vendredi 26 novembre 2010

Gandhi

Les quatre cents coups
Mohandas Gandhi est né le 2 octobre 1869 à Porbandar, une ville de pêcheurs et d’armateurs sur le bord de la mer d’Oman. Depuis plusieurs générations, les Gandhi assume la fonction de premier ministre de cette petite principauté. La famille appartient à la troisième caste, celle des marchands. D’ailleurs, Gandhi signifie épicier. Il est issu du quatrième mariage de son père Karamchand Gandhi avec Putlibai fervente pratiquante hindoue.

A quatorze ans, on le marie à une adolescente prénommée Kasturbai. A seize ans, il perd son père et sa femme fait une fausse couche. A dix huit ans, il termine ses études et décide d’aller en Angleterre, afin d’apprendre le droit. Sa mère refuse et il est excommunié par la communauté hindoue.

Arrivé en Angleterre, il apprend toutes les coutumes occidentales, ainsi que le violon, la danse et le français. Respectant les traditions hindoues, il demeure végétarien. Il fait des économies sur tous, sauf sur les vêtements. Il lit de nombreux textes religieux et notamment ceux hindous. En 1891, il s’inscrit au barreau de Londres et devient avocat, avant de repartir pour Bombay. Sa mère est morte. Il est engagé par une firme indienne et part en Afrique du Sud, afin de régler des affaires juridiques.


Travaux pratiques de vérité
Arrivé à Pretoria, il se rend compte de la manière dont les Indiens sont traités par les blancs. Il ne cesse de protester dans un grand nombre de réunions et obtient le droit que les indiens ayant les moyens pourront voyager en première classe. Lorsqu’il apprend que le gouvernement du Natal s’apprête à priver les Indiens du droit d’élire les membres du corps législatif, il refuse de rentrer.
Il fonde le congrès Indien du Natal. Il réunit deux milles signature sur sa pétition et publie deux ouvrages. Conscient que son combat sera long, il décide d’aller chercher sa famille en Inde, seulement le pays est ravagé par la peste. Gandhi offre ses services à la ville de Rajkot comme inspecteur de l’hygiène. Il en profite pour sensibiliser ses compatriotes au sort des Indiens en Afrique du Sud. Il fait appel à la presse, rencontre les leaders du Congrès. De retour en Afrique, il est violemment agressé, mais ne porte pas plainte, préférant susciter la compassion.

En 1899, la seconde guerre des Boers éclate. Il s’engage comme brancardier. Il est médaillé avant de s’installer à Johannesburg avec sa famille. Il se rase la tête et limite ses repas à quelques fruits secs et jeune régulièrement. Il décide de vivre de manière collective dans une ferme. C’est le premier ashram, signifiant vie collective et maison de prière ». Les règles de vie sont monacales et on produit tout soi même.

En 1906, la révolte des Zoulous gronde. Gandhi s’engage une nouvelle fois comme brancardier et accède au statut de sergent chef. A son retour, il fait vœu de chasteté. Le gouvernement du Transvaal publie un projet de loi obligeant tous les indiens à se faire inscrire auprès des autorités. Gandhi obtient de ses confrères la désobéissance civile. Il baptise son précepte Satyagraha, « la force de la vérité », dire non avec ténacité, publiquement, mais sans violence. Réduire les actes permet de réduire les risques de violence. La loi est votée et Gandhi refusant de s’y soumettre, est arrêté.

En 1913, le général Smuts décide que seuls les mariages chrétiens seront légaux. Toutes les autres femmes se joignent au mouvement de Gandhi, bientôt rejointes par les mineurs. Des milliers d’Indiens sont emprisonnés. Les ouvriers blancs des chemins de fer se mettent à leur tour en grève. Londres demande la libération de Gandhi, qui est exaucé. Smuts et Gandhi signent plusieurs lois : tous les mariages religieux sont légaux, certaines taxes spécifiques aux Indiens sont supprimées, mais leur déplacement restent contrôlés.


L’art de devenir grand père
Gandhi et sa famille rentrent en Inde. Ils s’installent à Ahmedabad, une ville industrielle du Nord-ouest, où il se lie d’amitié avec des chefs d’entreprise. Il fonde un nouvel ashram. Après avoir parcouru le pays en train, il rédige un manifeste pour l’autonomie des Indes.

En 1916, un paysan vient le trouver pour lui demander de l’aide. Les paysans du Bihâr cultivant l’indigo, sont exploités par les propriétaires anglais. Après s’être rendu sur place et enquêté, Gandhi se rend au tribunal, afin de plaider la cause des paysans. Il obtient en remboursement, 25% des sommes versées injustement. Ensuite, ce sont les ouvriers du textile réclament une augmentation, qui viennent le trouver. Gandhi les incite à la grève et exige qu’ils ne retournent pas au travail avant d’avoir obtenu satisfaction, lui même arrête de se nourrir. Trois jours plus tard, une augmentation est accordée. Affaibli, Gandhi tombe gravement malade et est à deux doigts de mourir.

En 1918, le Royaume Uni promulgue la loi Rowlatt, prolongeant en temps de paix les restitutions de libertés imposées pendant les hostilités. Immédiatement, Gandhi propose le hartal, une suspension totale de l’activité dans toutes les Indes. Gandhi est suivi et la vie est suspendue. Le 13 avril, les troupes du général Dyer tire sans sommation sur des Indiens rassemblés pour un meeting à Amritsar, faisant plus de 300 morts. Le général passe devant une commission et démissionne de l’armée. Gandhi se sent coupable et suspend le mouvement.

En novembre 1919, il participe à une conférence musulmane pour le soutien au Califat, menacée par l’imminence de la déposition du sultan. Gandhi saisit l’occasion pour mettre en avant le principe de la non coopération. Pour ruiner l’empire, il suffit de la boycotter. Les Indiens ne doivent plus aller dans les écoles britanniques, ne plus plaider dans leurs tribunaux, ne plus accepter leurs emplois, ne plus acheter de produits venant de Grande Bretagne. Motilal Nehru abandonne son métier d’avocat, imité par des centaines de juristes. Les étudiants désertent les universités. Dans les villages, les paysans cessent de payer l’impôt. Lors de meeting, les vêtements sont brûlés. Gandhi explique qu’il faut maintenant filer le coton indien soi même avec le rouet traditionnel. Le drapeau du Congrès arbore le rouet comme nouveau sigle.

