mardi 2 novembre 2010

Christophe Colomb


Dans l'obscurité de l'histoire
Ce sont les besoins économiques de l'Europe et la coupure des liens semi-directs de son commerce avec l'Asie par la conquête ottomane du Proche-Orient, qui vont ouvrir la découverte pratique du monde et fonder la géographie avortée à la fin du monde antique.

Christophe Colomb est né à Gênes dans une humble famille de tisserand en 1451. C'est en fréquentant les corsaires et notamment les corsaires français, qu'il aurait appris à naviguer dès l'âge de 14 ans. Les marins sont en général des marchands. Patrons et marins sont des salariés. Ils naviguent en fonction des engagements qu'ils trouvent. La Méditerranée est partagée en cinq puissances : Venise, Gênes, Florence, Barcelone et l'Aragon.

Le 13 août 1473, Colomb se trouve sur un navire catalan commandé par un français en train de combattre des navires génois. C'est la bataille du Cap Saint Vincent. Le bateau de Colomb s'enflamme et le marin gagne la côte à la nage.


De l'illusion au purgatoire
En 1476, Christophe Colomb se retrouve donc à Lisbonne. Il semble connaître la Méditerranée par cœur, parle plusieurs langues et écrit le latin. En 1481, la paix revient au Portugal et Jean II monte sur le trône. Celui ci s'intéresse aux navigations africaines et aux problèmes cosmographiques. Les Portugais ont deux objectifs en Afrique. Tout d'abord, établir des comptoirs et ensuite trouver une route afin de rejoindre l'Inde.

Le climat de discussions et d'interrogations sur la taille de l'Afrique et la route des Indes reste brûlant et c'est en son centre que Colomb va vivre pendant huit ans. Il acquiert rapidement la conviction et la foi de la vérité de ses thèses, qui affirment que l'on peut rallier l'Asie par l'Ouest. Il échafaude le projet de réaliser cet exploit. Il fait plusieurs voyages aux Açores et en Islande, afin de prendre des mesures sur les courants et les vents.

Comme son frère, Colomb devient cartographe. Il travaille à partir de cartes anciennes et s'efforce de les perfectionner. Il lit également les ouvrages de cosmographie. On soupçonne que le choix de son épouse ne fut pas désintéressé. Filippa Moniz Perestiello est en effet la fille du défunt gouverneur de l'île de Porto Santo. Le mariage a lieu en 1479 et Colomb va vivre un certain temps là bas. Il poursuit ses études sur les vents atlantiques et sa femme donne naissance à son premier fils Diego.

Jean II refuse de prêter à Colomb les bateaux qu'il désire. En effet, le roi ne désire plus financer de tels projets et préfère se concentrer sur l'Afrique. Par ailleurs, les conditions de Colomb lui paraissent trop exagérées. A cette époque, Colomb n'est qu'un pilote parmi tant d'autre. En 1484, sa femme meurt. Colomb quitte le Portugal et se rend en Angleterre. Henri VII trop occupé par la remise en ordre d'un royaume épuisé par la guerre des deux roses ne l'écoute pas. Colomb se rend donc en Castille et rejoint ses deux belles sœurs. Il entre en contact avec les moines de la Pabida et rencontre le père Antonio qui est astronome. Par relation, il rencontre le Duc Luis de Medinaceli, un des plus influents seigneurs de la péninsule. Convaincu du projet de Colomb, mais incapable de le financer, il accompagne le marin à Madrid et l'introduit à la cour.

Isabelle et Ferdinand semblent intéressés par le projet du marin, mais ont d'autres préoccupations pour le moment. En effet, les Espagnols souhaitent libérer leur pays des musulmans. Seule Grenade résiste encore. De plus, ils ont besoin de Colomb pour ouvrir de nouvelles routes maritimes, afin de briser le monopole portugais. En attendant une réponse favorable, Colomb tombe amoureux d'une paysanne appelée Beatriz Henriquez. En 1480, elle lui donne son deuxième fils Fernando. Il rencontre un grand nombre de clercs et d'érudits. Impatient, il réitère sa demande à Jean II, qui refuse une nouvelle fois. Surtout que Bartholomé Dias vient d'atteindre le Sud de l'Afrique. En 1491, le projet stagne. Colomb songe alors à chercher l'appui du roi de France Charles VIII. Mais en 1492, le roi et la reine d'Espagne acceptent enfin. Grenade étant tombée, ses protecteurs sont prêts à financer en grande partie le projet.


La découverte et la gloire
Le soutien des rois catholiques ne règle pas tout. Colomb doit trouver des fonds, former son équipage et passer outre toutes les critiques dont il est victime. Le 17 avril, le secrétaire du roi anoblit Colomb, lui donne le titre d'amiral ainsi que celui de gouverneur des terres fermes et à découvrir, tout cela à titre héréditaire en plus de droits commerciaux sur tout ce qui viendra des nouvelles terres. Colomb lève l'encre le 3 août 1492 avec trois caravelles : la Nina, la Pinta et la Santia Maria qui en réalité s'appelle la Maria Galante. Elle ne prendra ce nom que beaucoup plus tard. Il emmène 90 hommes d'équipage, des amis et des officiers de la couronne.

