tant que prisonnier de guerre ou temporairement pour dette. Les esclaves sont d'avantage considérés comme des serviteurs et traités en tant que tel. L'affranchissement est possible. Les hommes libres se divisent eux mêmes en deux catégories : l'aristocratie militaire, politique, religieuse et ceux de moindre condition.

Le cadre de la société reste celui de la ville et de ses abords. Le cadre temporel est basé sur les mouvements de la lune et comprend douze mois. L'uniformisation des calendriers en Mésopotamie s'est opérée au IIe millénaire. Auparavant, chaque cité-état possédait son propre calendrier.

Les femmes paraissent avoir été traitées avec une certaine considération et libéralité, même si on les tient d'emblée pour inférieures et soumises aux hommes. L'épouse est la propriété du mari. Le droit lui permet toutefois de posséder des biens en mains propres et d'avoir recours à la justice. La seule association entre un homme et une femme reste le mariage, destiné à donner une descendance à la famille. Le mariage le plus courant est celui organisé entre les familles où les mères jouent un rôle important. Le premier entretien est l'occasion de passer un contrat et de négocier la dot de la mariée. Le mariage est célébré par un rituel suivi d'un festin et de la nuit de noce. A partir de ce jour là, la femme doit rester voilée, afin de signaler à la communauté qu'elle n'est plus célibataire. Le divorce n'existe pas. Seul le mari a le droit de rompre l'union et seulement pour cause d'adultère. Le mariage est une alliance familiale et n'a rien à voir avec l'amour. Toutefois, l'amour et le sexe occupent une place importante dans la société mésopotamienne. Cela est facilité par le fait que la religion n'impose aucune morale. La prostitution très présente aussi bien masculine que féminine, fait l'objet d'une importante organisation, placée sous la protection de la déesse Ishtar.

L'enfant tient une place importante et l'avortement est considéré comme un crime grave. Jusqu'à leur adolescence, les enfants sont élevés au foyer par leur mère. L'école est uniquement réservée aux scribes. Les femmes travaillent dans les métiers du tissage et son devoir est de tenir la maison. La cuisine est un des grands plaisirs de la vie. La base de l'alimentation est le blé et la bière, mais il faut y ajouter la viande (porc, mouton), les poissons et les fruits. Les hommes se livrent à de pénibles travaux, car tous doivent canaliser leur énergie pour le service de l'Etat, notamment dans l'armée. Le travail est rétribué par le roi. Si l'agriculture reste la profession la plus répandue, les artisans réunis dans les ateliers sont très nombreux.


L'intelligentsia
Tout ce qui est lié aux mathématiques a été développé en fonction d'impératifs économiques. Les premières tablettes contiennent des systèmes de numérotation et ont servi pour la comptabilité. A partir du IVe millénaire, le système numéral devient décimal. Sur le même modèle est né le droit, donnant naissance au code de lois, dont le plus célèbre est celui d'Hammourabi. C'est le cas aussi de la divination. Les Mésopotamiens pensent que les dieux connaissant l'avenir, peuvent le révéler à travers des évènements particuliers. Tous ces phénomènes observés ont été conservés dans des catalogues et annotés d'analyses. L'astrologie liée à la divination, prend son essor au Ier millénaire. Les observateurs ont repéré les constellations et les mouvements des astres. La médecine quant à elle, se présente sous la forme de recette de remèdes thérapeutiques en fonction des symptômes.

Les savants ont voulu comprendre les êtres de l'univers et les classer. Au fil des siècles, les érudits ont constitué une riche encyclopédie contenant plus de 10.000 sujets. Elle recense toutes les choses de l'univers matériel. A partir de là, sont nés les traités de linguistique en sumérien et en akkadien. Au niveau de la littérature, il n'existe pas de droit d'auteur et chacun est libre de faire ce qu'il veut des textes. Au fil du temps, les goûts et les styles ont évolué. Néanmoins, il reste quelques textes qui ont traversé les époques comme l'Epopée de Gilgamesh.