En 1921, lord Reading est nommé vice roi des Indes. Il tente de négocier avec Gandhi sans succès. Ce dernier est arrêté et condamné à six ans de prison. Il est libéré au bout de deux ans. Entre temps, le mouvement s’est éteint et la vie a reprise. Les relations entre musulmans et hindous sont tendues. Gandhi craignant une vague de violence, décide de jeûner. Son geste lui permet de rencontrer les chefs des deux religions. Il entreprend une nouvelle grande tournée en Inde. En 1925, il est nommé à la tête du Congrès, mais démissionne rapidement au profit de la poétesse Sarojini Naidu. En 1927, il reprend les meetings, pour lutter contre les mariages d’enfants, la protection des vaches et la promotion de l’hindoustani comme langue nationale. Agé de soixante ans, Gandhi s’épuise rapidement. Dans le pays, on le surnomme Bapu « le grand père ».


Les années de gloire
En 1928, 87.000 paysans de Bardoli refusent l’augmentation de leurs taxes. On saisit leur bétail, leurs terres, leurs biens. Le 12 juin, Gandhi déclare un hartal de soutien. Deux mois plus tard, le gouvernement cède. Cependant, les jeunes du Congrès s’impatientent et passent à l’acte. Ils réclament une déclaration d’indépendance et la guerre civile. Gandhi se bat pour qu’on laisse deux ans de préavis au British Raj. Il obtient une année. Des extrémistes posent des bombes et la police britannique riposte violemment. Lord Irwin promet au Congrès une table ronde réunissant britanniques et indiens. La conférence n’aura jamais lieu. Irwin échappant de justesse à un attentat et le Parlement britannique s’y oppose.

Le 2 mars 1930, Gandhi prévient le vice roi qu’il entre en lutte contre la taxe sur le sel. Avec soixante personnes, il part en pèlerinage et fait des meetings. La non coopération ressuscite. Gandhi est rejoint par des milliers d’Indiens. Une véritable folie du sel s’empare du pays. Partout, on vend du sel en contrebande. La police opère de nombreuses arrestations. Gandhi est une nouvelle fois en prison.

Une conférence se réunit en 1931, dont Gandhi fait partie. Avec lord Irwin, il signe le pacte de Delhi : tous les prisonniers accusés de contrebande de sel sont libérés, la fabrication du sel marin devient légal et le Congrès doit être présent à toutes les conférences. Gandhi, Naidu et plusieurs membres du Congrès se rendent à Londres. Il rencontre des ouvriers du textile, Charlie Chaplin, le roi et la reine, le général Smuts et donne des conférences à l’université d’Oxford. Il tente de convaincre l’opinion anglaise de la nécessité d’une indépendance de l’Inde. Lors de la conférence, les choses se compliquent. Les différentes communautés religieuses et ethniques ne parviennent pas à se mettre d’accord. C’est un échec. Gandhi se rend à Paris, puis à Villeneuve en Suisse, où il rencontre Romain Rolland. En Italie, il rencontre Mussolini, mais pas le Pape qui refuse de le recevoir.

De retour en Inde, il se rend compte que les libertés viennent d’être réduites, les rassemblements et les boycottages interdits, les associations politiques dissoutes. Gandhi est arrêté avec soixante mille militants du Congrès. Le 17 août 1932, la nouvelle constitution s’apprête à instituer des régimes électoraux séparés pour les religions et les Intouchables. Gandhi conteste cette décision par un jeune. Gandhi est à l’article de la mort. Son état de santé force les dirigeants hindous, Intouchables et musulmans à trouver rapidement un accord. Le 24 septembre, le Pacte de Yeravda est conclu, mais Gandhi ne désire pas rompre le jeûne avant l’accord de Londres. Mac Donald Premier Ministre, étudie le texte et donne son accord.

En 1933, il est libéré, dissout son ashram et fonde un journal avant de se retirer de la vie politique. Désormais, il s’attache à réformer les Indes sans se soucier de son indépendance. Pour la politique, il y a son fils spirituel Jawaharlal Nehru. En 1934, il se retire du Congrès. Il parcourt le pays et fait la promotion de l’artisanat indien. Sa popularité est immense dans le pays, mais aussi dans le monde.


Les années crève cœur
Les nouveaux leaders du Congrès, tels Nehru, Azad et Jinnah, ne sont pas du tout pacifistes. A l’inverse de Gandhi, Nehru est matérialiste et athée. Pour la première fois, Gandhi n’est plus écouté. Face à la barbarie nazie, ses méthodes paraissent sans effet. En 1939, le Congrès échange une aide militaire à l’Angleterre contre l’indépendance de l’Inde. Londres refuse. Gandhi se rend de village en village pour prêcher la non coopération à l’effort de guerre. Roosevelt s’inquiète de l’avancée japonaise dans le Pacifique et dans la péninsule asiatique. Il exhorte Churchill à trouver un compromis avec l’Inde. Le Premier Ministre envoie Stafford Cripps à Delhi. Ce dernier promet à l’Inde le statut de dominion et une assemblée constituante, une fois la guerre terminée.

Le 13 avril 1942, il lance l’appel à la désobéissance finale. Il appelle à la révolution non violente totale. Churchill profite de l’occasion pour l’arrêter ainsi que les leaders du Congrès. Des actes de terrorisme ensanglantent le pays. Gandhi jeûne une nouvelle fois pour appeler au calme. Rien n’y fait. De plus, son fils meurt, puis sa femme en février 1944. Trois mois plus tard, il est libéré pour raison de santé. Après la guerre, les travaillistes arrivent au pouvoir. Clement Atlee nouveau Premier Ministre, négocie pour l’indépendance de l’Inde.

La conférence se tient à Simla. Gandhi s’y rend. Il découvre que le pire ennemi n’est plus les britanniques, mais Jinnah. Musulman, il prône un pays pur dans lequel tous les musulmans pourraient vivre. Nehru et Jinnah ne parviennent plus à s’entendre. Les Britanniques rejettent la division de l’Inde et forment un gouvernement provisoire, dont Nehru devient le chef. Le 16 août 1946, Jinnah appelle à la rébellion. Les manifestations vont 5.000 morts à Calcutta et 15.000 blessés. Partout, les musulmans s’en prennent violemment aux hindous et inversement. Gandhi reprend la route et par ses discours tentent de rassembler les deux communautés.

Le 15 août 1947, les Indes sont divisées en deux entités : l’Inde de Nehru et le Pakistan de Jinnah. Le drapeau orange, blanc et vert remplace l’Union Jack. Le rouet de Gandhi est remplacé par la roue d’Ashoka. Toute la nuit, des orateurs rendent hommage à Gandhi, faisant de lui le père de la nation. Néanmoins, Gandhi mécontent de cette division refuse les honneurs et n’envoie aucun message.


