lundi 3 janvier 2011

Les Templiers

Les pauvres chevaliers du Christ
Le 15 juillet 1099, Jérusalem tombe aux mains des croisés lors de la Première croisade. L'avancée rapide des Arabes et l'impossibilité qu'ont les chrétiens de venir en pèlerinage sur le tombeau du Christ, lève l'indignation dans toute l'Europe. Des marées humaines avec l'accord du pape se mettent en route. La création du Royaume de Jérusalem n'a pas sécurisé la région.

En 1118, le champenois Hughes de Payns regroupe ses compagnons au sein d'un ordre appelé les pauvres chevaliers du Christ. Ils se donnent pour vocation d'assurer le service et la défense des pèlerins. Leurs services sont très appréciés et Baudouin II leur donne le temple de Salomon comme quartier général. Ils prennent ainsi le nom de templiers.

En 1128, Hughes de Payns se rend à Rome pour solliciter du Pape une reconnaissance officielle et établir une règle propre à leur vie. Un concile se réunit le 13 janvier 1129 à Troyes. L'ordre est divisé en grade militaire. La tenue est réglementée : une robe blanche. La croix rouge viendra plus tard. A la tête de l'ordre se trouve le maître. Il est le garant des règles. Il est assisté d'un conseil et de son lieutenant, le sénéchal. Les templiers sont des chevaliers, qui assurent une mission de protection. Le reste du temps, ce sont des moines qui respectent le serment de pauvreté, de chasteté et la prière.


Gens d'épée et gens d'église
Les templiers sont implantés à Jérusalem, Tripoli, Antioche, ainsi que dans un grand nombre de provinces occidentales. Chaque confrérie a à sa tête un maître. Leur nombre augmente, grâce aux donations. A la fin du XIIIe siècle, on compte 9.000 commanderies en Europe dont 3.000 en France.

Les commanderies d'Europe sont avant tout des exploitations agricoles, dotées de chapelles. Les commanderies fortifiées se trouvent essentiellement en Espagne et au Portugal. Les souverains espagnols ont fait appel aux templiers pour se protéger de la menace sarrasine. Les constructions élevées en Orient témoignent toutes du caractère prioritairement militaire de l'ordre. Des villes entières sont parfois confiées à la surveillance du Temple. C'est au XIIe siècle que sont bâties les forteresses comme Châtel-Pelerin.

La vie des templiers se présente sous deux aspects, qui sont d'ailleurs l'un et l'autre familiers de la société féodale. Ceux en Orient ont une fonction militaire, puisqu'ils protègent les pèlerins et participent même à des batailles. Ceux en Occident sont des exploitants, veillant aux récoltes et font parvenir leurs vivres aux commanderies d'Orient. Leur vie quotidienne est copiée sur le modèle cistercien basé sur l'austérité dans le bâti, le vêtement et accordant une grande place au travail de la terre.


La défense de la Terre Sainte
La chute d'Edesse en 1144 marque le début de la seconde croisade, dirigée par le roi de France Louis VII et l'empereur Conrad III, mais pour diverses raisons celle ci échoue. Louis VII perdu en Syrie décide de se mettre sous la protection du Temple, qui l'aide à organiser sa retraite.

Très tôt, les templiers sont accusés de mener une politique personnelle. En 1168, l'ordre refuse de s'associer au roi de Jérusalem contre l'Egypte. Ils s'opposent aux hospitaliers fondé en 1113 et ayant les mêmes prérogatives. Vers 1185 alors que les Etats Latins d'Orient sont menacés par Saladin, le Flamand Gérard de Richefort devient le nouveau grand maitre du Temple. C'est un chevalier errant venu en Terre Sainte pour y chercher la gloire et l'argent. Il affronte les armées musulmanes à Caral. Son armée est encerclée et Saladin massacre tous les templiers, mais laisse la vie sauve à Gérard de Richefort. Il est accusé d'avoir causé cette défaite. Il est ratier de l'ordre. C'est Robert Sable, un proche de Richard Cœur de Lion, qui le remplace. Les templiers sont au côté du roi d'Angleterre lors de la troisième croisade. Ils prennent également part à la campagne menée par le roi de Jérusalem en Egypte.

Lors de la sixième croisade menée par Frédéric II, les templiers sont en conflit avec l'Ordre des Chevaliers Teutoniques, un autre ordre remplissant les mêmes fonctions. Tous leurs membres sont allemands et servent l'empereur. Les deux ordres sont en concurrence, d'autant plus que Frédéric II a été excommunié. Avec les hospitaliers, ces deux ordres ont des conquêtes politiques et territoriales, se traduisant par des alliances avec les divers royaumes latins.

