mardi 16 novembre 2010

Les Guerres d'Italie

Le voyage de Naples
La paix de Lodi en 1434 a stabilisé quelque peu la situation politique et militaire de l’Italie. Dès 1492, des tensions apparaissent entre Ludovic Sforza le duc de Milan et Alphonse II le roi de Naples d’origine espagnole. Ce différent est dû au rapprochement d’Alphonse II avec Pierre de Médicis, prince de Florence. Cherchant de nouveaux alliés, Sforza rend visite au roi de France Charles VIII et lui demande son aide. Charles VIII est intéressé par les terres de Naples dont il se dit l’héritier légitime, car la famille d’Anjou a été chassée par les Aragonais. Charles VIII pénètre en Italie au mois de septembre 1492. En six mois, il traverse tout le pays et bat tous ses adversaires en s’appuyant sur son artillerie.

Les Italiens sont surpris et terrorisés par la façon dont les Français combattent. En effet, ceux qui osent résister sont massacrés. Pierre de Médicis sentant le vent tourner, se place sous protectorat français. Pise en profite pour se révolter et les Florentins chassent leur prince, considéré comme un tyran. Les nobles privés de pouvoirs, souhaitent établir une oligarchie, mais un dominicain nommé Savonarole soutenu par le peuple parvient à installer une sorte de démocratie. Il prêche la réforme de l’Eglise. Pour lui, les Français sont venus punir les Florentins de leurs pêchés. Un grand conseil regroupant 3000 citoyens, est instauré. Cette institution durera jusqu’en 1530.

La descente de Charles VIII inquiète les dirigeants italiens. Ils voient d’un très mauvais œil l’invasion française. Le 31 mars 1495, Venise, Milan, le Pape Alexandre VI, l’Espagne et l’Empire forment une ligue anti-française. Immédiatement, Charles VIII ordonne la retraite de ses troupes. Le 20 mai, l’armée française quitte Naples. Le roi laisse Gilbert de Montpensier comme gouverneur. La retraite française est difficile. Le 27 mai, ils arrivent près du village de Fornoue dans les Alpes. Là les attend l’armée de Gonzague duc de Mantoue et général des armées de la Ligue. La bataille s’engage. L’armée française aurait été écrasée, si la cavalerie vénitienne était venue soutenir l’infanterie au lieu de piller les bagages de leurs ennemis. Ainsi, Charles VIII force le passage, traverse le Taro et reprend sa route. Il ne perdra que 200 hommes. Charles VIII regagne la France, le 15 juillet. Entre temps, Ferdinand roi d’Espagne, a repris Naples. Charles VIII n’a plus le choix. Il signe la paix de Verceil avec Milan. Le roi a hâte de retourner en Italie, mais sa mort le 7 avril 1498, l’en empêche. Il s’est cogné la tête contre une poutre.


Les rapaces dans les entrailles de l’Italie
C’est Louis d’Orléans qui succède à son cousin sous le nom de Louis XII. A son tour, il revendique le royaume de Naples et le duché de Milan, de par sa grand-mère Valentina Visconti. Appuyé par les Vénitiens, il pénètre en Italie. Il prend Milan sans difficulté. Ludovic le More le duc, se réfugie à Vienne. Il laisse comme gouverneur Trimulzo, un milanais favorable à la France. Dès 1500, Ludovic Sforza reprend sa ville. Les Français réagissent sans attendre. Sforza est arrêté et emprisonné à Loches où il mourra en 1508.

Le pape Alexandre VI a accordé le divorce à Louis XII, afin qu’il puisse épouser Anne de Bretagne. En échange, la France doit conquérir la Romagne pour le compte du fils du Pape, César Borgia. Louis XII tient sa parole et lui envoie des troupes. En deux ans, il conquiert toutes les terres, ayant échappée à l’Eglise. Le 18 août 1503, Alexandre VI meurt. Il est remplacé par Pie III dont le pontificat ne dure que quelques mois. Jules II le remplace. C’est un adversaire des Borgia et César est arrêté. Obligé de rendre ses terres au Pape, il rejoint l’Espagne. Comprenant qu’il n’est pas en sécurité, il se rend à la cour de Navarre. Il meurt au combat contre les Espagnols, le 12 mars 1507.

