mercredi 1 décembre 2010

Louis XIV


Apprendre le métier de roi
Le 8 septembre 1638, le dauphin Louis vient au monde. Cette naissance que l’on attendait, est saluée dans tout le royaume comme une bénédiction. L’enfant est ainsi surnommé Dieudonné. Il est baptisé le 21 avril 1643. Le 14 mai 1643, Louis XIII meurt à Saint Germain en Laye et le jeune Louis devient roi.

Anne d’Autriche sa mère, assure la régence avec le cardinal de Mazarin. L’abbé Péréfixe devient le précepteur du roi. Louis XIV reçoit une éducation littéraire (latin, français, histoire), scientifique (mathématiques), artistique (musique, danse), sportive (chasse, escrime) et religieuse.

Dès l’âge de 10 ans, Mazarin initie le roi aux affaires de l’Etat, puis le fait assister au conseil. Le 5 juin 1649, lors de l’insurrection parisienne appelée la Fronde, il quitte précipitamment le Louvre en pleine nuit. Le 7 novembre 1651, Louis est proclamé majeur à l’âge de 13 ans. Le 7 juin 1654, il est sacré à Reims, puis en 1660 il épouse Marie Thérèse d’Autriche, fille du roi d’Espagne.


Gouverner son royaume
Mazarin meurt à Vincennes le 9 mars 1661. Le lendemain, Louis XIV réunit un conseil exceptionnel, où il annonce sa prise du pouvoir effectif et qu’il entend gouverner seul avec ses conseillers. Il s’entoure de Michel le Tellier pour la guerre, de Hughes de Lionne pour les affaires étrangères et de Colbert pour les finances.

Colbert entend bien se débarrasser de son rival Nicolas Fouquet le surintendant des finances de la Reine Mère. Fouquet est chargé de trouver de l’argent pour financer la guerre contre l’Espagne. Pour cela, il a confié à des financiers la collecte des taxes indirectes et directes, ce qui accroît la pression fiscale. Le 11 août 1661, Fouquet invite le roi à une fête dans son château de Vaux le Vicomte, pour redorer son blason sali par Colbert. Jaloux de la puissance du surintendant, Louis XIV le fait arrêter par d’Artagnan deux mois plus tard et il est condamné à l’exil. Louis XIV communie cette peine en détention partielle à la forteresse de Pignerol, où Fouquet meurt en 1680. Il est immédiatement remplacé par Colbert.

Pour mieux contrôler, Louis XIV a volontairement limité le nombre de ses collaborateurs, ce qui a pour conséquence le cumul des fonctions et la concentration de celles ci par quelques grandes familles. Les Colbert dirige les finances, la Marine, la Maison du roi. Son fils, le Marquis de Seignelay un poste de secrétaire d’Etat. Le Marquis de Louvois, fils de le Tellier, s’installe au ministère de la guerre et succède à son père en 1677. Les grandes familles constituent des réseaux d’amis et de clientèles. Louis XIV prend le gouvernement en main à un moment où les traités de Westphalie et des Pyrénées, assurent à la France une situation exceptionnelle, qui tient autant à sa propre puissance, qu’à l’effacement de ses rivaux. L’Espagne est affaiblie par l’indépendance des Provinces-Unies, par des révoltes et la séparation de l’Autriche.


S’enivrer de gloire
Colbert a à cœur de remettre de l’ordre dans les finances en améliorant la fiscalité. En 1662, est créée une chambre de justice s’occupant des fraudes fiscales. Colbert a la conviction que la richesse d’un Etat se mesure en numéraire. Il faut donc vendre plus que l’on achète. Il s’inspire des doctrines mercantilistes. Il se concentre sur la production manufacturière et favorise la création de manufactures d’Etat, comme celle des Gobelins à Paris, et des manufactures royales. Ces dernières sont dirigées par des particuliers soutenus financièrement par le roi. Pour améliorer les transports, des efforts sont faits pour aligner les droits de douane et des canaux sont creusés. Colbert en tant que secrétaire de la Marine, favorise les chantiers navals et crée une compagnie de commerce, fortement concurrencée par les Provinces-Unies. Toutefois, les ports de l’Atlantique et de la Manche connaissent de forts développements.

Dans le même temps, Colbert envoie le Seigneur de Carignan pour soutenir les colons québécois contre les Iroquois. Il donne au pays une structure administrative d’une province, avec un gouverneur, un parlement et des intendants. Il favorise le peuplement par l’envoi de femmes à marier et de missionnaires évangélisateurs. Il opère de même aux Antilles.