Le martyre
Douze millions de réfugiés quittent leur village, leur maison et partent rejoindre leurs pays en fonction de leur religion. Des émeutes et des massacres ont lieu régulièrement. Le 20 janvier 1948, une bombe est jetée par un extrémiste hindou, pendant une prière publique. Le 30 janvier alors qu’il sortait de sa maison de Delhi pour se rendre à la prière, il est approché par Nathuram Godsé, rédacteur en chef de l’hebdomadaire prohindou Mahasabha. Ce dernier l’abat de trois balles dans l’abdomen.

Partout dans le monde, les puissants et les grands lui rendent hommage comme à un chef d’Etat. Un deuil national est respecté. Gandhi se définissait comme un chercheur de vérité. Comme un chercheur, il était entêté oubliant parfois sa famille et ses amis et savait changer d’opinion quand il comprenait ses erreurs. Aucune de ses actions n’aurait pu réussir sans l’opinion publique. Au final, c’est le peuple qui juge et décide de le suivre ou non. Il se battait contre la domination britannique avec des armes fournies par la Grande Bretagne, en servant de ses traditions démocratiques. Obsédé par l’hygiène, par la lutte contre la sexualité, il mena une vie monacale. Toute sa vie, il lutta pour la liberté avec une malice et une gaieté inébranlable.



« Son sourire est merveilleux, son rire contagieux et sa légèreté de cœur rayonnante. »
Nehru

Source :
Texte : CLEMENT. Catherine : Gandhi athlète de la liberté
Images : temoignages.re ; Civilization 4

mercredi 24 novembre 2010

La Guerre de Sécession

Une nation divisée
Dès le XVIIIe siècle, on peut noter des différences entre le Nord et le Sud. Tout d'abord au niveau religieux entre anglicans et puritains. Ensuite, au niveau économique : dans le Nord, les agriculteurs ayant une terre ingrate se lancent très tôt dans les activités commerciales et maritimes. Dans le Sud, l'économie de plantation l'emporte. Toutefois, les Américains après leur indépendance ont décidé de vivre ensemble dans une même fédération organisée par une constitution avec un gouvernement commun, même s'il est vrai que l'on est d'abord Virginien avant d'être Américain.

Entre le Nord et le Sud se pose très tôt la question de l'esclavage. A la fin du XVIIIe siècle, des Etats du Nord franchissent le pas en limitant ou supprimant la servitude involontaire. Le Sud est plus réticent et des compromis sont installés et l'esclavage doit être progressivement supprimé pour 1808.


Toutefois, les bouleversements économiques changent la donne. Avec la Révolution Industrielle en Angleterre liée au textile, le Sud devient le premier exportateur de coton vers l'Europe. Une grande majorité d'agriculteurs se lancent dans cette production et emploient des esclaves, refusant d'abandonner cette main d'œuvre. Tout un système visant à défendre cette pratique, se met en place. Par ailleurs, la culture du coton use les sols. Cela pousse les cultivateurs à rechercher de nouvelles terres vers l'Ouest. Il faut donc sans cesse réinvestir. Or les grandes banques se trouvant dans le Nord, le Sud se retrouve lié au Nord par son endettement.


Dans le Nord, l'industrialisation a pris son essor. Le textile et la métallurgie se développent. De nouveaux moyens de transport apparaissent comme le train. Le sens de la rentabilité, l'arrivée d'émigrants et les lois protectionnistes favorisent l'économie. Dans le Nord, les esclaves ne servent à rien et ont complètement disparu.


Dans les années 1830, la question de l'esclavage revient en force avec le sénateur Garnison. Toutefois, il représente encore une minorité. Même dans le Nord, on se pose des questions sur la manière d'émanciper les esclaves. Dans tous les cas, ce sont les extrémistes des deux bords, qui enveniment la situation.


Le 16 octobre 1859, John Brown prend le commandement d'une vingtaine d'hommes dans le but de propager une guerre d'émancipation en Virginie, mais son plan échoue et il est condamné à mort. Tout au long du XIXe siècle, la frontière ne cesse de s'étendre vers l'Ouest. Ces nouvelles terres constituent un enjeu politique pour le Nord et le Sud.



La Sécession
Chaque Etat a son propre gouvernement, son sénat et sa cour de justice. La constitution de 1797 rassemble les Etats et gère les questions internationales commerciales et économiques. Elles rappellent aussi les lois fondamentales. Chaque Américain est doublement citoyen. Tous les nouveaux Etats ont les mêmes droits et devoirs que les anciens.


En 1820, les Américains achètent la Louisiane. Le territoire est si vaste qu’il est divisé en deux états : la Louisiane esclavagiste et le Missouri qui n’a pas tranché la question. En 1850, ce sont les Etats du Sud-ouest et la Californie qui font leur entrée et qui relancent le débat. Les négociations sont houleuses et débouchent sur un compromis. La Californie sera non esclavagiste contrairement au Texas, ce qui continue d'équilibrer la question.


En 1854, le sénateur Stephen Douglas propose de régler cette question par la souveraineté du peuple. Chaque Etat serait libre de faire ce qu'il souhaite. Dans le Nord, on évoque le complot de la slavocratie. Dans le Sud, on aboie après les abolitionnistes, qui ne pensent qu'à ruiner les cultivateurs. La déchirure du tissu national tient aux partis politiques qui voient leur intérêt personnel avant celui de la nation.


A la même époque, Lincoln devient le chef du parti républicain. Abolitionniste, il souhaite rassembler tous les Américains. Pour ce faire, il exprime des opinions modérées. Tout ce qui compte, c'est d'empêcher le développement de l'esclavage dans les pays où il n'existe pas. En 1860, il est élu président et prend ses fonctions le 4 mars 1861. Dès l'élection, la Caroline du Sud fait sécession. En janvier 1861, elle est suivie par le Mississippi, la Floride, l'Alabama la Géorgie et la Louisiane. Le Texas viendra en février. Jefferson Davis est élu président de la Confédération. Les tensions sont électriques entre le Nord et le Sud. La Caroline du Nord, l'Arkansas, Le Tennessee et la Virginie rejoignent la Confédération. Le 12 avril 1861, les Sudistes bombardent fort Sumter au large de Charleston, afin de déloger les Fédéraux. La guerre est déclarée.



La Guerre totale
La constitution de la Confédération est quasi identique à celle du Nord. Toutes les lois sont maintenues à moins qu'elles aient fait l'objet d'annulation ou d'une modification. Le président possède des pouvoirs plus étendus qu'au Nord avec un droit de veto. L'esclavage est autorisé, mais la traite internationale continue d'être interdite.


