samedi 11 décembre 2010

Le Néolithique

Au fil du temps
Le Proche Orient est entre -12.000 et -6.000 le plus ancien et le plus connu des centres de néolithisation. Les changements correspondants au néolithique s'étendent progressivement au monde entier. Tous les emprunts sont refaçonnés en fonction des milieux écologiques et culturels. Ils deviennent eux même le point de départ d'autres inventions autonomes.

A partir de -15.000 le climat se fait plus doux. Le Croissant Fertile se peuple d'animaux et de plantes. Tout d'abord les Natoufiens de Syrie construisent des villages permanents de plein air et vivent de la chasse et de la cueillette. Puis apparaissent l'agriculture et l'élevage. Vers -6.000, la céramique est inventée et l'économie de production se répand hors de la zone de céréales.

A la même période, le néolithique démarre en Europe en commençant par les Balkans. De cette région au Portugal, un courant très homogène appelé danubien se répand. Les nouvelles techniques se diffusent en priorité dans des environnements déjà occupés.

Entre le paléolithique et le néolithique, il existe une période intermédiaire appelé le mésolithique. Toujours chasseurs, cueilleurs et pêcheurs, les hommes se sédentarisent de plus en plus et exploitent systématiquement un territoire restreint. Par ailleurs, ils inventent de nouvelles techniques comme l'arc.


Apprivoiser la nature
En Europe, la déglaciation se fait en -12.000. Il y a plus d'humidité et la température croît. D'épaisses forêts font leur apparition. Les animaux des glaces disparaissent ou migrent davantage vers le Nord, tandis que les animaux des forêts se multiplient.

L'homme change aussi le paysage en créant des champs et des pâturages et déboisent des parties de forêt. L'homme cherche à disposer d'une réserve alimentaire en qualité et au moment voulu. Pour obtenir ce résultat, sans doute faut il travailler plus, mais il est possible de nourrir plus de monde. La domestication va donc tendre à privilégier et accentuer des attributs tout à fait opposés à ceux qui permettent aux espèces sauvages de vivre normalement. Peu à peu, l'homme apprend à privilégier ce dont il a besoin. Il commence à élever des chèvres. Cette évolution marque le saut quantitatif que représente le passage d'une vie en symbiose avec la nature à une action dirigiste sur celle ci.

Les premières céréales sont cultivées là où elles existent à l'état sauvage dans le Croissant Fertile au début du IXe millénaire. L'orge et l'engrain précèdent le froment. Les pois et les lentilles font leur apparition au VIIe millénaire. Puis la diffusion de toutes ces plantes se fait l'Ouest. L'avoine, le seigle et le millet sont très caractéristiques de l'Europe, mais sont plus tardives.

Dans la forêt, le paysan dégage de petites clairières à l'aide de haches de pierre polie. Il met ensuite le feu pour enrichir les sols. C'est la culture sur brûlis. Les champs sont très proches du village. La rotation des cultures a toujours été pratiquée et devient même une nécessité avec la croissance démographique et la raréfaction des espaces vierges. La recherche de nouvelles terres entraînent des migrations. Les cultures se déroulent de la manière suivante : le paysan gratte la terre avec une simple branche et fait un trou pour les semailles puis la récolte se fait à la faucille. Les grains sont conservés dans la maison. Les hommes utilisent de grands vases et des paniers. A l'extérieur, on creuse des fosses d'environ deux mètres de diamètre et de profondeur qui servent de dépotoirs une fois hors d'usage.

Le chien issu du loup, est le compagnon de l'homme à la chasse. Les autres animaux ont été domestiqués au VIIe millénaire. La chèvre et le mouton apparaissent en Iran. Ceux ci ont été importés en Europe. Les bœufs et les cochons sont présents dans les deux régions. L'hivernage pose quelques problèmes et on se contente de tuer les animaux au début de l'hiver. Certains animaux sont utilisés pour la reproduction, d'autres pour leur lait ou leur fourrure. Le cheval est domestiqué en Russie à la même période et sert uniquement pour le transport.


Premiers villages
Les travaux des champs et le stockage des récoltes nécessitent un habitat stable, mais la sédentarité n'exclut nullement la mobilité, notamment pour la transhumance.

Les grottes commencent vers -12.000 à être délaissés au profit d'installation en plein air. Les premières maisons sont des fosses rondes. Les parois internes sont renforcées par un muret et prolongées à l'air libre par une palissade en bois. Un cercle de poteaux soutient la toiture et un enduit en argile recouvre le sol.