En 1500, Louis XII s’allie avec Ferdinand en vue de partager le royaume de Naples. L’armée de Ferdinand d’Aragon est écrasée et le royaume occupé. Très vite, Français et Espagnols s’entredéchirent pour la possession des Pouilles, une région riche grâce à la laine. Les Espagnols remportent la bataille de Gaète, le 1er janvier 1504, où s’illustre le chevalier Bayard. Les Espagnols occupent Naples, tandis que les Français demeurent à Milan. La politique de Louis XII a à la fois renforcé la puissance temporelle de la Papauté et permis aux Espagnols de s’établir durablement en Italie.


La fureur des barbares
En 1503, Jules II est élu Pape. Il a à cœur de renforcer sa puissance sur l’Italie et Venise constitue un obstacle. En effet, la Sérénissime a profité de la chute de César Borgia pour s’accaparer des terres. En 1508, il forme la ligue de Cambrai avec la France et l’Empereur Maximilien. La guerre est déclarée. Les Vénitiens subissent de lourdes pertes face aux armées françaises. En deux semaines, Louis XII, Jules II et Maximilien Ier récupèrent les territoires que la ligue leur concédait. Cependant, Venise soutenu par son peuple continue de résister et son armée occupe Padoue. Jules II décide soudainement de s’allier à Venise, conscient des dangers d’une trop grande domination française. Dès lors, Venise ne joue plus de rôle militaire, se bornant à un rôle de médiateur, faisant d’elle la cité de la paix. A partir de 1510, la France devient l’ennemi.

Jules II mène en personne les combats. Louis XII exhorte les cardinaux à réunir un concile à Pise. L’empereur le soutient. Toutefois, il ne sera pas écouté. Le Pape signe un traité avec le Roi d’Espagne. C’est Don Ramon, qui prend le commandement des troupes de la Sainte Ligue. Par ailleurs, il convoque un concile à Rome, coupant l’initiative à Louis XII.

Les troupes espagnoles entre en campagne fin janvier 1512. Les Français les repoussent à Bologne. Gaston de Foix, le général français, veut profiter de la situation. Il force ses ennemis à se retirer à Ravenne. Après d’âpres combats, Gaston de Foix est tué et son armé prend la fuite. La Sainte Ligue reçoit l’appui des Suisses. Les Français sont chassés d’Italie. Le Milanais revient Massimiliano Sforza. Les Médicis récupèrent Florence, Jules II les états de César Borgia. Ce dernier meurt le 20 février 1513.


Un conflit européen
Louis XII de retour en Italie peu de temps après, reprend Milan, mais il recule devant les Suisses, supérieurs en nombre et en technique à la bataille de Novare. Louis XII doit une nouvelle fois abandonné l’Italie, car il doit faire face à une invasion au Nord des Anglais, secondés par les Suisses. Néanmoins, les Anglais perdent du temps et regagnent leur pays avant l’hiver. L’Italie s’avère être le champ de bataille privilégié d’un conflit qui la dépasse, puisque l’enjeu en est la suprématie d’une des grandes monarchies nationales sur le continent.

Les Suisses se sentant invincibles, entendent jouer un rôle politique sur la scène internationale. Ils réclament la Bourgogne et le Milanais. Sforza cède, mais les Suisses ne parviennent pas à mettre en place une politique de long terme, se contentant d’exploiter les richesses. Si leur cohésion et leur discipline au combat sont sans égales, leurs institutions politiques et diplomatiques ne sont pas à la hauteur de leur force militaire.

Louis XII fait la paix avec le Roi d’Angleterre. Il s’apprêtait à repartir pour l’Italie, quand il meurt en 1515. C’est son gendre François Ier, qui lui succède. A peine couronné, il rassemble ses troupes, signe des traités avec l’Espagne, l’Angleterre, l’Empereur, et part pour l’Italie. Allié aux Vénitiens, il retrouve l’armée suisse et les troupes de Léon X, le nouveau Pape. Les deux armées s’affrontent à Marignan, le 13 septembre. La bataille est rude et les pertes sont terribles des deux côtés, mais ce sont les Suisses qui reculent.

François Ier conquiert alors toute la Lombardie. Il signe avec les Suisses la paix de Fribourg, le 11 novembre 1516, dite « paix perpétuelle » faisant ainsi des Suisses les alliés de la France jusqu’en 1789. Léon X le rejoint à Bologne. Ensemble, ils signent un concordat réglementant les liens entre la monarchie française et la Papauté. Le Roi accroît son contrôle sur les nominations du haut clergé et se voit conférer un droit de regard sur une partie des impôts levés au nom de l’Eglise. En échange, François Ier renonce au Royaume de Naples.