Jefferson Davis président de la Confédération, est un homme politique expérimenté. Rigide dans ses principes, il n'est pas du genre à faire des compromis. Sa plus grande difficulté est de convaincre les Etats, au nom desquels la sécession a été proclamée, qu'il leur faut céder une part de leur souveraineté. Les relations sont souvent houleuses lorsqu'il s'agit de mobiliser les hommes ou de récolter des fonds. Le sentiment national au sein de la Confédération est encore palot.


La force du Sud réside non pas dans sa population, ni dans son économie, mais dans ses officiers. En effet, les plus grands généraux de l'armée américaine sont natifs du Sud. Davis lui-même a servi longtemps dans l'armée.


La nation confédérée n'existera pleinement que si elle est reconnue par l'étranger. Fournisseur de coton de la Grande Bretagne et de la France, elle pourrait exercer des pressions pour une reconnaissance diplomatique. Par ailleurs, le blocus imposé par le Nord, montre qu'il s'agit davantage qu'une simple rébellion. Le Sud met en avant le fait qu'il ne se bat pas pour l'esclavage, mais pour le droit des Etats à disposer d'eux même.


Les Britanniques sont favorables au Nord, mais s'inquiète des retombées économiques. La France est davantage favorable au Sud. Napoléon III désire profiter des dissensions américaines pour étendre son influence sur le continent américain. Toutefois, la France refuse de bouger sans la Grande Bretagne.


Aux yeux de Lincoln, la défense de l’Union prime sur tout le reste. Pour lui, la Confédération c’est l’anarchie. Dès son arrivée au pouvoir, il fait tout pour empêcher le conflit, mais dès le début des hostilités, il lève des troupes et mobilise toutes les ressources de l’Union. Il met en place le service de la conscription.


En 1861-62, aucun des deux camps ne remportent de batailles décisives. Pour le Sud, il faut empêcher l’invasion de son territoire. Le Nord met en place la stratégie de l’anaconda, qui consiste à encercler intégralement l'ennemi. De ce fait, la guerre se déroule à trois endroits : au Nord dans la région du Potomac, à l’Ouest sur les rives du Mississippi et à l’Est sur la côte atlantique.


Au Nord, la Confédération résiste à l’'invasion nordiste à la bataille de Bull Run. Mc Clellan est nommé général en chef de l'armée fédérale et la réorganise totalement. Durant ce temps, le Sud continue de remporter des victoires et Lee envahit le Maryland. A l’Ouest, Grant remporte d'importants succès et s'empare des forts sudistes sur le Mississippi. La guerre navale permet au Nord la prise de la Nouvelle Orléans le 6 juin 1862.


Les lourdes pertes et la violence des combats choquent les Américains. Les photos de guerre sont là pour montrer les combats. La tuerie tient à la primauté de l'offensive, à l’efficacité des armes nouvelles et à l'insuffisance des services médicaux.



1863 : l'année décisive
Le premier fait marquant de l'année est 1'abolition de 1'esclavage par Lincoln, ce qui ôte au Sud une force majeure. Durant tout le conflit, Lincoln avait toujours hésité de peur de déplaire aux Etats limitrophes. Pour lui, l'abolition de l'esclavage est une nécessité militaire essentielle à a la préservation de l’Union.


Désormais, les noirs venants du Sud seront affranchis et pourront s’engager dans l'armée, ce qui est inconcevable pour le Sud. Ces nouveaux soldats viennent combler les lourdes pertes. Toutefois, les noirs regroupés entre eux sous les ordres d'un officier blanc, reçoivent une solde moins importante.


C'est dans l'Ouest que change la situation. Les Fédéraux commencent à progresser le long du Mississippi et prennent Vicksburg. Lee décide de profiter des efforts à l'Ouest des troupes ennemies, pour franchir le Potomac et foncer vers Washington. Lincoln nomme le général Meade à la place de Mc Clellan jugé trop timoré.


Le 1er juillet, les deux armées se font face à Gettysburg. Les combats durent pendant deux jours. Meade pallient à contenir Lee. Gettysburg est le tombeau de 51.000 soldats. Au même moment, la jonction entre Grant et la marine se fait. La Confédération est coupée en deux à l'Ouest.



La victoire de l'Union
En mars 1864, Lincoln nomme Grant général en chef des armées de l 'Union. Grant a gagné ses galons d'officier durant la guerre du Mexique. La paix signée, il quitte l'armée et se lance dans les affaires, mais fait rapidement faillite et sombre dans l'alcool. Il réintègre l'armée en 1861 et fait forte impression sur le front de l'Ouest. Néanmoins après la bataille de Shiloh, Grant est accusé de trop négliger la vie de ses hommes. Heureusement pour lui, il est soutenu par le général Sherman. Toutefois, il préfère de nouveau quitter l'armée. Lincoln le rappelle. Il cherche en lui un homme capable de motiver les troupes et n'ayant pas peur de se battre.

Le 6 mai 1864, Sherman part de Chattanooga pour se diriger vers Atlanta deuxième centre manufacturier de la Confédération. En face, le général Johnston tente de le repousser, mais il manque moyens et Sherman progresse vite. Johnston est remplacé par Hood, qui organise les défenses d'Atlanta. Le siège de la ville commence le 22 juillet. La. ville résiste pendant un mois avant de se rendre. Au mois de novembre, Sherman reprend sa route en direction de Savannah. Il détruit tout et laisse ses soldats vivre sur le pays. La ville tombe en décembre.

Pendant ce temps au Nord, Grant essaye d'encercler les armées de Lee. Ce dernier ne se laisse pas faire. Les combats sont sanglants, chacun refusant de reculer. Les premières tranchées font leur apparition. Grant sait qu'il peut compter sur Sherman au Sud et Sheridan à l'Ouest. Les Fédéraux se lancent à la poursuite de Lee. Le 9 avril 1865, les deux commandants se rencontrent à Appomattox et signent la déclaration de reddition.

La victoire de l'Union s'explique par la vigueur de son développement industriel et commercial, ainsi que par l’expansion de son agriculture. Les chemins de fer nécessaires au ravitaillement sont déjà bien implantés. Toutefois, la supériorité matérielle du Nord n'explique pas tout.

En 1865, le Sud possède encore des soldats et de l'équipement. La monoculture du coton fut l'une des principales sources de difficultés économiques traversées par le Sud, ne parvenant plus à exporter suffisamment à cause du blocus. Cependant, en développant une économie de subsistance, le Sud parvient à répondre à ses besoins, d'autant que les esclaves continuent de travailler. Un autre problème est la dissension des Etats sudistes entre eux. En défendant, le droit des Etats à disposer d'eux même, ces derniers n'entendant pas favorablement la création d'une nouvelle fédération. Par ailleurs, le moral du Sud en 1864-65 est au plus bas. Le fait de devoir incorporer les noirs dans l'armée montre qu'il existe une voie d'affranchissement possible. Si l'esclavage tend à disparaître aussi dans le Sud à quoi rime cette guerre ? La défaite du Sud trouve aussi des explications religieuses. La défaite est un châtiment divin. La plupart des sudistes ne croient plus en leur cause.


