mardi 30 novembre 2010

Jeanne d'Arc

De Domrémy à Chinon
En 1400 après la mort du roi anglais Richard Cœur de Lion, époux d'Isabelle fille du roi de France, débute la Guerre de Cent Ans. Elle est menée par les Lancastre, qui ont pris le pouvoir en Angleterre. Ils espèrent trouver une légitimité à leur pouvoir en se lançant dans la conquête de la France gouvernée par Charles VI. Après s'être allié avec le Duc de Bourgogne, le roi anglais débarque en Normandie et remporte la bataille d'Azincourt. Il prend Rouen en 1415 et fait son entrée dans Paris en 1418. Par le traité de Troyes du 21 mai 1420, il obtient la main de Catherine de France et la promesse de succéder à Charles VI.

En 1422, les deux rois meurent. En Angleterre, c'est le Duc de Bedfort, frère du roi qui prend le pouvoir sous le nom d’Henri V. Il se nomme lui-même régent de France. En 1428, les Anglais décident d'attaquer Orléans, afin de contrôler la Loire et de s'emparer du fils de Charles VI retranché à Bourges.

C'est dans ce contexte que naît en 1412 Jeanne, dans un petit village de la Meuse nommé Domrémy. Elle est la cinquième enfant de Jacques d'Arc et d'Isabelle Romée. C'est à l'âge de 16 ans qu'elle commence à entendre des voix. Celles ci lui racontent dans quelle misère se trouve le royaume de France et l'exhorte à secourir le roi. Cet appel se renouvelle plusieurs fois.

En 1428 sous prétexte d'aller aider la femme de son cousin demeurant à Vaucouleurs, Jeanne va trouver le seigneur Robert de Baudincourt. Devant l'obstination de la jeune femme, ce dernier décide de lui donner une escorte, afin qu'elle aille rencontrer le roi à Chinon. Parmi l'escorte se trouve Jean de Metz et Bertrand de Poulengy, qui seront ses plus fidèles lieutenants. Elle part le 13 février 1429.

Le groupe met onze jours pour rejoindre Chinon. Un record pour l'époque, d'autant plus qu'il leur fallait éviter les soldats anglais. On annonce l'arrivée de Jeanne au roi. Ce dernier prend conseil. Faut-il recevoir et écouter cette jeune fille ? Jeanne doit attendre deux jours avant que le roi ne se décide à la recevoir. Elle lui raconte pourquoi elle est là. Le roi l'attire un peu à l'écart de la cour et lui chuchote plusieurs choses à l'oreille. Par la suite, il lui donne un logement. Toutefois, Charles VII reste prudent. Il réunit à Poitiers une grande assemblée de théologiens dans le but de savoir si ce que dit Jeanne est vrai. L'enquête dure trois semaines et se révèle positive.

Immédiatement, le roi l'envoie à Orléans. Elle part pour Tours, où elle reçoit un équipement complet et dessine son propre étendard. La voilà dorénavant chef de guerre.


Orléans
En 1428, Orléans est complètement assiégée par les Anglais. Seules les voies de communication vers l'Est sont encore libres. Jeanne arrive sur les lieux le 22 avril 1429 et rencontre le commandant en chef Jean d'Orléans. Ce dernier l'invite à rentrer dans la ville ce qu'elle fait. Elle est chaleureusement acclamée par les habitants, qui voient en elle l'espoir qu'ils avaient perdu.

Jeanne est impatiente de combattre et le fait savoir, mais Jean préfère rassembler ses forces et attendre des renforts de Blois. Une semaine plus tard, elle fait son premier combat. Les Anglais tentent de couper la dernière route. Jeanne envoie plusieurs messages aux Anglais pour leur demander de se retirer, ce qui les amusent bien. Le 6 mai, les Français s'emparent des castines les moins défendues. Les Anglais préfèrent reculer devant le nombre important de soldats français. Jeanne est présente, ce qui galvanise les troupes. Au cours de la journée, ils gagnent du terrain. Le lendemain, Jeanne reprend les combats. L'assaut a lieu sur la bastide des Tourelles, qui bloque le pont permettant de traverser la Loire. Le résultat est peu convaincant. Jeanne est blessée. Une fois remise sur pied et ses hommes reposés, elle reprend l'assaut, qui cette fois réussit.

Le dimanche, les Anglais se rassemblent, prêts à combattre. Les Français font de même. Les deux armées face à face ne bougent pas. Jeanne refuse d'attaquer un dimanche, préférant uniquement se défendre si cela est nécessaire. Finalement, les Anglais se replient. Plusieurs jours plus tard, ils lèvent le camp. La ville est libérée.


Reims
Avant d'entreprendre un voyage à Reims, il faut protéger la région de la Loire. Le roi confie le commandement à Jean d'Alençon. Jeanne est son second. La campagne débute en juin 1429. Les premiers assauts sont des victoires et les Français libèrent de nombreuses villes. Toutefois, les Anglais ne tardent pas à recevoir des renforts.

Le 17 juin, les deux armées se rencontrent à Pratoy. Les Français profitent du désordre dans les rangs ennemis pour remporter la victoire. Ce n'est qu'à la fin du mois que l'armée française se met en route pour Reims. Celle ci entre en Bourgogne, passe Auxerre et arrive à Troyes. Le roi craint chaque arrivée dans une ville, puisque le Duc de Bourgogne est un ennemi. A chaque fois, il envoie des lettres de soumission et Jeanne assure aux habitants le pardon de Dieu. Face à cette attitude, les villes ouvrent leurs portes.

