samedi 23 octobre 2010

Alexandre le Grand


Grecs et Perses
Malgré la résistance acharnée d'un petit détachement spartiate chargé de la garde du défilé des Thermopyles, les Perses dirigés par Xerxès gagnent la Grèce, mais la batailles de Salamine en -480 les force à rebrousser chemin. L'année suivante la défaite perse de Platées permet aux Grecs de s'établir en Asie Mineure.

En -386, le roi perse Artaxerxés reconquiert les cités d'Asie Mineure. L'Athénien Isocrate et ses amis veulent réagir, mais pour cela il faut que les Grecs s'unissent sous le commandement d'une seule cité-état. Voyant ce rassemblement impossible, il fait appel au roi de Macédoine Philippe II.
Philippe II accède au trône en -359. Il renforce son autorité sur la noblesse, réorganise l'armée en les dotant de puissantes phalanges, consolide et étend les frontières de son royaume. En -338, Philippe II entre avec son année en Grèce. Il profite des dissensions entre les états pour en prendre le contrôle. Il convoque à Corinthe une assemblée des délégués des cités et des états, au sein de laquelle fut décidée la création de la Ligue de Corinthe. Une paix commune fut conclue et les libertés conservées, mais les cités ne doivent pas faire de changement politique et fournir à la Macédoine des soldats.

En -336, Philippe II prépare une grande offensive pour libérer les cités d'Asie Mineure. Cependant, lors du mariage de sa fille Cléopâtre, il est assassiné. Son fils Alexandre III lui succède. Ce dernier a reçu une éducation physique et littéraire poussée. Ses précepteurs n'étaient autres que Léonidas et Aristote. Son père lui a enseigné les rudiments de la politique et de la stratégie militaire. En -338, il a fait ses premières armes à la bataille de Chéronée(1). Alexandre désire continuer le projet de son père, mais des troubles dans les Balkans l'obligent encore à repousser la date, puis c'est une révolte dans certaines cités grecques menée par Thèbes. Il fait raser la ville, afin de dissuader toute nouvelle rébellion.

L'Empire perse ou Achéménide du nom de la dynastie régnante, s'est constitué au VIe siècle av JC, sous l'impulsion du roi Cyrus Ier, qui unit tous les royaumes du Proche et Moyen Orient. L'empire est parsemé de routes commerciales surveillées par une police de la route. Le territoire est découpé en vingt satrapies dirigées par des satrapes. Ils sont chargés de faire régner l'ordre et disposent pour cela de troupes permanentes. Ils lèvent aussi les taxes. La langue perse ne s'est jamais diffusée. Les peuples ont conservé leur langue, leur coutume, leur religion et leur écriture. Il existe toutefois une langue officielle qui est l'araméen utilisée dans les palais. L'empereur dirige son empire en s'appuyant sur les élites locales. Toutefois, les grandes charges sont réservées uniquement aux Perses. C'est la cohésion politique et culturelle des Perses, tout autant que leur dévouement au roi et à la dynastie qui expliquent la longévité de l'empire. De plus, la puissance politique et économique des nobles perses dépend du maintien de la domination sur les terres et les populations.

Au IVe siècle av JC, les Grecs disent des Perses qu'ils sont décadents par le luxe de la table et les plaisirs du harem. En fait, le roi perse peut à tout moment mobiliser une puissante armée et ses ressources financières sont immenses.


La Conquête des côtes
En -334, Alexandre se lance à la conquête de l'Empire perse. Ils laissent en Macédoine 12.000 fantassins et 1.500 cavaliers, chargés d'assurer la sécurité intérieure. La cavalerie est constituée des nobles et l'infanterie des paysans. De plus, il lève dans les cités grecques 1000 fantassins et 600 cavaliers. A côté des soldats se crée une gigantesque caravane pour le transport de guerre et de vivres, plus des valets et la suite des nobles, qui comprend parfois les femmes et les enfants. A cela s'ajoutent une multitude de marchands. Le corps supérieur des officiers est composé des nobles macédoniens. Certains occupaient déjà ce poste sous Philippe II. C'est le cas par exemple du diplomate Parménion ou du général Antigone le Borgne. Mais Alexandre cherche de plus en plus à s'appuyer sur des hommes de son âge tel Héphestion. Les deux hommes ont grandi ensemble. L'honneur de commander le bataillon royal revient à Kleitos le frère d'Alexandre. Des chroniqueurs font également partie du voyage. C'est le cas par exemple de Ptolémée, qui fondera la dynastie portant le même nom.

Connaissant pourtant les intentions d'Alexandre, Darius III ne décrète pas la mobilisation générale dans l'empire. Il nomme Memnon originaire de Rhodes pour surveiller les côtes. Ce dernier applique la tactique de la terre brûlée, afin d'épuiser encore plus vite les provisions des Macédoniens. Toutefois, devant ses généraux, il doit céder et préparer une bataille rangée. En mai -334, les deux armées se rencontrent sur les bords du fleuve Granique. Ne pouvant pas manœuvrer leurs importants contingents, les Perses doivent plier devant la cavalerie macédonienne.