L'inguérissable blessure
Dès la fin de la guerre, la construction du Sud commence. L'armée maintient l'ordre en appliquant la loi martiale. La reconstruction est entachée par des scandales financiers et immobiliers.

Les noirs sont désormais libres dans tout les États-Unis. Ils reçoivent dans les années 1860 des droits civiques comme le droit de vote. Des dissensions apparaissent de nouveau entre les sénateurs. Surtout que Lincoln vient d'être assassiné et que son successeur Andrew Johnson ne parvient pas à jouer le rôle de rassembleur. Par ailleurs, certains sénateurs considèrent qu'il faut traiter plus durement le Sud et ne pas le réintégrer sans de lourdes conditions.

Dès 1870, le processus est achevé. La Confédération n'existe plus. Les noirs sont libres, mais non pas forcément les moyens de vivre décemment. Le Kux Kux Klan se forme et continue de les terroriser.

Dans la mémoire collective, la guerre de Sécession occupe une place primordiale. Tout d'abord, parce qu'elle a touché toutes les classes sociales et toutes les générations. Ensuite, elle a stimulé l'essor du sentiment national. La guerre de Sécession demeure la guerre des Américains et que seuls les Américains peuvent comprendre.



Source :
texte : KASPI. André : La Guerre de Sécession

mardi 23 novembre 2010

Henri IV


Un prince à l'école de la différence
Henri IV naît le 13 décembre 1553 à Pau. Il est le fils de Jeanne d'Albret la fille d'Henri d'Albret, roi de Navarre et d'Antoine de Bourbon, prince de Vendôme et descendant de Saint Louis. La Navarre couvre un tiers du Sud Ouest de la France. C'est un royaume indépendant placé sous protectorat français.

Henri IV passe son enfance dans le Béarn, chassant à travers les montagnes, ce qui lui vaudra le titre de roi des paysans. Il est baptisé et reçoit son catéchisme par son parrain le Cardinal de Bourbon. Il côtoie également les savants humanistes et les théologiens protestants que sa mère a faits venir à la cour. La famille de Bourbon se fait le porte-parole de l'adhésion d'un certain nombre de noble à la réforme, ce qui accroît son prestige. Antoine donne à son fils comme percepteur le protestant La Gaucherie. Jeanne est profondément protestante et considère le catholicisme comme une doctrine pervertie. Elle l'interdit dans son royaume.

En 1561, Henri IV se rend à la cour de France pour la seconde fois. Il y découvre Catherine de Médicis et la situation désastreuse de la France de cette époque. Son père reçoit la charge de Lieutenant général du Royaume. Henri fréquente le duc de Guise et le duc d'Anjou futur Henri III. Après la conjuration d'Amboise l'année suivante, Antoine de Bourbon redevenu catholique, éloigne sa femme et pousse son fils dans le giron catholique.

Henri apprend le latin et la littérature par le biais des auteurs classiques comme Plutarque. Le 17 novembre 1562, son père meurt lors du siège de Rouen. Il se retrouve seul à la cour. Il est pris en charge par Catherine de Médicis. En janvier 1566, Jeanne est à Moulins et se rend à Paris pour y récupérer son fils. Au retour, elle visite les imprimeurs parisiens, fait des escales en Picardie et rentre à Pau.


Un protestant héritier du trône de France
En 1568, Henri et sa mère se rendent à La Rochelle, capitale du protestantisme français. Le jeune prince y reçoit pleinement sa formation huguenote. Il apprend le métier des armes en suivant l'Amiral de Coligny durant la troisième guerre de religion. L'année suivante, le Prince de Condé meurt à la bataille de Jarnac. Henri devient alors l'un des grands chefs du parti protestant. Une fois la paix retrouvée grâce à l'édit de Saint Germain en 1579, Henri retourne à La Rochelle. Il assiste avec Théodore de Bèze à la signature de la profession de foi de l'Eglise Réformée de France.

En août 1572, Henri épouse la sœur de Charles IX, Marguerite de Valois, dans le but de rapprocher les deux branches de la famille royale et de réaliser une fusion entre catholique et protestant. Le mariage a lieu à Paris et se déroule dans un véritable bain de sang. Le 18, l'Amiral de Coligny échappe de peu à une tentative d'assassinat. Les catholiques commencent à massacrer les protestants le jour de la Saint Barthélemy. Les massacres se diffusent aux provinces. La Saint Barthélemy engendre deux conséquences : d'une part l'affaiblissement considérable du parti protestant voulu par Catherine de Médicis et d'autre part la déconsidération de la monarchie. Henri devenu roi de Navarre est épargné, mais il est contraint de se faire catholique.

Henri se retrouve au premier plan de la politique. En 1574, il est toujours retenu à Paris. Il rejoint le groupe des Malcontents dirigé par François d'Alençon, le frère de Charles IX. En février 1576, il réussit à quitter le Louvre et se rend à Alençon, où il abjure le catholicisme et prend le commandement des forces protestantes. L'Edit de Beaulieu ramène la paix et il reçoit le gouvernement de la Guyenne. Il s'installe à Nérac et essaye de garder de bonnes relations avec le pouvoir royal. En 1581, il s'oppose habilement à la création des Provinces-Unies du Midi, visant à créer un nouvel Etat indépendant.

En 1584, François d'Alençon devenu duc d'Anjou et héritier de la couronne meurt. Selon la loi, Henri de Navarre devient le successeur d'Henri III, mais beaucoup ne veulent pas d'un protestant sur le trône. Le duc de Guise forme une ligue catholique pour le combattre. Quant aux huguenots, ils craignent qu'il les abandonne pour la couronne. Entre les deux, le parti des Politiques se développe. Il se compose de nobles et de magistrats voulant établir la paix, par un compromis entre les deux partis. Henri III se proclame chef de la ligue, croyant pouvoir contrôler ce mouvement et diminuer le pouvoir du duc de Guise. Ce geste ne fait que rallumer de nouveaux conflits et le duc reste toujours le favori des catholiques.

Henri III décide d'épurer de son gouvernement tous les ligueurs. Cela lui vaut d'être chassé de Paris lors de la journée des barricades. Il convoque les états généraux à Blois. Les députés majoritairement ligueurs renforcent la position du duc de Guise. Henri III le fait assassiner le 23 décembre 1588. Le roi se rapproche de Navarre. Le 30 avril 1589, les deux hommes se rencontrent à Plessis les Tours et s'accordent pour reprendre Paris. Le 2 août 1589, durant le siège, Henri III est assassiné par le moine Jacques Clément. Henri IV devient roi de France.


