mercredi 3 novembre 2010

La Commune


Le 18 mars 1871
Le 2 septembre 1870, le Second Empire s'effondre sous les coups des Prussiens à Sedan. Paris connaît le 4, une révolution et la République est de nouveau proclamée. Un gouvernement provisoire composé de douze membres, est nommé avec à sa tête le général Trochu, un orléaniste. Le 19, la capitale est assiégée et le sera pendant 138 jours. Toute la population est mobilisée. Malgré tous leurs efforts, la paix est signée le 28 janvier 1871. C'est une défaite pour la France. Certains la voient comme une lâche capitulation.

Le 8 février ont lieu des élections pour élire une nouvelle assemblée. Partout, à l'exception de Paris et de quelques villes, la volonté de paix l'emporte. Ce sont les monarchistes qui remportent cette élection. Le clivage entre Paris et le gouvernement est à son apogée, face à une province rurale jugée trop cléricale. Le pouvoir exécutif échoit à Adolphe Thiers conservateur et orléaniste.
Si Paris déteste l'assemblée, puisqu'un grand nombre de députés parisiens ont démissionné, celle ci le lui rend bien en prenant des mesures impopulaires et s'installe à Versailles. Au début du mois de mars, une complète anarchie administrative règne à Paris. Dans un grand nombre d'arrondissement, des comités populaires ont pris le contrôle, protégés par la garde nationale, constitués en fédération avec leurs propres statuts. La priorité est la défense de la république, seule forme de gouvernement possible. Le 18 le gouvernement réagit et envoie 3000 hommes, dans le but de reprendre les canons stockés à Montmartre. Ailleurs, d'autres troupes entrent dans la ville. Le tocsin résonne. Tout le monde se mobilise et repousse les armées régulières. Le général Lecomte, chef des opérations est fait prisonnier. On lui ordonne de retirer ses troupes, puis il est exécuté vers 17 heures. A partir de cet instant, Thiers ordonne à tous les ministres, maires et conseillers municipaux de quitter la ville. La voici entièrement indépendante.

Le comité central s'empare de l'hôtel de ville et émet des mesures (interdiction des expulsions, libération des prisonniers politiques, création d'une milice nationale). De nouvelles élections municipales ont lieu et voit de nouveau la victoire des monarchistes. Les relations entre Paris et Versailles sont tendues. Personne n'est prêt à faire des concessions. De nouvelles élections ont lieu et les républicains modérés l'emportent grâce à une forte abstention. La Commune est proclamée où les ouvriers soutenus par l'Internationale sont présents.


L'utopie de Paris libre
Eudes, propose le 29 mars, à l'assemblée nouvellement élue de prendre le nom de Commune. La Commune, c'est d'abord la municipalité de Paris. La revendication d'une municipalité dotée de pouvoirs réels. Pour les jacobins, le terme fait référence à la Révolution française et à la Ière République. Le 5 avril, la Commune se déclare indépendante. Le 19, les communards incitent toutes les autres villes de France de se révolter, afin d'instaurer une nouvelle république, reposant sur une fédération.

Au départ, on choisit une organisation collégiale des services, chacune s'occupant d'un ministère précis. Des commissions les supervisent. Les séances se tiennent à huit clos, mais les comptes rendus sont diffusés dans le Journal Officiel. Toutefois, ce système n'est guère efficace, car il ne prend pas assez vite les décisions. Aussi le 1er mai est voté la création d'un comité de salut public. Les communards entreprennent des réformes dans le commerce et le logement, réorganisent la justice en élisant les magistrats et instaurent la gratuité des procès. En matière militaire, la démocratie directe pose de redoutables problèmes d'organisation. Concernant le monde du travail, les projets sont concrets, modérés et appuyés sur une réflexion ouvrière nouvelle, celle des syndicats et de l'Internationale. Il n'y a pas de remise en cause de la propriété privée. Les métiers sont organisés en associations, afin de protéger les salariés et leur donner les moyens d'améliorer leur carrière.


Le Paris du peuple
La vie continue à Paris. Tout le monde n'est pas passionnément communard à Paris. Certes, il y a un grand nombre d'individus parmi les couches populaires hostiles à la bourgeoisie. Le communard est par définition, républicain, social, démocrate et ennemi de l'exploiteur au sens large du terme, auxquels s'ajoutent les clercs et les royalistes.