Les Dieux
La société mésopotamienne est foisonnée de mythes destinés à expliquer les choses se passant sur la Terre, mais également pour trouver des réponses aux questions qui hantent chaque humain. Les Mésopotamiens sont convaincus qu'il existe un monde invisible et supérieur où résident les dieux. Ceci sont des deux sexes et organisés en une hiérarchie.

La Terre est composée de trois parties : les cieux, le monde des humains et les Enfers. Au départ, il existait plusieurs milliers de divinités, mais leur nombre tend à diminuer au fil du temps. Par ailleurs, les hiérarchies sont bouleversées en fonction des changements politiques. Le panthéon mésopotamien compte une trentaine de divinités principales. Enlil, le roi des dieux, prend le pouvoir avec l'abdication de son père Anu. Il est secondé par son frère Enki. Les déesses jouent comme dans la société humaine, le rôle d'épouse et n'occupent pas de fonctions importantes. Seule Ishtar, déesse de la guerre et de l'amour libre, sort du lot. Au Ier millénaire, c'est Marduk le dieu protecteur de Babylone qui devient le roi des dieux.

Les dieux ne sont pas localisés. Tantôt, ils vivent dans leur temple, tantôt ils s'incarnent dans les éléments qu'ils représentent. Le monde est l'œuvre de quelques dieux qui se sont multipliés au fil du temps. Les dieux primaires ont aménagé la Terre pour y vivre et pour en vivre. La création de l'Homme est relatée dans le mythe du Supersage. Les dieux ne voulant plus travailler, Enki eut l'idée de créer l'Homme comme suppléant, mélangé de terre argileuse et de sang divin. C'est ce qui explique que pour les Mésopotamiens la vie n'a de valeur que pour le service des dieux. Afin de diriger les Hommes, les dieux insufflent une destinée à certain d'entre eux pour gouverner.

Les oracles sont les intermédiaires par lesquels les dieux font connaître leur volonté aux humains. Quoiqu'il se passe, bon ou mauvais, chaque chose est la volonté des dieux et ne peut pas être remis en question, car elle est fait partie d'un large dessin. Ainsi, aller contre l'ordre social, c'est aller contre la volonté des dieux et cela constitue un grave pêché. Cette faute est châtiée non seulement dans le monde des vivants, mais aussi après la mort. Il existe toute sorte de rites de purification, afin de laver ses pêchés. Le seul moyen de s'en débarrasser est qu'un prête pratique un rite d'exorcisme. Malgré cela, la morale n'occupe pas une place importante dans la religion mésopotamienne. Du moment que l'on a travaillé pour son dieu et rendu le culte qu'il méritait, et qu'on ne le froissait pas, tout est permis.



Sources :
texte : BOTTERO. Jean : Babylone
image : fr.blog.360.yahoo.com

lundi 29 novembre 2010

Les Hébreux


D’Abraham à Moïse
Abraham, Sara sa femme, son fils et son neveu quittent Ur pour s’établir au pays de Canaan vers -1800. Ismail et Esaü fonderont chacun une nation : les Arabes et les Edomites. Les Hébreux descendant d’Abraham, se disent fils d’Israël, nom reçu par Jacob, petit fils d’Abraham, lors de sa lutte avec l’ange au gué de Yabboq.

Les descendants de Jacob s’installent en Egypte, où ils finissent par être asservis et employés dans les ambitieuses constructions des pharaons de la XVIIIe dynastie. La tradition évalue le nombre d’Hébreux à quitter l’Egypte sous la direction de Moise durant l’Exode, entre 600 et 800. En réalité, compte tenu des conditions logistiques, ce chiffre doit être revu à la baisse. Moise est un chef énergique sachant combiner indulgence et sévérité face à un groupe indocile, dont il réussit peu à peu à faire un peuple. Il lui impose un ensemble de loi et la croyance en un seul dieu unique. Selon certains historiens, Moise aurait été un aristocrate égyptien, ayant transmis aux Hébreux un monothéisme issu de la réforme d’Akhenaton vers -1370.