L'armée est très bien accueillie à Reims le 16 juillet. Le sacre se déroule le lendemain. Les regalia sont réunies en toute urgence. Jeanne est présente lors de la cérémonie. Sa mission est accomplie. Une fois roi, Charles VII mène des négociations avec Philippe de Bourgogne et conclut une paix. Maintenant, il faut reconquérir la capitale. Le roi parcourt la Picardie. Pendant ce temps, des renforts anglais débarquent à Calais et se dirigent vers Paris. Les deux armées se font face à Senlis au mois d'août. Le 8 septembre 1429, Jeanne impatiente tente un premier assaut sur Paris. C'est un échec cuisant. Le roi apprenant la nouvelle, ordonne la retraite et retourne à Bourges.


De Saint Pierre le Moutier à Compiègne
Charles VII préfère négocier plutôt que se battre. L'ardeur de Jeanne lui fait peur. Pour l'occuper, il lui confie quelques opérations militaires sans importance. En novembre 1429, elle accompagne le Sire d'Albret et le maréchal de Broussac. Le but est d'anéantir l'armée de Perrinet-Gressalt, un mercenaire au service du Duc de Bourgogne. Le premier assaut est donné à Saint Pierre le Moutier et réussit de justesse. Ensuite, il est décidé d'attaquer sa résidence principale, c'est à dire La Charité sur Loire. L'armée installe le siège, mais doit se retirer à cause du froid. A Noël, le roi anoblit Jeanne, ainsi que ses parents et ses frères.

Le Duc de Bourgogne peu enclin à respecter la paix, rassemble ses troupes, afin de conquérir les villes de l'Oise et de Seine et Marne. Une vague de résistance éclate à Compiègne, Saint Denis et Melun. Jeanne trépigne d'impatience et rêve de partir au combat. Le roi quant à lui ne bouge pas.

Un beau jour, Jeanne décide de quitter Bourges avec deux cents hommes sans prévenir le roi et se rend à Compiègne. Elle traverse la Seine et Marne. A Melun. elle reçoit une autre révélation dans laquelle sa fin est annoncée pour la Saint Jean (24 juin). Le 23 mai, elle lance l'assaut sur Compiègne. L'attaque échoue de peu et Jeanne est faite prisonnière.

Le Duc de Bourgogne utilise la capture de Jeanne comme propagande. Elle est transférée le 26 mai au château de Beaulieu les Fontaines près de Nogon. Elle tente de s'échapper, mais sans succès. Le 15 juin, elle est de nouveau transférée au château de Beaurevoir soixante kilomètres plus loin. Elle tente une nouvelle évasion, mais toujours sans succès. Le Duc de Bourgogne reçoit 10.000 livres de la part des Anglais pour qu'il livre sa prisonnière. L'échange a lieu à Arras au mois d'octobre. Pierre Sureau le receveur général de Normandie et évêque de Beauvais, organise le procès de Jeanne avec les universitaires parisiens. Ces derniers sont depuis longtemps convaincus de l'hérésie de Jeanne. Elle arrive à Rouen le 24 décembre.


Rouen
Le procès de Jeanne est politique. Si les Anglais réussissent à prouver qu'elle est hérétique, ils pourront contester la légitimité de Charles VII. Les deux juges principaux sont l'inquisiteur et l'évêque de Rouen. Ils sont accompagnés des assesseurs, qui n'ont qu'une voie consultative. Le procès débute le 9 janvier 1431.

Il commence par le procès d'office avec enquête et interrogatoire et concerne la vie de Jeanne. Les témoignages lui sont plutôt favorables. S'ensuit le procès ordinaire, où l'on tente d'amener le coupable à la pénitence. Le procès comporte plusieurs vices de procédure. Tout d'abord, Jeanne n'a pas eu le droit à un avocat. Ensuite, elle fut considérée comme une prisonnière ecclésiastique, mais elle n'eut pas le droit à la garde à vue de ce type, moins pénible que la garde à vue de type prisonnier de guerre. Malgré tout cela, Jeanne arrive à répondre aux questions et aux accusations avec beaucoup d'intelligence. Ses réponses semblent anéantir les accusations et surtout les contradictions destinées à la confondre.

Le procès s'éternise. Au mois de mars, seul le délit d'habit est clairement reconnu. Les autres délits restent dans le domaine de l'accusation. En avril, Jeanne tombe malade. Narwich, gouverneur de Rouen ne veut pas qu'elle s'en sorte sans condamnation sérieuse et fait pression sur les juges. Le 24 mai, Jeanne est convoquée. Elle est condamnée pour hérésie. Par une sombre machination, on lui fait signer des aveux. Le mercredi 30 mai 1431, elle est mise au bûcher sur la place du marché de Rouen.

Le 15 février 1450, Charles VII entre dans Rouen qu'il vient de libérer. Il ordonne une enquête, afin de savoir si le procès a été conduit selon la loi. Après enquête, le roi la déclare innocente. Le 28 janvier 1456, il réhabilite sa mémoire et dédommage ses parents.



"De l'amour ou haine qu'à Dieu pour les Anglais, je n'en sais rien. Mais je sais bien qu'ils seront tous boutés hors de France, excepté ceux qui y périront."
Jeanne d'Arc


Sources :
Texte : PERNOUD. Régine : Jeanne la Pucelle
Image : linternaute.com

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