A la conquête de son royaume
La ligue continue d'agir et veut empêcher Henri IV de régner. Le Pape appuie le mouvement et reconnaît comme roi le cardinal Charles de Lorraine. Son influence est forte dans le midi et en Espagne. Quand le cardinal meurt, les prétendants à la couronne affluent de tous les côtés. Le Roi d'Espagne, le Duc de Savoie, le Duc de Mayenne et le Duc de Guise frère du précédent, revendiquent la couronne. A Paris, l'assemblée des Seize fait régner la terreur par des exécutions sommaires.

Un grand nombre de magistrats prônent les valeurs de l'humanisme et sont farouchement opposés à la ligue. C'est le cas de Jean Bodin et de Montaigne. Ils prônent la tolérance et le retour à la paix. De son côté, le parti protestant dirigé par Duplessis-Mornay se rattache à la couronne. Quant aux ligueurs conduits par Mayenne, ils recherchent l'appui de Philippe II d'Espagne.

Fort de ses succès militaires d'Arques et d'Ivry, Henri IV demande aux états généraux assemblés à Paris en 1593 de se faire instruire dans la religion catholique. Le 25 juillet, il change pour la sixième fois de religion. Les protestants inquiets, demandent des garanties. Le 27 février 1594, il est sacré à Chartres, puis entre dans Paris le 22 mars. Peu à peu les villes se rangent à ses côtés contre des privilèges et des dons en argent. Le 17 janvier 1595, Henri IV déclare la guerre à l'Espagne, pour réunir les Français autour de leur roi. Les combats se déroulent en Bourgogne, où la France remporte de nombreuses victoires, et en Picardie où les succès sont plus mitigés. En mars, les espagnols prennent Amiens et se rapprochent de Paris. Le siège dure six mois, mais sans résultat.


La paix des armes et des consciences
En 1591, Henri IV promulgue l'Edit de Mantes, qui reprend en partie celui de Poitiers en 1577. Celui ci accorde la liberté de conscience à tous les Français et réglemente le culte protestant. Auparavant, le Pape avait accordé son pardon au nouveau roi. Les protestants ne sont pas satisfaits par l'édit. Henri IV envoie l'Amiral de Schomberg pour négocier avec le Prince de Condé. Ensuite, il bat le duc de Mercœur dernier chef de la ligue à Nantes. C'est dans cette ville qu'il signe un nouvel édit le 15 avril 1598. Le préambule réaffirme la supériorité de la religion catholique, qui demeure la religion d'état. L'édit permet aux protestants de vivre tranquillement le temps pour eux de revenir dans le giron catholique. La liberté de culte est restreinte aux villes de haute justice. Ils jouissent de certains privilèges de justice, puisqu'ils sont jugés par des protestants et tous les emplois leur sont ouverts. L'édit leur accorde également des places de sûreté et leur propre milice armée.

La paix avec l'Espagne est signée à Vervins le 5 juillet 1598. Les Espagnols rendent tous les territoires conquis, mais conservent toutes les Flandres et les Pays-Bas. Cet accord est permis par l'appui du Pape Clément XIII envers la France, malgré le refus d'appliquer le Concile de Trente. La paix avec l'Espagne marque la fin de la Ligue.


Le monarque de plénitude
Avec l'Edit de Nantes, Henri IV jette les premières bases du laïcisme politique en affirmant la puissance de la monarchie française sur Rome et Genève. En France, la religion ne permet plus d'unir les sujets. Après la conquête du pays par les armes, Henri IV se lance dans les réformes. Il s'occupe de tous les rouages de l'administration (échevin, prévôt, juge). Le règne d'Henri IV correspond au développement de la France et marque l'unité du royaume. Cela servira de base pour investir la partie de la Savoie francophone.

Henri IV doit faire face à la question des robins, dont le chiffre ne cesse de croître en un siècle, ceux que Charles Loyseau appelle les fonctionnaires publics. En 1604, avec son conseiller Paul, il instaure la Paulette. C'est une taxe annuelle rendant les offices héréditaires. Pour ce faire, le juriste doit verser un soixantième de la valeur de l'office. Les robins tolérants, catholiques et gallicans, ne cessent de défendre le roi contre l'Espagne et Rome. Henri IV généralise les commissaires chargés de mener des enquêtes dans les provinces. Ils deviendront par la suite, les intendants. Sully surintendant des finances, réduit les taux d'intérêt, retranche certains alpages et rembourse les rentes. Il simplifie le système de perceptions des taxes.

Toutefois, l'argent ne peut venir que si l'économie fonctionne correctement. Or, la France est dévastée après trente ans de guerres civiles. Henri IV assure la protection des paysans, réduit la taille pour un certain temps. Sully développe les manufactures en se basant sur les théories mercantiles, prônant un Etat avec des fortes industries pour diminuer la dépendance économique vis à vis des autres pays. Les manufactures françaises se spécialisent dans la tapisserie, la soie et le verre. Liffmos aidé par l'agronome Olivier de Serres, établit des manufactures de soie en introduisant les vers à soie. Henri IV s'appuie sur les élites protestantes du royaume, car les catholiques considèrent le commerce comme un acte avilissant.

L'économie relancée, Henri IV peut se concentrer sur les fêtes et les grands travaux. Il restaure ses palais et notamment le Louvre. A Paris, il lance de vastes projets d'urbanisation. Toutefois, la politique d'Henri IV ne fait pas que des heureux et les braises des guerres de religion ne sont pas totalement éteintes. En 1602, le Maréchal de Biron est condamné à mort pour avoir conjuré contre le roi. En 1605, même chose pour le comte d'Aix et le Duc de Bouillon. On reproche à Henri IV de favoriser les protestants en faisant la guerre de manière indirecte à l'Espagne. Le 14 mai 1610, alors qu'il se rendait chez Sully, il est assassiné par Ravaillac dans son carrosse. Ce dernier croyant libérer la France d'un hérétique.