Dès le départ, une rébellion éclate, puis il faut changer les voiles pour la navigation en haute mer. Bref, l'expédition est bloquée aux Canaries pendant un mois. Durant tout le trajet, Colomb tente de rassurer ses hommes en leur montrant des signes divinatoires et en diminuant les distances à parcourir. Le 24 septembre, l'équipage est en colère. Colomb parvient une fois de plus à les rassurer. Enfin une terre apparaît le 12 octobre à deux heures du matin après 36 jours de navigation.

Colomb et son équipage ont touché une petite île dans l'archipel des Bahamas. Cette terre est habitée par les Taïnos, qui accueillent bien ces étrangers qu’ils pensent être des dieux. Les marins eux aussi sont étonnés de l'accoutrement, de l'alimentation et des manières de vivre. Colomb apprend qu'il existe d'autres îles avec de l'or. Le caractère pacifique de ces indigènes suggère à Colomb la facilité de leur évangélisation et de leur mise en servage. Anthropologie à la fois paternaliste et raciste, fondé sur le droit de la supériorité religieuse, sociale et culturelle dans le but d'imposer sa loi à l'autre. Le 15 octobre, Colomb force sept Taïnos à lui servir de guide. Colomb reprend la mer. Il baptise chaque île qu'il rencontre. Il arrive à Cuba le 28 octobre. Le 21 novembre, Pinzon s'éloigne sur la Pinta, exaspéré par la lenteur et l'autoritarisme de Colomb. Il est par ailleurs pressé de trouver de l'or. Sur la première île qu'il aborde, il trouve des indiens hostiles et est obligé de repartir. Pendant ce temps, Colomb arrive à Haïti le 6 décembre qu'il baptise l'île de la tortue à cause de sa forme. Le soir de Noël, la Santa Maria fait naufrage par manque de vigilance. N'ayant plus assez de place, Colomb fonde une colonie. Il repart le 4 janvier. Pinzon le rejoint. Les retrouvailles sont tendues, mais tout finit par rentrer dans l'ordre. Le 16, ils repartent pour l'Europe.

Le 14 février une énorme tempête éclate et manque de faire sombrer l'expédition qui parvient tout de même à rejoindre les Açores. Après avoir réparé quelque peu ses avaries, il repart le 4 mars, mais s'arrête de nouveau à Lisbonne pour la même raison, où il craint pour sa liberté. Il finit par rejoindre Séville le 11. Peu de temps après, Pinzon meurt de la syphilis, une maladie encore inconnue en Europe.

Colomb sait mettre en avant sa réussite. Il parade dans Séville et dans Barcelone avec ses indiens et son équipage, puis se rend à la cour. Il écrit un récit de son voyage qui sera publié et traduit en latin. L'accueil des rois espagnols est chaleureux, d'autant que le Portugal veut faire main basse sur ces terres. C'est le pape Alexandre VI, qui redéfinit la ligne de partage entre les deux pays.


Nouveau monde et chaos colonial
Le 25 septembre 1493, une flotte de 17 navires comprenant 100 hommes part de Cadix, afin d'établir une colonie durable. Colomb trouve une meilleure route et ne met plus que 20 jours pour arriver à destination. Il arrive le 3 novembre dans les Caraïbes et découvre une tribu portant le même nom, dont la spécificité est l'anthropophagie. Ces indigènes sont hostiles et Colomb préfère repartir pour Haïti.

Colomb retrouve sa colonie complètement dévastée et demande au Taïnos ce qui s'est passé. Les Européens se sont battus entre eux pour l'or et ont négligé les relations avec les Taïnos, ce qui a engendré une guerre. Désormais, les Taïnos fuient les Européens. Colomb préfère s'éloigner un peu et décide la construction d'une nouvelle ville qu'il nomme Isabelle. Avec la construction de la ville, les tensions entre lui et ses hommes commencent, parce qu'il les fait travailler au lieu de chercher de l'or. De plus la maladie s'en mêle favorisée par la fatigue et le manque de nourriture. L'année suivante, Colomb s'enfonce davantage dans les terres et découvre une petite vallée où il installe un fort. Après avoir laissé des instructions à ses officiers, il repart le 24 avril 1494. Il désire explorer la côte sud de Cuba. C'est ainsi qu'il découvre la Jamaïque. Il est persuadé qu'il s'agit d'îles proches de la Chine. Or il ne veut pas aller en Chine. Il n'est pas intéressé par un empire aux armes et aux bateaux innombrables, dont il ne peut pas devenir le gouverneur. C'est précisément sa conviction qui lui fait rebrousser chemin. De retour à Isabelle, il retrouve son frère Bartholemy qui vient d'arriver, mais c'est surtout une situation catastrophique qu'il découvre. Le comportement des Espagnols a fait soulever les Indiens : les rapts des femmes et la fièvre de l'or sont toujours le mélange qui brise l'utopie d'une colonisation pacifique. Colomb n'a plus le choix, il doit employer la force pour retrouver la paix.