Vers -9.000, on commence à construire de vrais murs avec de la pierre pilée au mortier. Les pièces font également leur apparition par des murets rectilignes Vers -8.000, les maisons deviennent rectangulaires et s'agrandissent. Un plan orthogonal permet de rajouter des pièces sans refaire toute la maison. Puis les murs sont construits en brique crue. Les premières villes apparaissent en Mésopotamie au IVe millénaire.

Les cultures deviennent irriguées. Le commerce, surtout des matières premières, s'organisent et l'écriture se développe à partir de la comptabilité. L'Europe reste d'avantage agricole et connaîtra une révolution urbaine plus tardive.

Au Ve millénaire, les villages se dotent de routes en plan orthogonal. Une distinction s'opère entre bâtiment privés et bâtiments communautaires. Les villages sont protégés par un rempart de pierre, d'un fossé ou un talus surmonté d'une palissade. L'usage total de la pierre est plutôt propre aux monuments funéraires.

Dans le monde domestique, la pierre est réservée au dallage des sols. Certains murs, reçoivent un enduit peint. L'isolation se fait par des écorces de bois. Le toit diffère selon les régions. Plus on se déplace vers le Sud, plus les toits sont aplatis. Les maisons sont constituées de trois zones : un habitat, un grenier et un atelier.


Artisans et colporteurs
L'outil répond aux besoins sociaux et économiques de la communauté. Cependant, l'élan initial est souvent religieux. Le polissage de la pierre concerne d'abord la parure et la terre cuite sert à fabriquer des idoles. L'évolution des outils reflète les progrès techniques et les changements sociaux et démographiques. De plus en plus, les outils tendent à se spécialiser.

La céramique est liée à un habitat stable. Au Proche Orient, l'argile a d'abord servi d'enduit. La poterie utilitaire fait une apparition timide vers -8.000 et la véritable céramique se généralise vers -6.000. Elle apparaît en Europe à la même date. On s'en sert essentiellement pour le stockage. Le montage en colombiens est la technique la plus fréquente, car le tour de potier n'existe pas avant -3.000. Le four lui aussi est tardif. La cuisson des vases se fait par le sol.

Le tissage de la laine et du lin se développe avec l'agriculture Les vêtements sont cousus avec des épingles en os, ce qui reflète des techniques simples de confection. En revanche, la teinture et la broderie existe déjà.

La cellule familiale est autonome pour ses besoins. A partir de -5.000, certaines personnes se spécialisent et produisent pour échanger. Ce phénomène s'intensifie avec le développement de la métallurgie La spécialisation du travail permet une production qui dépasse les besoins locaux et favorise un développement des échanges. Avec le temps, les échanges s'intensifient et se font de plus en plus loin.

Le troc reste la forme d'échange la plus répandue. Aucune route entre les villages n’existe. La roue n'est inventée qu'en -4.000. Le cheval joue aussi un rôle dans les transports. Les axes fluviaux ont toujours été favorisés.

A partir du Ve millénaire les luttes armées se font de plus en plus fréquentes. Il faut protéger ses biens et la croissance démographique nécessite de nouvelles ressources, qu'il faut souvent conquérir par la force. Toutefois, il existe aussi des échanges culturels que facilite l'invention de l'écriture.


Monde des morts, reflet des vivants
Les premières nécropoles apparaissent en même temps que les villages. Les tombes se trouvent au sein des habitations ou à proximité. Au départ les défunts sont inhumés dans des fosses individuelles creusées dans la terre et contenant des offrandes. Les corps sont protégés de la terre par des sacs de toile. Leur position est allongée ou repliée.

Puis, la mode devient la sépulture collective où s'enterrent les membres d'une même famille ou d'un même clan. L'Europe toute entière se dote de mégalithes (dolmen, menhir, cairn), chose qui n'est absolument pas connue au Proche Orient. Des tumulus géants apparaissent. Ils recouvrent plusieurs chambres funéraires reliées entre elles par des couloirs. En revanche, les menhirs restent encore un mystère. Il semblerait qu’ils soient utilisés autant pour des rites funéraires que pour des rites ayant un lien avec l'astronomie. Certaines chambres sépulcrales ont une ouverture en encorbellement. Des plaquettes de pierre débordent à l'extérieur pour former une sorte de coupole. Ces masses nous paraissent informes, mais les cairns sous la forme de massifs de pierraille retenus par des parements soigneusement conscrits, forment une sorte de pyramides.