« Si vous perdez vos enseignes, ralliez-vous à mon panache blanc! Vous le trouverez toujours sur le chemin de l'honneur et de la victoire. »
Henri IV


Source :
Texte : DESPRAT. Jean Pierre : Henri IV
Image : l'histoire-en-ligne.com

lundi 22 novembre 2010

La Guerre de Vendée


La France entre en Révolution

En Mai 1789, le roi Louis XVI convoque les Etats Généraux. Des espoirs de réforme semblent permis. Jusque dans les plus petites bourgades, des groupes se constituent, pour exprimer un désir de changent, mais la déception est grande et la révolution éclate en ce mois de juillet 1789. L'Assemblée Nationale entreprend aussitôt une série importante de réformes, dont une des premières est l'abolition des privilèges et des distinctions juridiques. Les évènements parisiens dépassent rapidement les frontières de la ville et se reproduisent dans toute la France. Tous les cadres de vie auxquels les ruraux étaient habitués viennent de changer en deux années.

En règle générale, dans l'Ouest comme dans tous le pays, les ruraux sont incompris des citadins. Ils sont pour la plupart analphabètes et ne parlent que rarement français. Toutefois, ils sont intégrés dans les secteurs économiques, notamment avec les foires. A partir de 1791, les paysans de l'Ouest sont mécontents de l'augmentation des impôts nouvellement créés. Ils attendaient quelques avantages de la confiscation des biens du clergé, vendus au profit de l'Etat sous le nom de "biens nationaux". Mais les acheteurs privilégiés sont les propriétaires urbains, qui saisissent l'occasion pour accroitre leurs biens au détriment des paysans.

Une autre source de querelle concerne la religion et notamment la question entre prêtres réfractaires et prêtres assermentés. Les habitants des campagnes accueillent très mal ces nouveaux prêtres qui leur sont inconnus. Ceux ci reçoivent des menaces et sont parfois violentés. La Révolution provoque une opposition rurale particulièrement vive dans l'Ouest. Les tensions vont régulièrement augmentées entre 1791 et 1792 pour aboutir à une lutte armée.


La montée des résistantes
La guerre contre l'Autriche déclarée en 1793, force la France à recruter dans les campagnes plus de 300.000 hommes. L'effort demandé à chacune des communes n'est pas très important, mais il rappelle des procédés employés par la royauté et que les paysans ne supportaient que difficilement, surtout que le choix s'effectue en priorité parmi ceux qui sont restés jusque là à l'écart de l'engouement révolutionnaire.

Partout en France, des émeutes éclatent. La politique menée par les Montagnards dirigés par Robespierre, ont réussi à contenir les émeutes partout sauf dans l'Ouest. En Bretagne, des milliers de ruraux prennent les armes contre les bleus, qui sont obligés de se réfugier dans les grandes villes.

Dans le Finistère, le général Conclaux mène la répression. Les meneurs sont exécutés et les communes lourdement taxées. Il faut à tout prix empêcher l'insurrection de reprendre. L'efficacité de ces méthodes est incontestable. L'ordre est rétabli dès la fin du mois de mars. Le mécontentement ne disparait pas, mais la répression empêche la poursuite de la révolte. Une colonne de 3.000 hommes sous les ordres de Macé est envoyée à Nantes. Les soldats repoussent facilement les insurgés, mais le 19 juillet 1793, ils subissent une lourde défaite. Devant cette incompréhension, toutes les thèses sont avancées. Soupçonné de trahison, Conclaux est guillotiné.

Cet évènement laisse le champ libre aux autres insurgés. La situation prend ainsi des proportions considérables et la région tend à échapper au contrôle du gouvernement.


La Vendée des blancs
L'armée composée essentiellement de paysans n'est pas une armée stable. Lors des déplacements, s'opère un véritable roulement, qui s'instaure entre ceux qui quittent leur village lorsque l'armée s'approche et ceux qui rentrent quand l'armée s'éloigne trop. Cependant, le noyau est composé de soldats permanents. Ces derniers sont soit des déserteurs, soit des membres de l'ancienne armée royale.

L'armée vendéenne joue sur l'effet de masse pour faire fuir les gardes républicaines. Les batailles se déroulent toujours de la même façon. Les armées républicaines sont amenées dans des traquenards et sont mises en déboute. Les chefs de la rébellion ont tous été désignés par leurs troupes, soit parce qu'ils ont une compétence militaire, soit par leur opposition républicaine. On citera par exemple Cathelineau, Joly, Bonchamps, Sapinaud et Charrette. Ce sont en règle générale des petits nobles. L'autorité de ces chefs est limitée par la nature de l'armée. Ils n'arrivent guère à les manœuvrer et ne sont jamais sûrs que leurs ordres soient exécutés. Par ailleurs, ils doivent accepter les capitaines qui sont élus. Chaque chef doit constamment faire ses preuves pour garder la confiance de ses soldats et de ses pairs. De plus entre les nobles et les roturiers, il existe de fortes dissensions.

Dès le début des insurrections se sont installés dans les communes des comités provisoires, souvent composés d'anciens conseillers municipaux et des maires. On y trouve aussi des femmes. Ces conseils surveillent les récoltes, font arrêter les républicains et organisent la garde des villages. Pour coordonner les actions, les vendéens mettent en place un conseil supérieur dans la petite ville de Chatillon clans les Deux Sèvres. C'est un véritable gouvernement qui réorganise le clergé et remet en vigueur les lois de la monarchie. Pour financer les combats, le conseil supérieur récupère l'argent pris sur les républicains et émet ses propres billets de monnaie.

La révolte initiale improvisée par des masses paysannes, qui pour des raisons sociales, religieuses et politiques, étaient hostiles à la République, regroupe des individus et des groupes clairement contre révolutionnaire et voulant restaurer l'Ancien Régime. Toutes les petites villes tombent facilement aux masses des vendéens. Dès le mois d'avril 1793, l'intérieur des terres leur appartient. Sur les côtes, la situation n'est pas la même. Les grandes villes ont d'importantes garnisons et de puissantes fortifications. A l'Est, la situation est meilleure. Les villes de Saumur, La Flèche et Chinon tombent facilement. Les armées vendéennes se regroupent devant Nantes, mais la ville résiste. Durant l'été, ils échouent de nouveau devant Luçon.

Une fois la bataille unie, les paysans rentrent chez eux et les chefs ont du mal à garder les territoires conquis. Sans cesse de nouvelles troupes républicaines arrivent. Les victoires royalistes ne sont jamais définitives.


Le désarroi des bleus
Le gouvernement tente de rassembler une armée pour mettre un terme définitif à la révolte. Des soldats arrivent de toute la France, mais leur valeur est très inégale. La plupart ne savent ni manœuvrer, ni utiliser d'armes de guerre. Leur équipement est médiocre voire inexistant. De plus, ils ne se sont engagés que pour quelques semaines. Les femmes sont également présentes. Elles assurent l'intérim.