On appelle en hébreux Tora, un ensemble de cinq livres, d’où son nom grec Pentateuque, qui place en tête un corpus plus vaste qu’est l’Ancien Testament. Cet ensemble réunit un certain nombre de règles morales, sociales et culturelles, destinées à gouverner la vie des adeptes de la croyance monothéiste rattaché à Moise.


Au temps des juges et des rois
Moise meurt avant d’avoir regagné la terre promise. Il désigne comme successeur Josué. La conquête de Canaan paraît plus vraisemblablement résulter d’une pénétration lente, plutôt que d’une brillante campagne militaire, comme veut le montrer le siège de Jéricho. Selon la Bible, Josué répartit les territoires entre les douze tribus d’Israël. Chaque tribu se dote d’un juge, chargé de gouverner et de mener les opérations militaires. Le plus célèbre est Samson, doué d’une force exceptionnelle. Il défit les Philistins et n’est capturé que grâce à une ruse féminine.

Face aux menaces extérieures, les Hébreux éprouvent le besoin d’un pouvoir central stable en la personne d’un roi. Dans la Bible, Samuel est le porte-parole des Hébreux face à Dieu. C’est lui qui formule cette demande. Un jeune homme de la tribu de Benjamin se distingue par sa taille et sa force. Il s’agit de Saül, qui reçoit de Samuel l’onction royale. La guerre contre les Philistins perdure.

Les armées ennemies sont dirigées par Goliath, qui est tué dans une bataille par David, un berger servant dans les troupes. Il entre à la cour et se lie d’amitié avec le prince Jonathan, qui apprécie ses dons pour la musique. Il épouse la princesse Mikhaïl. Saül, jaloux du succès de David tente de l’assassiner. David s’exile. A la bataille de Jezréel, Saül et son fils trouvent la mort. David soutenu par le peuple, lui succède. Il choisit une capitale en terrain neutre, Jérusalem. Après avoir conquis la ville vers -1004 et construit son palais, David repart en campagne contre les Philistins. Il les soumet, ainsi que les Moabites et les Araméens. Vers la fin de son règne, David est chassé par son fils Absalon, mais l’ancien roi reconquiert son trône.

En -968, le règne de Salomon débute. La paix extérieure étant acquise, le roi juste réorganise le pays. Il le divise en district et met en place une administration. Il épouse la fille de Pharaon. Salomon fait de sa capitale le centre religieux unique en bâtissant le Temple. Construit en 37 ans, mesurant 30 mètres de long sur 15 de large et de autant de haut, son décor est extrêmement raffiné. L’arche d’alliance contenant les Dix Commandements, y est entreposée. Salomon ne résiste pas aux femmes étrangères. Il épouse la reine de Saba. Il meurt en -928.

A sa mort, le royaume d’Israël se divise. Les dix tribus du Nord forment le royaume d’Israël avec pour capitale Tirsa, puis Sömeul. Les deux tribus du Sud avec comme capitale Jérusalem, restent fidèle à la dynastie et forment le royaume de Juda. Roboam succède à son père, tandis que le Nord élit Jéroboam, un égyptien qui réinstaure le polythéisme. Déchiré par la conspiration et les assassinats politiques, le royaume d’Israël devient une proie facile pour les envahisseurs.

Le roi Omri (-884/-824) transfère la capitale sur la montagne de Samarie et la fortifie. Le roi assyrien, Iglath Phalassar III conquiert la Galilée. Ensuite, Sargon déporte une partie de la population et fait le siège de Samarie en -721. Vainqueur, il favorise l’implantation de colons. Le royaume de Juda connaît aussi de nombreux mouvements de cour. Le roi Ezéchias doit également faire face aux Assyriens. Le roi Josias renouvelle l’alliance avec Dieu, fait brûler les idoles, démolit les temples païens. Il meurt à la bataille de Megiddo contre le pharaon Néchao. Ce dernier place sur le trône son frère et exige un lourd tribut. Nabuchodonosor II le renverse et asservit le pays. Il installe son oncle. Ensuite, le roi entreprend le siège de Jérusalem, qui finit par céder à cause de la famine. En -597, la Judée n’est plus qu’une province babylonienne.