Alexandre conserve dans les territoires conquis l'organisation achéménide et s'appuie sur les élites locales. Toutefois, il confie le commandement politique et militaire à des Macédoniens. Après la défaite du Granique, de nombreuses cités de l'Asie Mineure ouvrent leurs portes. Toutefois, d'autres préfèrent résister. C'est le cas de Milet dont le siège dure une semaine et celui de d'Halicarnasse qui dure une année. D'une manière générale, la prise de possession par Alexandre s'accompagne de l'instauration d'un régime prenant comme exemple la ligue de Corinthe.

Laissant le gros de ses troupes à Halicarnasse, Alexandre envoie un autre corps à Sardes, tandis que lui descend à Gordion. Pendant ce temps, Memnon mène des batailles sur les côtes grecques. Sa mort durant une bataille navale est un grand soulagement pour Alexandre. Il profite de ce répit pour constituer une flotte, afin de mieux protéger la Grèce, tandis qu'avec ses hommes il descend en Phénicie.

En -333, Darius lèvent des troupes dans tout l'empire dont les célèbres archers appelés les Immortels, constituent le fleuron. De même que chez les Grecs, les armées perses sont suivies d'une importante caravane regroupant beaucoup de non combattants. Les deux armées se rencontrent à Issos. Alexandre a choisi un terrain vallonné, afin d'empêcher les Perses de déployer leur cavalerie et leurs chars. Darius et ses hommes pourtant supérieurs en nombre, sont mis en déroute. La défaite de Darius est plus grave sur le plan politique que militaire. Le roi le plus puissant du monde vient de trouver plus fort que lui.

Dorénavant, Alexandre marche sur la Phénicie principale base des perses. La cité de Sidon se rend, mais Tyr résiste. Il entreprend le siège et bouche la baie par ses navires. Les Tyriens se défendent avec acharnement, mais finissent par capituler au bout de six mois. Après la chute de Tyr, les autres cités phéniciennes se rangent au côté d'Alexandre. A l'automne -332, Alexandre fait son entrée en Egypte. Ne rencontrant aucune résistance, il prend possession du pays, avec l'assentiment du peuple. Il fonde la cité d'Alexandrie.


La mainmise sur les grandes capitales
Tirant la leçon d'Issos, Darius choisit la grande plaine de Gaugamèles pour affronter son rival. La bataille a lieu le 1er décembre -331 et se termine par une nouvelle défaite perse. Darius prend de nouveau la fuite. Plutôt que de se lancer à la poursuite de Darius, Alexandre préfère se diriger vers la prestigieuse cité de Babylone dont le satrape lui ouvre les portes. Il prend possession de la Babylonie et y développe la même politique qu’en Egypte, sauf que cette fois il laisse en place les élites locales. A la fin du mois Suse se rend également. Cette cité est importante, car elle constitue le centre commercial de l'empire. De plus elle contient la moitié du trésor royal perse.

Alexandre relève de nouvelles troupes, afin de combler les manques (morts, blessés, troupes laissées en arrière). Elles viennent d'Irak, de Syrie et de Grèce. Après la chaleur épouvantable de l'été irakien, les soldats trouvent le froid de l'hiver des plateaux iraniens. Continuant sa route, Alexandre se dirige vers Persépolis, la capitale. La route principale est parsemée de forteresses. Alexandre préfère les contourner par le Nord. Il doit affronter le peuple des Ouxiens. Il arrive à destination en janvier -330 et la cité ouvrent ses portes. La ville est mise à sac et les Macédoniens s'emparent d'un prodigieux butin. Puis, ils se dirigent vers Pasargades, la deuxième capitale où se trouve le tombeau de Cyrus Ier. Cette fois la ville est préservée. Dans sa politique, Alexandre veut montrer qu'il agit en conformité avec les traditions achéménides, ce qui lui assure le soutien de la noblesse et du peuple.


Le nouveau grand roi
Après la prise de Pasargades, Alexandre se lance à la poursuite de Darius. Il se dirige vers Ecbatane, obligeant son ennemi à fuir de plus en plus vers l'Est. Découragés, de nombreux Perses se rangent aux côtés d'Alexandre. D'autres fomentent un complot contre Darius, dont Bessos est le chef. Ils passent à l'acte en juillet -330 et assassine le grand roi. Cet assassinat est une aubaine politique pour Alexandre, qui peut se présenter dorénavant comme vengeur du Grand Roi. Il se lance à la poursuite de Bessos, qui s'est lui-même proclamé roi. Darius mort, bon nombre de soldats souhaitent rentrer chez eux, mais Alexandre parvient à les convaincre.

Alexandre fait route vers l'Afghanistan. Il rencontre les armées de Barsaentès et de Satibazane, les deux généraux de Bessos. Les troupes traversent le pays en plein hiver. Les vivres manquent et Bessos prend soin de tout détruire sur son passage. Alexandre parvient à rejoindre Bessos sur les bords du fleuve Oxus. Ce dernier n'aura pas le temps de combattre, puisqu'il est trahi à son tour et livré au conquérant.

