lundi 20 décembre 2010

Saladin

Pouvoir et famille
Saladin est issu de la famille des Ayyoubide, qui est au service de Zanki, un prince turc, dont la principauté se situe en Syrie. Il naît en 1138 à Tahrit en Irak. En 1152, son oncle Asad el Din Shirkûh le fait venir à la cour d’Alep. Son oncle est un homme de confiance de Nur el Din, le successeur de Zanki. Saladin apprend le métier des armes durant les campagnes militaires d’Egypte dans les années 1160.

Le 26 mars 1169, Al-Adid le calife d’Egypte est rétabli par Nur el Din et nomme Saladin vizir, qui est soutenu par les Kurdes majoritaire dans l’armée. Saladin prête hommage à la fois à Nur el Din, dont il est le serviteur et au calife de Bagdad, dont il est le vassal. Il fait venir les membres de sa famille et notamment son frère Turanshah, son père Ayyub et son neveu Taqi al Din. Le territoire d’Egypte est ainsi partagé entre les membres de la famille, sous forme de concessions foncières.

En septembre 1171, Saladin dépose le calife du Caire, déjà gravement malade. Ses frères s’occupent de réprimer les révoltes en Haute Egypte. Par la suite, il lance une politique d’expansion territoriale, visant à assurer des positions de repli en cas d’offensive de Nur el Din. Taqi al Din part vers la Libye et Turanshah vers le Yémen. En 1174, Nur el Din meurt. Saladin libéré de toute tutelle, se lance à la conquête du Moyen Orient. Son but est d’unifier les territoires musulmans nécessaires pour lutter contre les croisés. Chaque province conquise est confié à un membre de sa famille.


Le prince
Saladin s’efforce durant son règne d’effacer l’image de l’usurpateur et du destructeur des Fatimides descendant de Mahomet. En ce sens, il entretient la fonction d’un calife dans la plénitude de ses pouvoirs : réception d’ambassadeur, parade, gouvernement.

Saladin s’est toujours fait passer pour un fidèle serviteur de Nur el Din en lui rendant hommage et en le faisant figurer sur les pièces de monnaie. Il se pose comme le tuteur du fils de Nur el Din. Il épouse sa veuve, Ismât al Din. Il revêt la robe noire des Abbassides, mais sa couleur personnelle demeure le jaune. Toutefois, les incessantes campagnes militaires ont réduit le cérémonial de cour.

Au XIIe siècle, les fastes du palais du Caire font place aux austères citadelles, synonyme d’un Islam menacé et de palais assiégé. En 1176, débutent les travaux de la construction de la citadelle du Caire encadrant toute la ville. De plus, Saladin n’aime pas le luxe. Il préfère rester dans son palais de vizir, plutôt que de s’installer dans le palais califal. Il ne fait pas construire sa propre résidence. Deux ans plus tôt, il avait déplacé sa capitale à Damas, mais il n’entreprend aucune construction. Saladin est en fait un militaire et préfère la vie de camp. Sa tente est immense et partagée en plusieurs pièces.


Le guerrier
Lorsqu’il accède au pouvoir en 1169, Saladin cherche d’abord à consolider ses positions en Egypte, puis à étendre sa domination en Syrie et en Mésopotamie. Les affrontements avec les Francs n’ont lieu que lorsque ceux ci perturbent l’accomplissement de ses projets. Il s’agit de renforcer l’axe reliant les deux parties de l’Empire. Dans l’absolu, Saladin préfère signer des trêves lui garantissant ses positions.

En 1186, Saladin a reconstitué l’unité du monde musulman. Les Etats Latin d’Orient bloquent les débouchés méditerranéens des provinces syriennes. Les milieux religieux lui reprochent de plus combattre les musulmans que les chrétiens. La rupture de la trêve par Renaud de Châtillon seigneur d’Outre Jourdain, sert de prétexte pour lancer une campagne militaire. Déjà en 1182, ce dernier avait lancé une expédition pour prendre la Mecque. Saladin s’empare des terres de Renaud de Châtillon. De son côté, Gui de Lusignan roi de Jérusalem décrète la mobilisation générale. Les deux armées se rejoignent sur les collines de Hattîn au matin du 4 juillet 1187. Saladin remporte une magnifique victoire. Il fait prisonnier Gui de Lusignan et Renaud de Châtillon et s’empare de la croix du Christ. Le 9, il prend Acre, puis au cours de l’été Beyrouth et Jaffa. Seule Tyr résiste. Le 4 octobre, Saladin pénètre dans Jérusalem et bannit les symboles chrétiens.

En 1190, la Troisième Croisade est déclenchée. Les Francs débarquent à Tyr et entame le siège d’Acre. Malgré les efforts de Saladin, la ville est prise. Son armée est trop épuisée pour affronter celle de Richard Cœur de Lion. Une trêve est conclue en 1192. Les Croisés regagnent les positions côtières se situant entre Acre et Jaffa. Les pèlerins chrétiens peuvent se rendre librement à Jérusalem.


La gestion d’un empire
Saladin est un prince extrêmement mobile. Plus souvent en conquête dans les provinces étrangères que dans les siennes. Il se tient au courant grâce à une armée de secrétaires, dont le plus célèbre est Al Qadi al Fadil. Il possède également des espions et parlent souvent aux marchands. Il n’a guère parcouru l’Egypte, se contentant de connaître Le Caire et le delta du Nil. Il connaît mieux les villes de Palestine.

Saladin veut marquer son règne par la restauration de l’Islam et du sunnisme. C’est pourquoi, il s’efforce de renvoyer une image de piété et de rigueur, en renonçant à la boisson et en respectant les prières et les jeûnes. En revanche, il n’effectuera jamais le pèlerinage jusqu’à la Mecque. Il favorise l’implantation des madrasas, ces institutions où l’on délivre un enseignement de droit islamique, servant à former les élites politiques et religieuses. Les chiites posent des problèmes à Saladin. Possédant plusieurs forteresses, les Assassins reprennent leurs pratiques extrémistes et menacent la vie du Sultan. Les juifs et les chrétiens sont obligés de porter un signe distinctif et leur culte est interdit en public.


Le système de propagande
Sous le règne de Saladin, le djihad connaît son apogée et sert à justifier la plupart des opérations militaires, tant contre les croisés que contre les musulmans. Saladin reprend en grande partie le programme de Zanki et de Nur el Din. L’unification du monde musulman comme préalable à toute attaque d’envergure contre les Etats Latins d’Orient, justifie les campagnes du sultan en Syrie et Mésopotamie. La conquête de Jérusalem apparaît comme le but final. Une fois la ville prise en 1189, Saladin s’efforce de lui redonner son rang de ville sainte pour les musulmans. Saladin meurt à Damas le 3 mars 1193, à l’âge de 55 ans.




"Un grand homme comme lui ne peut être qu'un chrétien qui ne sait pas qu'il l'est."
Richard Cœur de Lion


Source :
Texte : MOUTON. Jean Michel : Saladin le sultan chevalier
Image : themecca.tripod.com ; Civilization IV

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