De la période perse à la révolte des Maccabées
En -539, Cyrus roi de Perse conquiert Babylone. Il signe à Ecbatane un édit autorisant le retour des Judéens exilés et la reconstruction du Temple. Le retour vers la terre promise s’étale sur plusieurs décennies. La reconstruction s’accompagne d’une restauration religieuse, conduite par deux personnes : Ezra et Nekem. Leur souci est d’éradiquer les influences étrangères pouvant conduire à de nouvelles idolâtries, ainsi que la connaissance de la Tora.

La Judée fait partie de la Transeuphratine, dirigée par un stratège. La plupart d’entre eux, sont des Judéens, même s’ils ont parfois des noms babyloniens. Les exilés ont su préserver leur culture hébraïque, mais ils connaissent aussi l’araméen ramené de Babylone. Au IVe siècle av. J.C, la Judée passe sous le contrôle de l’Egypte. Après la mort d’Alexandre, la Judée est l’objet de disputes entre les Séleucides et les Ptolémées Lagides. Il existe une importante communauté juive à Alexandrie. Selon Aristote, c’est vers -280 que la Tora aurait été traduite en grec. Puis c’est l’ensemble de la Bible connu sous le nom de Septante. En -198, Antiochos III annexe la Syrie et la Judée.

L’usurpation du sacerdoce par des intrigants, la vénalité de la charge de grand prêtre jusque là héréditaire, l’hellénisation des mœurs, irritent une grande partie de la population. Des troubles éclatent entre les partisans de Jason et de Ménélas. Antiochos III ne veut pas d’une révolte à Jérusalem. Il renforce la brutalité des répressions et l’hellénisation de la société. Le mouvement de résistance est repris par Modin et ses fils, de la famille des Maccabées. Son fils Juda bat plusieurs fois les Séleucides, s’empare du Temple et le purifie. Juda meurt au combat en -161. Son frère Jonathan reprend la lutte. Il étend son territoire avant d’être assassiné.

A cette époque, les juifs se divisent en plusieurs courants. Les sadducéens très conservateur, les pharisiens proche du peuple et développant une tradition orale et esséniens vivant en communauté à l’écart du monde.


De la dynastie hasmonéenne au règne d’Hérode
Simon, le frère de Juda peut être considéré comme le fondateur de la dynastie hasmonéenne. La Judée retrouve son indépendance. En -134, Jean son fils lui succède et doit une nouvelle fois lutter contre les Séleucides. Son frère, Alexandre lui succède, reprend les conquêtes et étend son territoire. Le royaume s’étend de la Phénicie au Nord de l’Egypte. Les pharisiens sont de farouches adversaires politiques, qui contestent la légitimité de la dynastie. En -80, huit cents d’entre eux sont crucifiés. A la mort d’Alexandre, la reine décide de s’appuyer sur ce parti. Elle meurt en -67.

Ses deux fils, Hyrcan et Antipater se livrent une lutte de pouvoir. Hyrcan demande l’aide de Pompée, qui assiège Jérusalem. Le royaume de Judée devient un Etat client et est soumis à un lourd tribut. Hyrcan garde sa fonction de grand prêtre et l’autorité sur le royaume. En -47, l’un des quatre fils d’Antipater prénommé Hérode, est nommé stratège de Galilée. Celui ci s’allie avec Marc Antoine et devient roi en -31 avec l’appui du Sénat romain. Il épouse la petite fille d’Hyrcan et fait éliminer ses rivaux. Octave devenu Auguste le conforte dans sa position, afin de garder un allié aux portes de l’Empire. Hérode développe le commerce par ses ports, construit de nombreuses infrastructure et forteresses dans tout son royaume. Il reconstruit le Temple.