La pénétration dans l'Est de l'empire perse est très difficile. Durant les années -329 et -328 de nombreuses vagues de révoltes se succèdent. Alexandre doit mener de nombreux sièges de ville pour retrouver la paix. Par ailleurs, il doit faire face aux Scythes, qui craignent pour leur libre circulation. Alexandre envoie un contingent de 3000 hommes pour les vaincre. La technique de guérilla des Scythes vient à bout de ce contingent. De plus, la présence de plus en plus importante d'Iraniens autour d'Alexandre irrite la noblesse macédonienne. Ceux ci craignent que leur chef ne se comporte comme un roi perse. En dépit des critiques, Alexandre continue sa politique de collaboration avec les Perses. Il épouse d'ailleurs la princesse Roxane. Néanmoins, il garde les places les plus importantes pour ses compagnons.


De l'Indus au Golfe Persique
Alexandre désirant se lancer à la conquête de l'Inde autrefois sous domination perse, envoie Héphestion, afin de glaner des informations et de s'assurer des alliés. Pendant ce temps, il se dirige vers l'Himalaya et réduit à néant non sans mal toutes les tribus du Nord de l'Inde. Puis il se dirige vers le sud. Le roi Taxilès l'accueille.

Alexandre doit maintenant affronter le roi Poros, le plus puissant d'Inde. Les deux armées se rencontrent sur les bords de l'Indus. Les chevaux grecs doivent faire face aux éléphants indiens. Après d'âpres combats, Poros se rend. Alexandre lui laisse son royaume en échange de sa soumission, car il sait très bien qu'il n'a pas les moyens de contrôler un tel pays. Fort de ce nouvel allié, il désire passer le Gange et continuer encore plus vers l'Est.

Sentant se développer une sourde opposition dans son armée, Alexandre la réunit pour tenter de remotiver ses soldats. Mais cette fois, tous les soldats macédoniens et grecs désirent rentrer. Le lendemain, Alexandre cède et décide de rebrousser chemin. C'est par voie fluviale qu'il décide de rentrer. L'armée se divise en deux. Hephaistion rentre directement à Babylone par la route de l'aller, et Alexandre descend l'Indus. Il en profite pour soumettre les autres royaumes indiens. La plupart des redditions se font après de violents combats. En janvier -325, il arrive au bord de l'Océan Indien et fonde une seconde Alexandrie.

Après quelques mois de repos, Alexandre décide de séparer son armée en deux. Lui passera par les terres le long des côtes et l'amiral Néarque passera par la mer. Alexandre part le premier, mais la traversé est rendue difficile par le désert et les nombreux ennemis. Néarque part en octobre -325. Il a pour mission de repérer les pays fertiles et les routes commerciales. Les deux corps se rejoignent à l'embouchure de l'Euphrate.


Dernières années, derniers projets
A son retour, Alexandre retrouve un empire désorganisé. Les satrapes qu'il a mis en place, ont soit négligé leur mission, soit ont pris un pouvoir trop démesuré. Alexandre les fait arrêter et exécuter pour l'exemple. Toutefois, il ne semble pas que toutes les élites aient tenté de se soulever. Ils attendaient du roi qu'il réaffirme une politique fondée sur l'entente et la collaboration. Ce qu'il fait en maintenant les traditions perses et en restaurant les grands monuments.

En prolongeant ainsi sa politique de collaboration avec la noblesse iranienne, Alexandre mécontente une bonne part de ses compagnons et de ses soldats. Certains suivent les conseils d'Alexandre comme le satrape de Pasaryade Peukestas, qui adopte la mode, la langue perse et épouse une princesse iranienne.

Quelques semaines après son retour à Babylone, Alexandre décide de renvoyer en Macédoine les vétérans et les blessés. Cela irrite encore plus les soldats qui craignent que leur roi ait décidé de se débarrasser d'eux. Alexandre est obligé de les rassurer. Réconcilier avec son armée, Alexandre prépare une expédition pour l'Egypte, afin d'attaquer Carthage et Rome avant de renter en Grèce. Un autre projet prévu est de contrôler la péninsule arabique pour contrôler les routes commerciales.

Le 3 juin -323 en sortant d'un banquet, Alexandre est prit d'une forte fièvre et agonise pendant quatre jours. Immédiatement après sa mort, la question de l'héritage se pose. N'ayant pas de fils et plus de frère son empire est partagé entre tous ses généraux.





"Ce ne sont pas les fils qui perpétuent la mémoire de leurs pères, mais leurs bonnes actions et bonnes mœurs."
Alexandre le Grand


Source :
texte : BRIANT. Pierre : Alexandre le Grand.
image : intellego.fr ; Civilization IV

(1) quelques précisions dans le premier commentaire.

2 commentaires:

  1. La bataille de Chéronée en 338, est une bataille mémorable. là, Philippe impose militairement sa toute puissance sur la Grèce. Mais ce haut fait d'arme à avoir avec Alexandre du fait que celui-ci - 18 ans - à la tête de la cavalerie sauve l'issu de la bataille! En autre Philippe ressortira jaloux de cette insolente et précoce réussite! M.L

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  2. Merci pour ces précisions. J'y ai ajouté un renvoi dans le corps du texte.

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