La guerre entre la France et l’Espagne reprend dans le Nord, en Picardie et dans les Flandres. Cependant dès 1520, les deux armées s’affrontent de nouveau en Italie. En 1522, les Français sont battus. Le Milanais revient à Francesco Sforza. L’année suivante, la trahison du Connétable Charles de Bourbon fait basculer la balance en faveur de Charles Quint. Les Français quittent le pays. Durant leur retraite, Bayard trouve la mort le 30 avril 1524.

L’armée espagnole envahit la France par la Provence et assiège Marseille. François Ier parvient à les repousser au delà des Alpes. Il reprend Milan et entame le siège de Pavie. Le siège dure trois mois. Des renforts pour Charles V, venus d’Allemagne arrivent et encerclent les Français.


Le dénouement
A Pavie, l’armée française est massacrée et François Ier est fait prisonnier. Plus rien ne s’oppose à l’hégémonie espagnole sur l’Italie. Le nouveau Pape Clément VII souhaite garder un équilibre des forces. Il contracte des alliances avec Venise, Florence, Milan et l’Angleterre formant la Ligue de Cognac. Auparavant, François Ier renonce à tous ses droits en Italie, à la Bourgogne et cède des places fortes en Picardie. En échange de sa liberté, il est contraint de verser une rançon et de livrer ses deux fils en otages.

Le duc d’Urbino, Francesco Maria della Roviere refuse d’attaquer Milan ou de risquer une bataille rangée contre l’Espagne. Il préfère attendre les renforts de Suisse et de France, qui tardent à arriver. Par ailleurs, le Pape se demande s’il ne vaut mieux pas se réconcilier avec Charles Quint, afin d’enrayer la progression des Turcs en Europe Centrale. Profitant de ces hésitations, les Espagnols assiègent Rome.

Le 6 mai 1527, le Connétable de Bourbon lance l’assaut. Il est tué au combat, mais les armées prennent la ville. La soldatesque livrée à elle même, n’hésite pas à mettre la ville à feu et à sang. Les églises sont pillées, le Pape fait prisonnier est enfermé au château de Saint Ange. En février 1528, les soldats quittent la ville pour se rendre à Naples.

Si le retentissement du sac de la ville éternelle est considérable dans tout le monde chrétien, celui ci n’a rien réglé sur le plan militaire. L’armée française arrive en Lombardie et part sans attendre pour Naples assiégeant la ville au mois d’avril. Le siège tourne au désastre à cause des maladies et de la trahison de l’amiral Andrea Doria commandant de la flotte française.

A Florence, le peuple se soulève et chasse les Médicis. Clément VII ne voit pas d’un très bon œil cette rébellion. Il se rend à Barcelone et demande l’aide de Charles Quint en échange de la couronne impériale. De son côté, la France signe la paix avec l’Espagne par le traité de Cambrai appelé la paix des dames, car elle a été négociée par la Reine Mère et la tante de Charles Quint Marguerite d’Habsbourg. Par ce traité, les Français sont chassés d’Italie. Les troupes impériales entament le siège de Florence. Les habitants résistent vaillamment, mais finissent par capituler le 9 août 1530. Clément VII redonne le pouvoir à Alexandre Médicis et le fait duc.


L’invention de la nouvelle Europe
En 1530, toute l’Italie est sous domination espagnole. Charles Quint est couronné empereur par Clément VII, devenant ainsi le souverain le plus puissant d’Europe. Le 1er novembre 1535, le duc de Milan meurt sans héritier. François Ier réclame le duché. L’armée française pénètre de nouveau en Italie conquiert la Savoie et le Piémont, mais doit rebrousser chemin.

Au fil des ans, les affaires italiennes constituent de moins en moins l’enjeu principal des rivalités. Sous Henri II, l’Italie est encore le théâtre de quelques escarmouches, mais les véritables combats ont lieu en Picardie. Le 3 mars 1559 suite à la défaite de Saint Quentin, Henri II signe le traité du Cateau-Cambrésis par lequel il renonce à toute prétention sur la péninsule et rend ses conquêtes. Cependant, s’il ne reste rien des conquêtes militaires, les jardins, les palais, les statues, les tableaux, les lettres de l’Italie ont favorisé l’éclosion d’une renaissance française, qui a suscité une réflexion inédite sur la langue et la littérature nationales et nourri les pensées de l’état moderne.


Sources :
texte : FOURNEL. Jean Louis, Les Guerres d'Italie.
image : csdm.qc.ca

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