La presse joue un rôle considérable. Libres depuis le 4 septembre 1871, les journaux se multiplient. On les lit à haute voix dans les cafés. Ils diffusent les idées socialistes, anarchistes et jacobinistes. On assiste à Paris à une explosion de déchristianisation. Le Second Empire avait établi une religion d'Etat forte et le catholicisme se basant sur la Quonta Cura de 1864, refuse le modernisme et prône un retour en arrière. Les prêtres parisiens sont arrêtés et leurs biens confisqués. La vie à la ville crée et développe des solidarités de quartiers et de clubs. Le service de la garde nationale donne l'occasion à de nombreuses réunions, quasi quotidiennes. Cependant, les clubs restent l'instrument de la politisation populaire. L'entrée est payante. On fait des colloques et des débats sur les actes de la Commune. Certains possèdent même leurs propres journaux.

Les distractions sont rares. Un tiers seulement des théâtres sont ouverts. Ils sont d'ailleurs inaccessibles au public populaire, vu le prix des places. La musique occupe tout l'espace, tant scénique que dans la rue ou les cabarets. Des grands concerts sont organisés avec la participation de chorales.


La ville ensanglantée
Le reste du pays n'a pas suivi les communards. Seules Lyon, Marseille, Saint Etienne et Toulouse et Narbonne connaissent quelques mouvements révolutionnaires, mais ils s'estompent aussi vite qu'ils sont apparus. A Paris, un grand nombre de républicains se veulent conciliants et prêts à négocier avec Versailles, pour la reconnaissance de leurs droits. La Commune les considère comme des traites. De son côté, Thiers refuse tout compromis. Pour se défendre, Paris dispose de 10.000 gardes. En face, l'armée régulière ne compte guère plus d'hommes, mais grâce au retour des prisonniers de Prusse, elle en compte bientôt plus de 130.000. Thiers supervise lui même la stratégie militaire. Les généraux sont pour la plupart des bonapartistes et des monarchistes.

Les hostilités commencent le 2 avril 1872 au Mont Valérien. Dans la bataille deux des plus grands chefs communards sont pris et exécutés. Il s'agit de Gustave Slourense et Emile Duval. Le 11, la véritable offensive commence. L'armée régulière progresse vite à l'Ouest et à l'Est. Au Nord l'armée régulière est bloquée, mais au Sud les confits sont très violents. L'armée s'empare un à un des forts de défense. Le 12 mars, Paris est bombardé. Le 21 mai, les troupes entrent dans la capitale par Saint Cloud. Au bout de trois jours, toute la rive droite est reconquise. Il reste cependant les quartiers populaires, plus aptes à se défendre. Les gens ont érigé des barricades dans toutes les rues. Le 26, seuls quelques quartiers résistent encore comme Belleville et le Père Lachaise, mais tombent le lendemain. Les gardes nationales ont perdu 4000 hommes, les troupes régulières seulement 900. A ces chiffres, il faut ajouter les otages exécutés.

Paris est au deux tiers détruit suite aux bombardements, aux incendies tant accidentels que volontaires. Certains communards désirent détruire la ville plutôt que de la voir retourner aux mains des monarchistes. Des cours provinciales sont mises en place dès le 23 mai, pour juger sommairement les insurgés pris les armes à la main. Les exécutions se font parfois à la mitrailleuse. Elles ont toute lieu durant la semaine sanglante. Une fois la répression terminée, on arrête 42.000 personnes. 6000 sont immédiatement relâchés. Les autres passent devant des conseils de guerre, quelque soit leur sexe, âge ou métier. La majorité est condamnée au bagne ou à la prison.

L'amnistie de la Commune n'arrive qu'au moment où la République s'est solidement enracinée, c'est à dire en 1879 et ne concerne que les condamnés en prison. L'amnistie complète n'est accordée qu'en 1880. La Commune est devenue une référence obligée pour tous les révolutionnaires du XIXe siècle. Mais au XXe, les révolutionnaires n'ont plus grand chose à voir avec leurs aïeux. La Commune est aujourd'hui, un objet historique et seul le Sacré Chœur marque encore le paysage parisien.


Source
Texte : ROUGERIE. Jacques : La Commune.
Image : saintsulpice.unblog.fr

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire