mardi 23 novembre 2010

Henri IV


Un prince à l'école de la différence
Henri IV naît le 13 décembre 1553 à Pau. Il est le fils de Jeanne d'Albret la fille d'Henri d'Albret, roi de Navarre et d'Antoine de Bourbon, prince de Vendôme et descendant de Saint Louis. La Navarre couvre un tiers du Sud Ouest de la France. C'est un royaume indépendant placé sous protectorat français.

Henri IV passe son enfance dans le Béarn, chassant à travers les montagnes, ce qui lui vaudra le titre de roi des paysans. Il est baptisé et reçoit son catéchisme par son parrain le Cardinal de Bourbon. Il côtoie également les savants humanistes et les théologiens protestants que sa mère a faits venir à la cour. La famille de Bourbon se fait le porte-parole de l'adhésion d'un certain nombre de noble à la réforme, ce qui accroît son prestige. Antoine donne à son fils comme percepteur le protestant La Gaucherie. Jeanne est profondément protestante et considère le catholicisme comme une doctrine pervertie. Elle l'interdit dans son royaume.

En 1561, Henri IV se rend à la cour de France pour la seconde fois. Il y découvre Catherine de Médicis et la situation désastreuse de la France de cette époque. Son père reçoit la charge de Lieutenant général du Royaume. Henri fréquente le duc de Guise et le duc d'Anjou futur Henri III. Après la conjuration d'Amboise l'année suivante, Antoine de Bourbon redevenu catholique, éloigne sa femme et pousse son fils dans le giron catholique.

Henri apprend le latin et la littérature par le biais des auteurs classiques comme Plutarque. Le 17 novembre 1562, son père meurt lors du siège de Rouen. Il se retrouve seul à la cour. Il est pris en charge par Catherine de Médicis. En janvier 1566, Jeanne est à Moulins et se rend à Paris pour y récupérer son fils. Au retour, elle visite les imprimeurs parisiens, fait des escales en Picardie et rentre à Pau.


Un protestant héritier du trône de France
En 1568, Henri et sa mère se rendent à La Rochelle, capitale du protestantisme français. Le jeune prince y reçoit pleinement sa formation huguenote. Il apprend le métier des armes en suivant l'Amiral de Coligny durant la troisième guerre de religion. L'année suivante, le Prince de Condé meurt à la bataille de Jarnac. Henri devient alors l'un des grands chefs du parti protestant. Une fois la paix retrouvée grâce à l'édit de Saint Germain en 1579, Henri retourne à La Rochelle. Il assiste avec Théodore de Bèze à la signature de la profession de foi de l'Eglise Réformée de France.

En août 1572, Henri épouse la sœur de Charles IX, Marguerite de Valois, dans le but de rapprocher les deux branches de la famille royale et de réaliser une fusion entre catholique et protestant. Le mariage a lieu à Paris et se déroule dans un véritable bain de sang. Le 18, l'Amiral de Coligny échappe de peu à une tentative d'assassinat. Les catholiques commencent à massacrer les protestants le jour de la Saint Barthélemy. Les massacres se diffusent aux provinces. La Saint Barthélemy engendre deux conséquences : d'une part l'affaiblissement considérable du parti protestant voulu par Catherine de Médicis et d'autre part la déconsidération de la monarchie. Henri devenu roi de Navarre est épargné, mais il est contraint de se faire catholique.

Henri se retrouve au premier plan de la politique. En 1574, il est toujours retenu à Paris. Il rejoint le groupe des Malcontents dirigé par François d'Alençon, le frère de Charles IX. En février 1576, il réussit à quitter le Louvre et se rend à Alençon, où il abjure le catholicisme et prend le commandement des forces protestantes. L'Edit de Beaulieu ramène la paix et il reçoit le gouvernement de la Guyenne. Il s'installe à Nérac et essaye de garder de bonnes relations avec le pouvoir royal. En 1581, il s'oppose habilement à la création des Provinces-Unies du Midi, visant à créer un nouvel Etat indépendant.

En 1584, François d'Alençon devenu duc d'Anjou et héritier de la couronne meurt. Selon la loi, Henri de Navarre devient le successeur d'Henri III, mais beaucoup ne veulent pas d'un protestant sur le trône. Le duc de Guise forme une ligue catholique pour le combattre. Quant aux huguenots, ils craignent qu'il les abandonne pour la couronne. Entre les deux, le parti des Politiques se développe. Il se compose de nobles et de magistrats voulant établir la paix, par un compromis entre les deux partis. Henri III se proclame chef de la ligue, croyant pouvoir contrôler ce mouvement et diminuer le pouvoir du duc de Guise. Ce geste ne fait que rallumer de nouveaux conflits et le duc reste toujours le favori des catholiques.

Henri III décide d'épurer de son gouvernement tous les ligueurs. Cela lui vaut d'être chassé de Paris lors de la journée des barricades. Il convoque les états généraux à Blois. Les députés majoritairement ligueurs renforcent la position du duc de Guise. Henri III le fait assassiner le 23 décembre 1588. Le roi se rapproche de Navarre. Le 30 avril 1589, les deux hommes se rencontrent à Plessis les Tours et s'accordent pour reprendre Paris. Le 2 août 1589, durant le siège, Henri III est assassiné par le moine Jacques Clément. Henri IV devient roi de France.


A la conquête de son royaume
La ligue continue d'agir et veut empêcher Henri IV de régner. Le Pape appuie le mouvement et reconnaît comme roi le cardinal Charles de Lorraine. Son influence est forte dans le midi et en Espagne. Quand le cardinal meurt, les prétendants à la couronne affluent de tous les côtés. Le Roi d'Espagne, le Duc de Savoie, le Duc de Mayenne et le Duc de Guise frère du précédent, revendiquent la couronne. A Paris, l'assemblée des Seize fait régner la terreur par des exécutions sommaires.