Le décor, quand il existe, est réalisé avec soin à partir de peinture rouge et noire. Les motifs abstraits ou figurés relèvent d'un langage de signes, qui dépasse le domaine strictement funéraire. Les pratiques funéraires témoignent des particularismes régionaux. La division de l'espace funéraire semble correspondre à des groupes familiaux ou sociaux.

Une fois inhumés, les morts restent l'objet des soins d'un vivant. Les archéologues ont retrouvé de nombreuses offrandes. L'abandon d'une sépulture ne se fait pas à la sauvette, mais donne lieu à des cérémonies de condamnation élaborées. Les corps sont recouverts d'une couche de terre ou de pierre. Les accès aux tombes sont masqués et les monuments sont ensevelis. Toutefois, certains sites peuvent être occupés pendant plusieurs siècles. Des nouvelles chambres sont alors accolées aux anciennes.

Certains cairns ou dolmens atteignent de gigantesques dimensions. Le souci de voir et de donner à voir explique ce phénomène. Il s'agit de montrer que la communauté est forte. En effet, la construction de tels mégalithes nécessite une main d'œuvre importante, des matières premières et un pouvoir fort et centralisé capable d'ordonner et de diriger une telle opération. Ces monuments servent également de borne géographique pour marquer un territoire.

Les mégalithes ne sont pas l'ultime demeure de tous. Seule une dizaine de personnes y reposent. Il s'agit en général des élites religieuses et guerrières. L'espérance de vie à cette période est de 30 ans. La mortalité infantile est très élevée.


Art et religion
Les premiers cultes sont en rapport avec la nature. Avec le développement de la communauté, on voit apparaître un culte des crânes. Ces derniers sont déposés dans des sanctuaires. Il ne s'agit pas de vrais crânes, mais de moulages en argile.

Dès le début de l'écriture, les dieux sont nommés et la Déesse-Mère est prédominante. Elle est symbole de fécondité et est rattachée au monde agricole. Les figures masculines apparaissent plus tardivement lorsque l'économie se met d'avantage en place. Les dieux et les déesses sont représentés par des statuettes en argile, qui symbolisent très clairement le culte de la fécondité. Au fil du temps, apparaît de plus en plus des formes et des symboles géométriques ou seulement une partie du corps. Les premières véritables statues apparaissent au Moyen-Orient au VIIIe millénaire. Elles sont en général de taille humaine voire supérieure. L'Europe ne connaîtra ce phénomène qu'au IIIe millénaire. Les sépultures, les habitats et les centres culturels semblent avoir également abrités des effigies dont le rôle religieux reste flou.

En Europe, les symboles se retrouvent sur les dolmens et les menhirs, que ce soit des formes humaines ou des symboles. On trouve dans le Bassin Méditerranéen des statues-menhirs de petites tailles seulement sculptées sur la face antérieure. Ces stèles sont dressées dans des lieux éloignés de tout village relativement élevés et boisés. Elles devaient servir de protection.

La prédominance de la figure humaine et surtout féminine n'exclut pas l'animal. Viatique ou compagnon du mort dans la tombe, rituel, statuette modelée ou fresque murale, l'animal est présent. Les animaux sauvages sont rares. Ce sont les animaux domestiques qui dominent (taureau, mouton).

Le répertoire des signes abstraits est vaste : lignes brisées ou ondulées, cercles, spirales, etc... Les interprétations sont difficiles. Seule la hache et la crosse semblent explicites. De tels attributs devaient symboliser l'autorité plus spirituelle et religieuse que temporelle détenue par certaines personnes.


Vers une nouvelle société
Le néolithique s'achève avec la maîtrise des métaux. Le travail du métal nécessite une technique plus complexe et surtout l'extraction dans les mines. Une spécialisation se crée, qui sera à la base des organisations sociales. Les sépultures regorgent de ces métaux surtout lorsqu'il s'agit de personnes influentes.

A la charnière des IIIe et IIe millénaire, le niveau de population et l'intensification des échanges entraînent une certaine unification culturelle en Europe surtout dans l'artisanat et la culture. Le passage à l'âge du bronze se fait sans rupture Des pratiques du néolithique perdurent largement dans la période suivante.


Source :
texte : LOUBOUTIN. Catherine : Le Néolithique
image : culture.cg44.fr

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