lundi 15 novembre 2010

Gengis Khan

Le premier empire mongol
La Mongolie est occupée par des tribus nomades sur lesquelles ne s’exerce aucune domination réelle. Ces tribus sont formées de peuples de races différentes des Turcs (Naïmans, Ongüts, Kereïts, Tartares) et Mongole au sens strict du terme (Merkits, Oïrats, Tumats).

Selon la légende à la fin du XIe siècle, un chef nommé Qaidu aurait réussi à regrouper sous son autorité la plupart des clans mongolophones. Son petit fils Qabul Khan est assez puissant pour nouer des relations diplomatiques et militaires avec la Chine et avec les Tatares. C’est au cours d’une bataille contre l’armée chinoise entre 1155 et 1167, que Höelün, la femme de Yesügei neveu du souverain, donne naissance à un fils que l’on nomme Temudjin et qui va devenir Gengis Khan, le "chef suprême".


Temudjin
Yusügei est le chef de clan des Qiyat, qui fait partie des Bordjigin. Il s’est uni par fraternité avec le khan des Kereyit Toghrul. Pour sceller cette alliance, Temüdjin épouse à l’âge de neuf ans la fille de Toghrul, prénommée Börte. Plus tard, son père est assassiné.

Temudjin, sa mère, ses trois frères et sa sœur sont abandonnés par le clan et réduits à mener une vie errante et souvent misérable. Devenu adolescent, il se rend chez sa femme et se met au service de Toghrul, qui lui promet de lui rendre son patrimoine, ce qui fut chose faite. Il fallut encore lutter contre les Tartares, les Merkit et surtout les Naïman, dont le chef est Djamuqa est un ennemi de Toghrul.

En 1206, Temudjin a unifié la Mongolie et prend le nom de Gengis Khan, lors d’une assemblée plénière convoquée sur les rives de l’Onon. Cette accession au pouvoir est facilitée par l’appui du grand chaman Kökötchü, qui espère de la sorte prendre le pouvoir au travers de Gengis. Prévenue par sa mère, ce dernier fait exécuter le Grand chaman et le remplace par un autre entièrement dévoué à sa cause. Dès les premières années de son règne, il établit un code de lois, le yasak, récompense ses fidèles et organise l’armée.


Les conquêtes
Deux peuples importants en Mongolie se rallient dès 1206 à Gengis. Les Ongüt commencent par nouer des relations matrimoniales avec la famille du nouveau souverain. Les Ouïghours se font les éducateurs des Mongols et transmettent leur écriture, donnent un chancelier Tata Tonga et avec le sceau royal, les cadres d’une administration, qui permet à l’empire de se construire et de durer. Gengis demande à ses fils à apprendre à lire et à écrire.

Gengis étend sa domination de la Grande Muraille à Turfan et à Khotan. Tout cela se fait dans la paix et par diplomatie. Mais la guerre n’allait pas tarder à éclater. Les campagnes commencent par une expédition en Sibérie, dans le but d’assurer la tranquillité sur les frontières Nord. L’alliance avec les Ouïghours est peut être la cause de la guerre avec les Minyak, qui tiennent la partie orientale de la Route de la Soie, dont les Ouïghours contrôlent la partie médiane. Les conflits débutent en 1209 et dure 24 ans avec des trêves, mais sans paix véritable. Les Mongols traversent le désert de Gobi et mettent le siège devant la capitale et peuvent ainsi imposer leurs conditions : une déclaration de paix, la promesse d’une alliance appuyée par un tribut et un mariage avec des princesses du sang.

En mars 1211, Gengis convoque un conseil pour déclarer la guerre à la Chine des Kin. L’armée mongole ne parvient pas à franchir la Grande Muraille. Gengis s’empare de la Mandchourie et contourne l’édifice, mais ils sont battus par les Chinois et font demi-tour. L’année suivante, il reprend la guerre et cette fois entre dans Pékin. Il laisse le gouvernement du pays à l’un de ses meilleurs généraux Muqali et retourne en Mongolie. Muqali doit terminer la conquête de la Chine, qui sera réalisée en 1234.


La structuration de l'empire
Gengis Khan maintient une discipline stricte au sein de ses troupes, punissant toute infraction. Il développe un réseau de renseignements dans toute l’Asie, dont il sait tirer profit pour préparer et mener ses campagnes militaires. Sur le champ de bataille, il donne préférence à la victoire plutôt qu’à la bataille. Avant d’attaquer, il envoie toujours des ambassadeurs, pour demander à ses ennemis de se rendre. S’ils acceptent Gengis les laisse au pouvoir et devient leur suzerain en échange d’un tribut. Dans le cas contraire, Gengis ne montre aucune clémence.

Gengis adopte une politique de tolérance religieuse, qui réduit les tensions avec les prêtres locaux. Gengis Kahn est très proche d’un philosophe taoïste nommée Tchang-Tchouen, qui essaye de réduire les passions du souverain. En remerciement de ses conseils, il promulgue un édit le 11 avril 1223, exemptant d’impôt le maitre du taoïsme et les siens. Ce décret est la preuve de l’ouverture d’esprit des Mongols en matière de religion. D’autres édits du même genre pour d’autres religions verront le jour. Par ailleurs, il recrute souvent des étrangers, qui servent dans son armée et son administration. Il soutient les personnes méritantes et exécute les traites. Soucieux de s’ouvrir au monde, Gengis favorise le commerce avec l’Europe et la Chine et autorise le passage des marchands en garantissant la sécurité des routes.