Tous les talents doivent être mis au service de Louis XIV. L’Académie des sciences est fondée en 1666, puis suit la création de l’Opéra de Paris. Durant la même année, Louis XIV devient le protecteur de l’Académie Française, favorisant la littérature et le théâtre. Louis XIV est un danseur accompli. Il danse lui même sur scène. Avec l’appui du Florentin Lully, il acclimate en France, l’opéra italien.

En 1671, Lully devient directeur de l’Académie royale de musique. Plus que dans l’architecture, c’est dans l’opéra que transparaît au mieux le caractère baroque du règne. Le roi attend des artistes qu’ils travaillent à sa gloire. Les diverses résidences royales doivent dans leur architecture, leur décoration, leur mobilier, leur jardin, l’emporter sur tout ce qui se fait de mieux dans le monde. Dans toutes les grandes villes, se dressent des arcs de triomphe et des places royales. En 1671, Colbert crée l’Académie d’architecture, qui dispense un enseignement spécialisé et envoie ses meilleurs élèves parachever leur formation à Rome. Le classicisme se traduit par l’imitation de l’Antiquité, auquel s’ajoute la clarté, la rigueur, le rendu majestueux et le grandiose. En sculpture et en peinture, les allégories mythologiques sont plus que jamais à la mode. Toutefois, le classicisme n’exclut pas une forme d’ouverture à l’art du mouvement, de l’exubérance et de l’irrationnel qu’est le baroque.

Grâce à le Tellier, Louis XIV se forge peu à peu une armée à la mesure de ses ambitions. L’armement est modernisé. Les fantassins sont équipés du fusil à pierre, puis de la baïonnette. Vauban dresse de puissantes fortifications le long des frontières du royaume. Colbert et Seignelay dotent le royaume d’une marine.

La guerre contre les Provinces-Unies est soigneusement planifiée. La France s’est assurée la neutralité de l’Angleterre, de la Suède et de l’Empire. Le 6 avril 1672, la guerre est déclarée. Face à l’avancée des Français, les Néerlandais ouvrent les digues du Rhin et inondent les plaines autour d’Amsterdam. Guillaume d’Orange signe une alliance avec l’Espagne et l’Empire. Louis XIV envahit la Franche Comté redevenue espagnole en 1668. Les principales places fortes des Pays-Bas sont occupées. Turenne envahit l’Alsace, mais meurt dans une bataille. En 1678, une paix est signée à Nimègue. L’Espagne perd la Franche Comté et douze places fortes en Flandres.


Choisir la fermeté
Le 6 mars 1682, la cour quitte Saint Germain en Laye pour s’installer à Versailles. Le château de Versailles est le lieu de la mise au pas de la haute noblesse, du développement d’une culture de cour, de l’exaltation du pouvoir monarchique. Il sert de modèle aux autres cours européennes.
La vie du roi est au centre de Versailles et ordonne le cérémoniel de cour. De son mariage avec Marie Thérèse, il ne lui reste qu’un fils né en 1661 appelé Louis. En outre, Louis XIV a des enfants issues de ses unions avec deux de ses maîtresses Mme de la Vallière et Mme de Montespan, qu’il a installé à la cour, au mépris de son devoir de chrétien comme le lui rappelle constamment Bossuet. Il fait légitimer les fils de Mme de Montespan et leur accorde par le Parlement le statut de prince du sang.

Louis XIV influencé par Mme de Maintenon, qu’il aurait secrètement épousée après la mort de la reine, devient de plus en plus dévot. Pour lui, ses sujets doivent tous être de bons catholiques. En ce sens, il exalte les évêques à mener une politique active de conversion des protestants, soutenue par la Caisse des Conversions fondée en 1676 par Pellisson. Louis XIV cherche à renforcer son prestige auprès des puissances catholiques, entaché par ses conflits avec le Pape et par la victoire de Léopold Ier contre les Turcs à Vienne. Le durcissement de l’attitude du roi se traduit par une centaine de déclarations, arrêts et règlements sur le sujet. A la violence légale, s’ajoute la violence physique. En 1681, il instaure la pratique des dragonnades par le biais de Marillac. Elle consiste à loger des soldats chez les protestants. Louis XIV ignore dans quelles conditions sont obtenues les conversions et qu’il subsiste encore de nombreux protestants. Le18 octobre 1685, il signe à Fontainebleau la révocation de l’Edit de Nantes. Les pasteurs doivent quitter le royaume et le culte est interdit. L’émigration est interdite aux réformés sous peine de galère. Les protestants ou nouveaux convertis s’opposent par une résistance passive, en refusant de se rendre à la messe, en continuant le culte clandestinement ou en quittant la France.