Les conditions de vie sont difficiles : pluie, vent, boue, manque de nourriture et un sentiment de peur lié au bocage. Dans de telles conditions, nombre de soldats tombent malades et se retrouvent dans des hôpitaux de fortune. La désertion est alors le fléau ordinaire de telles situations. Au découragement de beaucoup, s'ajoutent les calculs de quelqu'un. En effet, certains se sont engagés pour rejoindre les troupes vendéennes. Les soldats sont des citoyens-soldats. Ils élisent leurs officiers, contestent les ordres et rechignent à obéir aux généraux qui limitent les pillages.

Les troupes républicaines sont commandées d'abord par des officiers qui ont été formés dans l'armée royale. D'autres profitent de la révolution pour acquérir un grade. Ces chefs sont constamment sous surveillance. Les représentants en mission délégués par Paris depuis 1793 dans le pays, ont tout pouvoir y compris celui de destituer sur le champ des généraux suspects. L'obsession du complot explique toujours que la moindre défaite soit interprétée comme une trahison. Un grand nombre de généraux sont arrêtés et guillotinés.

La médiocrité des troupes, les incertitudes, les rivalités qui affaiblissent le commandement du côté des républicains expliquent les victoires faciles des vendéens. Cette réalité n'est évidemment pas prise en compte par les révolutionnaires, qui enveniment les contre révolutionnaires embusqués dans l'armée considère comme la menace majeure qui pèse sur la Révolution.


La guerre totale
La victoire des Montagnards amène l'adoption du principe de destruction complète de la Vendée. Les habitants patriotes sont poussés hors de la région et doivent se réfugier dans les zones favorables à la Révolution. Les Vendéens divisés ont de plus en plus de mal à résister à la pression qui s'exerce sur eux. Ils se replient au Nord vers Cholet, où a lieu une terrible bataille le 17 octobre. Entre 60.000 et 100.000 personnes partent pour la traversée de Galenne vers la Loire. Ce convoi énorme et lent est sous estimé par les républicains. Les détachements envoyés sont repoussés sans problème. Les généraux vendéens souhaitent gagner la Bretagne encore très royaliste et qui peut accueillir des troupes anglaises, mais pour cela, il leur faut un port. Le 14 novembre 1793, ils attaquent Granville, mais doivent vite abandonner.

Devant ces défaites, les soldats désirent rentrer, mais les armées républicaines sous les ordres de Marceau, empêchent la retraite. Les deux troupes s'affrontent à Pontorson et à Antrain. Les Vendéens parviennent à passer non sans mal. Après avoir subi une défaite à Angers, ils atteignent la Flèche. Ils doivent très vite quitter la ville, car leur ennemi les talonne. Ils retraversent la Loire. Suivis et harcelés par l'armée républicaine, les Vendéens repartent vers l'Ouest en évitant les grandes villes trop bien défendues. Fatiguées et affaiblies par le départ de groupes d'hommes. L'armée vendéenne subit une nouvelle défaite le 23 décembre. Les prisonniers sont exécutés et les déserteurs traqués. En janvier 1794, le général Turreau reprend l'île de Noirmoutier, un des derniers grands bastions royalistes.

En 1794, il ne reste plus d'armée, mais seulement des petites bandes organisées. Les républicains occupent toute la région. La plupart des généraux tentent de ramener la paix en empêchant les exécutions sommaires et les pillages. En octobre 1794, le représentant Carrier est envoyé à Nantes. Sa tâche est double : nourrir la centaine de milliers d'habitants de la ville et s'occuper de tous les prisonniers vendéens retenus dans ses prisons. C'est pourquoi, il met en place des réquisitions de vivres et fait fusiller ou noyer un grand nombre d'insurgés. Dans toute la région, des commissions militaires jugent les Vendéens avec la même rigueur. Par ailleurs, Turreau est chargé d'appliquer le principe de destruction. Les soldats se répandent partout, chassant, tuant tous les habitants qu'ils rencontrent, brûlant les villages et les récoltes. Ils sont appelés "les colonnes infernales". Elles dureront toute l'année.

La brutalité des troupes républicaines ne laisse pas le choix aux paysans. Ils sont obligés de se battre ou de mourir. Les Vendéens recommencent ainsi à mener une guerre d'embuscade. Ils s'entourent d'états-majors, créent des casernes, des hôpitaux et des caches d'armes. Quatre généraux en sont à la base : Charrette, Stylet, Sapinaud et Marigny. Toutefois, le succès vendéen est plus apparent que réel. Les troupes ne rassemblent que quelques milliers d'hommes et les chefs restent divisés.

La chute des Montagnards met fin à la politique de terreur. Le nouveau gouvernement désire ramener une paix véritable. Des négociations secrètes sont conduites entre Charrette et Ruelle. Les négociations sont dures. Les Vendéens doivent reconnaître la République. Les Républicains doivent s'engager à laisser libre le culte des prêtres, à ne pas lever de soldats et d'impôts pendant dix ans. Finalement, la paix est signée en mai 1795.


La Vendée brisée
La guerre reprend en Bretagne dès le mois de juin. Les chefs chouans ont réussi à mettre au point avec les Anglais un débarquement, mais les forces républicaines de Hoche réduisent ce projet à néant. Charrette soutenu par les anglais et le Comte d'Artois, futur Charles X, reprend la lutte en Vendée. Ce sont d'avantage des luttes politiques avec des enjeux diplomatiques. Les paysans ne suivent guère cet enthousiasme.

C'est Hoche qui prend en charge l'armée républicaine dans l'Ouest. Il fait la différence entre les chefs et leurs idéaux politiques et les paysans avec leur désir de maintenir leurs traditions sociales et religieuses. La stratégie est claire. Il faut attaquer les bandes armées sans relâche. Une grande partie des Vendéens aspirent à la paix et se rendent compte que la poursuite de la guerre est impossible. Charrette et Stofflet sont les deux derniers chefs vendéens à résister. Abandonnés par la plupart de leurs hommes, ne disposant plus de cantonnement, errant de cache en cache, ils sont à la merci des embuscades et des dénonciations. Le premier est capturé en février 1796 et fusillé, le deuxième perd une bataille près de Nantes et subit le même sort le 29 mars.

La guerre est donc officiellement terminée. Toutefois, les populations qui ont pris le parti des républicains sont mal acceptées et subissent des règlements de compte. La police surveille de près la population craignant un renouveau du mouvement par l'influence des Anglais ou des chouans. En 1799, la situation est de nouveau tendue à cause de la religion. Napoléon Ier met fin à cette situation en signant le Concordat et abat la chouannerie en arrêtant Cadoudal. Le retour de Louis XVIII pacifie la région et érige la légende de la Vendée.


Source :
Texte : MARTIN. Jean Clément : La Guerre de Vendée
Image : memo.fr