La ruée vers l’Ouest
Un Naïman, Kütchlüg, ayant refusé de reconnaître la domination de Gengis sur son peuple, s’exile. Il prend le pouvoir à Almalik, dont le roi est un allié de Gengis. Ce dernier envoie son général Djebe pour secourir la ville. Djebe est reçu comme un libérateur et s’empare de la province de Kara Khitaï. Kütchlüng périt dans une embuscade lors de sa fuite. L’Empire mongol a désormais une frontière commune avec l’Iran.

En 1215, Gengis noue des relations diplomatiques avec le chah Muhammad. Trois ans plus tard, une caravane de marchands musulmans venant de Mongolie, est arrêtée sur la frontière iranienne et les marchands sont tous tués. Gengis envoie des ambassadeurs pour s’expliquer. Ceux-ci sont mis eux aussi à mort. C’est aux yeux de la loi mongole, un crime inexpiable. Gengis décide d'entrer en guerre.

Gengis réunit une armée de 700.000 hommes et franchit la frontière en septembre 1219. En 1210, il prend Boukhara et réduit la garnison au silence, avant de marcher sur Samarkand. La cité capitule le 17 mars. On épargne le personnel des mosquées, les membres des congrégations religieuses et les artistes.

La Transoxiane était conquise, mais les campagnes n’ont pas pacifiées la région. Les brigands et les patriotes ont pris le maquis. Le Chah s’est replié avec son armée. Gengis lance contre lui Djebe et Sübötei. Sans intendance, sans véritables connaissances géographiques du pays, les Mongols parcourent en quatre ans plus de 20.000 kilomètres. Ils atteignent le Caucase et battent les Géorgiens.

Le fils de Muhammad, Djelal al-Din, harcèle les Mongols. Il cherche à délivrer Urgentch assiégée et qui ne cède pas. Gengis comprend qu’il n’aura jamais la paix tant qu’Djelal al-Din est vivant. La campagne d’Afghanistan est la plus sanglante et la plus meurtrière. Les villes sont détruites et les habitants massacrés. Bactres est détruite en février 1211. Gengis espère ainsi dissuader toutes les futures révoltes contre lui. Il repousse l’armée de Djelal sur les rives de l’Indus. L’armée adverse est battue, mais Djelal réussit à trouver refuge en Inde. Gengis refuse de le poursuivre.
Afin de rentrer chez lui, il reprend la route de l’Afghanistan et s’emploie à pacifier le pays. En une année, le recensement est effectué, les registres rédigés, les taxes levées et les postes et relais ouverts.


Dernière campagne
A peine rentré en 1225, Gengis prépare une nouvelle campagne militaire, afin de châtier la défection des Tangut au début de la guerre du Khwarezm. Lors d’une chasse à l’hermine, il est désarçonné. On doit le relever. Il souffre de douleurs dans l’abdomen. Pendant la nuit, il est pris d’une forte fièvre. On lui conseille de se replier, mais il refuse. Néanmoins, il accepte d’ouvrir des négociations qui échouent.

Remis sur pied, Gengis reprend la tête de son armée et envahit Ningxia, la capitale Tangut. Laissant ses troupes devant la ville, il s’empare de Lanzhou et Si-Ning. Les cavaliers mongols dévastent tout sur leur passage. Le roi des Tangut Li Yan se résigne à capituler. Il se rend au camp de Gengis, mais ne peut s’entretenir avec le Grand Khan.

Gengis Khan s’éteint le 18 aout 1227, d’une hémorragie intestinale. On chante l’éloge funèbre du défunt, avant de ramener son corps en Mongolie et de l’enterrer au pied d’un arbre majestueux.



L’héritage
Gengis a quatre fils : Djötchi, Djaghataï, Ogödei et Tului. Djötchi étant mort assez jeune c’est Batu, son demi-frère qui hérite de ses droits. Les quatre frères se partagent l’empire de leur père. Batu s’accapare la partie occidentale connu sous le nom de Horde d’Or. Djaghataï règne la partie centrale et Ogödei sur les régions iraniennes. Quant à Tului, il assume le gouvernement central.

Gengis Khan laisse une grande armée (1 million d’homes) toute dévouée et encore invaincue. L’élite est composée de Mongols. Il laisse surtout l’idée, selon laquelle pour que la paix règne, il faut rassembler tous les peuples au sein d’un même empire. Comme il n’y a qu’un seul dieu il ne peut y avoir qu’un seul roi. Cette idée n’était pas nouvelle ni chez les Mongols, ni chez les Turcs. Mais jamais auparavant, elle n’a été appliquée avec une telle force, ni menée aussi loin. Les successeurs de Gengis Khan auront toujours à cœur d’achever l’œuvre de leur ancêtre en se faisant les promoteurs de la paix universelle.








"De même il n'y a qu'un dieu invisible dans le ciel, il n'y a qu'un maitre sur la terre. C'est moi, Gengis Khan."
Gengis Khan


Source :
Texte : Roux. Jean Paul : Histoire de l'Asie Centrale
Images : historiasdelahistoria.mypodcast.com; Civilization 4

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