Les templiers s'allient à Saint Louis lors de la septième croisade. Le roi de France est capturé, puis libéré contre une rançon. Il se remet en route, libère des forteresses, renforce les royaumes en cassant des traités passés entre les templiers et le sultan de Damas. L'ordre du Temple y gagne une réputation d'orgueil et d'insubordination. Saint Louis repart en 1254. A partir de cette date, les conflits avec les hospitaliers reprennent. Ils sont renforcés par les deux puissances maritimes italiennes. En effet, les templiers sont soutenus par Venise et les hospitaliers par Gênes. En 1280, la situation des Etats Latins d'Orient est désespérée. Les Mamelouks ont repris l'ensemble des territoires. La réunion des deux ordres arrive trop tard et ceux qui ne sont pas enfuis, sont massacrés.


Vers la ruine du Temple
Fin XIIIe siècle, les templiers ne sont plus présents au Proche Orient. Ils ont donc perdu leur vocation de protection des pèlerins, contrairement aux hospitaliers, qui se sont reconvertis dans la gestion des hôpitaux et l'aide aux malades. Leur impopularité grandit de jour en jour. Ils sont exempts de toutes taxes, échappent à la justice séculaire et possèdent de nombreux domaines. Par ailleurs, les pèlerins au moment de leur départ, confient leur argent aux templiers contre des échanges en bon du trésor. Cela permet aux pèlerins de disposer de numéraire sans le transporter avec soi. Les templiers sont devenus des banquiers et des financiers. Le Temple de Paris recueille les finances royales. Il est l'ancêtre de la Chambre des Comptes. En 1295, une partie du Trésor est transporté au Louvre et mis sous la gestion de banquiers florentins.

Le 13 octobre 1307, tous les templiers de France sont arrêtés par ordre de Philippe le Bel. Cette opération est préparée de longue date et tenue secrète. Trois milles commanderies sont investies par les baillis et les sénéchaux, le même jour et à la même heure. Le roi de France sait qu'il n'a rien à craindre du Pape. Bertrand de Got est institué le 5 juin 1305, sous le nom de Clément V. C'est un français, archevêque de Bordeaux. Le nouveau pape refuse de rester à Rome, déchirée par des rivalités politiques. Il évite d'ailleurs de justesse un attentat. Il prend la décision de déplacer la cour pontificale en Avignon.


Les templiers au bûcher
Dès le départ, les templiers sont accusés d'outrages à la personne du Christ et de rites obscènes. Ils adorent Baphomet, une ancienne divinité païenne. Philippe IV envoie des lettres dans toute l'Europe pour inciter les autres monarques à arrêter les templiers. Il ne reçoit aucune réponse. Seuls les templiers résidants en France sont inquiétés.

Les templiers sont mis à la question. Sur 138 membres, 38 meurent et seulement trois avouent les faits. Le 17 octobre 1307, Clément V réunit les cardinaux et assure les templiers de sa protection. Néanmoins, un mois plus tard, il change d'avis et ordonne l'arrestation de tous les templiers. Il déclare que l'affaire doit comparaitre devant les tribunaux ecclésiastiques. Le 25 mars, le roi convoque les Etats Généraux à Tours et obtient la poursuite du procès. Le pape envoie des cardinaux chargés de refaire les interrogatoires. Ces derniers confirment les aveux. Clément V décide avec Philippe IV de créer des commissions spéciales.

Le 26 mars 1309, Jacques de Molay, grand maitre du Temple, comparait. Il nie les faits et réfute sa déposition. Le 11 mai 1311, 54 templiers sont condamnés à mort. Le 16 octobre, un vaste concile se réunit à Vienne dans le comtat Venaissin, pour régler l'affaire, mais le roi interdit aux templiers de s'y rendre. Quant à lui, il demande la suppression de l'ordre. Clément V entérine cette décision et ordonne que les possessions des templiers reviennent aux hospitaliers. Philippe IV ne peut pas mettre la main sur cet héritage comme il l'avait espéré. Le 22 décembre 1312, Clément V délègue ses pouvoirs à trois cardinaux profrançais. Ces derniers prononcent la condamnation à mort des grands dignitaires de l'ordre.

La mort du pape, le 19 avril 1314, puis celle du roi, le 20 novembre bouleverse le peuple. Ainsi nait la légende de la malédiction de Jacques de Molay. Nulle part en Europe, les accusations de Philippe IV sont relevées. L'ordre dissout les membres restants rejoignent d'autres confréries.



" On accusait les templiers de réunir tous ce que l'on reprochait à ces deux professions : les débauches, la cruauté du guerrier et l'insatiable passion d'acquérir qu'on impute à ces grands ordres qui ont fait vœu de pauvreté."
Voltaire


Source
Texte : PERNOUD. Régine : Les Pauvres Chevaliers du Christ
Image : rennes-le-chateau-archive.com

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