Entre 1678 et 1688, la paix règne et l’économie prospère. Louis XIV décide alors d’appliquer la politique dite de réunion, qui consiste à récupérer toutes les régions ayant appartenu à la France entre 1648 et 1678. Il envoie 30.000 hommes occuper Strasbourg. Il empêche les révoltes en promettant le maintien du culte protestant. Les diverses annexions suscitent l’inquiétude des autres pays. L’Espagne déclare de nouveau la guerre à la France, mais signe rapidement la paix, n’ayant aucun soutien. Louis XIV bombarde Gênes pour la punir d’avoir héberger des vaisseaux espagnols. En 1687, la rupture avec Rome est consumée, suite à la suppression des franchises dont jouissent les ambassadeurs du Saint Siège. L’affaire de l’électeur de Cologne, dont le candidat a été soutenu par le Pape contre celui soutenu par la France, pousse Louis XIV à s’emparer d’Avignon et du Comtat Venaissin, puis de Liège. Les membres de la Ligue d’Augsbourg (Espagne, Empire, Suède) rompent leurs relations diplomatiques avec la France. Louis XIV déclare de nouveau la guerre aux Provinces-Unies, mais entre temps Guillaume d’Orange est devenu roi d’Angleterre et pousse son pays d’origine à rejoindre le côté de la Ligue d’Augsbourg.


Trop aimer la guerre
Louis XIV mène la guerre en Allemagne. Conscient de la suprématie de la marine anglo-néerlandaise, il laisse le soin aux corsaires d’arraisonner tous les bateaux ennemis. La guerre se déroule aussi en Italie sur les terres espagnoles. En 1697, le traité de paix de Ryswick est signé, les belligérants étant à court d’argent. Louis XIV accepte de reconnaître Guillaume d’Orange comme roi d’Angleterre et rend tous les territoires annexés depuis 1678, à l’exception de Strasbourg.

Se pose également le problème de la succession d’Espagne. Le roi Charles II n’a pas de fils et est gravement malade. Louis XIV de par son mariage peut revendiquer la couronne, mais il faut pour cela avoir l’accord de Charles II et de l’Empereur. Ce dernier préfère que ce soit son fils qui prenne la couronne d’Espagne. Charles II veut maintenir l’intégrité de son héritage. Le 2 octobre 1700, Charles II interdit tout partage de l’héritage et donne la couronne à Philippe d’Anjou, à condition que celui ci renonce à ses droits sur la couronne de France. Quand Charles II meurt, Louis XIV annonce publiquement la décision d’accepter le testament. L’Empereur le conteste et déclare la guerre. Le roi d’Angleterre Guillaume III réussit à former une nouvelle ligue avec l’Empereur et les Provinces-Unies.

Dès 1705, l’armée française connaît des défaites. La Catalogne est occupée par les Anglais et Lille par les Néerlandais. En 1711, l’Empereur Joseph Ier meurt. Son fils Charles se fait couronné roi d’Espagne recréant ainsi l’empire de Charles Quint. Cette situation est intolérable pour les autres puissances d’Europe. Les Provinces Unies et l’Angleterre se retirent du conflit. Laissé seul, L’Empereur Charles III signe la paix de Rastadt. Philippe d’Anjou est reconnu roi d’Espagne, la France récupère la Catalogne, mais doit céder à l’Empire les Pays-Bas, le Milanais, la Sardaigne et Naples, aux Anglais Gibraltar.

Ce retour à la paix marque pour les Français la fin des épreuves (famine, disette, fiscalité élevée, épidémies). En 1712, Louis XIV voit ses trois fils mourir de maladie. Son unique successeur est son petit fils âgé de 4ans. Louis XIV a 75 ans et est très fatigué. Le 9 août 1715, il se plaint d’une douleur à la jambe gauche. C’est la gangrène. Il décède le 1er septembre, peu regretté de son peuple à cause des sommes exorbitantes pour financer la guerre, des taxes considérablement élevées, et par la trop longue durée de son règne, la plus longue de l’histoire de France.








SOURCE
Texte : LEBRUN. François : Le Siècle de Louis XIV
Image : burell9history.wimispace ; Civilization 4

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