De la domination romaine à la révolte juive
En 6, Auguste dépose le fils d’Hérode sur demande de la population. La Judée est désormais une simple province romaine. Néanmoins, les Judéens ne supportent pas de payer le tribut à Rome. En 37, les Juifs se révoltent et nomment un roi en la personne d’Agrippa Ier, petit fils d’Hérode, très proche de Claude et de Caligula. Il meurt en 44.

Claude jugeant ses fils trop jeunes pour régner, il envoie des procurateurs pour administrer le pays. Les émeutes et les violences reprennent. L’arrivée d’Agrippa II sur le trône, ne change rien, car il est trop soumis à Néron. En 66, une armée rebelle juive chasse les Romains de Jérusalem et le procurateur Félix. Néron envoie le général Vespasien pour reprendre le contrôle de la région. Celui ci s’enfonce rapidement dans le pays, remportant de nombreuses victoires. Il fait route vers Jérusalem, où des factions politiques se battent entre elles. Le siège est confié à Titus, car Vespasien devenu empereur, rentre à Rome. Durant le siège, un incendie détruit le Temple et sur ordre de Titus, la ville est complètement pillée.


Défaites politiques et reconstruction spirituelle
Les théologiens juifs recherchent les causes de la défaite dans une explication divine. Rabban Yohanan Ben Zakkaï contribue grandement à la restauration du Judaïsme. Il développe de nombreuses écoles religieuses.

En 132, une nouvelle révolte éclate contre Rome, mais elle réprimée. Furieux, Hadrien renomme la province de Judée, Palestine. Au IIIe siècle, les échecs successifs des révoltes juives apparaissent comme des preuves de l’abandon divin et conforte l’idée que le Christianisme est devenue la vraie religion. Cependant, contrairement aux chrétiens, les juifs ont une religion légale dans l’Empire, ce qui leur permet de se diffuser. Hélène, la mère de Constantin désire faire de Jérusalem, une ville chrétienne. Après l’Edit de Constantin, le Christianisme devient la religion officielle de l’Empire. Les juifs sont chassés de Jérusalem. Le Saint Sépulcre est construit. Les Juifs ne peuvent venir en pèlerinage qu’un jour par an, près du Mur des Lamentations.

Après la chute de Rome, la Judée reste sous le contrôle de Byzance. Le statut des juifs promulgué par Justinien au VIe siècle, ne changera plus jusqu’au XVe. Quels que soient leur origine et leurs lieux de résidence, les Juifs se considèrent comme un seul peuple, ayant une langue, une terre promise, une ville sainte et une mission divine en attendant le retour du Messie rédempteur.


" Celui qui se tait le premier dans les disputes est le plus digne de louange."
Proverbe hébreux


SOURCE
Texte : HADAS-EBEL. Mireille : Les Hébreux entre la Bible et l'histoire
Image : interhg.free.fr

jeudi 18 novembre 2010

L'Inde des Gupta

L’Inde avant les Gupta
Dès -7000, le Nord-ouest du sous continent indien a été le théâtre de la révolution néolithique. Vers -2500, de grandes cités émergent sur les bords du Gange, qui commercent avec les cités de Mésopotamie. Vers -2000, les Aryens peuple originaire de la Mer Caspienne s’installent dans la péninsule. Ils mettent en place un système social très hiérarchisé, ancêtre des castes actuelles. Ils parlent le sanskrit, cette langue appelée à devenir le vecteur par excellence de toute forme élevée de la culture dans le monde indien. Ils ont comme religion le védisme se basant sur les forces de la nature. Le védisme se développe progressivement pour s’enrichir de concept abstrait et devient l’hindouisme.

En réaction à la domination sociale des brahmanes (prêtre) d’autres courants de pensée voient le jour au Ve siècle av JC. Il s’agit du jaïnisme prônant un mode de vie ascétique et pacifique, puis du bouddhisme dont le salut consiste à se libérer du cycle infernal de la réincarnation. La domination perse, puis la conquête d’Alexandre ont joué un rôle considérable dans l’apparition d’une conscience politique au sein des différents royaumes gangétiques. Le plus important le Magadha devient le berceau de l’Empire Maurya en -320.