Bartholemy chargé de la pacification a déjà tous les traits du conquistador. En mars 1495, les armées espagnoles et indiennes se font face et les Indiens sont écrasés et réduit en esclavage. Les Indiens impuissants mènent une guérilla, mais sont décimés par les nouvelles maladies. Par ailleurs, les souverains espagnols sont contre l'esclavage, s'ils ne sont pas prisonniers de guerre. Des contrôleurs sont envoyés sur place.

Le 10 mars 1496, Colomb repart pour l'Espagne. Avant de pouvoir entreprendre son troisième voyage, il faudra que Colomb attende près de deux ans pour qu'une flotte de six caravelles soit prête. Colomb a de plus en plus de mal à financer ses expéditions. Toutefois, il repart le 30 mai 1498 avec une centaine de femmes pour mettre fin au rapt des femmes indiennes. Il laisse le gros de l'équipage d'Haïti et avec le reste, il part vers le Sud-ouest. Il découvre ainsi une nouvelle terre. Cependant, les Indiens ne sont guère accueillants et Colomb continue vers l'Ouest, où les Indiens semblent plus amicaux. Colomb est à l'embouchure du Rio Grande. Colomb comprend qu'il ne s'agit pas d'une île, mais d'une terre beaucoup plus vaste.

De retour à Isabelle, il découvre que la guerre y bat son plein. Beaucoup de choses ont changé. Tout d'abord, Bartholémy a déplacé la ville davantage vers l'intérieur des terres et fonde Saint Domingue. Partout, il a imposé de lourds tributs aux Indiens. Par ailleurs, Roldon, un officier de Colomb s'est révolté en emmenant avec lui la moitié des colons. Colomb tente de reprendre les choses en main. Il offre à Roldon une grâce et la possibilité de rentrer en Espagne. Cependant Roldon est fier d'être un prince devenu indépendant.

La situation est mal stabilisée. Colomb aggrave son cas auprès des rois, car il n'envoie que des esclaves et pas d'or. Le contrôleur Bodallido arrive à Isabelle le 23 août 1500. Il s'installe chez Colomb, saisit ses papiers, libère les prisonniers espagnols, puis fait arrêter Colomb et son frère et les ramène en Espagne.


La disgrâce, les échecs, la mort
Colomb attend six semaines avant d'être convoqué par Isabelle et Ferdinand. Les deux souverains sont conciliants et modérés et s'engagent à lui restituer ses biens. En revanche, il n'est pas question de lui rendre la vice-royauté et le gouvernement des terres découvertes. C'est quelque peu écarter le découvreur de la découverte et ce dernier ne l'entend pas de cet avis. Interdit de voyage, Colomb va consacrer l'année 1501 à l'écriture d'un livre, où il évoque sa foi et la mission quasi divine dont il s'est assignée. Pour lui avant la fin des temps, le monde sera unifié sous l'unité chrétienne et Jérusalem reprise aux musulmans. La découverte du nouveau monde et son or est un pas vers cet accomplissement.

En 1502, après que Vasco de Gama commence à établir des comptoirs en Inde en contournant l'Afrique, Colomb obtient l'autorisation de reprendre la mer. Il arrive le 20 mai aux Caraïbes, mais sa flotte est prise dans un ouragan. Il en réchappe avec une poignée de marins et rejoint Cuba. Après s'être remis, il reprend la mer et se dirige vers l'Ouest. Il débarque au Nicaragua qu'il croit être le Cambodge. Ne voulant pas aller en Chine, il se dirige vers le Sud. Sur ce continent, il rencontre des Indiens plus évolués. Il croit toucher au but lors que ces derniers lui révèlent l'existence d'un fleuve appelé le Gange. Les voyages sont éprouvants à cause des maladies, des attaques d'animaux et d'Indiens. Ne pouvant plus aller loin, il retourne en Jamaïque. Sur l'île, les relations avec les Indiens sont bonnes, mais c'est encore le comportement des Espagnols qui fait aggraver la situation. Une nouvelle guerre éclate, à laquelle Colomb met fin grâce à une éclipse de lune. Cependant, même les officiers de Colomb n'hésitent plus à le trahir et se plaignent auprès des autorités espagnoles.

Le 26 novembre 1504, Isabelle meurt et laisse Colomb sans protection. Ce dernier est de plus en plus malade. Sa vue baisse terriblement. Ses voyages n'intéressent plus personne. Il n'a pas trouvé de passage vers l'Asie, juste des terres inhospitalières et des promesses d'or non réalisées. Colomb lègue tout ses biens à son fils. Il meurt en 1505 à l'âge de 55 ans.


Sources :
texte : LEQUENNE. Michel : Christophe Colomb
image : memo.fr

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