Un grand nombre de magistrats prônent les valeurs de l'humanisme et sont farouchement opposés à la ligue. C'est le cas de Jean Bodin et de Montaigne. Ils prônent la tolérance et le retour à la paix. De son côté, le parti protestant dirigé par Duplessis-Mornay se rattache à la couronne. Quant aux ligueurs conduits par Mayenne, ils recherchent l'appui de Philippe II d'Espagne.

Fort de ses succès militaires d'Arques et d'Ivry, Henri IV demande aux états généraux assemblés à Paris en 1593 de se faire instruire dans la religion catholique. Le 25 juillet, il change pour la sixième fois de religion. Les protestants inquiets, demandent des garanties. Le 27 février 1594, il est sacré à Chartres, puis entre dans Paris le 22 mars. Peu à peu les villes se rangent à ses côtés contre des privilèges et des dons en argent. Le 17 janvier 1595, Henri IV déclare la guerre à l'Espagne, pour réunir les Français autour de leur roi. Les combats se déroulent en Bourgogne, où la France remporte de nombreuses victoires, et en Picardie où les succès sont plus mitigés. En mars, les espagnols prennent Amiens et se rapprochent de Paris. Le siège dure six mois, mais sans résultat.


La paix des armes et des consciences
En 1591, Henri IV promulgue l'Edit de Mantes, qui reprend en partie celui de Poitiers en 1577. Celui ci accorde la liberté de conscience à tous les Français et réglemente le culte protestant. Auparavant, le Pape avait accordé son pardon au nouveau roi. Les protestants ne sont pas satisfaits par l'édit. Henri IV envoie l'Amiral de Schomberg pour négocier avec le Prince de Condé. Ensuite, il bat le duc de Mercœur dernier chef de la ligue à Nantes. C'est dans cette ville qu'il signe un nouvel édit le 15 avril 1598. Le préambule réaffirme la supériorité de la religion catholique, qui demeure la religion d'état. L'édit permet aux protestants de vivre tranquillement le temps pour eux de revenir dans le giron catholique. La liberté de culte est restreinte aux villes de haute justice. Ils jouissent de certains privilèges de justice, puisqu'ils sont jugés par des protestants et tous les emplois leur sont ouverts. L'édit leur accorde également des places de sûreté et leur propre milice armée.

La paix avec l'Espagne est signée à Vervins le 5 juillet 1598. Les Espagnols rendent tous les territoires conquis, mais conservent toutes les Flandres et les Pays-Bas. Cet accord est permis par l'appui du Pape Clément XIII envers la France, malgré le refus d'appliquer le Concile de Trente. La paix avec l'Espagne marque la fin de la Ligue.


Le monarque de plénitude
Avec l'Edit de Nantes, Henri IV jette les premières bases du laïcisme politique en affirmant la puissance de la monarchie française sur Rome et Genève. En France, la religion ne permet plus d'unir les sujets. Après la conquête du pays par les armes, Henri IV se lance dans les réformes. Il s'occupe de tous les rouages de l'administration (échevin, prévôt, juge). Le règne d'Henri IV correspond au développement de la France et marque l'unité du royaume. Cela servira de base pour investir la partie de la Savoie francophone.

Henri IV doit faire face à la question des robins, dont le chiffre ne cesse de croître en un siècle, ceux que Charles Loyseau appelle les fonctionnaires publics. En 1604, avec son conseiller Paul, il instaure la Paulette. C'est une taxe annuelle rendant les offices héréditaires. Pour ce faire, le juriste doit verser un soixantième de la valeur de l'office. Les robins tolérants, catholiques et gallicans, ne cessent de défendre le roi contre l'Espagne et Rome. Henri IV généralise les commissaires chargés de mener des enquêtes dans les provinces. Ils deviendront par la suite, les intendants. Sully surintendant des finances, réduit les taux d'intérêt, retranche certains alpages et rembourse les rentes. Il simplifie le système de perceptions des taxes.

Toutefois, l'argent ne peut venir que si l'économie fonctionne correctement. Or, la France est dévastée après trente ans de guerres civiles. Henri IV assure la protection des paysans, réduit la taille pour un certain temps. Sully développe les manufactures en se basant sur les théories mercantiles, prônant un Etat avec des fortes industries pour diminuer la dépendance économique vis à vis des autres pays. Les manufactures françaises se spécialisent dans la tapisserie, la soie et le verre. Liffmos aidé par l'agronome Olivier de Serres, établit des manufactures de soie en introduisant les vers à soie. Henri IV s'appuie sur les élites protestantes du royaume, car les catholiques considèrent le commerce comme un acte avilissant.

L'économie relancée, Henri IV peut se concentrer sur les fêtes et les grands travaux. Il restaure ses palais et notamment le Louvre. A Paris, il lance de vastes projets d'urbanisation. Toutefois, la politique d'Henri IV ne fait pas que des heureux et les braises des guerres de religion ne sont pas totalement éteintes. En 1602, le Maréchal de Biron est condamné à mort pour avoir conjuré contre le roi. En 1605, même chose pour le comte d'Aix et le Duc de Bouillon. On reproche à Henri IV de favoriser les protestants en faisant la guerre de manière indirecte à l'Espagne. Le 14 mai 1610, alors qu'il se rendait chez Sully, il est assassiné par Ravaillac dans son carrosse. Ce dernier croyant libérer la France d'un hérétique.


« Si vous perdez vos enseignes, ralliez-vous à mon panache blanc! Vous le trouverez toujours sur le chemin de l'honneur et de la victoire. »
Henri IV


Source :
Texte : DESPRAT. Jean Pierre : Henri IV
Image : l'histoire-en-ligne.com

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