En -305, un traité signé entre Séleucos un général de l’armée d’Alexandre et Chandragupta, donne à ce dernier les régions à l’Est de l’Indus en échange d’un tribut de 500 éléphants. Ashoka son fils lui succède. Il hérite d’un Etat centralisé, prospère, doté d’une puissante armée. Après avoir maté de nombreuses révoltes avec violence, il se convertit au bouddhisme et cherche à garantir le lien entre spirituel et matériel de son peuple.

Les successeurs se révèlent incapables de maintenir la cohésion de l’empire. En -176, Pushgamitra assassine le souverain et fonde la dynastie des Shunga, régnant davantage sur une fédération que sur un empire centralisé. En -64, ils sont remplacés par les Kanva.


Des Kushana aux Gupta
Au milieu du IIe siècle av JC, les Scythes commencent à descendre des confins d’Iran vers la vallée de l’Indus. Au siècle suivant, le roi Mauès d’origine scythe règne sur un grand domaine. Ils sont renversés peu à peu par le peuple des Yuezhi originaire de Chine. Pendant les premiers siècles de l’ère chrétienne, la situation politique du Deccan et du Sud de la péninsule de l’Inde est particulièrement complexe.

Les origines de la dynastie Gupta sont mal connues. La dynastie apparaît avec Chandragupta Ier (320-335). Ses descendants étendent leur influence par le biais de mariages et de conquêtes militaires, notamment son petit fils Sanudragupta. Son fils Chandragupta II après avoir éliminé son frère, met un terme définitif aux Scythes d’Inde. Sous sa tutelle, le domaine Gupta atteint sa plus grande extension réunissant le Pakistan, le Bangladesh, plus le Nord de l’Inde ainsi que la côte Est.

L’ordre de succession des monarques ultérieurs n’est pas connu avec précision. Plusieurs souverains ont d’ailleurs pu régner ensemble sur un empire à la veille de s’effondrer et qui se fissure autant de l’extérieur que de l’intérieur. Miné par l’émergence de nouvelles dynasties au sein même de ses territoires affaibli par les attaques répétées des Huns et déstabilisé par des troubles internes. L’empire vacille et s’effondre au début du VIe siècle, sous le règne de Bhânugupta. Les destinées de l’Inde passent alors entre d’autres mains, telle la dynastie des Maushari ou des Huns convertis à l’Hindouisme.


Une politique de tolérance religieuse
Les empereurs Gupta sont de fidèles et constants dévots du dieu Vishnu. Les sceaux royaux et les monnaies témoignent de cette obédience. L’époque Gupta voit la rédaction, la compilation ou le remodelage des principaux récits antiques, dont beaucoup exaltent la gloire de Vishnu. Si l’essor du Shivaïsme fut moindre à l’époque Gupta, il fut loin cependant d’être insignifiant, tout comme l’attestent les divers temples élevés. Certains feudataires des Gupta sont d’obédience shivaïte. C’est également à cette époque que certains Purana shivaïtes sont rédigés. Le culte de Shiva est très florissant dans la ville de Mathura.

Le culte dévoué à son fils Kumara le chef des armées divines, est aussi important comme le montre la numismatique royale. S’il n’eut jamais à souffrir de l’hostilité déclarée de la dynastie régnante, le bouddhisme ne bénéficie pas non plus de son patronat. Seuls trois empereurs sont associés à la fondation de monastères bouddhiques. Le bouddhisme a pâti de l’essor de l’hindouisme, qui est mieux structuré et plus organisé. Pour les prêtres hindous, les bouddhistes sont perçus comme de dangereux hérétiques, dont les croyances constituent une menace pour la société. Pourtant en dépit d’un contexte trouble, le bouddhisme se développe de façon notable et quelqu’un de ses plus grands érudits tels Aranga, y produisent leurs travaux les plus célèbres. C’est aussi à cette époque que les monastères bouddhistes commencent à se transformer en grands centres d’éducation religieuse, comme celui de Sarnath.


Belles lettres et culture savante
L’époque Gupta est marquée par le rayonnement de la langue et de la littérature sanskrite. Elle est considérée comme la langue des dieux transmise aux hommes par une révélation et tenue pour être à l’origine de toutes les langues du monde. Les Gupta lui vouent une véritable admiration, à tel point qu’ils en préconisent l’usage et la pratique jusque dans l’intimité des gynécées royaux.

D’immenses talents scientifiques purent s’épanouir à cette époque, au premier rang desquels figure le mathématicien Aryabhata, âgé de 23 ans lorsqu’il rédige son traité. Il détermine la valeur de pi et développe la théorie des ellipses pour observer le mouvement des planètes. En médecine, Vagbhata compile toutes les connaissances dans ce domaine. L’ouvrage est traduit en tibétain et en perse. Les sciences vétérinaires sont également abordées, notamment pour les chevaux et les éléphants. La médecine est enseignée dans les grandes institutions bouddhiques. Certaines villes comptent de nombreux hôpitaux.

L’époque Gupta voit surtout l’épanouissement des belles lettres et de la littérature profane et le seul nom du poète et dramaturge Kalidasa suffit à incarner l’âme et le génie de cet âge d’or, où la culture de cour marie raffinement, élégance et beauté. Il est l’auteur de drames et de pièces de théâtre, dont la plus célèbre est Sakuntala traduit en anglais en 1789.


L’art de l’Inde classique
Une grande originalité apparaît dans les monnaies. Les Gupta ont su faire inscrire leurs aspirations politiques et religieuses. La statuaire a livré des témoignages à travers lesquels de nouvelles tendances semblent se dessiner. L’architecture en revanche s’est développée de manière plus tardive. Peu d’œuvre peuvent être reliées directement au mécénat de l’un ou l’autre des souverains Gupta. Certes leurs noms apparaissent dans diverses inscriptions dédicatoires, mais la commande n’émane pas d’eux.

C’est dans le domaine de l’architecture et de la sculpture religieuse que l’époque Gupta se révèle novatrice. Pour la deuxième fois, des monuments dans lesquels se fait jour une vraie science de la construction sont édifiés en matériaux pérennes. Le plan, l’élévation et le décor de ces édifices se révèlent variés et riches de symboles. L’architecture religieuse se veut la transcription de la volonté divine dans le monde des hommes. D’une extrême diversité, la statuaire de l’époque Gupta donne à voir les plus beaux chefs d’œuvre de tout l’art indien. L’ampleur du domaine des Gupta explique le caractère unitaire de la statuaire aux Ve et VIe siècle, ainsi que le fort régionalisme qui la marque en même temps. A la même époque, l’iconographie se fixe de manière canonique. Deux grandes écoles d’art se distinguent, celle de Mathura et celle de Sarnath. La première a laissé un nombre considérable d’images hindoues et bouddhiques, la seconde est célèbre pour ses statues de bouddha.


Le rayonnement du classicisme indien
Les relations entre l’empire Gupta et le royaume du Népal doivent être étroites vu le nombre d’œuvres népalaises parvenues jusqu’à nous. Dès le Xe siècle, à la faveur des liens tissés entre les universités du Nord-est de l’Inde et le nombre de pays bouddhistes, l’héritage Gupta contribue à modeler de manière significative l’art des pays himalayens ou celui de certains pays d’Asie du Sud-est. La route de la soie a permis le développement du bouddhisme et de cet art en Chine et en Afghanistan.


"Notre corps est la barque qui nous portera jusqu'à l'autre rive de l'océan de la vie. Il faut en prendre soin."
Swami Vivekanananda


Source :
Texte : OKADA. Amina : L'âge d'or de l'Inde classique
Image : http://www.buddhachannel.tv/portail/IMG/bmp/Sculpture_gupta.bmp